La Sainte Famille 2014 / une homélie / D Bourgoin

La célébration de la Sainte 'Famine en cette fin d'année 2014, a comme un goût de déjà entendu et d'inattendu.
Cette année des milliers de personnes ont défilé dans la rue pour approuver ou contester le mariage pour tous.
Cette année 2014 a été l’occasion de réfléchir sur la famille pour la préparation du synode de ce mois d'octobre et en préparation du second pour l'automne prochain.
On peut dire que 2014 a été l’année de la réflexion sur ce qu'est une famille.
Et à la toute fin de l’année, la liturgie nous invite à méditer sur la Sainte Famille.

Pour nous guider dans cette méditation, je propose qu'on suive Syméon.
Syméon homme sage et juste reçoit l'enfant dans ses bras lors de la présentation selon la loi. Il recoit Jésus dans ses bras, déposé par Marie et Joseph. L'instant est fugitif mais primordiale.
Au moment même où il reçoit Jésus dans ses bras, une bénédiction naît à ses lèvres : "Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s'en aller en paix, selon ta parole".

Mais qu’a bien pu ressentir Syméon lorsqu'il a reçu cet enfant ?
Il s'agissait là, semble-t-il, d’un geste du rituel. Et pourtant, ce simple geste va le bouleverser et lui permettre d'accomplir la mission de sa vie.
Syméon est un homme de foi ainsi que le fut Abraham en son temps comme nous le dit Paul dans la lettre aux Hébreux. Il reçoit l'enfant dans la foi. L'amour qui se vit dans cette famille se transmet et touche le vieil homme. On la déjà entendu que la famille de Jésus est boiteuse. La longue généalogie de sa lignée énumérée dans l'Evangile de Matthieu ne manque pas d'éléments non conformes à l'image d'une "Sainte Famille". Et ne parlons pas de ses parents. La mère est enceinte avant son mariage. Son père ne la répudie pas uniquement grâce à l'intervention de l’ange. C'est un peu sous la direction de Dieu que Joseph accepte le mariage. Avouons que débuter une vie de couple et de famille dans ces conditions, ce n’est pas idéal.
Mai il y a de l'inattendu dans cette famille! Un inattendu que perçoit Symeon ! Cet inattendu c'est le message d’amour que Jésus vient propager dans le monde. Car tout ce que le Christ accomplit, il l’accomplit dans l’amour. Et c’est d'ailleurs à cela qu'on reconnaît que cela vient du Seigneur.
Ainsi Syméon s'exclame-t-il :"Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël".
Ces yeux ont perçu que c'est par amour que Dieu sauve. Ces yeux ont lu dans le regard de l’enfant tout l'amour de Dieu pour sa créature. Il a su dès cet instant que l’alliance que le Père engage avec l'homme par l’incarnation de son Fils n'est jamais remise en cause de son côté. Il a vu également que ce n'est pas non plus l’annonce du paradis sur terre. Ce n’est pas la promesse du pays des bisounours qui vient : que "cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction - et toi, ton âme sera traversée d'un glaive." 
Jésus est encore un enfant, nous venons a peine de célébrer sa naissance, que se profile déjà la croix, cet instrument de torture qui conduit à une mort certaine dans la souffrance. Mais ce que nous savons c'est que même sur la croix, le Christ a aimé. II aime jusqu'au bout. Il aime l'humanité, il pardonne à ses bourreaux. Il aime son Père. Tout ce que Jésus accomplit dans sa vie publique, il l'accomplit par et avec amour. Il nous donne même un commandement, un commandement qu'il dit nouveau. Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé ;

"L 'enfant, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui." 
Dans cette famille, l'enfant grandit dans l'amour. L'amour se reçoit de Dieu même, C'est cela que l'Eglise nous propose comme modèle quand elle nous demande de contempler la Sainte Famille.

L'Eglise ne nous demande pas de contempler la structure organique de la famille avec un papa et une maman à l'origine biologique de leurs enfants.
L'Eglise ne nous demande pas d'adorer une famine dont les membres veulent un enfant parce que c'est leur droit d'avoir enfant. Et que c'est parce qu’ils s'aiment qu’ils doivent avoir un enfant. Et que cela se verra qu’ils s'aiment, s'ils ont un enfant.
L'Eglise nous propose pour modèle, une famille dans laquelle l'amour est le moteur qui la fait avancer.C'est une famille ouverte qui partage l'amour qui se vit en son sein en suivant les rites de son temps.
L'Eglise nous montre en exemple, une famille où l'enfant est accueilli comme un don de Dieu.Elle nous dit qu'une famille se construit pour les enfants et non par les enfants. Et que cette construction évoluera parce que les enfants partiront. Elle nous prévient que la famille est un lieu de joie et de souffrance. Mais qu'à l'image du Christ, nous sommes appelés à vivre tout cela en aimant

Seigneur, envoie ton Esprit d'amour sur nos familles !
Seigneur, fais souffler ton Esprit de paix sur nos familles !
Seigneur, emplis-nous de ton Esprit de discernement !
Maintenant, Ô Maître souverain,
 Tu peux laisser Ton serviteur s'en aller en paix, selon Ta parole.
Car mes yeux ont vu le salut que Tu préparais à la face des peuples :
lumière qui se révèle aux nations
et donne gloire à ton peuple Israël.
Amen !

Dominique Bourgoin, diacre

Méditations autour de Noël / JP Ranga


Pour les besoins de la publication sur le blog, je me sens dans l’obligation d’enchaîner les trois méditations de l’homélie du 4° dimanche de l’Avent (23 décembre), de l’homélie de la veillée avec les enfants et l’homélie du jour de Noël.
Cet exercice facilite la tâche, parce qu’il donne la possibilité de déployer le mystère en trois temps :
- autour de la visitation d’Elizabeth qui constate la réalisation de ce qui a été annoncé par l’ange ;
- autour de la nuit où l’ange nous annonce la naissance d’un sauveur, le Christ Seigneur,
- et autour de la méditation de Jean qui proclame « et nous avons vu sa gloire, gloire qu’il tient comme fils unique plein de grâce et de vérité. »

Entre Elizabeth et Marie, il se passe quelque chose d’original : deux naissances rapprochées dans le temps et dans l’espace, deux enfants qui se reconnaissent et qui viennent pour nous les hommes et pour notre salut, deux évènements vécus par deux femmes qui se réfèrent à l’annonce de l’ange, chacune à sa manière. Au milieu de tout cela l’oeuvre de Dieu qui arrive jusqu’à nous, le don de l’Esprit qui renouvelle la face de la terre, le mystère du Sauveur qui nous est présenté comme un don de Dieu, un don d’en-haut, celui qui est annoncé par son ange. La nouvelle naissance est liée à la première naissance, mais l’oeuvre de Dieu est là qui traverse nos personnes, en nous donnant une nouvelle fécondité de la grâce.

