Nos délégués synodaux ! / Synode diocésain 2016

Julie et Alexandre, les délégués synodaux de Gradignan lors de la première assemblée synodale du 19 novembre...
Le travail commence !!


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Que peut faire un chrétien pour un réfugié ?

Le questionnaire du chantier Solidarité portant sur la disponibilité personnelle permettant d’accueillir des réfugiés vous avait été proposé le 18 janvier lors de la journée mondiale des migrants. Ainsi, c’est une cinquantaine de personnes qui a répondu selon justement les disponibilités des uns et des autres, disponibilité de temps, financière, utilisation de compétences … Notez bien que l’on ne savait pas qui nous allions aider.
 
C’est ainsi que la famille Ali a pu bénéficier et continue de bénéficier d’un soutien financier, administratif, matériel aussi.
         L’équipe Saint Vincent l’a accueillie et des draps, couvertures, couettes, vêtements ont été fournis. Des paroissiens ont également participé à la composition du vestiaire.
         La famille ALI est composée des parents, Mamoun et Humeyma, et de trois enfants (Nizar, 14 ans, Taem, 11 ans et Jad, 7 ans)
         Ces garçons fréquentent pour le plus jeune l’école primaire du cours de la Somme à Bordeaux et les deux autres le collège Pablo Neruda à Bègles. Le fait qu’ils ne soient pas scolarisés dans la même commune vient que lors de leur premier « atterrissage », en mars 2016, ils ont logé à Bègles dans une famille franco-syrienne. Outre le traumatisme de l’exil, vivre à une dizaine de personnes dans un même logement avait rendu l’ambiance extrêmement difficile au point que la famille a cherché et trouvé à louer une petite échoppe en septembre dans le quartier Nansouty à Bordeaux. Loyer élevé, mais c’était le prix à payer pour rétablir la sérénité et l’équilibre dans les deux familles. Certains d’entre vous participent au paiement d’une partie du montant du loyer.
         Parallèlement, dès le 4 juillet, une demande de logement social était instruite auprès de la mairie de Gradignan. Circuit dit classique : 1-arrivée du réfugié, 2-prise en charge par le département au titre de l’ALT, 3-demande à la mairie qui sollicite 4- Domofrance qui gère un parc de logements sociaux, 5-accord de la mairie. Tout est normal sauf que…
Sauf que la famille ALI est arrivée à Bègles passant par Beyrouth, İstanbul et hébergée par la famille franco-syrienne comme vous le savez. L’étape 2- du dispositif logement ALT (Allocation Logement Temporaire) a été sautée si bien que Domofrance suivant l’information d’une assistante sociale de la Maison Départementale de la Solidarité et de l’Insertion de Bordeaux a conclu que l’hébergement n’était plus un problème car la famille ayant fait appel au locatif privé, l’appartement était ainsi « déneutralisé ». Nouvelles interventions auprès de la mairie, auprès de Domofrance et la situation est actuellement celle que vous connaissez.
         Mamoun avait un poste important à Damas dans les télécom. Son épouse était secrétaire. Leur projet est de rester en France. Les enfants apprennent vite le français. Lizar a été heureux d’assister à la victoire des Girondins de Bordeaux face à Lorient. Jad corrige souvent le vocabulaire parfois approximatif de son père. Team, comme ses frères est très volontaire.

         Ainsi la famille ALI apprend à vivre en France. Elle en connaît déjà les méandres de l’administration, elle en connaît aussi l’esprit de solidarité qui l’anime … comme vous savez en faire témoignage.

Homélie vendredi 11 novembre 2016 / Une homélie de JP Duplantier

Mr. Jean d’Ormesson disait récemment : « je ne suis pas sûr de croire en Dieu, mais personne ne peut oublier les paroles de Jésus Christ ». Il se trouve qu’aujourd’hui, en cette célébration de l’armistice de 1918, les chrétiens lisent des paroles étranges de Jésus. Je me risque à vous dire ce que nos y entendons.
 
