La Sainte Famille / Luc 2 41-52

 (...)
Il nous faut contempler comment Jésus fait de sa famille une « sainte famille » :
Il vient manifester sans ménagements sa grande liberté vis-à-vis de son lien de génération.
Il ne sera pas, lui, pris dans les mailles compliquées de ce qui construit nos familles.
Il peut désormais très bien vivre sans ses parents... parce qu'il sait que celui qui lui donne la vie, c'est « son Père ». Que d'être « aux affaires de son Père », c'est ça qui le tient en vie. Que de travailler les écritures, c'est nourriture...
Ça n'enlève rien à la tendresse qu'il a pour sa mère, ni au respect qu'il a pour Joseph. Mais ce qui le fait Fils, ce qui le tient debout, c'est l'amour du Père.

Cette famille est sainte, elle est pour nous modèle, parce qu'elle est capable d'entendre dans la voix de son enfant qu'elle n'est pas la source de la vie !
Ce n'est pas la famille qui met au monde,
ce n'est pas la famille qui sauve dans le monde,
ce n'est pas la famille qui nourrie en vérité :
Les familles, elles font ce qu'elles peuvent ! Et parfois elles ont du mal !

Et bien en regardant la sainte famille, elles doivent se souvenir que c'est le Père qui est l'origine de la vie, que si parfois elles ont la sensation d'avoir accumulé les erreurs, ce n'est pas la fin de l'histoire !
C'est à chacun de consentir à entrer dans le lien nouveau qu'ouvre le Fils pour nous. Quand nos liens selon la chair se laissent visités par l'amour de ce Père, par sa Parole, par sa Loi, alors, ils sont transformés, un vent nouveau circule.
Ces liens ne sont plus des liens qui entravent, mais des liens qui vibrent. Etrangement, ils se renforcent et en même temps, ils libèrent... On pourrait dire qu'ils s'ajustent.
Elle est là la « bonne nouvelle » ! C'est une bonne nouvelle pour chacun de nous, c'est donc aussi une bonne nouvelle pour nos familles.

Si Jésus était, hier encore, emmailloté dans une mangeoire, c'est pour nous faire entrer dans cette filiation nouvelle, c'est pour faire de nous des co-héritiers du Père.
Alors, ce Père, il est temps que nous nous occupions de ses affaires !
Il est temps que nous nous mettions à travailler sa Loi,
il est temps que nous nous mettions à lire !

Bonne fête à nos familles …. comme elles sont !
Amen
Sylvain, diacre
 Famille à Bethléem (photo d'Edouard Boubat)

La lumière de Bethléem



Chaque année, une bougie est allumée par des jeunes dans la grotte de la Nativité à Bethléem.
Une bougie, rapportée à Vienne en Autriche, qui est ensuite diffusée à travers toute l’Europe dont en France par les Scouts et Guides de France et les Eclaireurs Unionistes.
Cette flamme symbolise la Paix entre les peuples, son partage entre tous est source de fraternité entre les hommes et les femmes qui œuvrent ou qui croient en cette Paix possible.

La paix est fragile, nous l’avons durement ressenti le 13 novembre dernier à Paris.
Par nos choix et nos actions, chaque jour, nous pouvons contribuer à la faire grandir ou à la faire disparaître !

Cette année est particulière pour le groupe des Scouts et Guides de France de Gradignan, car une de nos Jeannettes, Anaëlle, fera partie de la délégation française qui se rendra à Vienne chercher la lumière.
Ensuite, elle sera rejointe à Paris par ses amis Louveteaux et Jeannettes (11-14 ans) de Talence et de l’Entre-2-Mers, qui reviendront tous ensemble à Bordeaux puis Gradignan pour partager le plus largement possible cette Lumière de la Paix.

Ainsi, nous invitons toutes les associations qui œuvrent pour un monde fraternel (associations humanitaires, humanistes, sociales, de jeunesse, culturelles…) et tous les paroissiens à venir nous rejoindre lors de la célébration du samedi 19 décembre à 18h30 à l’église de Gradignan,
Lors de cette célébration, préparée et animée par les Scouts et Guides de Gradignan, vous pourrez venir chercher la lumière et la partager à tous, le plus largement possible.

Connaissant votre implication pour que le monde devienne chaque jour un peu meilleur, nous serions heureux de votre présence à nos côtés pour ce partage fraternel.
N’hésitez pas à partager cette invitation très largement autour de vous !

http://blogs.sgdf.fr/gradignan/
Alexandre & Sylvie Picot
Responsables de Groupe

Maman, c'est quoi Noël ?

Maman, c’est quoi Noël ?
Que répondre cette année à cet enfant ?
Noël et sa préparation (qui fait partie de la fête) est noyé sous les évènements et les drames que nous vivons : la guerre, l’horreur et la peur sont déjà l’opposé du message de Paix de Noël… la COP 21 et les soucis planétaires… les élections régionales… l’augmentation du chômage… autant de questions… d’inquiétudes… de points d’interrogation qui viennent perturber le climat de préparation normalement festif de cet évènement.
Cette atmosphère de peur, de doute empêche l’expression de la joie… le bonheur de faire plaisir à ceux qu’on aime sans parler de la question fondamentale :
Que veux-tu pour Noël ?
Et c’est au creux de ces drames en plein Avent, que le 8 décembre notre pape François a ouvert l’année de la MISERICORDE, l’année du PARDON.

Maman, c’est quoi Noël ?
Noël, mon petit, c’est la Miséricorde de Dieu qui se fait ce qu’il y a de plus petit, de plus fragile, de plus incroyable : un bébé.
Parce que même si la peur ou l’inquiétude nous suivent, même si l’aspect économique de la fête est en baisse, même si malgré tout, il y aura cadeaux, super repas, réveillons, bref la joie… même si certains ont décidé d’interdire toutes les crèches extérieures… que le monde le veuille ou non, que la laïcité devienne loi à la place de la foi chrétienne sur laquelle l’Europe est fondée, il n’en reste pas moins, oui mon petit, que Noël c’est un berceau où naît, ou mieux « renaît » chaque année, l’infini Amour de Dieu pour l’homme.
Un bébé qui ne demande qu’une chose, qu’on le prenne dans nos bras et qui nous dit «Sois, toi aussi, Amour, Pardon et Miséricorde.»

