À lui la gloire pour les siècles des siècles. / Luc 18 9-14 / Une homélie

C'est ainsi que se termine le texte de Paul. "À lui la gloire pour les siècles des siècles." Pourtant dans le début du texte, Paul semble se jeter des fleurs, "je me suis bien battu, j'ai tenu jusqu'au bout de la course, je suis resté fidèle. Je n'ai plus qu'à recevoir la récompense du vainqueur" mais la première impression s'efface peu-à-peu, Paul est certain de recevoir la récompense. Il est de ceux qui veulent manifester la Gloire du Seigneur. Il n'est pas de ceux qui étalent leurs propres gloires.
Il n'a pas non plus d'amertume envers ceux qui, au début de son ministère, étaient sceptiques de le voir partir annoncer l'Évangile dans le monde, de le voir parcourir le pourtour méditerranéen pour annoncer la venue du Royaume.
Il a rempli sa mission de baptisé grâce à la force du Seigneur. Il a échappé à de nombreuses situations périlleuses grâce à Dieu. Et dans la dernière situation, la plus difficile à passer, Paul reste dans l'Espérance, le Seigneur est avec lui, il la traversera sans danger.
La disposition dans laquelle se tient Paul, au soir de sa vie, éclaire la lecture de l'Évangile.
L'attitude de l'homme qui se dit juste est en fait à l'opposé de celle de Paul. Il commence par rendre grâce Dieu. Bien, très bien même, cette attitude est louable. Mais à l'inverse du parcours de Paul, cette bonne impression s'efface peu-à-peu. Sa prière finit par se centrer sur lui-même. Je, je, moi je, "je verse ce que moi je gagne"
Alors Dieu, tu vas bien être avec MOI. Tu ne vas pas être avec ces voleurs, ceux qui sont injustes, ceux qui sont adultères, ou encore avec ce publicain, cet homme d'affaire véreux.
L'homme qui se dit juste semble s'adresser à Dieu pour lui dire : "tu es pour moi seul et pas pour les autres" parce que tu peux voir combien je suis droit et juste. Mais comme le dit l'antienne avant l'Évangile : "Dieu ne regarde pas l'apparence, comme font les hommes : il sonde les reins et les cœurs".
Percevons-nous bien qu'un appel, plus fort que nous, nous pousse à venir rendre gloire à Dieu comme le samaritain lépreux ?
La célébration de ce dimanche à laquelle nous invite le Seigneur ne se tient pas pour notre propre satisfaction.
Le Seigneur nous rassemble aujourd'hui pour lui rendre Gloire.
Unis à lui autour de cet autel, il nous invite à venir boire à la source pour étancher notre soif du désir de le rencontrer. Mais, surtout, il veut renforcer la foi, pour nous envoyer en mission dans le monde.
Et cette mission elle commence là, aujourd'hui, dans l'église saint-Pierre.
Tout d'abord, pour remplir cette mission, la liturgie nous propose de prendre la place du publicain. Nous avons pris son attitude en chantant au début de cette messe, "Kyrie eleison". La phrase" Kyrie eleison" signifie en Grec "Seigneur, prends pitié". "Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis !"
La prière de pardon nous restaure dans notre condition d'homme pécheur qui a besoin de la force du Seigneur. Nous avons besoin du regard miséricordieux du Seigneur pour que sa Bonne Nouvelle soit annoncée en vérité et en son nom.
Nous avons besoin du pardon du Père pour nous débarrasser de ce qui nous encombre, pour nous laver de tout ce qui nous empêche de laisser percer sa lumière à travers nous.
Il est nécessaire à cette heure de déposer au pied de cet autel notre orgueil, toutes nos images de nous-même et nous laisser pénétrer de la Parole, de sa parole.
Alors, l'instant présent, nous pouvons être envoyés en mission. Nous ne sommes pas là pour nous mais pour Lui. C'est dans cette attitude que nous sommes justifiés. C'est dans cette attitude que nous sommes ajustés à Lui.
Alors, chacun d'entre nous, avec nos différences, avec nos parcours différents, avec nos histoires plus ou moins cabossées, nous sommes orientés dans la même direction, nous sommes orientés vers la lumière.
Si nous nous tournons les uns vers les autres pour le geste de paix ce n'est pas pour nous juger, les uns les autres, mais bien pour reconnaître en chacun de nous l'appel du Seigneur à prendre sa suite.
Le Seigneur nous convoque aujourd'hui pour que brille dans le monde sa lumière, pour que sa lumière brille au cœur de Gradignan. Il nous convoque pour l'annonce de sa parole au milieu de la communauté urbaine de Bordeaux. Cette lumière rejoint les autres lumières qui brillent en Gironde, en France, en Europe et dans le monde entier. Elle fait naître l'Espérance du salut dans le monde. "À lui la gloire pour les siècles des siècles."
Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m'entendent et soient en fête !
AMEN !
Dominique Bourgoin.
Dimanche 27 octobre 2013 – Année A
Si 35,12-14 ; Ps 33 ; 2 Tm 4,6-8,16-18 ; Lc 18, 9-14


Le Seul Commandement / Mt 22 34-40 / Une homélie de JP Duplantier

Quand nous venons ici pour prier Dieu ensemble, nous portons des soucis, des demandes et des merci aussi. Nous sommes très différents et le plus souvent ce que portent nos voisins de prière nous reste inconnus, étrangers. Quand nous entendons ensemble les textes de la Bible, la distance est grande aussi entre ce que Dieu cherche à nous dire et nos préoccupations du jour. Et cependant nous avons un seul Seigneur, un seul baptême, une seule foi.