Entre les anges et les bergers, il se passe quelque chose qui marque le début d’une ère nouvelle : les cieux se déchirent et la grâce de Dieu est manifestée. Avec les anges et tous les saints nous pouvons chanter la gloire de Dieu notre Père et sa sainteté. Nous chantons Gloire à Dieu au plus haut des cieux, le cantique : saint, saint, saint le Seigneur Dieu de l’univers. Ce qui est original ce soir c’est de chanter en même temps la gloire du Père et du Fils, la sainteté du Père et celle du Fils. Nous disons gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. Au milieu de nous Christ Seigneur est notre salut et notre paix. C’est autour de lui que viennent ces chants de louange et de glorification. C’est avec lui que nous attendons la gloire qui vient du Père et non la gloire qui vient des hommes. Même chose pour le cantique du Sanctus : saint le Seigneur de l’univers, le ciel et la terre sont remplis de ta gloire et nous finissons ; béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Hosanna au plus haut des cieux !

N’oublions pas de louer Dieu le Père et Celui qui vient en son Nom avec les anges et tous les saints. N’oublions pas de lier dans notre vie la gloire du Père et la paix apportée par le Christ Seigneur !

On peut lier avec la réception du jour de Noël la méditation de la Vierge dans son coeur. Elle médita tous ces événements dans son coeur. Et l’évangéliste parle à côté de la Vierge en disant : le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire, gloire qu’il tient comme fils unique de Dieu son Père, plein de grâce et de vérité.

La grâce de Dieu manifestée dans la venue de son fils nous touche de près! La Vierge Marie médite en son coeur l’oeuvre de Dieu réalisée à l’ombre de l’Esprit. Le mystère de la nouvelle naissance c’est la réalisation de l’Esprit qui nous est donné et fait de nous des fils adoptifs, des fils dans le fils. En lui nous pouvons crier à Dieu : Père. Le mystère de la nouvelle naissance passe par notre corps et notre âme, qui se laissent toucher par le souffle de Dieu vivant pour nous faire participer à sa vie, la vie de son Fils, la vie dans l’Esprit, la vie en présence du Père de Jésus-Christ. La manifestation de la gloire de Dieu et de la venue du Fils se réalise dans notre existence, comme une force et une lumière capable de nous soulever et nous orienter d’une nouvelle façon. La loi nous fut donnée par Moïse, mais la grâce Dieu et la vérité de sa manifestation nous sont données par Jésus-Christ, le Fils unique qui nous le fait connaître.

Alors toutes ces choses nous sont transmises dans l’église afin que nous puissions communier à la vie de Dieu, communiquer avec Dieu par son Fils et son Esprit, par ceux qui sont témoins de sa venue dans le monde. Communier à la réalisation des promesses, communiquer la joie qui vient d’en-haut et qui nous donne un élan nouveau, avoir part aux dons de l’Esprit du Père et du fils, communier aux choses de Dieu, ses paroles, ses gestes, le don du pain et du vin de l’eucharistie.

O ma joie quand on m’a dit, allons à la maison du Seigneur !

Enfin nos pieds s’arrêtent devant la maison de Dieu vivant, là où nous pouvons trouver son Fils et son Esprit.


Que la paix règne dans tes murs, la prospérité dans ta maison,
A cause du Seigneur notre Dieu ! Joyeux Noël 2012

Jean-Pierre RANGA
Curé

Écoutez la voix des guetteurs, leur appel retentit, c'est un seul cri de joie ; ils voient de leurs yeux le Seigneur qui revient à Sion /Jean 1 1-18 / Noël 2013 / Une homélie

Aujourd'hui est un jour de joie. Aujourd'hui, se lit sur nos visages la joie d'appartenir au Christ. 
Aujourd'hui, brille dans nos yeux, encore plus fort, la lumière du Christ. 
Aujourd'hui, se dessine sur nos lèvres la joie de l'incarnation.
Ce matin, en répondant à l'invitation du Seigneur, nous sommes invités à fêter Noël autrement.
Hier soir, à la messe de la nuit de Noël, nous avons adoré l'enfant dans la crèche. Nous avons contemplé l'enfant-Dieu dans sa puissance et dans sa faiblesse. Mais ce matin, nous laissons la Parole toucher notre chair par le mystère de l'incarnation. Dieu se fait homme. Dieu qui descend jusqu'à l'homme pour se laisser toucher par l'homme.
Dès l'origine, Dieu prépare ce moment. Dès l'origine où une parole soufflée sur la chair de l'homme fait de lui un être capable d'aimer, Dieu s'invite à rejoindre sa créature pour se révéler en vérité : "après la Loi communiquée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ." Nous dit Jean.
Nous avons fait de Noël une fête de famille. Pour la plus part d'entre nous Noël, c'est l'occasion de rassembler grands-parents, parents et petits-enfants autour du sapin. La joie de Noël, nous la traduisons par l'échange de cadeaux, par un bon repas partagé. Tout cela est bien. Mais, au milieu de la fête, au milieu des musiques et des chants, éblouis par les lumières, nous oublions que Noël c'est avant tout célébrer le mystère de l'incarnation.
Après que Dieu se soit révélé par les prophètes, Dieu nous envoie son Fils pour partager notre condition d'homme.
Cette nouvelle met de la joie dans le cœur de tout homme mais nous en oublions bien souvent l'origine. Et pourtant cette joie de Noël, c'est la même que celle qui remplit le cœur des parents qui portent leur enfant au baptême. Cette joie c'est la même que celle que ressentent les confirmands qui reçoivent le sacrement.
Quand le ciel rejoint la terre, mystérieusement, la joie habite le cœur des hommes. On ne sait pas d'où elle vient mais elle est là, bien présente, bien réelle. Cette joie exprime cette part de nous qui frémit à l'approche du Seigneur.
"Mais tous ceux qui l'ont reçu, ceux qui croient en son nom, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu."
Enfant de Dieu, nous le sommes par notre baptême. Nous le méditions, il y a quelques semaines avec le nom de Jésus. La grâce d'être enfant de Dieu ne nous retranche pas du monde mais nous invite à une responsabilité immense. Nous sommes appelés comme le fit Jean à rendre témoignage de la Lumière, à témoigner du Christ vivant dans chacune de nos rencontres.
Nous sommes invités comme Jean à rendre témoignage afin que tous croient.
N'ayons pas peur de rendre témoignage. N'ayons pas peur pour deux raisons.
La première, le monde espère une bonne nouvelle. Le monde attend des paroles vraies qui le tirent de cette spirale qui le concentre sur lui-même sans la possibilité d'une issue.
Dans notre frénésie de consommation de Noël, je ne voudrais citer qu'un seul exemple : Chaque seconde, 570 sacs plastiques sont distribués en France et 16000 dans le monde... pour durer 20 minutes. Dans la nature, ils mettront entre 100 et 400 ans pour se dégrader ! Dans cet appétit pour dépenser pour des futilités, nous oublions l'essentiel ! Est-ce à cette démesure que Dieu nous convie ? Dieu s'incarne pour dire la beauté de la création. Pour dire que la création nous est certes confiée mais que nous devons la partager avec tous les êtres vivants qui peuplent notre planète. Dieu s'incarne pour nous rappeler que nous ne sommes pas livrés à nous-mêmes, que le nom de Jésus signifie Dieu sauve.
La seconde raison pour laquelle nous ne devons pas avoir peur, c'est que Dieu nous donne à connaître sa Gloire comme le dit l'évangéliste : "Et le Verbe s'est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité.". Cette Gloire elle nous rejoint et nous fortifie quand nous communions à son corps et que nous buvons à la coupe.
Ne gardons pas la joie de cette rencontre intime pour nous. Nous devons en faire une force pour la mission. François, notre Pape, nous invite fortement depuis qu'il a été assis sur le trône de Pierre à devenir un peu plus missionnaire. Cette année nous fêtons les cinquante ans de Vatican II, et nous sentons bien que l'Esprit missionnaire qui a soufflé sur le concile se ravive. Alors mettons nous en chemin, ouvrons grand les portes de l'Église, sortons nous de notre confort pour annoncer la Bonne Nouvelle : Dieu se fait homme en Jésus, Dieu Sauve.
Que la force de la Gloire du Père fasse de nous des femmes et des hommes de douceur capables de dire la tendresse de Dieu pour tous.
Que cette force fasse de nous des femmes et des hommes d'écoute capables d'accueillir en vérité ce que vivent les personnes que le Seigneur met sur notre chemin.
Et la joie du guetteur emplira nos cœurs,
notre appel retentira,
nous verrons de nos yeux le Seigneur qui vient.
Dominique Bourgoin, diacre.