Père André CASTAING

Prière Chrétienne avec la création

 
A partir de lundi nous entrons dans la lecture de l’encyclique Laudato Si. Pendant ce temps de l’Avent nous sommes accompagnés par ce texte du pape, mais aussi par cette prière qu’il a formulée dans son encyclique.

« Nous te louons, Père, avec toutes tes créatures, qui sont sorties de ta main puissante.
Elles sont tiennes, et sont remplies de ta présence comme de ta tendresse. LOUÉ SOIS-TU.

Fils de Dieu, Jésus, toutes choses ont été créées par toi. Tu t’es formé dans le sein maternel de Marie, tu as fait partie de cette terre, et tu as regardé ce monde avec des yeux humains. Aujourd’hui tu es vivant en chaque créature avec ta gloire de ressuscité. Loué sois-tu. Esprit-Saint, qui par ta lumière orientes ce monde vers l’amour du Père et accompagnes le gémissement de la création, tu vis aussi dans nos cœurs pour nous inciter au bien.
LOUÉ SOIS-TU.

Ô Dieu, Un et Trine, communauté sublime d’amour infini, apprends-nous à te contempler dans la beauté de l’univers, où tout nous parle de toi.
Éveille notre louange et notre gratitude pour chaque être que tu as créé.
Donne-nous la grâce de nous sentir intimement unis à tout ce qui existe.
Dieu d’amour, montre-nous notre place dans ce monde comme instruments de ton affection pour tous les êtres de cette terre, parce qu’aucun n’est oublié de toi.
Illumine les détenteurs du pouvoir et de l’argent pour qu’ils se gardent du péché de l’indifférence, aiment le bien commun, promeuvent les faibles, et prennent soin de ce monde que nous habitons.

Les pauvres et la terre implorent : Seigneur, saisis-nous par ta puissance et ta lumière pour protéger toute vie, pour préparer un avenir meilleur, pour que vienne ton Règne de justice, de paix, d’amour et de beauté.
LOUÉ SOIS-TU. Amen. »

Christ Roi / l'homélie Jean 18, 33-37

  Ma royauté n’est pas de ce monde 


"Évangile de Jésus Christ selon saint Jean" Enfin une bonne nouvelle ! Enfin une bonne nouvelle qui peut dessiner un sourire sur nos lèvres ! J'ai de la joie aujourd'hui à vous dire "Évangile de Jésus Christ selon saint Jean", et cela malgré le contenu du texte qui a été proclamé. Car dans l'Evangile de ce dimanche, la bonne nouvelle ne saute pas aux yeux, en effet, dans le texte, Jésus comparaît devant Pilate, celui qui est chargé d'appliquer la sentence qui a été prononcé, et on connaît la suite.

Mais alors, où est-elle cette Bonne Nouvelle ? Serait-ce que Jésus est Roi ? Pourtant des rois, on en a plus qu'il nous en faut. Il y a ceux qui nous gouvernent, il y a ceux qui nous jugent, ils y a ceux qui nous conseillent, il y a ceux qui nous indiquent le chemin à prendre, la conduite à tenir, ils y a ceux qui nous vendent le bonheur.

Quand Pilate pose la question à Jésus "Es-tu le roi des Juifs ?", Jésus cherche à savoir d'où vient cette question en Pilate ? Et Pilate, sans surprise,  répond en homme d'Etat, chargé de la sécurité publique. Il pose la situation, il décrit les forces en présence. Et Jésus qui n'est pas dans ce jeu de puissance, répond qu'il n'a pas de forces pour le défendre. Il dit : "Ma royauté n’est pas de ce monde." Et Pilate, le même qui se présentait avec autorité, pose de nouveau la question : "Alors, tu es roi ?" Et Jésus perçoit que, cet homme sur qui repose tant de responsabilités, a changé de registre : "C’est toi-même qui dis que je suis roi". C'est l'homme qui a posé la question et non plus le représentant de l'empire. Cette question lui vient du plus profond de lui-même, là où Dieu pose sa ressemblance, là où la vérité trouve son chemin.

Et dans la réponse de Jésus, "Moi, je suis né, je suis venu dans le monde" j'ai trouvé la Bonne Nouvelle ! 

Ces deux réalités, le monde dans lequel nous vivons et le royaume des Cieux, ne sont pas étrangères. Le Christ par son incarnation nous rejoint et fait de nous un royaume comme cela est dit dans le texte de l'apocalypse. Dieu ne nous regarde pas d'en haut, il lève les yeux sur nous et nous aime.

Nul ne peut échapper à cette réalité, le Christ vient à nous et lève les yeux sur nous. Il y a bien des lieux où cela se vérifie. Le secours catholique en fait partie. Combien de femmes et d'homme se présentent pour un peu d'aide. Ils viennent chargés du poids de leurs difficultés dues à la situation économique, dues à leur déracinement de leur pays d'origine ? Ces femmes et ces hommes ne sont pas accablés, ils restent debout et luttent pour leur survie. C'est ce que les bénévoles du secours catholique lisent dans leurs regards.

 Lors de la réunion mensuelle de l'équipe de Gradignan, les bénévoles échangent sur les difficultés bien sûr mais surtout sur ce qui les encourage à continuer leur mission. Ils échangent sur  ces vies qui affrontent les difficultés avec courage parce qu'en eux il y a une force qui vient du plus profond, cette vie qui est signe de la présence du Christ dans les pauvres. C'est là ce qui encourage les bénévoles, et cela touche leur propre faiblesse et leur fait saisir que jamais le Dieu qui s'incarne ne les abandonnera.

Au cœur de l'horreur, cette présence se révèle discrètement. C'est comme cela que j'ai interprété le hashtag "pray for Paris" (je traduis le slogan "prions pour Paris") qui s'est propagé sur les réseaux sociaux après les attentats de Paris. Tout le monde n'y a pas adhéré, certains l'ont critiqué, mais le hashtag est là pour exprimer le besoin de se tourner vers autre chose que les pleurs ou la vengeance, pour se tourner vers celui qui lève les yeux sur nous.

