Aujourd’hui, Dieu nous redit l’Alliance qu’il a faite avec son peuple. C’est cette Alliance qui nous pousse à agir, à
reconnaître en l’autre, en l’étranger quelqu’un digne d’être aimé et respecté pour ce qu’il est.
Ceux
qui ont préparé cette messe, le groupe local du CCFD, souhaite nous
faire entendre à nouveau cette invitation du
Seigneur. Répondre à l’appel du Christ c’est, en effet, consentir à
une forme de vie qui porte la marque de sa Parole, de sa vie, de sa mort
et de sa résurrection.
Cette
forme de vie en Christ est reconnaissable notamment, l’Eglise toute
entière nous le redit instamment depuis des
années, à la vigilance des chrétiens vis-à-vis de tous les lieux de
fragilité dont nous sommes témoins, chez nous et autour de nous, et du
soutien mutuel que les hommes se doivent, parce que la
volonté de Dieu, qu’on y croit ou non.
Notre
évêque nous a demandé de nous retrouver pour partager ce que le
Seigneur nous demande aujourd’hui à propos de
notre ouverture au monde, de notre charité en vérité. Nous essayons
de le faire dans le diocèse, sous la forme de chantier, chantier de
solidarité, chantier de l’écologie, chantier de la famille.
On ne peut pas dire qu’à Gradignan ces rencontres ont beaucoup de
succès.
Le
groupe du CCFD nous sollicite aujourd’hui une fois encore. Nous le
savons, la forme de vie en Christ ne se commande
pas de l’extérieur. C’est toujours à partir de rencontres et de
situations qui nous tombent dessus, que nous nous décidons du fond du
cœur. Nous savons aussi que chacun porte sa propre croix, et
son propre péché, et qu’en faire trop est un mauvais signe, mais en
faire trop peu, c’est pas de signe du tout au nom du Christ.
Il arrive que nous soyons parfois anesthésiés par les habitudes et les soucis de la vie que nous menons. Nous avons
alors besoin que le Seigneur nous réveille par des frères. Ainsi aujourd’hui au milieu de nous :
le CCFD pour le développement et contre la faim
dans le sud de notre hémisphère. Le service des malades notamment
pour visiter les résidents des sept maisons de retraite qui sont sur la
commune. Le secours catholique
et saint Vincent de Paul pour accueillir ceux qui ne joignent plus les
deux bouts. L’accueil des familles en deuil. L’accompagnement des
fiancés qui demandent à
l’Eglise de les préparer au mariage, ainsi que les familles ou les
adultes qui demandent le baptême. Et bien d’autres initiatives, telles
que vivre ensemble à Malartic. Le secrétariat du
presbytère est une bonne plaque tournante pour vous renseigner, ou
rafraichir votre mémoire.
Et puis il y a les textes de la Bible qui nous sont donnée par Dieu aujourd’hui, dans la liturgie de la messe… comme
le pain et le vin qui nous sont donnés à manger et à boire.
A
propos de l’Alliance, le prophète Jérémie écrit : « mon Alliance, dit
Dieu, c’est eux qui l’ont rompue,
alors que moi, j’avais des droits sur eux… Mais je conclurai avec
eux une Alliance nouvelle : j’inscrirai ma Loi dans leur cœur. »
Ce que Dieu a promis, Il l’a fait : il a envoyé son Fils bien aimé. En la personne de Jésus habite et commande la
volonté, la connaissance et la puissance de son Père, qui est notre Père.
C’est
donc dans une situation de rupture d’Alliance, que Dieu envoie son
Fils, pour une nouvelle Alliance. Cette
nouvelle Alliance n’est plus seulement des valeurs à respecter pour
bien vivre ensemble, c’est la présence dans la chair d’un Fils d’homme
de la puissance d’amour de Dieu. Tout ce que Jésus dit
et fait porte la signature du Nom de Dieu, de son œuvre dans le
monde. C’est ainsi qu’il devient pour tous les hommes le chemin, la
vérité qui germe de la terre, et la vie juste qui descend
d’en-haut.
Or,
lorsque Jésus apprend que des grecs veulent le rencontrer, il comprend
que l’heure est venue pour le Fils de
l’homme d’être glorifié. Et la façon dont il parle alors de la
gloire de l’homme est étrange : si le grain de blé tombé en terre ne
meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne
beaucoup de fruit. En disant cela, il est bouleversé : « Père,
délivre-moi de cette heure. Mais non ! C’est pour cela que je suis
parvenu à cette heure. »
Mourir
en même temps que le printemps commence, mourir en même temps que la
sève jaillit, mourir en serviteur qui
connait bien son heure, mourir en s’élévant au-dessus de nos rives,
mourir en nos tombeaux, y desceller les pierres, voila le chemin du Fils
bien aimé, révélant aux hommes la véritable grandeur
des fils d’homme, mourir en cette terre pour que se lève la moisson
des fils d Dieu.
Cette forme de vie est bouleversante. Sans lui, nous ne pouvons pas marcher sur ce chemin.
Le désir de vivre ensemble, dans la paix et la tranquillité est une chose. Que ce désir soit secoué
violemment, comme ces jours-ci, par les tueries de Toulouse et de
Montauban, c’est normal. Mais c’est la peur que cela dévoile, la peur
que çà recommence,
la peur qui nous fait un moment nous serrer les uns contres autres…
mais au bout du compte on se retrouve seul.
Répondre à la visite de Jésus-Christ, c’est autre chose : c’est découvrir que nous sommes attendus, déjà
accompagnés, aimés vraiment depuis le commencement.
Une communauté chrétienne de
Palestine, partenaire du CCFD, nous envoie cette prière, que nous faisons notre :
Nous te prions, ô Seigneur monté
aux cieux, que ta Résurrection nous aide à témoigner de la vie
par-delà la mort, de l’amour par delà la haine, de la reconnaissance des
autres par-delà la méfiance, de la Paix par-delà la guerre,
de la compassion et de la justice par-delà la maltraitance et
l’injustice. Que ton souffle et que Ta Croix qui nous étreint, nous
enseignent que nous vivons dans un seul monde et que, tel le
Samaritain sur la route de Jéricho, tous les êtres humains sont nos
frères et nos sœurs. Ô Dieu, amen
J.P.Duplantier
5° dimanche de Carême
Jr31, 31-34 ; Ps 50 ; He 5, 7-9 ; Jn 12, 20-33