Faut-il
comprendre que Jésus nous demande de choisir un maître, et en l’occurrence aimer
Dieu et détester l'argent. Dans ce cas, ce que nous demande de Jésus est
proprement impossible.
Tous ici nous essayons d'aimer Dieu, mais lequel d'entre
nous déteste l'argent et le méprise. Franchement, je ne pense pas qu'un tel
choix soit notre position réelle. Nous pouvons faire de grandes déclarations sur
le refus de subir l'esclavage de la finance internationale et sur notre lutte
commune contre le pouvoir exorbitant de l'argent. Mais au quotidien et en
profondeur ce qui fonctionne est bien ce que l'apocalypse de Jean atteste : «A tous,
petits et grands, riches et pauvres, hommes libres et esclaves, la Bête impose une
marque sur la main droite ou sur le front. Et personne ne petit acheter ou
vendre s'il ne porte la marque du nom de la Bête » C'est au chapitre 13 de
ce livre. Que nous soyons laïques ou religieux, nous sommes dans le monde et
portons sa marque : tout se paye d’une manière ou d’une autre. Le plaisir, la notoriété,
notre place au milieu des autres, ça se gagne. Beaucoup de croyants pensent même
que le royaume de Dieu a un coût, ça se mérite.
Voila ce que
j'entends dans la déclaration de Jésus : oui, vous servez deux maîtres. C'est un
fait avéré. Mais cette condition humaine est impossible à vivre. Que propose
donc Jésus pour sortir de cette impasse radicale ?
Ce qu’il propose est annoncé par les prophètes, et
notamment par le texte d’Isaïe que nous venons d'entendre « est-ce qu'une femme
peut oublier son petit enfant, ne pas chérir le fils de ses entrailles ? Même
si elle pouvait l’oublier, moi, dit Dieu, je ne t’oublierai pas ». Ce que propose
Jésus c'est d'accomplir dans sa chair cette parole d'amour de son Père, c'est
d'être en toutes choses le Fils bien aimé. Il n'obéit pas à un maître, quel
qu'il soit. Il obéit à Celui qui l’a engendré dans l'amour. Il vient de Lui, il
est tourné vers Lui, il vit de Lui et il aime tous les hommes parce qu'il nous
regarde de cette hauteur-là, de la hauteur, de la profondeur, et de la largeur
de l'amour de Celui qui a décidé de nous créer à son image.
Quand Jésus nous parle, il nous dit ce qu’il voit de
nous. Et ce qu'il voit c'est que nous valons plus que les oiseaux du ciel et
les lis des champs. Et ce qu'il voit c'est que la vie des oiseaux révèle d'un
autre espace que celui des semailles, des moissons et de la construction des greniers.
Il voit que 1a beauté des lis appartient à un autre espace que celui de la
gloire de Salomon. Il voit que la vie est un don de Dieu.
Et il nomme cet espace le Royaume de Dieu.
Et Il ne nous dit pas, faites ceci et faites cela et vous gagnerez ce royaume, mais «bien-heureux êtes-vous, les pauvres dans l'Esprit, littéralement les mendiants de ce Souffle, car le Royaume des cieux est à vous », c'est fait, maintenant, d'origine, vous êtes fils de Dieu.
Et il nomme cet espace le Royaume de Dieu.
Et Il ne nous dit pas, faites ceci et faites cela et vous gagnerez ce royaume, mais «bien-heureux êtes-vous, les pauvres dans l'Esprit, littéralement les mendiants de ce Souffle, car le Royaume des cieux est à vous », c'est fait, maintenant, d'origine, vous êtes fils de Dieu.
La gloire de
Dieu, dit Irénée c'est l'homme vivant et la vie de l'homme c'est de voir Dieu.
Pas de le connaître, de le posséder, de s'en servir, mais de désirer le voir, de mendier sa présence. « L'homme est appelé à naître, à vivre et à mourir dans le monde, sans rien devoir de la vie à ses parents, sans non plus se hausser au-dessus de lui-même et des autres, sans vouloir se glorifier ou réformer les autres, sans accuser et sans se prendre pour une victime. II est appelé à vivre et à mourir sans raison et sans justification, par grâce.