"Pray for Paris" est une expression prophétique de notre baptême. Lors du sacrement, le ministre annonce que notre baptême fait de nous des prêtres, des prophètes et des rois.

Notre baptême engage notre responsabilité dans le monde. Cette responsabilité n'est pas de répondre aux rafales de Kalachnikov par des bombes. Cela c'est de la responsabilité du citoyen. Mais, c'est de laisser germer dans le monde, le royaume des Cieux qui est proche, en étant des prophètes de la Bonne Nouvelle. 

Alors nous pouvons nous souhaiter les uns les autres une bonne fête du Christ Roi, et dire notre joie de porter au monde le levain qui est en nous. Ce levain que le Christ lui-même va faire lever sur son autel, ici parmi nous.

"Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga,
dit le Seigneur Dieu,
Celui qui est, qui était et qui vient,
le Souverain de l’univers.
"
Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.

Attentats de Paris

Je suis ému et peiné. Et je ne comprends pas, mais… ces choses sont difficiles à comprendre, commises par des êtres humains. Et pour cela je suis ému et peiné, et je prie. Je suis si proche du peuple français tant aimé. Je suis proche des familles, des victimes, et je prie pour eux tous.
François

La fête du Christ Roi

La fête du Christ Roi clôt le cycle de l’année liturgique. Toute l’année les chrétiens ont célébré les grands moments de la vie de Jésus. Lors du dernier dimanche de l’année, ils sont invités à se tourner vers le Christ roi de l’univers et juge de l’humanité. Le texte qui est lu dimanche prochain est le texte du jugement dernier : "J’étais nu et tu m’as donné à manger, malade et tu es venu me voir…". Le royaume du Christ est donc avant tout un royaume d’amour.

L'évangéliste Jean nous fait percevoir l'aspect paradoxal de cette royauté du Christ en présentant les événements de la Passion comme un cérémonial inédit d'investiture. Jésus est revêtu d'un manteau de pourpre; il est couronné d'épines et assis sur une estrade. La croix est le lieu de l'élévation où Jésus "attire tous les hommes à lui" (Jean 12, 32).
Quelle tentation dangereuse pour l’Église de tous les temps de se compromettre avec le pouvoir politique pour mieux promouvoir le règne de la religion !
Un royaume de fils : Le Royaume du Christ ne "vient pas de ce monde", mais il est au cœur de ce monde. C'est le Royaume de l'intériorité : "Le règne de Dieu est parmi vous" (Luc 17, 21). Ce Royaume n'est pas habité par des sujets, des soldats, des fonctionnaires et une cour, mais par des fils.
Les "fils du Royaume", ainsi que Jésus les nomme, sont ceux qui cherchent la vérité, ceux qui prennent son chemin, les bénis du Père proches de leurs frères. C'est un "royaume d'amour, de justice et de paix", comme le dit la préface eucharistique.
Un peuple de frères : La porte du Royaume s'ouvre pour nous dans le baptême et les sacrements. Mais l'entrée effective n'est pas à chercher seulement dans nos églises ou dans le secret de notre prière. Elle s'opère aussi dans le concret de notre vie, dans le vif de notre actualité traversée par ses misères et ses espoirs.
Le Royaume est présent et en construction dans chaque écoute patiente, chaque sourire encourageant, chaque fardeau partagé, chaque regard respectueux et aimant, chaque geste de paix et de réconciliation... Le passeport en est l'amour et le service au nom du Seigneur Jésus. Nous sommes les ambassadeurs de ce Royaume...
Le trésor du Royaume, ce sont les pauvres et les humbles ; ce sont tous les êtres humains pour lesquels le Christ Jésus est venu servir et donner sa vie.

Signes d'aujourd'hui

Une petite histoire d'oraison


Il y a un peu plus d'un an, je n'avais pu participer à une messe dominicale pour une raison dont je ne me souviens plus – mais qu'importe. Toujours est-il que pour participer à un moment de prière communautaire je me suis rendu le jeudi suivant à 18h30 à l'église pour participer à ce que la feuille paroissiale désignait sous le terme « Oraison ».
Que recouvrait exactement cette invitation à « Oraison » sinon qu'il s'agissait de prier (orare) ?

1ère surprise : la petitesse de l'effectif. Ce premier soir, je me suis retrouvé avec une «poignée» de paroissiens et paroissiennes au fond de l'église - plus tard, je me suis aperçu que l'effectif tourne sur une dizaine de personnes – après les salutations sympathiques, nous nous sommes avancés vers le chœur en chantant «Je te cherche Dieu». Nous nous sommes installés face au tabernacle où ...

2ème surprise : nous avons lu une invocation à l'Esprit Saint. Pourquoi l'Esprit Saint et pas directement Dieu, même s'ils ne font qu'Un ? Cette première prière est une demande à recevoir les 7 dons de son amour. Il a fallu que je me fasse expliquer par Geneviève quels étaient ces 7 dons. (Sagesse, intelligence, conseil, force …)

3ème surprise : le silence ! Après la lecture à haute voix du texte biblique du jour nous sommes entrés en nous-mêmes pour un bon quart d'heure de méditation silencieuse. Bien sûr, ignorant les rites, en cette première rencontre, j'ai brisé ce silence en évoquant une intention très louable de prière pour un évènement dramatique qui venait de se produire dans le monde. J'ai appris, par la suite, qu'il était préférable de ne formuler nos intentions qu'après le respect de ce temps de mise en relation personnelle avec Dieu, se laissant pénétrer lentement de sa présence.

Dernière étape : après les libres intentions exprimées par les uns ou les autres, la récitation du Notre Père. Après la sonnerie des 19h au clocher de l'Angélus, cet angélus qu'alors nous récitons ou chantons selon les circonstances.