Is 52, 7-10 // Ps 97 // He 1, 1-6 // Jn 1, 1-18

Homélie de la nuit de Noël 2013

Frères et sœurs, chers amis en cette nuit nous avons quitté nos maisons décorées pour la fête.
Nous sommes venus jusqu’ici, non pas simplement parce que nous aurions vu de la lumière en passant, et que l’endroit paraissait chaleureux. Nous sommes venus à un rendez vous. Chacune, chacun a rendez vous avec tous ceux qui sont ici, rassemblés en une famille sans frontière, appelés en ce lieu par le SIGNE qui nous est donné, un signe à entendre, à interpréter, à diffuser, à vivre :
« Vous trouverez un enfant nouveau né, emmailloté, couché dans une mangeoire ».
Nous sommes venus à l’appel des anges : «  Il vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur »
Dans les champs avec les anges, la terre et le ciel se rejoignent.
Ce nouveau né, qui sans doute pleure et sourit comme tout bébé, mais qui ne parle pas encore, ce nouveau né là est cependant une Parole qui fait irruption dans la nuit des hommes. Dieu parle maintenant dans tout homme, comme à des fils.

C’est une Bonne Nouvelle pour tout le peuple, c’est une grande joie pour toute la terre. C’est un cri d’amour pour notre monde d’aujourd’hui.
Au début de notre célébration nous avons fermé les portes de la salle pour notre confort.
Mais à présent ouvrons nos cœurs.
Que soient avec nous ici, ceux que nous avons laissés chez nous, ceux qui sont seuls, ceux de nos maisons de retraite, de nos hôpitaux. Que soient avec nous nos frères et sœurs des prisons (la maison d’arrêt) ue soient avec nous les bénéficiaires de nos institutions de solidarité, que soient avec nous ceux qui subissent la guerre, l’intolérance, la pauvreté, le chômage, la dépression, l’exclusion. Ils sont tous à l’image du Signe qui nous est donné, l’enfant emailloté couché dans une mangeoire pour lequel il n’y a pas de place dans la salle commune.( bref moment de silence)
Noël c’est Dieu qui vient nous déranger, car Dieu a besoin de chacun de nous. Il a besoin de nous pour que le monde entre dans le fleuve de joie dont parle le Pape François. Il a besoin de nous pour que « le peuple qui marche dans les ténèbres voit se lever une grande lumière ». Il a besoin de nous, non pas dans l’agitation médiatique ou commerciale, dans la recherche du succès mais dans le silence où se forment les chemins de l’amour.
Noël c’est le silence  ( Stille Nacht, silent night)
Ce n’est pas le silence devant la souffrance des hommes, devant les inégalités ou les injustices. C’est le silence du face à face avec soi même et le Seigneur. Le silence qui permet, la rencontre en vérité et qui fait voir au delà des apparences et des visages, du conformisme et des événements quotidiens ce qui germe du Royaume, ce qui se réalise du Signe donné dans nos vies dans notre monde.
Frères et sœurs ne manquons pas ce rendez vous du silence, cette rencontre avec  la Parole faite chair : elle fait vivre.
Osons laisser affleurer en nous le désir du peuple qui marche dans les ténèbres.
N’ayons pas peur d’affronter notre nuit, puisqu’elle nous fait désirer la vraie lumière.
Ne passons pas nos vies sous le fouet du chef de corvée, mais accueillons la loi d’amour.
Ne nous habituons pas au bruit des bottes qui piétinent le sol, soyons artisans de paix.
Efforçons nous à retrouver notre source en Dieu avec le goût pour ce qui sans cesse germe dans nos vies et dans tout homme. En don nous aurons la joie de l’Evangile

(Noël c’est l’inauguration du mystère pascal)

Je me souviens d’un ami qui se disait non pratiquant mais qui se faisait un devoir de venir chaque année à la messe dite de minuit et qui disait « Noël est la fête la plus importante, c’est la fête de la lumière ».
Comme je m’efforçais de lui montrer un signe encore plus grand, la Croix, et d’exprimer que la vrai lumière nous était donnée à Pâques par la célébration de la résurrection., il m’a répondu « sans Noël il n’y aurait pas Pâques ; Noël c’est comme une inauguration »
Nous qui avons reçu le SIGNE et sommes venus pour inaugurer, nous entrons dès maintenant dans la contemplation de Jésus mort et ressuscité, le mystère pascal que nous célébrons tous les dimanches de l’année et à chaque Eucharistie.
Noël tout seul n’a pas de sens sans Pâques.
Dans les gestes de la messe que nous allons célébrer ensemble vivons les étapes de cette rencontre avec le Père, à laquelle nous invite l’enfant de Betleem
Laissons venir en nous, avec les paroles qui nous touchent, le désir d’être aimés de lui.
Recevons les Paroles de Jésus sur le pain et le vin et ravivons notre désir d’être nourris de sa présence.
Accueillons les gestes de la paix qui passeront par nos propres mains.
Et quand nos mains et nos cœurs s’ouvriront pour accueillir le corps et le sang du Christ que ce soit la rencontre de deux désirs
Le désir du Père de venir dans nos ténèbres et de trouver en nous ce qui était perdu.
Notre désir à nous d’être des vivants, répondant joyeusement à l’Amour qui nous est donné par notre Père en ce signe «  un enfant emmailloté couché dans une mangeoire »

Et nous nous efforcerons de partager avec les hommes de notre temps, l’amour et la paix qui nous sont donnés. La joie de l’Evangile sera la grâce dont nous serons comblés.

Robert Zimmermann

24 décembre 2013

Nuit de Noël 2014 / Une homélie de JP Duplantier

Cette nuit, sur tous les habitants du pays, une lumière se lève. Les frontières de la vie que nous menons sont ouvertes. Il faut se frotter un peu les yeux, parce que nous nous sommes habitués à vivre à l’étroit. Dans le petit monde de la rue, où les gens passent, sans visage, sans voix, courant vers leur travail, les courses, leurs affaires. Dans le petit monde de la famille, où le temps pour s’écouter, se parler, s’accompagner, est dévoré par les soucis, les enfants qui changent, la peur de manquer, la peur de grandir, la peur de vieillir. Dans le petit monde des associations, des entreprises et des églises, où les mondanités, les jalousies et les rumeurs détruisent nos liens. Dans le petit monde où les écrans ont pris la main, où s’affiche trop souvent le côté sombre du monde, et où les plus jeunes se prennent pour des héros solitaires, jouant avec leurs fantasmes, leurs amours imaginaires, leurs rêves de puissance jusqu’à des gestes de violence insensées.
 
