Qu’attendons
nous au juste ? Que le ciel ne nous tombe pas sur la tête ? Enfin,
pas trop vite. Que la crise s’éloigne ; que la maladie nous évite ;
que nos enfants aillent bien, mais c’est quoi aller bien ? Comme ils en
rêvent ou comme il faudrait ? Que les guerres des autres ne nous
envahissent pas, que la misère des autres ne s’approche pas trop de nos
maisons ? Et que, en amour, nous soyons tous égaux, et si possible sans
trop de contraintes.
Alors que çà
change maintenant, mais pas trop pour ceux qui ne se portent pas trop mal. Et
prions Dieu qu’Il nous protège !
Nous
pourrions être assez facilement d’accord là-dessus et aimer notre monde tel
qu’il est, en nous arrangeant pour qu’il y ait plus de justice quand même.
Sauf que ce
que nous dit Jésus dans l’évangile n’a pas l’air de résonner tout à fait comme
çà : « les hommes mourront de peur dans la crainte des malheurs
arrivant sur le monde, car les puissances des cieux seront ébranlées ». La
fin du monde nous fait de l’ombre. Jésus ferait-il parti des prophètes de
malheur ? Pour préparer Noël, l’Eglise pourrait trouver mieux.
Eh bien, elle trouve mieux, depuis
le début. Comme le chante Zacharie : « c’est l’effet de la
bonté profonde de Dieu : grâce à elle, le soleil levant est venu nous
visiter. Il est apparu sur ceux qui gisent dans l’ombre de la mort, pour guider
nos pas sur les chemins de la paix ». Et Jésus
précise : « Alors vous allez voir le Fils de l’homme venir dans
les nuées, avec grande puissance et grande gloire ».
Voilà
pourquoi nous aimons le monde. Parce que le Fils de l’homme s’intéresse à lui.
Voilà pourquoi nous nous aimons les uns les autres, parce que Jésus-Christ nous
aime, jusqu’à donner sa vie pour nous et nous tirer vers le haut, vers la vie
éternelle au quotidien, maintenant, en Lui, avec Lui, par Lui.
Nous
préparer à Noël, c’est consentir à accueillir ce désir de Dieu au plus profond
et au plus charnel de nous, au-dedans et au dehors, dans notre vie intérieure
et notre vie à l’extérieur. C’est accepter de devenir fils adoptifs de Dieu
aujourd’hui. C’est nous convertir.
Oui, la
Parole de Dieu, le Verbe de Dieu fait chair, est une affaire de désir. Oui
Jésus, mort et ressuscité est un tourment pour le monde, mais c’est pour le
faire sortir de l’ombre de la mort qui pèse sur nous.
Les pères de
l’Eglise ne s’y sont pas trompés : « ils éprouvaient leur propre vie
comme une vie qui venait en eux sans leur concours, sans leur assentiment, une
vie qui n’était pas la leur et qui devenait pourtant la leur. Une vie en
laquelle ils souffraient, de laquelle ils tiraient l’immense bonheur de vivre.
Ils priaient alors avec Tertullien, demandant à Dieu non plus de s’aimer
eux-mêmes en Lui, mais de l’aimer Lui en eux, et lui uniquement. »
Mais comment
faire pour changer à ce point ? Donnez-nous des exemples, des choses
concrètes. Franchement, chacun de nous connais ces choses et les connait à sa
manière. Car c’est dans la vie que nous menons les uns les autres que vient la
Vie éternelle : elle passe, à travers une fenêtre ou une porte, une
rencontre, une peur, une souffrance, un sourire et elle s’en va, mais laisse
des traces. N’oubliez pas ces traces ; elles sont là en vous. Elles sont
là en moi, et je dis merci et j’y crois.
S’il me faut
être plus précis, alors je vous redis ce que Pierre disait le matin de
Pentecôte, en citant le prophète Joël : « ce qui arrive
maintenant, c’est que je répands, dit Dieu, de mon esprit sur toute chair, vos
fils et vos filles vont être prophètes, vos jeunes gens vont avoir des visions,
et vos vieillards des songes. » N’ayez pas peur d’avoir des visions, et
des songes ; les choses invisibles de l’amour de Dieu sont en train de
venir dans votre chair. Jésus, l’envoyé de notre Père, le Fils de l’homme
arrive ! Et que notre monde connaisse à nouveau, dans cette génération,
des hommes et des femmes habitées par la lumière d’en-haut.
Jean-Pierre DUPLANTIER
1°dimanche de l’avent, année C
Jr 33, 14-16 ; Ps 24 ; 1 Th 3,12
à 4, 2 ; Lc 21, 25-28.34-36
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