Enfin, après un au revoir fraternel, nous nous donnons rendez-vous pour le jeudi suivant en fonction des disponibilités de chacun des participants de cette petite équipe d'une dizaine de veilleurs qui ne demande qu'à croître ! 
                                                           Christian

Le Mouvenment Chrétien des Retraités

Vous êtes des hommes et des femmes libres de votre temps, de vos choix.

Le M.C.R. vous propose d’inventer un « savoir vivre ensemble » dans une société où les retraités apportent leurs expériences, leurs disponibilités, et les valeurs qui leur tiennent à cœur : amitié, respect et dignité. Pour ceux qui se reconnaissent comme chrétien, c’est vivre pleinement son baptême en témoins actifs de l’amour et de l’espérance qui donnent sens à la vie.

Le M.C.R. est un mouvement d’Eglise, animé par des laïcs. Le thème de l’année est «Voici que je fais toutes choses nouvelles » : une bonne occasion d’envisager notre avenir avec la confiance des baptisés. C’est aussi une chance de partager nos joies et nos peines, de réfléchir, de dialoguer à la lumière de la parole de Dieu. Une fois par an, nous prenons le temps d’une récollection à La Solitude avec le groupe du Secteur Pastoral des Graves, temps d’échange avec un autre groupe. Et parce que nous prenons plaisir à être ensemble, nous clôturons l’année par un repas fraternel.

         Le groupe est ouvert à tous, le premier vendredi de chaque mois à 14h30 salle St Jean (exception en novembre où la rencontre se fera le 13 novembre)

Si quelqu’un guérit un homme en mon nom / Marc 9 38..48 /l'homélie



Il nous arrive parfois d’être fier de l’Eglise, de la façon dont Jésus-Christ nous montre la force et la beauté de son amour pour le monde. Ce que nous offrent  les textes que nous venons d’entendre nous invite aujourd’hui.
 
D’abord, il y a le rêve de Moïse. L’Esprit s’est posé sur les 70 anciens qui étaient autour de lui. Mais deux hommes n’étaient pas là. Ils étaient dans le camp. Et l’Esprit s’est posé sur eux aussi. Quelqu’un prévient Moïse, « ils n’ont pas le droit. Arrête-les » Et Moïse répond : « ah ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur tout son peuple. » 
 
Avec ses disciples, Jésus se trouve dans une situation semblable. Pour eux, Jésus est le centre d’une nouvelle réorganisation et pacification du monde. Si quelqu’un guérit un possédé en son nom, alors qu’il n’est pas du groupe, il faut l’arrêter. Il n’a pas le droit. Jésus répond : « si quelqu’un guérit un homme en mon nom, il ne peut pas, juste après, mal parler de moi. » Question : est-ce que l’énergie de Jésus peut se manifester dans une personne ou un groupe qui n’est pas pratiquante, ni même chrétienne. Chez un musulman, un hindou ou un agnostique, par exemple ?  Qu’est-ce donc qu’agir en son nom ?
 
Dimanche dernier déjà, Sylvain nous a montré comment ce chapitre 9 de st. Marc, nous en parle. Il appelle un enfant, il l’embrasse et le place au milieu des disciples. Puis il dit : « celui qui accueille un enfant en mon nom, c’est moi qu’il accueille ; et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qui l’accueille, mais Celui mais Celui qui m’a envoyé. » Le sacrement, comme il disait, c’est l’enfant embrassé, c’est-à-dire l’impact sur un petit d’homme du baiser de Jésus. Là est la révélation première.
 
Supposez qu’il existe un réseau social, auquel tous les humains sont connectés depuis le commencement et sur toute la planète. Il ne s’appelle pas Facebook ou Twitter, mais « au nom du Père, du Fils et du saint Esprit ». Cette connexion est effective depuis que ces trois-là ont décidé que l’homme - une espèce d’animal, un primate en bout de son évolution, un être social et parlant - allait devenir fils de Dieu, et porter son image.
L’aventure humaine se présente alors comme une sorte de mutation, déclenchée par l’impact de l’amour du Père, la Parole du Fils et l’énergie de l’Esprit : l’homme est appelé à passer de la condition humaine, à la condition de fils de Dieu. Ce réseau social devient, non pas un club, dont l’importance se mesure à son nombre d’adhérents, mais un ensemble dont la cohésion est la force d’attraction du désir de Dieu. 
 
Dès lors, quand nous établissons un contact avec un membre de ce réseau, nous nous trouvons en présence de quelqu’un qui est touché déjà, à son insu ou non, par la dynamique de cette mutation. Il est comme l’enfant que Jésus place au milieu de nous, il est embrassé par Dieu lui-même depuis le commencement.
Jésus de Nazareth, par sa vie, sa mort et sa résurrection, réalise en ce geste sa fonction de Christ. Par fonction « Christ », il faut entendre l’inscription dans l’aventure humaine d’un point de non-retour de cette mutation de l’homme à la condition de fils de Dieu. Saint Paul le disait ainsi : « désormais toute la création aspire à la révélation des fils de Dieu ».
 
Jésus en nomme alors le premier effet : quand vous accueillez un enfant que Jésus embrasse, c’est le Christ que vous accueillez, et son Père. Vous accueillez toute la série d’un coup. Vous voilà en présence d’une chaîne, où tous les hommes se trouvent insérés selon la tendresse de Dieu, quelle que soit son époque ou la région où il vit.
 
Vient alors dans le récit de Marc, l’affirmation de Jésus :« celui qui donne un verre d’eau à l’un de ces petits qui croient, au nom de ce que vous êtes en Christ, il ne restera pas sans récompense ». Les petits qui croient, ce sont tous ceux qui ont fait l’expérience, à un moment ou l’autre de leur vie, de la beauté de l’amour de Dieu pour eux, et qui y  croient, même sans comprendre, même sans savoir le dire ni le montrer. Ils ont été embrassés par le Christ un jour, et ils s’accrochent à cet instant de vérité. Ils sont étonnés, éblouis, chaque fois qu’un coucher de soleil ou le sourire d’une femme déborde soudain ce qu’ils perçoivent de la vie et l’intelligence qu’ils en ont. Ceci suffit à réveiller en eux une petite espérance insubmersible. C’est le trésor des petits qui croient. Ni le ver de l’injustice, ni le feu des ambitions ne peuvent l’entamer. Quant à la récompense de celui qui les accueille, c’est de toucher lui-même l’éternité de la tendresse de Dieu. Il ne s’en remettra jamais. Sa mutation à la condition de fils est désormais en cours. 
 