La nuit de Noël n’efface pas ce petit monde-là ; ce n’est pas une trêve, un moment de répit, pour oublier, pour souffler un peu. Dans cette nuit, quelque chose désobéit, insolemment, impudemment au monde dans lequel nous vivons : Dieu nous sourit, quel que soit l’état de notre chemin, de notre foi, de nos prières. Il réveille en nous son empreinte, ce que nous avons en commun, l’énergie de son amour et de sa justice pour tous.
 
Ce que les anges dans le ciel racontent aux bergers cette nuit-là se glisse à nouveau ce soir en chacun de nous, au plus profond de nous, là où notre véritable désir est enfoui, en attente, en souffrance. Les bergers les entendent dire qu’un sauveur leur est né, qu’il est de la lignée de David, que son règne n’aura pas de fin. Mais les anges ajoutent ceci : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. L’état de cet enfant, le lieu où il est posé, voilà ce qui nous est donné à voir.
 
Emmailloté. Inséré, dépendant comme nous, dans les conditions historiques, politiques, sociales, religieuses où il est né. Pour Jésus, c’est le temps du recensement ordonné par l’empire romain par souci de contrôle, d’organisation et de maîtrise de ses sujets. Ce sont les circonstances d’une auberge où il n’y a pas de place pour ses parents. Et cela va continuer toute sa vie. Les foules chercheront à l’enfermer dans un rôle de guérisseur, de chef de bande. Les hommes religieux ne supporteront pas ce qu’il dit ni son comportement. Jésus sera emmailloté dans le petit monde de son temps jusqu’à être condamné et cloué sur une croix. Mais ni la peur ni la violence ne le détourneront de ce qu’il porte dans sa chair. 
 
Ce n’est pas que cet enfant soit super doué, indépendant, déjà rebelle. C’est à cause de sa parenté. Il est bien sorti du ventre de Marie, sa mère, mais il est né de Dieu. Toute l’énergie d’amour et de justice de Dieu coule dans ses veines, éclaire déjà son intelligence, commande son cœur, vibre dans son corps tout entier.
 
C’est en cela d’abord qu’il désobéit au monde dans lequel il est né. Et le lieu même où il naît en est le signe. Sa mère l’a déposé dans une mangeoire. Là où les animaux trouvent leur nourriture. Cet enfant ne sera pas comme Caïn, le premier fils d’Adam et Eve, assoiffé de mettre la main sur tout ce qui bouge autour de lui, tenté indéfiniment de dévorer les personnes, les gens, la connaissance et tout ce qui peut alimenter son pouvoir. Jésus sera notre nourriture. Il vient pour nourrir tous les hommes de sa vie, de la parole de Dieu faite chair en lui, de sa force d’aimer, de sa puissance à traverser tout ce qui instaure la mort chez nous.
 
Ne vous y trompez pas. La lumière de cette nuit est inséparable de celle de la résurrection du Christ, de notre acceptation que ce fils de Dieu continue aujourd’hui de faire se lever chez les hommes, quels qu’ils soient, l’énergie d’amour et de justice que Dieu a semée chez eux dès l’origine. Noël n’est pas un conte qui fait rêver les enfants et ne fait plus rire personne quand les enfants sont grands. Cette nuit se lève à nouveau l’invitation à chacun d’entre nous d’apprendre à voir et à entendre, chez les uns et les autres, et dans ce qui nous arrive, les petites lumières qui sortent de leur cachette, désobéissantes à la grisaille du temps, et qui nous viennent de Dieu. Accueillir ce don de Dieu est un travail patient, besogneux, rigoureux. C’est le plus souvent une affaire de détails plutôt qu’une grande envolée. C’est toujours lié à ce qui se passe dans notre chair, dans notre cœur, dans nos mains, dans nos paroles et nos gestes, plutôt que dans notre tête ou dans nos émotions. Avec cet enfant de Noël, la parole de Dieu est venue dans notre chair, une fois pour toutes.
 
Osons trouver le temps et les moyens de faire plus ample connaissance avec Lui. Nous ne sommes plus seuls. Il maintient sa présence active au milieu de nous, avec Lui et entre nous. Le suivre devient notre chemin, notre vérité et notre vie. Il est notre nourriture. 
 
Et ce n’est pas pour que nous prenions un quelconque pouvoir politique, culturel ou même religieux dans notre pays ou ailleurs, mais pour témoigner, au jour le jour, de l’énergie d’amour avec laquelle le désir de Dieu façonne les fils d’homme à son image.

La terre cesse alors d’être étrangère ; elle nous devient familière, quand cette présence de Jésus y est plantée, … et les enfants y sont heureux, parce qu’ils y a un avenir pour eux.
Jean-Pierre Duplantier 

La Sainte Famille / Luc 2 41-52

 (...)
Il nous faut contempler comment Jésus fait de sa famille une « sainte famille » :
Il vient manifester sans ménagements sa grande liberté vis-à-vis de son lien de génération.
Il ne sera pas, lui, pris dans les mailles compliquées de ce qui construit nos familles.
Il peut désormais très bien vivre sans ses parents... parce qu'il sait que celui qui lui donne la vie, c'est « son Père ». Que d'être « aux affaires de son Père », c'est ça qui le tient en vie. Que de travailler les écritures, c'est nourriture...
Ça n'enlève rien à la tendresse qu'il a pour sa mère, ni au respect qu'il a pour Joseph. Mais ce qui le fait Fils, ce qui le tient debout, c'est l'amour du Père.

Cette famille est sainte, elle est pour nous modèle, parce qu'elle est capable d'entendre dans la voix de son enfant qu'elle n'est pas la source de la vie !
Ce n'est pas la famille qui met au monde,
ce n'est pas la famille qui sauve dans le monde,
ce n'est pas la famille qui nourrie en vérité :
Les familles, elles font ce qu'elles peuvent ! Et parfois elles ont du mal !

Et bien en regardant la sainte famille, elles doivent se souvenir que c'est le Père qui est l'origine de la vie, que si parfois elles ont la sensation d'avoir accumulé les erreurs, ce n'est pas la fin de l'histoire !
C'est à chacun de consentir à entrer dans le lien nouveau qu'ouvre le Fils pour nous. Quand nos liens selon la chair se laissent visités par l'amour de ce Père, par sa Parole, par sa Loi, alors, ils sont transformés, un vent nouveau circule.
Ces liens ne sont plus des liens qui entravent, mais des liens qui vibrent. Etrangement, ils se renforcent et en même temps, ils libèrent... On pourrait dire qu'ils s'ajustent.
Elle est là la « bonne nouvelle » ! C'est une bonne nouvelle pour chacun de nous, c'est donc aussi une bonne nouvelle pour nos familles.

Si Jésus était, hier encore, emmailloté dans une mangeoire, c'est pour nous faire entrer dans cette filiation nouvelle, c'est pour faire de nous des co-héritiers du Père.
Alors, ce Père, il est temps que nous nous occupions de ses affaires !
Il est temps que nous nous mettions à travailler sa Loi,
il est temps que nous nous mettions à lire !