Régulièrement, nous chantons « nous sommes le corps du Christ ». Quel est-il donc ce corps dans lequel nous sommes appelés à être rassemblés par le Christ ? C’est bien mystérieux, c’est fou, très éloigné de nos préoccupations concrètes. Je crois bien que c’est de cela que Jésus parle quand il répond aux pharisiens et noue ensemble l’amour de Dieu et l’amour du prochain.

Devenir un seul corps dans le Christ est une folie. D’abord, parce que le corps que nous connaissons est particulier à chacun. C’est le mien, le vôtre, un lieu sacré, personnel, où bougent nos propres passions, nos plaisirs, nos rêves, nos amours, et aussi nos jalousies, nos violences et nos angoisses. Qu’est-ce que cela peut bien à voir avec le Corps du Christ, unique, invisible, dans lequel il désire que nous soyons tous pris. Quand nous ouvrons la Bible, à l’église ou ailleurs, nous sentons bien que c’est de ce mystère que ces textes nous parlent, inlassablement.

Ecoutons encore : Au commencement, il y a un amour premier, celui que Dieu nous porte, nous tous, nos corps et nos liens, les uns avec les autres. Puis, tout de suite, ces mêmes textes nous racontent que nous avons connu cet amour premier : comme un petit enfant dans les bras de sa mère, nous avons été tout entier l’objet de son amour et rien que cela. Pris tout entier dans cet amour, sans mots pour le dire. Mais il restait du chemin à faire : sortir, grandir, prendre de la distance, pour apprendre à reconnaître ce que c’est d’être aimé ainsi, découvrir sa miséricorde, nous émerveiller de sa tendresse devant Lui. Désirer  le voir, Lui et sa lumière. Alors Dieu s’est retiré de nous. Et nous avons dû apprendre à marcher sans le voir. Nous avons imaginé et construit un monde à nos dimensions, de générations en générations. Et nous avons substitué à ce premier amour enfui d’autres chemins, d’autres objets, d’autres lendemains, pour tenir, seul ou avec d’autres, sans Lui. Dans cette aventure, il y a des moments merveilleux : le goût de vivre est tenace chez nous. Même refoulé, l’amour de Dieu continue de nous travailler en secret. Mais il y a aussi de terribles courants contraires. Parmi eux, la peur de l’invisible : ce qu’il y a avant nous et ce qui vient après. Et plus que tout encore la peur des autres. Chaque fois qu’un autre s’approche nous hésitons : va-t-il nous aimer ou est-il un danger pour ce que je suis, moi ? Alors aimer son corps et ce qui s’y passe, aimer les autres comme soi-même, comment est-ce possible ?
Où est-il cet autre corps ? Qui échappe au temps qui passe. Là nous est venue la révélation de Jésus le Christ, la parole faite chair. Le Père et le Fils, ils ne font qu’un. Ce lien Père-Fils, dans leur Gloire commune, est ce corps de l’amour que l’Esprit saint inscrit dans le corps provisoire de chacun de nous. C’est ce corps qui parle au livre de la Genèse : Faisons l’homme à notre image. Un corps invisible, hors de notre portée, mais qqui demeure en nous une incroyable force d’attraction.
La loi de Moïse en parle clairement à sa façon : quand tu maltraites l’immigré, rappelle-toi que tu as été immigré toi-même et que ton Dieu est venu te chercher et te sauver ; quand tu accables la veuve, l’orphelin, quand tu détournes tes yeux du malheureux, n’oublie pas qu’ils peuvent crier vers Dieu et qu’il va écouter leur cri, comme il l’a fait pour toi. Parce qu’ils les aime.
 
Un jour, Jésus a dit : « la volonté de mon Père, c’est que toute personne qui voit le fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. »
Voir le Fils, c’est voir ce qu’il fait au fil des jours chez nous, chez les autres et en nous-mêmes. Et y croire. C’est avoir des yeux pour voir et des oreilles pour entendre, le travail du désir de Dieu au milieu de nous ; les détails inattendus de sa façon de soigner nos blessures, de réveiller notre goût de vivre, de nous apprendre à pardonner et à inventer sans cesse mille et une petites choses par lesquelles l’amour qu’il a semé en nous continue de résister, de prendre chair, de porter du fruit sur notre terre, quoiqu’il arrive. 
 