Jésus ajoute un deuxième volet à l’expérience que nous faisons de notre appartenance commune à ce réseau, à cette dynamique de notre mutation. « Si quelqu’un, dit-il, est une occasion de chute pour un seul de ces petits qui croient en moi, il vaut mieux pour lui qu’on lui attache une meule au cou et qu’on le jette à la mer. » Pourquoi devient-il subitement si violent ? Est-ce une condamnation d’une partie notable des humains? C’est peu probable : Dieu a engagé cette mutation pour tous les hommes, et il n’a pas l’intention d’en laisser filer un seul. C’est peut-être un traitement. Un traitement nécessaire : pour passer à la condition de fils, il faut qu’une part de nous cesse de tenir le volant de notre vie. 
 
Dans la trajectoire de cette mutation, il y a en effet des ruptures inévitables. Continuer à vouloir être le plus grand, le plus beau, le plus fort n’est pas compatible avec la condition de fils de Dieu. Obéir à la pulsion de tout dévorer, ce qui est beau à voir, bon à manger, utile pour la connaissance, non plus. Joui de s’imposer tout le temps, jusqu’à écraser ceux qui nous gênent. Il faut que cette part de nous, le vieil homme comme dit Paul, bien visible souvent à la surface de nos relations et de nos comportements, plonge dans la mer, rejoigne tout ce qui s’en va de toute façon. Avec une meule de la taille de la grandeur que nous nous imaginons avoir. 
 
 Et Jésus poursuit : cette dynamique de notre mutation déborde notre attachement à des principes, à des valeurs ou des codes. Eux aussi passent, dès que nous traversons une frontière culturelle ou sociale. Il arrive parfois que, dans une famille, son capital matériel ou immatériel juge insupportable une « mésalliance ». Il est écrit : « l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme pour une seule chair ». Mais la « seule chair » en question devient souvent la reproduction du modèle familial antérieur, ou l’unité des époux, ou encore l’enfant qui y vient, mais plus difficilement la chair ressuscité du Christ, le corps dont il est la tête.
 
Visiblement, pour Jésus, la mutation vers le condition de fils de Dieu passe en réalité par l’usage que nous faisons de nos mains, de nos pieds et de nos yeux. Il faut donc couper avec nos façons dont nous mettons la main sur tout, sur les choses et les gens. Cela c’est pour les mains. Il faut couper avec nos courses à la consommation effrénée, la croissance sans limite, la jouissance folle du tout, tout de suite. Ceci c’est pour les pieds. Couper aussi avec nos regards mauvais, nos jugements qui détruisent l’autre. Là, c’est pour les yeux. Évidemment çà tranche dans la chair et c’est douloureux, mais c’est nécessaire. Car l’enjeu n’est pas la résistance à l’évolution des mœurs, mais l’acceptation de suivre le Christ, de porter sa croix. Et la sanction n’est pas seulement l’arrêt de notre marche dans son sillage ; c’est notre vie qui pourrit, mangé par les vers, comme Hérode,  ou se consumant indéfiniment dans les déchetteries du monde, comme dans ce ravin près de Jérusalem, qu’on appelait la géhenne. 
 
Oui, comme le dit le pape François, il y a une étroite connexion entre le respect de ces petits et l’usage que nous faisons des ressources de la nature. Il y va de notre vivre ensemble, dès maintenant. Là est notre témoignage dans le monde de notre foi en Christ, en sa mort et sa résurrection.
 
Au bout du compte, ce réseau social se révèle tout autre qu’un espace échangiste. Il tient sa puissance de communion de l’annonce heureuse de l’œuvre de Dieu en cours à l’intérieur du développement humain.
 
« Ah ! si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur tout son peuple ».  Prions ensemble : L’Esprit saint est en train de réaliser avec nous le rêve de Moïse. 
Jean-Pierre Duplantier

La prière du vendredi soir



Le Concile Vatican II nous invite à nous procurer une connaissance plus développée de la liturgie et de la Bible, et principalement des psaumes.

C’est dans cet esprit que chaque vendredi, à 19h dans le chœur de l’église, un temps de prière commune est offert. Cette prière prend appui sur les psaumes proposés par la prière des heures (vêpres) ainsi que sur les textes du dimanche suivant.
Il y a des psaumes qui apprennent à louer Dieu pour la beauté de la Création. Il y en a d’autres qui rappellent nos cris de souffrance vers Dieu, que l’on peut s’abandonner à lui dans les moments de détresse et d’angoisse et d’autres encore qui dérangent car mal compris … mais tout cela, avec des mots bien actuels qui peuvent résonner au plus profond de chacun.

« Parce que je me reconnais dans ce que dit le psalmiste, alors, avec lui, je rends grâce à Dieu pour des bienfaits qu’il m’a accordés ou je demande de l’aide pour une situation à laquelle je dois faire face. Des versets, imprimés en moi par la lecture et relecture souvent reviennent en pensée et les réciter au moment où j’en ai besoin m’apaise. C’est aussi parce que le Christ a prié ces psaumes en s’adressant à son Père que cette lecture me touche personnellement. J’apprends la confiance.»
« Chaque fois que j'y suis présente j'en ressens un grand bien être fait de paix et de joie de prier avec des frères au cœur de la ville. – C’est un moment unique »

Vient ensuite, pour ceux qui le souhaitent un temps d’échange autour d’un psaume, souvent celui du dimanche suivant. Nous l'entendons en entier, ce qui donne une autre dimension par rapport à ce qui est lu le dimanche.
« Quelle est en effet la surprise de découvrir alors l'apport d'une réflexion commune, qui dissipe la ténèbre individuelle du moi et irradie la pensée d'un éclat nouveau et fulgurant ! De cet assemblage inattendu, une prière collective peut alors surgir et prendre corps au sein d'un ensemble collectif, le "Corps du Christ", pour monter vers le Père.»