Bonne fête à nos familles …. comme elles sont !
Amen
Sylvain, diacre
 Famille à Bethléem (photo d'Edouard Boubat)

Homélie de la célébration penitentielle 2014 / Une homélie de JP Duplantier

Redressez les chemins du Seigneur ! Les chemins du Seigneur, c'est la trajectoire que Dieu nous a fixée, quand il a dit faisons l'homme a notre image et à notre ressemblance. Nos chemins c'est quand nous disons : faisons l'homme à notre idée, à notre compte, Ce n’est vraiment pas la même trajectoire. Le prophète Isaïe savait que quelque chose s'était tordu entre Dieu et nous ; que c'était comme un grand cri depuis longtemps chez les hommes. Ils en souffraient. Et s'ils en souffraient c'est qu'il restait en eux le souvenir enfoui d'un moment, au commencement, ou l'amour de Dieu les avait atteints en direct, les avait tirés de la matière et avait mis dans leur chair un emplacement pour sa Parole. On raconte que cela avait donné des ailes à Adam et Eve, comme quand on tombe amoureux, à cause d'un geste, d'un regard, d’une parole qui a dit du bien de nous. Mais cela leur a donné tellement d'assurance et de goût de vivre qu'ils ont eu envie de dévier toute l’énergie de cette vie reçue de Dieu vers la construction de leur propre monde. Le serpent s'est lové en eux et entre nous. Nous nous sommes mentis sur le chemin à suivre. Dieu nous a laissé faire;; il s'est retiré de nous : il fallait que notre désir propre s'affirme. Pour devenir des fils à son image, il nous fallait décider librement de choisir entre l'amour qu'il nous porte et nos amours propres, entre sa lumière et notre point d'honneur. Ainsi sont nés les enfants d'Adam et Eve. Adam connut Eve, elle fut enceinte et engendra Caïn, puis elle ajouta Abel. Le texte dit les choses ainsi : ils sont deux dans la première naissance : celui qui arrive en premier est le fils de son père et de sa mère et plus ou moins de Dieu, Abel paraît ensuite, il sort lui aussi du ventre de sa mère mais est entièrement tourné vers Dieu. Ce ne sont pas des jumeaux, mais deux fils en un seul enfantement ; deux parentés côte à côte. Caïn ne supportera pas cet autre lui-même, Il le massacre. Puis construit son monde, la première ville et tout ce qui va avec. Mais le sang d'Abel continue de monter de la terre vers le ciel. Nous portons cette déchirure.Vous vous demandez sans doute pourquoi je remonte si loin. Pour une raison essentielle que Jésus relève sans cesse sans beaucoup de succès auprès des pharisiens : L'amour et la haine habitent chez nous en même temps. L'attraction et la répulsion de l'autre commandent chacun son tour, nos actes et nos paroles. C'est notre condition, notre tourment. Nos pères comme nous-mêmes essayent depuis longtemps de séparer en eux l'amour de la haine et de redresser nos chemins tortueux. Mais en vain ; ça s'en va et ça revient. Seul le Fils unique de Dieu a le pouvoir de prendre sur lui la violence de Caïn et de lui redonner la capacité d'aimer son frère, Israël savait tout ça. Jean-Baptiste le portait en lui. L'heureuse nouvelle de Noël est la venue de Jésus, le fils bien aimé. En lui l'énergie d'amour de Dieu n'est jamais déviée, détournée vers lui-même. Ses chemins sont les chemins de Dieu. Le suivre est notre unique saint. Le laisser nous prendre par la main est notre seule chance qu'il enlève notre péché, pas à pas, en nous aidant mourir à nous-mêmes et à vivre de lui. C'est pourquoi notre réconciliation passe par la décision de le suivre et de reconnaître tout ce qui en nous pollue notre relation au Christ, la retarde, l'encombre, la rejette.Pour les croyants, la première maladie de la relation au Christ est notre attachement aux valeurs, aux principes, grâce auxquels nous pensons pouvoir nous élever nous-mêmes au statut de juste. L'unique traitement de cette maladie est de prendre quotidiennement le temps faut pour regarder et écouter ce que la présence active du Christ ressuscité fait lever chez ceux qui nous entourent, et en nous-mêmes. Parce que la Parole de Dieu s'est faite chair, suivre le Christ c'est apprendre voir et entendre ce dit et ce qu’il fait maintenant dans ce qui nous arrive. C'est devenir sensibles aux petites lumières qui sortent de leur cachette chez les uns et les autres. C'est désirer ces moments de joie reçue. Nous nourrir de Lui et de son travail chez nous. Il s'agit toujours de petites choses, des détails, mais eux seuls sont capables de peser plus lourd que nos soucis, nos peurs, et nos convoitises. Suivre le Seigneur, c'est l'envers de la tentation : la tentation part toujours d'un détail dans une situation concrète, lequel enclenche notre envie de plaisir ou de vengeance. Suivre le Seigneur c’est être devenu sensible à tel ou tel détail de la vie que nous menons qui enclenche un comportement ou une parole qui témoignent de la présence du Christ entre nous. Etre tenté par Satan et être inspiré par l'Esprit saint implique un mouvement semblable : être commandé de l’intérieur à partir d'un élément extérieur, concret, sensible.Chacun de nous a ses propres zones de brouillage dans sa relation au Christ. Avouer devant Lui telle ou telle d'entre d’elles est le geste de réconciliation auquel nous invite le Seigneur. II attend notre demande de pardon pour enter par cette petite porte, concrète, chamelle, que nous lui ouvrons.Au cas où tout ça nous paraîtrait trop compliqué, mélangé et douloureux dans notre vie, essayons encore une fois d'écouter comment nous est raconté dans la Bible sa façon de démêler les choses, de les apaiser; de les soigner. Et si cela nous parait difficile, c'est plutôt bon Signe. C'est que nous avons beaucoup de choses à apprendre de lui nous-mêmes, et le monde dans lequel nous vivons. Il ne juge pas et il est vraiment doué pour nous ouvrir les yeux, les oreilles le coeur et les mains.

Ce que nous avons d'intelligence et de courage pour suivre le Seigneur, c'est Dieu qui nous le donne. Sur nos chemins de terre, il nous fera passer. Ce que nous avons fait, ce qui nous reste à faire, voila notre mystère sous un ciel habité.

Avec les bergers, allons à la rencontre du nouveau-né ! / Noël 2013 / JP Ranga

A l’occasion de la fête de Noël, nous entendons résonner dans nos oreilles la Voix de Dieu à travers les chants des anges et les mots qu’ils adressent aux bergers.
Dieu a tellement aimé le monde qu’il nous a donné son Fils.

