Le soleil se lève : a nous de marcher tant qu'il fait jour / Un texte de JP Duplantier


Lorsque saint Augustin parlait à la foule, qui s’était rassemblée pour la « veillée sainte », il commençait par placer ce passage de la nuit à l’aube dans le cadre de la création de Dieu : il y eut un soir et il y eut un matin. Nous voilà donc resitués dans ce sixième jour où Dieu a créé l’homme et la femme à son image et à sa ressemblance. Ce soir, nous célébrons ce qui nous est arrivé : la résurrection de Jésus d’entre les morts. Comme nous l’avons entendu durant tout le carême, Dieu a soif de l’homme, il veut que nous devenions les membres du Corps de son Fils bien-aimé.
Au commencement, Dieu nous a donné tous les dons qu’il faut pour que nous devenions ses fils, à son image et à sa ressemblance. Il nous a donné des yeux pour voir dans le visage de ses frères le désir de Dieu, le désir de l’au-delà de nous-mêmes. Il nous a donné des oreilles pour entendre la voix de Dieu éveillant notre chair.
Mais, comme le dit Origène, dans cette histoire en cours un drame s’est joué. L’homme en effet s’est trouvé attiré par les objets qu’il découvre et des vivants qui le fascinent. Il a lâché l’horizon de l’image de Dieu, pour se rêver comme une espèce animale supérieure, maître de lui comme de l’univers. Alors une force de mort s’est installée chez lui, à la place de la source de vie qui lui venait de la tendresse de Dieu : il mange de l’arbre de la connaissance du bien et du mal et oublie l’arbre de vie. Cette inscription de la mort en nous, nous l’appelons Satan, l’accusateur, ou Diable, le diviseur. Mais Dieu poursuit sa création. Il insiste chez nous, il continue de nous conduire par la main, par notre état.
Quand l’heure est venue, il envoie son Fils, celui qui croit et obéit à la volonté de son Père. Et la chair de ce Fils est disponible à la Parole. Il déclenche chez nous un affrontement décisif. Il paye à Satan la rançon pour les hommes qui sont pris sous son emprise ; il la paye avec sa mort sur la croix. Mais il traverse cette mort par la puissance de son Père. Satan est trompé, plus radicalement que lorsqu’il a trompé Eve au commencement. La puissance de mort dont Satan avait fait son arme première, lui est enlevée.
Cette puissance de mort diabolique semble toujours là. Mais elle a perdu son aiguillon, sa puissance d’enfermement dans la peur. Le Christ ressuscité est désormais le vrai maître d’œuvre du désir de Dieu. Et de Lui nous recevons l’Esprit qui fait toutes choses nouvelles.
En cette fête de Pâques, pour nous, et pour tous les hommes, se lève le soleil qui vient nous visiter. A nous maintenant de marcher tant qu’il fait jour. Nous sommes désormais dans ce temps de la création où la lumière du Christ nous montre, jour après jour, ce que nous avons à entendre et à voir dans les Ecritures et dans le quotidien de nos existences, les initiatives de Dieu dans notre chair, et dans celle des hommes qui nous entourent. Car l’Esprit du Christ travaille en nous tous, quel que soit l’état de notre chemin.
Suivre le Christ aujourd’hui, c’est prendre le risque de résister aux modes, aux idées, aux constructions du monde. Dans le monde, nous aimons les hommes à l’image de l’amour du Père, du Fils et de l’Esprit, et nous vivons rebelles aux pressions du monde.
Jean-Pierre Duplantier 

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