Nous repartons à 20h avec une sensation de paix. Le groupe apporte vie à ces textes grâce aux réflexions échangées, aux paroles et au partage.

Sérieux du groupe, ouvert à tous, sans pour autant se prendre au sérieux!!

Quelle bonne heure ! …. Le Grand Dimanche

Si vous n’avez pas encore participé, je vous fais part de «ma» lecture de ce que nous appelons « le Grand Dimanche », une fois par mois.

Il s’agit d’abord de sortir du lit et de sa maison un peu plus tôt … pour être là à 9h. Pas toujours facile, mais quand je pense aux enfants de tous âges, aux adolescents et à leurs parents qui le font, ça me donne du courage.
Nous nous retrouvons souvent peu nombreux, à l’église peu avant 9 heures… le temps de se reconnaître dans cette démarche, d’échanger quelques mots avec le bonjour... de se voir «sans fard».
Après le début de la célébration et la liturgie de la parole, nous nous installons (en déplaçant quelques bancs) pour former trois ou quatre groupes de 12 à 15 personnes. Le tour des prénoms nous permet de les associer à un visage.
Là, nous prenons le temps ensemble de nous remémorer le texte de l’Evangile entendu, nous le relisons (texte polycopié à disposition de chacun) et nous essayons de nous laisser toucher par cette parole, nous lisons à plusieurs voix en suivant l’ordre donné par le déroulement du texte. Comme l’écrit Luc 1(1 ; 4) « Il m’a paru bon … d’en écrire pour toi, cher Théophile, un récit ordonné ». Nous nous laissons surprendre par les résonances différentes pour chacun(e) les particularités et détails du texte.
Une bonne heure pour laisser ce texte nous parler, nous déranger, nous questionner et peut-être nous accompagner car il va nous rester dans la mémoire et le coeur, nous éclairer sur le chemin, nous rendre sensibles au «Verbe venu en notre chair »(Prologue de Jean)

A 10h30, les enfants, adolescent(e)s, parents et catéchistes qui ont fait la même démarche avec des médiations adaptées nous rejoignent… Nous réécoutons ensemble l’Evangile et une courte homélie pour nous introduire dans le prière Eucharistique, l’offrande du pain et du vin. Les créations apportées par les enfants sont très parlantes rendant certains aspects plus tangibles. La célébration se poursuit et se termine à l’heure habituelle.

Il reste que nous avons partagé la Parole (comme) le pain du Christ.

à qui irions-nous Seigneur ? / Jn 6 60-69 / l'homélie

Jésus vient de terminer son enseignement dans la synagogue de Capharnaüm : « De même que le Père m’en envoyé et que je vis par le Père, de même celui qui mange ma chair et boit mon sang vivra par moi. ». Pour beaucoup des disciples s’en est trop. « Qui peut encore l’écouter ? »
Il y a donc un bon nombre de gens qui osent dire que ce que dit Jésus est incompréhensible. Mais pourquoi donc revenir encore une fois sur cette affaire, à la messe, aujourd’hui ?
Parce que c’est un moment de blocage dans la foi des disciples d’alors, et dans notre foi peut-être aussi. Un blocage discret, silencieux, mais tenace. 
 
Jésus le sait. D’emblée, il désigne où se tient ce blocage. « Quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était avant… » Jésus sait que nous lui collons facilement l’image d’un héros libérateur, d’un messie. Jésus sait que cette image peut enthousiasmer les disciples un certain temps et tenir en haleine les foules. Mais, en Lui, il y a d’abord d’où il vient et où il va. C’est vers la gloire de son Père, qu’il monte. Là est sa vraie vie. Et devant ce souffle qui l’habite, la chair, notre chair est déroutée, quasi infirme. 
 
            Pourtant cette chair, c’est bien Dieu qui l’a installée en nous, qui lui a creusée une place dans notre corps. Une chair capable de voir, d’entendre, de sentir ce qui nous vient des autres, de notre environnement, des évènements. Une chair qui ouvre nos lèvres, nos mains, notre cœur à l’au-delà de nous-mêmes. Mais capable aussi d’aimer ou de se refermer, de bénir ou de maudire, de croire ou de rejeter celui qui vient, de se laisser emporter n’importe où parfois, et de jouer avec sa liberté, droit devant, sans lever les yeux plus loin que son plaisir. Dès que Jésus s’approche, la crise s’accélère.
Nous le savons bien, ce n’est pas internet, la télé, la technique, les bonnes ou mauvaises rencontres qui sont dangereuses ; c’est ce que notre chair en fait. C’est notre étrange soumission à ce qui nous paraît beau et bon, à notre besoin de jouissance immédiate. Et on y met la main, et on le mange goulument et c’est, jour après jour, le dessous de nos âmes qui est dévoré.
Et Jésus le sait. Pour écouter ce qu’il dit, la chair ne sert de rien. C’est l’Esprit qui donne la vie. « Personne ne peut venir à moi, dit-il, si cela ne lui est donné par le Père. »
 
Mais alors, quand, où, et comment le Père nous le donne ?
Il y a longtemps que la réponse est là : la vie nous vient par la visite de la beauté et de la force de l’amour que Dieu nous porte. Le pape François ne cesse de le redire.
Depuis que j’ai lu ces textes, il y a quelques jours, j’ai demandé à Dieu de réveiller ma mémoire à propos des impacts dans ma vie de cette beauté de l’amour de Dieu. Et j’ai vu revenir une foule de petits détails que j’étais en train d’oublier. 
 