Ce mystère originaire du don que Dieu fait aux hommes de son Fils, qui est sa parole toute puissante, commande notre façon d’ouvrir nos cœurs, nos yeux et nos bras pour accueillir la joie du Ciel qui fait régner la paix sur la terre. La venue du Sauveur, Christ et Seigneur, dans la ville de David se fait dans l’humilité de ce nouveau né enveloppé de langes et couché dans une crèche.
Les bergers accueillent la manifestation du mystère. Ils sont enveloppés de lumière. Leurs oreilles entendent les anges chanter et leur dire quelque chose qui vient d’en haut. Et la réaction des bergers indique le mouvement de notre foi et de notre amour.
Et il advint quand les anges les eurent quittés pour le ciel, que les bergers se disent entre eux « Allons jusqu’à Bethléem et voyons ce qui est arrivé et que le Seigneur m’a fait connaître. »
Ce déplacement est le fruit de la décision de prendre au sérieux les chants et les paroles des anges. Ce déplacement est signe d’obéissance et de confiance pour aller jusqu’au lieu de la rencontre du ciel et de la terre, là où se trouve le nouveau né enveloppé de langes et couché dans une mangeoire.
C’est ce lieu de la naissance que le Seigneur nous fait connaître. Mais surtout c’est l’enfant nouveau-né couché dans une crèche, entouré de Marie et Joseph qui va être désormais le centre de nos recherches pour recevoir la grâce et le don de Dieu. Là où se trouve le nouveau né, là se manifestent l’amour et la joie qui vient du Ciel.
Ils firent connaître ce qui leur avait été dit de cet enfant. Et tous ceux qui les entendaient furent étonnés de ce que leur dirent les bergers.
Et l’évangile note la réaction de Marie, sa mère, comme faisant partie de ce mystère « Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son coeur »

Cette venue de l’enfant annoncé par les anges du ciel et les bergers de chez nous, méditée par la Vierge en son cœur, nous ouvre au mystère de l’accueil de la parole proclamée pour notre salut.
Un texte de Saint Paul sur l’accueil de la Parole proclamée peut nous aider à méditer, à faire des démarches nouvelles à la lumière de la venue du Christ dans ce monde : « et voilà pourquoi nous rendons grâce à Dieu sans relâche, de ce qu’ayant reçu la parole de Dieu que nous puissions entendre : vous l’avez accueillie, non comme une parole d’homme, mais selon ce qu’elle est vraiment, comme une parole de Dieu qui agit en vous les croyants. »

Que l’accueil de parole soit toujours pour nous la rencontre avec une personne, ce Sauveur, ce Christ Seigneur qui nous est donné dans la ville de David.
Puissions-nous bénéficier de cet accueil qui est communion avec lui et reconnaissance de celui qui l’a envoyé. A ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu.
Oui, la naissance du Christ nous ouvre à cette nouvelle naissance d’enfants de Dieu
Jean-Pierre Ranga

Curé

Le témoignange de Jean / Jn 1 / Une homélie de JP Duplantier

Dominique Bourgoin nous a parlé dimanche dernier du témoignage de Jean-Baptiste comme d’un surgissement. 
Les textes de ce dimanche continuent à nous mettre en face de cette irruption de l’Esprit de Dieu en nous.
 
Le prophète Isaïe d’abord : « L’Esprit de Dieu est sur moi » Chaque jour, je cours, je m’agrippe à la vie ; j’en profite ou je lâche prise. Je fais ceci et cela, je prie, je travaille, j’écoute, je dors, je mange. Et puis soudain autre chose m’arrive : le sourire d’une femme, un homme qui prend la main d’un enfant pour traverser la rue, une conversation, où un rayon de soleil se glisse entre les gens. Et, d’un coup, sans savoir comment, l’ordinaire des jours se charge de respect, de mystère, de joie. C’est comme le vent ! tu entends sa voix et tu ne sais ni d’où il vient ni où il va : ce moment devient un instant de jubilation, un cadeau, sans contrepartie. Certains retournent dès que possible à la réalité des choses. D’autres se risquent à y reconnaître la présence de Dieu, et la laissent creuser en eux le désir qu’Il revienne. Parfois elle s’installe en nous, y plante sa tente. Alors nos moindres gestes ou paroles ne sont plus seulement réfléchis, généreux et organisés. Ils sont habités. Alors, quand nous visitons un malade ou une famille voisine dans le besoin, nous n’allons pas forcément leur porter la guérison ou la solution à leurs problèmes ; nous faisons ce que nous pouvons ; mais tout est prêt entre nous pour que passe un peu de lumière, un instant de grâce, entre nous, de la part de Dieu. Quand Isaïe écrit: « L’Esprit de Dieu est sur moi », c’est de ce surgissement qu’il parle. Il raconte quel effet cette irruption a sur lui. Il voit et entend comment, à travers lui, passe chez les malades, les prisonniers, les abandonnés, les perdus, un souffle d’espérance, qui redonne de la couleur à la lumière allumée en chacun dès l’origine. Il voit comment cette lumière sort de sa cachette et brille à nouveau dans nos corps malmenés. C’est de cela que Jean Baptiste parle à nouveau. 
 
Dimanche dernier, nous avons entendu que ce témoin de la lumière nous appelé à nous préparer à cette venue. Aujourd’hui, par l’évangile de Jean, nous voici appelés à « redresser nos chemins. » Comme on redresse la trajectoire de sa voiture. Nous avons appris en effet, parfois durement, que les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées et que ses chemins ne sont pas nos chemins. Nous avons constaté que le courant ne passait pas bien entre Dieu et nous. La trajectoire de notre route emprunte souvent des déviations insolites, des sens interdits, des coups de volant intempestifs et dangereux. Dans les détails de notre vie quotidienne, dans nos jugements et nos comportements, mais aussi dans certains choix plus larges qui ont fini par orienter notre vie dans son ensemble, notre conduite est devenue chaotique. Ce n’est plus la parole de Dieu qui décide de nos itinéraires. Comme il est peu probable que Dieu change ses chemins pour s’adapter aux nôtres, il nous faut donc redressez les nôtres pour suivre les siens. Oui mais il y a des lustres que nous essayons de nous convertir. Il y a bien une toute petite élite qui semble y réussir. Mais pour le commun des mortels, ce n’est pas gagné. Là est précisément le cri de Jean-Baptiste dans le désert : Ce n’est pas nous qui allons enlever notre péché, mais il vient Celui qui va le faire. Ceci est la bonne nouvelle. Jésus-Christ est vraiment performant dans notre métier d’homme : Il entretient le feu, l’amour, la justice, la jubilation, l’espérance. Il est le prototype de l’homme à l’image de Dieu ; il est son fils unique, son bien-aimé : aucun obstacle ne vient chez lui masquer le surgissement de l’énergie de Dieu, de son amour pour nous, de sa vie. Notre chemin désormais c’est de le suivre. L’obéissance à la loi, quel qu’elle soit, nous apprend nos limites, et rien de plus : il y a toujours le bien que je voudrais et que je ne fais pas et le mal que je ne voudrais pas et que je fais. Le suivre, c’est autre chose : c’est se laisser prendre par la main, le suivre des yeux, le suivre avec nos oreilles ? Car il est vivant, en chair et en os, comme il disait aux apôtres le matin de sa résurrection. Il parle vraiment à travers les paroles de ceux qui le suivent ; il agit vraiment à travers les gestes de ceux qui lui ont ouvert la porte de leur vie. 
 
Le suivre c’est d’abord la pratique de la communion. Communion vient de commun. Or ce que nous avons en commun, ce n’est pas d’abord nos intérêts, nos biens, nos compétences, nos projets. Ces ressources communes-là ne forment que des familles, des clans, des partis. C’est bien, utile, mais çà fabrique toujours des frontières. En deçà c’est chez nous et on s’entend plus ou moins bien. Au-delà ce sont les autres, souvent des concurrents, voire des adversaires. Ce qui est commun chez ceux qui suivent Jésus est vraiment commun à tous les hommes ; c’est la petite lumière que Dieu a allumé en nous dès le commencement. Et cette lumière-là rien ni personne ne peut l’éteindre. Elle demeure, prête à sortir de sa cachette. La communion c’est apprendre à voir cette lumière qui perce à certains moments chez les uns et les autres. La communion c’est un homme qui voit et entend que sa femme apprend à se calmer. Et çà le réjouit ; il suffise qu’il réalise que c’est peut-être le Christ qui est en train de la transformer. Il a alors sous les yeux de quoi lui dire merci et son amour pour sa femme change de dimension. La communion c’est une femme qui découvre que son mari se met à s’intéresser à ses enfants. Pour elle aussi cela change sa relation avec Dieu et son homme. La communion c’est avoir des yeux et des oreilles pour percevoir ce qui vient du Seigneur, physiquement, concrètement, chez ceux qui nous entourent. 
 