            Il s’agit d’abord des grandes peurs qui habitent tous les peuples, toutes les civilisations, toutes les nations. Au fil du temps, nous avons cherché à stabiliser un vivre ensemble pacifique et heureux. Notre peuple a même osé bâtir une déclaration universelle des droits de l’homme, édifiée sur le trépied liberté-égalité-laïcité, puisque désormais dans les écoles de la république le terme laïcité a remplacé celui de fraternité (si on m’a trompé, dites-le moi). Ainsi, vaille que vaille, comme au temps de Noé ou aux jours de Lot, nous mangeons, nous buvons, nous nous marions, nous achetons, vendons, plantons et bâtissons, avec en plus un idéal solide qui devrait pouvoir assurer notre tranquillité et notre bonheur. Et pourtant les grandes peurs continuent de ronger le dessous de nos âmes, celles des individus et celles des peuples. Celle d’un bouleversement climatique, comme la montée des eaux, ou un tremblement de terre. Celle, comme à Sodome, d’un dérèglement des mœurs qui met le feu à nos relations et à nos alliances. Celle d’un dérèglement de l’économie mondiale, celle de l’incertitude quant au fonctionnement de la vie politique. Et, chevillée au corps de chaque homme, la peur de mourir. Avec cette phrase terrible de Jésus : là où est le corps, là se rassemblent les vautours.
 
Quelle est donc la vie dont témoigne Jésus Christ, par ses paroles, ses gestes, le rejet qu’il suscite, et sa façon de mourir, en prenant sur lui tous les malheurs des hommes, sans rien céder sur son désir d’amour pour nous ? Il y a deux paroles que nous avons tout intérêt à faire circuler dans notre mémoire vive. La première concerne la révélation du jour du Fils de l’homme, et la seconde est sa déclaration: « ce qui nous parait comme une catastrophe est le commencement des douleurs de l’enfantement. »
 
Le Fils de l’homme n’est pas une nouvelle génération du type que les techniciens de Google et des autres appellent l’homme « augmenté » ou le transhumanisme. Ce fils d’homme n’est pas d’inspiration humaine. Il est porté par le désir de Dieu de faire des humains des fils qui portent sa ressemblance. Si on vous dit il est ici ou il est là, n’y allez pas. Il ne relève pas de nos circuits de distribution. Il surgit dans le corps de chacun de nous ; il nous est donné ; nous le percevons chaque fois que nous voyons des choses que nous n’avons jamais vu et nous entendons des choses que nous entendons des choses que nous n’avons jamais entendu. Il est reconnaissable à la lumière et à la joie qui, soudain, éclaire le parcours de notre existence, d’un bout à l’autre ; il restaure la paix en nous et entre nous. La perception que nous pouvons en avoir ne fait que passer. Dieu attend notre consentement. 
 
Tout être humain est équipé d’origine pour cette aventure. Il y a des moments où cette inscription revient à la surface. L’expérience la plus courante nous est familière : lorsque un couple parle de ce moment où leur lien passe le cap de désirer s’engager dans le mariage, ils reconnaissent qu’ils ne savent pas comment cela leur est venu ; comment s’est installée en eux la perception qu’ils sont faits l’un pour l’autre, qu’ils s’attendaient depuis toujours. Comme si cette rencontre-là leur était inscrite dans leur chair.
 
            A cela Jésus Christ ajoute ceci : « ce qui nous parait comme une catastrophe est le commencement des douleurs de l’enfantement. » Pourquoi les douleurs ? Nous en savons tous quelque chose. Un enfant vient au monde en quittant la douceur et la nourriture du ventre de sa mère. Ce n’est facile ni pour l’enfant, ni pour la mère. C’est un passage douloureux et une libération en même temps. Un adolescent devient adulte lorsqu’il quitte son père et sa mère et plante sa vie dans une autre maison, sur une autre terre et avec d’autres liens. Là encore ce n’est pas facile ni pour le jeune ni pour l’entourage. C’est un passage douloureux mais qui, en même temps, ouvre la porte d’une nouvelle étape de sa trajectoire. Il en est de même pour les rescapés. La vie a un tout autre goût après.
Celui qui n’a d’autre horizon que de gagner sa vie, qui n’a d’autre raison de vivre que de réussir devant les autres, de défendre ses principes, ses compétences et son capital de pouvoir ou de biens matériels, prend le risque de perdre le désir d’aimer ce qui vient de l’au-delà de lui-même. Celui qui consent à quitter ses idoles, dont il devient si souvent l’esclave, sauvegarde en lui l’appel de la vie, le gout de la rencontre inattendu, le désir que l’impossible un jour lui soit donné.
 
Je nous souhaite de continuer à ouvrir l’œil et les oreilles, quel que soit l’état de notre chemin, sur la série des moments étrangers au cours des choses, sur la lumière inattendue qui transfigure le visage et les gestes d’un ami que l’on croyait connaître, d’un voisin et même d’un adversaire, sur certains événements insolites où se révèle soudain l’éclat, le courage et la justesse de notre aventure humaine, en train de naitre sous nos yeux à l’au-delà, à l’énergie d’amour semé en nous tous depuis le commencement.

