Jean 12 20-33/ Une homélie de JP Duplantier

Aujourd’hui, Dieu nous redit l’Alliance qu’il a faite avec son peuple. C’est cette Alliance qui nous pousse à agir, à reconnaître en l’autre, en l’étranger quelqu’un digne d’être aimé et respecté pour ce qu’il est.
Ceux qui ont préparé cette messe, le groupe local du CCFD, souhaite nous faire entendre à nouveau cette invitation du Seigneur. Répondre à l’appel du Christ c’est, en effet, consentir à une forme de vie qui porte la marque de sa Parole, de sa vie, de sa mort et de sa résurrection.
Cette forme de vie en Christ est reconnaissable notamment, l’Eglise toute entière nous le redit instamment depuis des années, à la vigilance des chrétiens vis-à-vis de tous les lieux de fragilité dont nous sommes témoins, chez nous et autour de nous, et du soutien mutuel que les hommes se doivent, parce que la volonté de Dieu, qu’on y croit ou non.
Notre évêque nous a demandé de nous retrouver pour partager ce que le Seigneur nous demande aujourd’hui à propos de notre ouverture au monde, de notre charité en vérité. Nous essayons de le faire dans le diocèse, sous la forme de chantier, chantier de solidarité, chantier de l’écologie, chantier de la famille. On ne peut pas dire qu’à Gradignan ces rencontres ont beaucoup de succès.
Le groupe du CCFD nous sollicite aujourd’hui une fois encore. Nous le savons, la forme de vie en Christ ne se commande pas de l’extérieur. C’est toujours à partir de rencontres et de situations qui nous tombent dessus, que nous nous décidons du fond du cœur. Nous savons aussi que chacun porte sa propre croix, et son propre péché, et qu’en faire trop est un mauvais signe, mais en faire trop peu, c’est pas de signe du tout au nom du Christ.
Il arrive que nous soyons parfois anesthésiés par les habitudes et les soucis de la vie que nous menons. Nous avons alors besoin que le Seigneur nous réveille par des frères. Ainsi aujourd’hui au milieu de nous :  le CCFD pour le développement et contre la faim dans le sud de notre hémisphère. Le service des malades notamment pour visiter les résidents des sept maisons de retraite qui sont sur la commune. Le secours catholique  et saint Vincent de Paul pour accueillir ceux qui ne joignent plus les deux bouts. L’accueil des familles en deuil. L’accompagnement des fiancés qui demandent à l’Eglise de les préparer au mariage, ainsi que les familles ou les adultes qui demandent le baptême. Et bien d’autres initiatives, telles que vivre ensemble à Malartic. Le secrétariat du presbytère est une bonne plaque tournante pour vous renseigner, ou rafraichir votre mémoire.
 
Et puis il y a les textes de la Bible qui nous sont donnée par Dieu aujourd’hui, dans la liturgie de la messe… comme le pain et le vin qui nous sont donnés à manger et à boire.
A propos de l’Alliance, le prophète Jérémie écrit : « mon Alliance, dit Dieu, c’est eux qui l’ont rompue, alors que moi, j’avais des droits sur eux… Mais je conclurai avec eux une Alliance nouvelle : j’inscrirai ma Loi dans leur cœur. »
Ce que Dieu a promis, Il l’a fait : il a envoyé son Fils bien aimé. En la personne de Jésus habite et commande la volonté, la connaissance et la puissance de son Père, qui est notre Père.
C’est donc dans une situation de rupture d’Alliance, que Dieu envoie son Fils, pour une nouvelle Alliance. Cette nouvelle Alliance n’est plus seulement des valeurs à respecter pour bien vivre ensemble, c’est la présence dans la chair d’un Fils d’homme de la puissance d’amour de Dieu. Tout ce que Jésus dit et fait porte la signature du Nom de Dieu, de son œuvre dans le monde. C’est ainsi qu’il devient pour tous les hommes le chemin, la vérité qui germe de la terre, et la vie juste qui descend d’en-haut.
 
Or, lorsque Jésus apprend que des grecs veulent le rencontrer, il comprend que l’heure est venue pour le Fils de l’homme d’être glorifié. Et la façon dont il parle alors de la gloire de l’homme est étrange : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit. En disant cela, il est bouleversé : « Père, délivre-moi de cette heure. Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure. »
Mourir en même temps que le printemps commence, mourir en même temps que la sève jaillit, mourir en serviteur qui connait bien son heure, mourir en s’élévant au-dessus de nos rives, mourir en nos tombeaux, y desceller les pierres, voila le chemin du Fils bien aimé, révélant aux hommes la véritable grandeur des fils d’homme, mourir en cette terre pour que se lève la moisson des fils d Dieu.
Cette forme de vie est bouleversante. Sans lui, nous ne pouvons pas marcher sur ce chemin.
Le désir de vivre ensemble, dans la paix et la tranquillité est une chose. Que ce désir soit  secoué violemment, comme ces jours-ci, par les tueries de Toulouse et de Montauban, c’est normal. Mais c’est la peur que cela dévoile, la peur que çà recommence, la peur qui nous fait un moment nous serrer les uns contres autres… mais au bout du compte on se retrouve seul.
Répondre à la visite de Jésus-Christ, c’est autre chose : c’est découvrir que nous sommes attendus, déjà accompagnés, aimés vraiment depuis le commencement.
Une communauté chrétienne de Palestine, partenaire du CCFD, nous envoie cette prière, que nous faisons notre :       Nous te prions, ô Seigneur monté aux cieux, que ta Résurrection nous aide à témoigner de la vie par-delà la mort, de l’amour par delà la haine, de la reconnaissance des autres par-delà la méfiance, de la Paix par-delà la guerre, de la compassion et de la justice par-delà la maltraitance et l’injustice. Que ton souffle et que Ta Croix qui nous étreint, nous enseignent que nous vivons dans un seul monde et que, tel le Samaritain sur la route de Jéricho, tous les êtres humains sont nos frères et nos sœurs. Ô Dieu, amen
J.P.Duplantier
5° dimanche de Carême
Jr31, 31-34 ; Ps 50 ; He 5, 7-9 ; Jn 12, 20-33