Le suivre c’est aussi prendre le temps de le connaître en parcourant ensemble les récits où nous sont montrés comment Jésus résiste aux principales tentations humaines, sa capacité à voir ce qui est en souffrance chez les autres, sa manière de soigner nos blessures, sa façon de vivre constamment tourné vers son Père. Cela ne s’invente pas, çà s’apprend tout au long de la vie, parce qu’on ne connait pas la vie de la même façon à 10 ans, 20, 40 ou plus. Ce n’est pas une pratique d’intellectuels, parce qu’il ne s’agit dans ces récits que de situations concrètes, d’hommes et de femmes en chair et en os dans lesquels il n’est pas difficile de se reconnaître. Cette pratique n’est pas en option chez les chrétiens, c’est l’une des premières décisions à prendre pour le suivre, Lui, son chemin, et pas seulement des valeurs et des principes. 
 
La troisième offre du Christ, c’est la fraction du pain, la messe, et les prières. Là, c’est Lui qui prend les rênes, pour nous faire vivre ce qui est encore voilé chez nous, pour que sa vie prenne chair en nous, ne serait-ce qu’un moment, mais réellement, en attente de Lui, d’être rassemblés en Lui. 

Voilà ce que, chaque année, nous entendons, nous célébrons à Noël et durant l’Avent. Je vous souhaite de profiter au mieux de ce surgissement de la lumière de Dieu dans nos corps. Prions ensemble les uns pour les autres.
Jean-Pierre Duplantier

Es-tu celui qui doit venir ? / Matthieu 11 2-11 / une homélie

Es-tu celui qui doit venir ? Comment Jean le Baptiste peut-il poser cette question ? Nous le suivions dimanche dernier. Jean affirmait avec force : "Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales." Comment donc peut-il poser cette question ?
Jean est en prison. Jean est au plus bas dans un cachot. Jean serait-il pris par le doute ? Lui qui tressaillit dans le ventre de sa mère à la présence de Jésus lui-même dans le ventre de Marie. Serait-il pris par le doute ? Lui qui préparait la venue du Seigneur ? Lui, la voie qui criait dans le désert de Judée ?
Comment ne pas douter seul dans son cachot ? Comment ne pas douter alors que Jean sent la fin approcher ? Il a besoin d'être rassuré. Il a besoin de savoir si sa vie a servi à quelque chose. L'Évangile nous livre aujourd'hui un passage plein d'humanité. Jean, ce roc, cet homme qui parle avec assurance et force semble être pris par une sorte d'angoisse. La prison a-t-elle eu raison de cet homme ? L'Évangile casse le mythe du héros dont on pourrait vêtir Jean. Jean héros, s'éloignerait de nous. Son engagement serait pour nous au-dessus de nos forces. Son questionnement le rapproche et fait de lui un frère. Il nous signifie que nous aussi nous sommes appelés à l'annonce de la bonne nouvelle. Le baptême qui fait de chacun de nous un prophète. Il nous invite a annoncé comme Jean la venue du Seigneur.
Mais peut-être n'est-ce pas un doute que jean exprime depuis le soupirail de sa prison ? Ce qui étonne dans ce passage, c'est que Jean n'est pas coupé du monde. Il continue de recevoir la visite de ceux qui le suivaient. On peut imaginer sans trop s'éloigner du texte que Jean est au courant de ce qui se passe dehors. Peut-être a-t-il pris connaissance des foules que Jésus rassemble notamment sur la montagne. Peut-être un de ses disciples lui a rapporté ce que Jésus dit sur la montagne dans les béatitudes : " Heureux les affamés et assoiffés de la justice, car ils seront rassasiés." Comme ces mots ont dû le réconforter s'il les a entendus. Il doit savoir les miracles que Jésus fait comme autant de signes de la venue du Royaume. Il sait que Jésus guérit les paralytiques, les sourds, les aveugles.

Jean ne peut pas douter que Jésus est le Christ. Jean garde son attachement à celui dont la mission a été confirmée lors de son baptême au Jourdain Mais Jean a besoin que cela lui soit dit. Jean a faim d'entendre la bonne nouvelle.

Jean ne demande pas à ses disciples que Jésus en personne se déplace pour confirmer qu'il est le messie. Il ne ressent pas le besoin d'un contact. Il n'a pas besoin d'entendre de la bouche même de Jésus qu'il est bien celui qui doit venir. Il ne cherche pas à voir Jésus pour savoir qu'il n'y en a pas un autre à attendre. Jean a besoin d'entendre de la bouche de ses frères que le Christ parcourt la Galilée et la Judée pour annoncer le salut. Le simple témoignage de ses amis suffit.



Là encore comment ne pas être touché par ce passage qui rend Jean si proche de nous ? Car nous aussi nous avons besoin de la parole d'une sœur ou d'un frère dans la foi pour que nous entendions les paroles qui sauvent. C'est pour nous une nécessité que résonne dans nos oreilles par une voie humaine des mots tels que :
"Heureux ceux qui ont une âme de pauvre,
car le Royaume des Cieux est à eux.
Heureux les doux, car ils posséderont la terre.
Heureux les affligés, car ils seront consolés."

Pas des mots lus seul dans la Bible mais des mots prononcés par une personne qui témoigne du Christ.

Et de la même manière que Jean révèle en nous notre faim de paroles vraies, de la Bonne Nouvelle, de la même manière, nous sommes appelés à tenir la place des disciples de Jean qui n'hésitent pas à visiter un homme au plus bas pour témoigner de Celui qui vient.

Le monde espère une Bonne Nouvelle. N'ayons pas peur de dire que ce qui interroge les femmes et les hommes que nous rencontrons est en eux. Ne craignons pas de dire que Dieu est un Père qui les cherche. N'ayons pas peur de nous risquer au large, le Christ y est déjà, il nous précède en Galilée et il nous demande d'être les témoins de sa présence dans toutes nos rencontres. Dans nos rencontres les plus inattendues, dans nos rencontres les plus éloignées du centre.
Pas besoin d'avoir étudié longuement la théologie. Pas besoin d'être un exégète expert. Nous avons ce qu'il faut, le Christ nous invite tous les dimanches à venir puiser des forces à la source.
Réunis autour de cet autel, le Christ nous fait la grâce de sa présence pour qu'une fois fortifiés nous puissions partir au large témoigner de sa présence.
Témoigner de sa présence en nous et témoigner de sa vie dans celui que nous rencontrons.
Prophète du Très-Haut, Jean est venu préparer la route devant le Seigneur
et rendre témoignage à la Lumière.
Amen !
Dominique Bourgoin, Diacre
Isaïe35, 1-6a.10 ; Ps 145 ; Jc 5, 7-10 ; Mt 11, 2-11


La lumière de Bethléem



Chaque année, une bougie est allumée par des jeunes dans la grotte de la Nativité à Bethléem.
Une bougie, rapportée à Vienne en Autriche, qui est ensuite diffusée à travers toute l’Europe dont en France par les Scouts et Guides de France et les Eclaireurs Unionistes.
Cette flamme symbolise la Paix entre les peuples, son partage entre tous est source de fraternité entre les hommes et les femmes qui œuvrent ou qui croient en cette Paix possible.