Jean-Pierre Duplantier
Jeudi 11 novembre 2016

Homélie du 2 novembre 2016 / Une homélie de JP Duplantier

Dans ma famille, les deux premiers jours de novembre étaient et demeurent la fête de la communion des saints. Mon père disait : « nous n’avons pas toujours la famille que nous avions rêvée ; mais la famille des enfants de Dieu, celle-là, elle est au-delà de ce que nous pouvons vivre et comprendre ; elle est indestructible, immense ; elle est la présence de Dieu, notre Père, le corps de Jésus-Christ, son fils bien aimé, le souffle de son Esprit, de son amour. Elle rassemble, d’un bout du monde à l’autre, toute génération comprise, tous les fils d’homme, tous ceux en lesquels le Seigneur a déposé dès l’origine la semence de l’amour, quelques que soient les tours et les détours de nos existences. » Les vivants et les morts, tous nous appartenons au Christ, comme l’écrit saint Paul.

Il y a les grandes figures de ceux qui ont passé leur vie sur la route des hommes à crier Jésus-Christ ; ceux dont beaucoup d’entre nous portons les prénoms. Et il y a aussi, et tout spécialement aujourd’hui, ceux qui nous ont aimés et que nous avons aimés, et qui nous ont été enlevés ; ceux dont nous ne pourrons plus jamais défaire nos liens ; ceux avec lesquels, il suffit d’une secousse douloureuse ou d’un silence un peu plus long que d’habitude devant un paysage familier ou une frange de lumière heureuse, ceux avec lesquels « un peu de nous », « un rien de tout » se lève à nouveau, encore.
« La volonté de Celui qui m’a envoyé, dit Jésus, est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. Telle est la volonté de mon Père : que celui qui voit le fils et croit en Lui ait la vie éternelle. » Pourquoi dit-il : celui qui voit le Fils ? Quand et où l’avons-nous vu ? Là précisément, lorsqu’il ouvre nos yeux à ce que nous ne voyons plus ou pas encore ; lorsqu’il ouvre nos oreilles à ce que nous n’entendons plus ou pas encore. Chaque fois la tendresse de Dieu perce à travers notre quotidien, le bruit et le rythme effrénée de nos jours, les envies et les peurs de nos nuits, les jugements que nous portons les uns sur les autres
 
On raconte, dans une tradition juive, que les hommes naissent avec quatre yeux. Les deux premiers s’ouvrent d’abord et prennent les commandes. Les deux autres s’ouvrent aussi chez les enfants ; mais ils se ferment peu à peu et il faut beaucoup de temps et d’épreuves pour qu’ils s’entrouvrent à nouveau. Jésus, le Christ, est passé au milieu de nous pour que nos yeux et nos oreilles s’ouvrent sur la vérité de la vie que Dieu nous a donnée.
Quand il a nourri cinq mille hommes avec cinq pains et deux poissons, la foule et les disciples n’ont vu que le miracle des pains. Voyant la tournure que prenait l’effet sur la foule du signe qu’il avait fait – « on allait l’enlever pour le faire roi » – Jésus s’absente : « il se retire, seul, dans la montagne » C’était de son corps et de son sang, de sa présence réelle qu’il voulait nous nourrir. 
 
Jésus le Christ continue à le désirer pour chacun de nous. Le chemin qu’il nous trace est de nous aimer les uns les autres, nous souvenir des moments heureux que nous avons vécu avec ceux qui nous ont été enlevés, des joies, des pardons, des retrouvailles que nous avons vécu ensemble ; profiter des moments de lumière que nous vivons avec ceux qui nous entourent ; Porter nos croix comme il a porté la sienne en nous aimant jusqu’à en mourir ; arrêter avec courage et persévérance les colères et les jugements que nous portons sur ceux qui nous font souffrir, résister aux violences et aux peurs qui nous encerclent, ouvrir nos yeux, nos oreilles, nos mains et nos maisons à ceux que nous vivons comme des adversaires ou des étrangers. Je crois que c’est cela voir le Fils. C’est suivre sa trajectoire : mourir à ce qui passe et croire à ce qui vient. C’est cela je crois la communion des saints. 
 
C’est un jour de fête, parce que nous avons besoin de cette communion-là pour devenir comme des enfants et entrer dans ce royaume où la miséricorde de Dieu nous redevient visible, inlassablement, même si ce n’est que de temps en temps. Voir le Fils à l’œuvre chez nous, c’est le chemin sur lequel il nous conduit. Nous y sommes. C’est notre tâche dans le monde.
Jean-Pierre Duplantier
Messe pour les fidèles défunts