Luc 21 25-36 / Une homélie de JP Duplantier



Qu’attendons nous au juste ? Que le ciel ne nous tombe pas sur la tête ? Enfin, pas trop vite. Que la crise s’éloigne ; que la maladie nous évite ; que nos enfants aillent bien, mais c’est quoi aller bien ? Comme ils en rêvent ou comme il faudrait ? Que les guerres des autres ne nous envahissent pas, que la misère des autres ne s’approche pas trop de nos maisons ? Et que, en amour, nous soyons tous égaux, et si possible sans trop de contraintes.
Alors que çà change maintenant, mais pas trop pour ceux qui ne se portent pas trop mal. Et prions Dieu qu’Il nous protège !
Nous pourrions être assez facilement d’accord là-dessus et aimer notre monde tel qu’il est, en nous arrangeant pour qu’il y ait plus de justice quand même.
Sauf que ce que nous dit Jésus dans l’évangile n’a pas l’air de résonner tout à fait comme çà : « les hommes mourront de peur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde, car les puissances des cieux seront ébranlées ». La fin du monde nous fait de l’ombre. Jésus ferait-il parti des prophètes de malheur ? Pour préparer Noël, l’Eglise pourrait trouver mieux.
            Eh bien, elle trouve mieux, depuis le début. Comme le chante Zacharie : «  c’est l’effet de la bonté profonde de Dieu : grâce à elle, le soleil levant est venu nous visiter. Il est apparu sur ceux qui gisent dans l’ombre de la mort, pour guider nos pas sur les chemins de la paix ». Et Jésus précise : « Alors vous allez voir le Fils de l’homme venir dans les nuées, avec grande puissance et grande gloire ».
Voilà pourquoi nous aimons le monde. Parce que le Fils de l’homme s’intéresse à lui.
Voilà pourquoi nous nous aimons les uns les autres, parce que Jésus-Christ nous aime, jusqu’à donner sa vie pour nous et nous tirer vers le haut, vers la vie éternelle au quotidien, maintenant, en Lui, avec Lui, par Lui.
Nous préparer à Noël, c’est consentir à accueillir ce désir de Dieu au plus profond et au plus charnel de nous, au-dedans et au dehors, dans notre vie intérieure et notre vie à l’extérieur. C’est accepter de devenir fils adoptifs de Dieu aujourd’hui. C’est nous convertir.
Oui, la Parole de Dieu, le Verbe de Dieu fait chair, est une affaire de désir. Oui Jésus, mort et ressuscité est un tourment pour le monde, mais c’est pour le faire sortir de l’ombre de la mort qui pèse sur nous.
Les pères de l’Eglise ne s’y sont pas trompés : « ils éprouvaient leur propre vie comme une vie qui venait en eux sans leur concours, sans leur assentiment, une vie qui n’était pas la leur et qui devenait pourtant la leur. Une vie en laquelle ils souffraient, de laquelle ils tiraient l’immense bonheur de vivre. Ils priaient alors avec Tertullien, demandant à Dieu non plus de s’aimer eux-mêmes en Lui, mais de l’aimer Lui en eux, et lui uniquement. »
Mais comment faire pour changer à ce point ? Donnez-nous des exemples, des choses concrètes. Franchement, chacun de nous connais ces choses et les connait à sa manière. Car c’est dans la vie que nous menons les uns les autres que vient la Vie éternelle : elle passe, à travers une fenêtre ou une porte, une rencontre, une peur, une souffrance, un sourire et elle s’en va, mais laisse des traces. N’oubliez pas ces traces ; elles sont là en vous. Elles sont là en moi, et je dis merci et j’y crois.
S’il me faut être plus précis, alors je vous redis ce que Pierre disait le matin de Pentecôte, en citant le prophète Joël : « ce qui arrive maintenant, c’est que je répands, dit Dieu, de mon esprit sur toute chair, vos fils et vos filles vont être prophètes, vos jeunes gens vont avoir des visions, et vos vieillards des songes. » N’ayez pas peur d’avoir des visions, et des songes ; les choses invisibles de l’amour de Dieu sont en train de venir dans votre chair. Jésus, l’envoyé de notre Père, le Fils de l’homme arrive ! Et que notre monde connaisse à nouveau, dans cette génération, des hommes et des femmes habitées par la lumière d’en-haut.

Jean-Pierre DUPLANTIER
1°dimanche de l’avent, année C
Jr 33, 14-16 ; Ps 24 ; 1 Th 3,12 à 4, 2 ; Lc 21, 25-28.34-36


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