Il y a quelques semaines, je suis passé devant l’église, la nuit était tombée et la porte était fermée. Contre la porte était couché un homme. Il avait bu, trop. Je lui ai dit que j’allais prévenir la police, pour qu’on l’amène à l’hôpital, pour le soigner. Qu’il ne pouvait pas passer la nuit ici. C’était dangereux. Lentement, il a pris mes mains, les a serré et a dit : « s’il vous plait, mon père, laissez-moi ici, c’est là que je suis le plus prêt de Dieu. Et j’en ai besoin. »
 
Il y a quelques jours, nous recevions avec Christian Lafon, le fils et la fille d’une dame qui venait de mourir. Dans la conversation, sa fille nous dit tout à coup : « ma mère m’a laissé un trésor. Elle m’a dit : j’ai fait chaque jour ce que je croyais juste. J’ai essayé. Je sais maintenant que mes péchés sont pardonnés ; c’est Jésus qui les a enlevés, par sa mort, par sa résurrection. Je suis en paix. » Entre nous quatre, venait de se poser un petit coin de la beauté de l’amour que Dieu nous porte. La raison ne suffit pas à rendre compte de ces quelques mots. Chez cette femme, c’est la connaissance du cœur, comme disait Pascal, qui parlait ; cette intelligence de feu que l’Esprit saint réveille parfois dans notre chair. Ce n’est pas seulement l’émotion qui nous les a fait trouver belles. C’est le Père qui nous l’a donné.
 
Chacun de nous porte dans sa mémoire des moments de ce genre : dans les larmes d’une femme abandonnée, qui coulent soudain, enchâssées dans un sourire, comme une source nettoyée, qui coule à nouveau en elle. Dans le silence qui nous rassemble devant un coucher de soleil et que l’un de nous murmure : merci mon Dieu ! Dans la nouvelle d’une réconciliation inespérée, pour laquelle nous avions tant prié. Et tant d’autres choses, inscrites par le Seigneur dans notre mémoire.
 
… Des paroles vie éternelle venues dans notre chair. Je comprends mieux aujourd’hui ce que Pierre a dit : « A qui irions-nous ? Tu as les paroles de vie éternelle » Pas des paroles qui parlent, décrivent, expliquent ce qu’est la vie éternelle. Mais des paroles qui  révèlent, instaurent, nous installe dans la vie éternelle, maintenant. Comme un processus de la venue du Royaume de Dieu, où nous sommes pris, enlevés… quand vous verrez monter le Fils de l’homme, là où il était auparavant !
 
            En entrant maintenant dans la prière eucharistique, en communiant au pain et au vin, nous allons faire mémoire de la mort et de la résurrection du Christ Jésus. Ainsi s’accomplit pour nous la promesse que Dieu  a donné aux fils d’Israël. Josué dit aux tribus d’Israël, s’il ne vous plait pas de servir le Seigneur, choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir, le Dieu de vos pères, ou les dieux de ceux dont vous habitez le pays ? » Le peuple répondit : plutôt mourir que d’abandonner le Seigneur. C’est Lui qui nous a fait monter d’Egypte, cette maison d’esclavage ; c’est lui qui nous a protégés tout au long du chemin. »
 
La mémoire de la beauté et de la force de l’amour que Dieu nous porte est l’un des trois brins de l’A.D.N du peuple de Dieu. La foi est construite en nous par ce que Dieu nous donne et la mémoire que nous en gardons. Le second brin de cet ADN du peuple de Dieu est notre style de vie : tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toutes tes forces, de tout ton cœur de toute ton intelligence et tu aimeras ton prochain comme toi-même. Et le troisième est notre destination véritable : c’est dans la lumière de Dieu, au soleil levant du Christ Jésus, que nous sommes attendus.
Voilà ce que nous vivons ici. Que la Paix soit avec vous.
Jean-Pierre Duplantier

Je suis le pain vivant / Jn 6 51-58 / l'homélie

« Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, en Lui ». Quelle est cette relation que le Christ demande, désire ? Que les juifs aient crié au fou et que beaucoup de ses disciples soient partis, n’est pas très étonnant. Prendre le repas comme moment de rencontre cela nous convient bien. Mais que la nourriture soit sa chair, cela déclenche chez nous d’abord une vraie incompréhension, et, secrètement, une réelle répulsion. Parce que la chair et le sang, dès qu’il s’agit de relation entre nous, c’est une vraie marmite où bouillonnent des choses contradictoires, des choses follement amoureuses, mais aussi des choses souvent horribles. Parce que la chair et le sang est une sorte de sanctuaire, intouchable et offerte en même temps.
 
De fait, la chair est en jeu dès que nous nous approchons physiquement les uns des autres. La chair est en nous un dispositif de réception et d’envoi et, en même temps, un réflexe de sauvegarde et un instinct de sauvagerie. Côté réception, elle se manifeste dans nos manières de voir, d’entendre, de sentir, de toucher, de suivre ce qui nous vient des autres. Côté envoi, elle désigne nos capacités de réponse à la demande des autres. Elle se manifeste dans nos manières de regarder, de parler, d’accompagner, d’aider, de soutenir, de partager et d’aimer. Côté sauvagerie, il y a une violence soudaine, le besoin d’écraser, de faire mal, d’éliminer l’autre. Non, chez les êtres humains, la chair ne peut être seulement de la viande.
 
Or, Dieu, notre Père, a envoyé sa Parole, son Fils bien aimé, dans la chair. Quelle est cette folie d’amour, ce désir d’y implanter sa ressemblance, et d’inscrire parmi les nations cette filiation totalement inattendue. 
 
Quant au sang, c’est presque encore plus redoutable.  Le sang n’est pas seulement un liquide qui transporte dans notre corps l’oxygène et tout ce qui est nécessaire à son fonctionnement. Il est aussi, et surtout, ce qui bat la chamade en nous ; ce qui nous donne des couleurs ou nous glace tout à coup ; ce qui pulse nos mouvements ou les arrête. Il est la vie en nous. Arrêter son flux sur nous-mêmes, l’enfermer dans l’image de moi-même, c’est mourir. Le verser pour ceux qu’on aime, c’est donner la vie.
Jésus a versé son sang pour la multitude en rémission des péchés. Par Lui, avec Lui et en Lui, la vie a englouti la mort. C’est le sang de l’alliance : il indique le projet commun qui nous rassemble dans le Christ. Quelle est donc cette aventure, dans laquelle il nous entraine ? De quelle nature sont les liens qu’il est venu tisser avec nous et entre nous ?

