Le
texte de Paul embrasse l'univers, il n'oublie rien de ce qui est
créé. Alors que l'Evangile se réduit à un échange entre trois
personnages. Certes, cela se passe au moment de la crucifixion de
Jésus, certes ce moment est important pour notre foi mais de là à
voir dans Jésus le crucifié le roi de l'univers, il y a à
développer un effort d'imagination certain.
Ce
dimanche, recherchons ce qui justifie le choix de cet Evangile pour
nous inviter à nous tourner vers Jésus et le prier en tant que Roi
de l'univers.
La
première référence, celle que nous pourrions trouver évidente,
c'est quand Jésus dit : "aujourd’hui, avec moi, tu
seras dans le Paradis."
Le
paradis comme tout ce qui existe est créé par Dieu. Comme le
précise Paul, tout est créé dans le ciel et sur la terre. Et seul
le roi des lieux peut inviter quelqu'un à y entrer. Seul le roi a ce
pouvoir. Il a le pouvoir de nous inviter dans le paradis. D'ailleurs,
le bon larron comme le nomme la tradition, ne demande pas dans sa
prière d'entrer au paradis mais seulement que Jésus se souvienne de
lui quand il sera dans son royaume. Royaume et paradis seraient-ils
un seul et même lieu ? Mais cette question est une autre histoire.
Que
Jésus se souvienne de lui. Que Jésus se souvienne de moi. Que Jésus
se souvienne de nous. Que le Seigneur se souvienne de notre nom qui
est inscrit dans la paume de sa main. Qu'il se souvienne de nous
comme nous nous souvenons de notre baptême. Comme un roi qui recense
son peuple, qu'il ne nous oublie pas dans sa mémoire.
Deuxième
élément qui nous éclaire sur la royauté du Christ.
Le
bon larron est sans conteste un brigand, un voleur ou un assassin. Il
a commis un ou plusieurs crimes puisqu'il est condamné à la
crucifixion. Cette peine est réservée aux pires des criminels.
C'est d'ailleurs ce qui a fait hésiter Pilate, Jésus est un fauteur
de troubles mais il n'a pas de sang sur les mains. La peine est
disproportionnée.
Sur
la croix, à l'heure de la mort, Jésus accorde son pardon à cet
homme qui fait repentance, qui reconnaît ses méfaits. Comme un roi
qui connaît tous les recoins de son royaume, le Christ visite les
périphéries. Il n'ignore aucun endroit de son royaume, aucun lieu
de la création n'échappe à sa juridiction.
Le
Christ est un roi qui visite tout son royaume y compris le lieu de
mes ténèbres.
Enfin
dernier élément, nous pouvons être surpris du moment où tout cela
se passe. Au cœur de la souffrance un malfaiteur trouve les
ressources pour insulter Jésus, un autre trouve la force de le
défendre, et Jésus lui les bras déjà ouverts accueille le bon
larron dans son royaume.
Le
malfaiteur n'est pas le seul à injurier Jésus. Avant lui, il y a
les soldats qui ne s'en privent pas et avant les soldats il y a les
chefs des juifs qui les premiers invitent Jésus à se sauver
lui-même. Et le peuple se tient là et il observe. Il y a comme des
cercles concentriques qui concentrent de plus en plus la haine
jusqu'au dernier celui du malfaiteur.
Et
au centre de cette haine, Jésus. Et puis il y a cet homme qui
échappe à la haine et qui se distingue de la neutralité du peuple.
Cet homme ne suit pas le mouvement. Il ne se laisse pas enfermé dans
les cercles haineux. Il défend en quelque sorte Jésus et il invite
son frère de malfaisance à sortir du cercle qui entoure Jésus de
haine.
Cet
homme est converti par la seule présence de Jésus, et le premier
mouvement de sa conversion c'est de se tourner vers son frère pour
l'aider à le sortir de sa haine. Cet homme, le bon larron, est en
mission pour le Seigneur. Sa première préoccupation c'est de
ramener le frère des mauvais coups vers la lumière. L'histoire ne
le dit pas mais peut-être que le mauvais larron fait amende
honorable.
Qui
peut résister à la parole du Christ, n'entend-il pas lui aussi
cette phrase : "aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le
Paradis."
Jésus
le Christ agit comme un roi. Il prend soin de ceux qui peuplent la
création. Il nous fait grandir comme il fait grandir le bon larron.
De ses sujets, il fait des disciples.
Le
Christ est roi de l'univers parce qu'il est celui qui choisit son
peuple. Il est roi de l'univers parce qu'aucun lieu n'échappe à sa
juridiction et qu'il fait grandir son peuple.
Quelle joie quand on m’a dit :
« Nous irons à la maison du Seigneur ! »
Maintenant notre marche prend fin
devant tes portes, Jérusalem !
« Nous irons à la maison du Seigneur ! »
Maintenant notre marche prend fin
devant tes portes, Jérusalem !
Amen
!
Dominique Bourgoin, diacre.