La paix est fragile, nous l’avons durement ressenti le 13 novembre dernier à Paris.
Par nos choix et nos actions, chaque jour, nous pouvons contribuer à la faire grandir ou à la faire disparaître !

Cette année est particulière pour le groupe des Scouts et Guides de France de Gradignan, car une de nos Jeannettes, Anaëlle, fera partie de la délégation française qui se rendra à Vienne chercher la lumière.
Ensuite, elle sera rejointe à Paris par ses amis Louveteaux et Jeannettes (11-14 ans) de Talence et de l’Entre-2-Mers, qui reviendront tous ensemble à Bordeaux puis Gradignan pour partager le plus largement possible cette Lumière de la Paix.

Ainsi, nous invitons toutes les associations qui œuvrent pour un monde fraternel (associations humanitaires, humanistes, sociales, de jeunesse, culturelles…) et tous les paroissiens à venir nous rejoindre lors de la célébration du samedi 19 décembre à 18h30 à l’église de Gradignan,
Lors de cette célébration, préparée et animée par les Scouts et Guides de Gradignan, vous pourrez venir chercher la lumière et la partager à tous, le plus largement possible.

Connaissant votre implication pour que le monde devienne chaque jour un peu meilleur, nous serions heureux de votre présence à nos côtés pour ce partage fraternel.
N’hésitez pas à partager cette invitation très largement autour de vous !

http://blogs.sgdf.fr/gradignan/
Alexandre & Sylvie Picot
Responsables de Groupe

Fête du Christ Roi 2014 / Une homélie


Aujourd'hui, l'Eglise fête le Christ-Roi. Aujourd'hui, nous fêtons le Christ Roi. Que cela peut-il signifier dans un monde où l’on se dit démocrate et républicain ? Comment comprendre cette fête alors que nous vivons en Europe, en France lieux dans lesquels nous choisissons nos représentants qui votent les lois ? 
 
La tentation est grande de penser que quand Jésus s'adresse à ses disciples, il fait référence à une situation politique et historique bien précise que son discours est adapte à la réalité que vivent les disciples. Pour nous, les temps ont changé, nous ne sommes plus sous un régime monarchique. Nous avons en main nos choix politiques. 
 
Et effectivement, le roi que décrit Jésus s'assoit sur un trône de gloire et domine l’assemblée. Il a pouvoir sur les nations. Il a le pouvoir de faire le tri, d'installer les uns à sa droite et les autres à sa gauche. Voila bien une image de Roi qui nous parle. Voila bien une conception du pouvoir qui nous est familière. Celui qui gouverne domine. 
 
Là où cela ne correspond plus, c'est dans la politique menée par ce roi. Il récompense les uns et réprimande les autres non pas pour ce qu'ils ont fait pour lui mais pour ce qu'ils ont fait pour les autres, pour ceux qui ont besoin de secours. Son gouvernement n’est pas de rétribuer celui qui lui fait du bien mais celui qui se tourne vers les autres. 
 
Regardons maintenant les hommes. Ceux de sa droite comme ceux de sa gauche réagissent de la même manière. "Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu..." disent-ils d’une même voix. Ainsi raisonnent-ils comme tout homme face au pouvoir. Ils raisonnent comme tous les hommes de tous les temps, comme ceux du début de notre ère, comme ceux du vingt et unième siècle. Quand est-ce que nous t'avons vu toi ? Quand est-ce que nous nous sommes courbés devant toi ? Comment se fait-il que tu sois passé et que nous ne ayons pas reconnu TOI ? 
 
En fait, ils réagissent comme le monde apprend aux hommes à se comporter. Le monde pour se développer se dote de structure sociale et politique. Et quelle que soit l’époque, quel que soit le lieu, il y a toujours quelqu'un qui gouverne. Il le fait plus ou moins bien. Il est plus ou moins intègre. Dans tous les cas, ce gouvernement tend toujours à garder la maîtrise des événements et des hommes qu'il domine Et nous les hommes, nous sommes habitués à cela. 
 
Mais le Christ vient bousculer cet ordre établi. Il nous révèle qu'une autre réalité existe. Il ouvre nos vies à un Royaume où il ne s'agit plus de se courber face au pouvoir. 
 
Il s'agit, dans ce royaume, de lire dans le regard des pauvres, la présence du Seigneur, la présence du Roi. Ce royaume ne fonctionne pas sous le régime de la rétribution. Il fonctionne sous la loi de la fraternité. Ce roi se comporte vis-à-vis de son peuple comme un père qui aime ses fils. 
 
Un Père qui s'adresse à ses fils en ces termes : 
Quand tu as nourri celui qui avait faim tu l’as sauvé et moi aussi tu m'as sauvé. 
Et quand tu n'as pas nourri celui qui avait faim tu ne l’as pas sauvé et moi tu m'as blessé. 
 
Quand tu as donné à boire à celui qui a soif, tu l’as abreuvé et moi tu m'as réjoui. 
Et si tu n'as pas donné à boire à celui qui avait soif, tu l'as laissé le gosier sec, sans voix et moi tu m'as ignoré. 
 
Le Christ s'est incarné pour signifier aux hommes que le roi du royaume des cieux veut faire de nous un peuple de frères. Il veut des frères qui se rencontrent en vérité, à savoir qu'ils se reconnaissent pétris d'une chair touchée par la parole du Père. 
 
Il veut que, dans toutes nos rencontres, nous inventions des chemins nouveaux pour annoncer la bonne nouvelle et qu'ainsi grandisse en nous cette part qui n'appartient qu'à Dieu. Il veut que nous laissions plus de place à cette chair touchée par la parole dès l’origine. Il veut que cette part en nous que nous avons offert lors de notre baptême s'épanouisse et vive quand il passe. 
 
C'est dans ce souffle que nous recevons la lettre de Paul : 
"Et le dernier ennemi qu'il détruira, c'est la mort. Alors, quand tout sera sous le pouvoir du Fils, il se mettra lui-même sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi, Dieu sera tout en tous.", "ET AINSI, DIEU SERA TOUT EN TOUS." 
 
Le Christ est présent et vivant. Il nous le signifie aujourd'hui à cet autel. Il ne vient pas pour notre propre confort, il vient pour que se révèle son royaume.

Si nous lui rendons gloire ce n'est pas en vue d'une rétribution, c'est pour que le souffle de son Esprit traverse nos corps et nous invite au service de tous nos frères.
Nous ne sommes pas invités à recevoir le pain et le vin, son corps et son sang, nous sommes invités à le partager.Nous ne sommes pas invités à nous courber devant un roi, nous sommes appelés à vivre, debout, le Christ Roi en nous, parmi nous et entre nous.
"ET AINSI, DIEU SERA TOUT EN TOUS."

Amen !

Dominique Bourgoin, diacre.