            Cette affaire prend une certaine urgence quand nous venons à la messe. Que faisons-nous à la messe ? A première vue, l’affaire est assez simple. A la messe, après avoir écouté sa Parole, nous faisons mémoire de l’offrande de Jésus à son Père pour nous, puis nous mangeons le pain et buvons le vin. Les choses nous arrivent donc par ce que nous connaissons de l’écoute d’un récit et du repas : écouter, manger et boire. Et c’est dans ce geste, à travers ce geste, que surgit  l’Esprit saint : Il dépose, en passant dans notre geste, ce qu’il veut, à savoir la présence du Corps et du sang du Christ. La messe n’est donc pas seulement un rite que nous faisons avec les autres selon la coutume de notre religion. C’est une action de Dieu dans laquelle nous sommes embarqués. Cette action nous échappe, tant dans notre corps que dans notre compréhension de ce qui se passe. La chair et le sang du Christ, son regard, sa façon d’écouter, de venir à nous se superpose à notre propre chair et à notre propre sang. Et cela sature complétement les idées ou les sentiments que nous pouvons en avoir.  Nous sommes saisis, habités, enlevés au-delà de nous-mêmes. Ce n’est pas la perception que nous en avons qui compte ; c’est son action, son énergie, son désir qui fait le travail ; il nous suffit d’être consentants.  
 
Puis nous sommes envoyés… Dans la dernière phrase de l’évangile que nous venons d’entendre, Jésus dit : « de même que mon Père m’a envoyé et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi ». Etre envoyé par son Père, c’est porter comme un fils le projet de son Père, son désir de faire de nous des femmes et des hommes qui portent sa ressemblance, dans sa chair, dans toutes les facettes de sa capacité d’entrer en relation avec les autres, de verser son sang au compte du projet commun du peuple de Dieu. 
 
Manger le pain et boire le vin c’est le geste qui est à notre portée. Etre nourri de sa chair et de son sang, c’est l’action du Christ : il plante sa tente chez nous ; il instaure en nous sa façon d’exister dans le monde selon le désir du Père, afin que nous devenions des témoins vivants de son œuvre.
 
Il existe dans la religion populaire des gestes qui peuvent nous aider à entrer dans cette action du Christ. Il y a des croyants qui touchent le rocher de la vierge à Lourdes, ou l’épaule de saint Jacques à Compostelle, ou le pied d’une statue de la vierge ou d’un saint dans une église. Nous pensons souvent que ces comportements religieux sont archaïques et pas très dignes de nous.
 
Mais en Argentine, par exemple, les églises disent de ces gestes que c’est « prendre grâce », s’agripper à la grâce de Dieu. Je n’ai pas dit «  rendre grâce », mais bien « prendre grâce ». Le pape François, le lendemain de son élection, est allé à la basilique Sainte-Marie-Majeur, dans la chapelle dite du « salut du peuple romain », et il a touché longuement l’icône de la vierge. Il a appris cette façon de vivre sa foi parmi les pauvres de Buenos Aires. Ce n’est pas du bois ou du plâtre qu’il a touché, mais à travers il a touché la sainteté de Marie. Il a pris grâce auprès d’elle. Et ceci n’est pas une spécialité d’Amérique latine, c’est au cœur de la foi catholique : la foi dans le Christ ressuscité est charnelle, incarnée, sacramentelle.
 
A la messe, c’est Jésus qui choisit le geste : manger le pain et boire la coupe. C’est ce que nous faisons matériellement, physiquement. Mais c’est Lui, le Seigneur, qui accomplit la rencontre. Il nous reste à mettre en pratique le principe de saint Paul : « m’efforcer de le saisir après avoir été saisi ». Apprendre à changer mon regard sur les autres, dans les occasions qui me sont données, devient alors une sorte de politesse à l’égard de Dieu, un respect amoureux du Christ. 
 
Ce n’est pas nous qui donnons une place à Dieu dans notre raisonnement et notre comportement dans le monde, c’est Lui qui nous fixe une place dans son œuvre. Et cette œuvre consiste à faire se lever parmi les nations un peuple selon le désir de Dieu. 
 
Nous avons appris à quoi se reconnait ce peuple de Dieu :
- D’abord, à sa mémoire. Faites ceci en mémoire de moi. Il ne s’agit pas seulement des souvenirs que nous avons de ce qu’a dit et fait Jésus, le Jésus de l’histoire, mais la reconnaissance de ce que fait Dieu, à travers sa création, l’histoire d’Israël et la vie, la mort et la résurrection du Christ, le Verbe de Dieu fait chair. Il s’agit de la mémoire vive du Christ ressuscité, agissant maintenant dans le monde.
- Puis, son style de vie : c’est là, dans nos comportements et nos paroles, que se montre la pratique de la chair et du sang du Christ, vers laquelle nous sommes enlevés comme témoins vivants : apprendre à regarder et à écouter les autres, comme le Christ les regarde et les écoute ; nous arrêter le temps qui convient auprès de celui que nous trouvons blessé, perdu, oublié sur notre chemin, comme l’a fait le bon samaritain ; pardonner ; travailler à maintenir la paix entre nous, et prier sans se lasser.
-         Enfin, son projet commun : espérer envers et contre tout dans ce rassemblement, à première vue impossible, auquel Dieu travaille depuis le commencement, et renoncer à limiter notre vie à l’horizon si souvent étriqué dans lequel nous nous sommes laissés enfermer.
C’est ainsi que le peuple de Dieu se nourrit de la chair et du sang du Christ, lui ressemble, et devient ce qu’il est : le corps du Christ. 
 
Et si vous avez besoin, comme moi, de vous accrocher à la main qu’il vous tend, ne ratez pas les occasions qui vous viennent de tel ou tel de vos frères, et profitez de ces moments de paix, de consolation et de joie profonde qui vous sont donnés, simplement parce que vous avez fait ou dit ce que le Seigneur vous a demandé et que vous vous en trouvez bien.
Jean-Pierre Duplantier