Pas de le connaître, de le posséder, de s'en servir, mais de désirer le voir, de mendier sa présence. « L'homme est appelé à naître, à vivre et à mourir dans le monde, sans rien devoir de la vie à ses parents, sans non plus se hausser au-dessus de lui-même et des autres, sans vouloir se glorifier ou réformer les autres, sans accuser et sans se prendre pour une victime. II est appelé à vivre et à mourir sans raison et sans justification, par grâce.
Quand Jésus nous parle, il
ne parle pas de Dieu, il parle Dieu dans sa chair.
Jésus parle Dieu dignement et poliment; sans lui ajouter aucun autre privilège que celui de parler dans sa langue, recueillant son témoignage en acceptant qu'il remplisse son propre «cahier des charges » et non pas celui de ses voisins : phénomène, choses, âmes ou fictions dont aucun ne peut servir, à le juger.
Jésus parle Dieu dignement et poliment; sans lui ajouter aucun autre privilège que celui de parler dans sa langue, recueillant son témoignage en acceptant qu'il remplisse son propre «cahier des charges » et non pas celui de ses voisins : phénomène, choses, âmes ou fictions dont aucun ne peut servir, à le juger.
Suivons Jésus
le Christ en parlant Dieu dans notre chair. En inscrivant dans nos gestes et
nos paroles la beauté et la puissance des paraboles du Royaume :
Je me
souviens des yeux brillants d'un jeune apprenti boulanger racontant sa première
nuit dans l'atelier où il venait d'être embauché. Il parlait de farine et
d'eau, de ses mains dans la pâte, et de la sortie du four, de l'odeur du pain,
de son craquant. Et j'ai entendu ce jour-là : le Royaume des cieux est
semblable à un trésor caché dans un champ, qu'un homme a découvert : il le
cache à nouveau et dans sa joie il s'en va, vend tout ce qu'il a et achète le champ.
Ce jeune homme n'avait pas seulement découvert un job, un salaire, mais un trésor
caché dans un champ. Il ne parlait pas de Dieu, il parlait la langue du Royaume
de Dieu. Qu'avais-je besoin d'un autre signe ? Ça parlait Dieu dans sa chair.
Je me
souviens aussi d'une station du tramway place de la Victoire : une place, les
gens passent, les gens comme on les voit, juste un flux, une masse, sans
visage, sans voix Quel étrange soudain, quelque chose - mais quoi ? désobéit. Une
tache, une faute et soudain tu comprends. Imprudence inouïe, insolite, indécente,
Zora sourit. Zora sourit aux trottoirs, aux voitures, aux passants Au vacarme,
aux murs, au mauvais temps. A tout ce qui nous semble évident elle avance et bénit
chaque instant, Zora sourit. « Le Royaume des cieux est comparable à un grain
de sénevé jeté dans un champ. C'est la plus petite des semences. Mais quand
elle a poussé elle devient la plus grande plante du jardin. Comme un arbre dans
la ville, où l’on pourrait monter le long du tronc, entendre le vent dans les
branches, et le cri des oiseaux, jusqu'a ce petit coin de ciel pour lequel nous
sommes nés. Le sourire de Zora ne parlait pas de Dieu, mais elle parfait la
langue du Royaume. Pourquoi chercher un autre signe ?
Et nous
maintenant : voici le pain. Prenez et mangez. Ceci est mon corps. Les mots ne montrent
pas que les choses. Ils peuvent envoler soudain notre chair vers la présence du
Seigneur, et nourrir la vie en nous et nous habiller de lumière, et que nous
devenions témoignage dans le monde de ce que le Christ dit et fait chez nous maintenant.
Que le Seigneur
fasse de nos vies des paraboles du Royaume.
Jean-Pierre
DUPLANTIER
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