Nous parlons souvent entre nous de vie spirituelle. Mais cette vie-là, la vie selon l’Esprit, elle est physique. C’est ce que le Christ nous donne à vivre chaque jour, à nous, en chair et en os. C’est cela être membre de son Corps, dès maintenant, visiblement dans le cours de l’histoire de notre famille, de notre société. Ce Corps du Christ n’est pas un refuge virtuel, organisé et délimité pour en sauver quelques-uns ; c’est le témoignage charnel du travail de Dieu en train de tirer tous les hommes vers notre condition de fils, portant sa ressemblance dans nos corps. Tous les hommes, les croyants et les incroyants, les forts et les faibles, ceux qui sont bien installés et ceux qui n’en finissent pas de vivre en déplacement, en immigration, en incertitude.
 
C’est en prêtant attention à ce que la présence active du Christ réalise au milieu de nous, dans nos assemblées, selon la nature et la solidité de nos liens, que nous devenons capables de découvrir dans le monde les autres façons que Dieu met en œuvre pour l’éveil et la pratique de la vie qu’il nous donne.
Voilà pourquoi Jésus insiste : aimer Dieu et son prochain est bien le seul commandement, celui qui commande la Loi et les prophètes. C’est souhaiter qu’ils soient heureux, qu’ils traversent leurs épreuves, qu’il aient une foi à transporter des montagnes, un amour à pardonner les pires injustices, une espérance tendre et quotidienne, qui fait renaître chaque jour l’attente de la promesse ; c’est nous réjouir quand nous voyons passer ces moments de grâce chez n’importe lequel de nos frères. C’est nous regarder les uns comme les autres comme nous regarde le Seigneur. C’est agir envers eux, comme le Christ agit en eux. Et c’est découvrir que le même mystère habite tous les humains de la planète…

Je me souviens d’une conversation avec un jeune homme qui aimait me poser de temps en temps des questions sur Dieu. Il s’est crispé tout d’un coup : « Dieu aime les hommes, ok, mais pas la racaille, quand même. » L’amour de Dieu, celui que nous appelons la charité, ne juge pas ; il ne pèse pas sur une balance le poids de nos âmes, de nos cœurs et de nos actions. C’est son désir qui commande. Et son désir est de nous faire à son image. 

Jean-Pierre DUPLANTIER

Une petite histoire d'oraison


Il y a un peu plus d'un an, je n'avais pu participer à une messe dominicale pour une raison dont je ne me souviens plus – mais qu'importe. Toujours est-il que pour participer à un moment de prière communautaire je me suis rendu le jeudi suivant à 18h30 à l'église pour participer à ce que la feuille paroissiale désignait sous le terme « Oraison ».
Que recouvrait exactement cette invitation à « Oraison » sinon qu'il s'agissait de prier (orare) ?

1ère surprise : la petitesse de l'effectif. Ce premier soir, je me suis retrouvé avec une «poignée» de paroissiens et paroissiennes au fond de l'église - plus tard, je me suis aperçu que l'effectif tourne sur une dizaine de personnes – après les salutations sympathiques, nous nous sommes avancés vers le chœur en chantant «Je te cherche Dieu». Nous nous sommes installés face au tabernacle où ...

2ème surprise : nous avons lu une invocation à l'Esprit Saint. Pourquoi l'Esprit Saint et pas directement Dieu, même s'ils ne font qu'Un ? Cette première prière est une demande à recevoir les 7 dons de son amour. Il a fallu que je me fasse expliquer par Geneviève quels étaient ces 7 dons. (Sagesse, intelligence, conseil, force …)

3ème surprise : le silence ! Après la lecture à haute voix du texte biblique du jour nous sommes entrés en nous-mêmes pour un bon quart d'heure de méditation silencieuse. Bien sûr, ignorant les rites, en cette première rencontre, j'ai brisé ce silence en évoquant une intention très louable de prière pour un évènement dramatique qui venait de se produire dans le monde. J'ai appris, par la suite, qu'il était préférable de ne formuler nos intentions qu'après le respect de ce temps de mise en relation personnelle avec Dieu, se laissant pénétrer lentement de sa présence.

Dernière étape : après les libres intentions exprimées par les uns ou les autres, la récitation du Notre Père. Après la sonnerie des 19h au clocher de l'Angélus, cet angélus qu'alors nous récitons ou chantons selon les circonstances.

Enfin, après un au revoir fraternel, nous nous donnons rendez-vous pour le jeudi suivant en fonction des disponibilités de chacun des participants de cette petite équipe d'une dizaine de veilleurs qui ne demande qu'à croître ! 
                                                           Christian

Un coeur vivant /Marc 10 2-16 / Une homélie

Aujourd’hui les textes que nous propose l’Eglise risquent fort de susciter de l’incompréhension.
Comment recevons nous aujourd’hui la Parole tranchante de Jésus dans l’Evangile.
Comment conjuguer l’attention et la compassion requises dans les situations pastorales et sociales, humaines de notre temps et la force de la Parole de Dieu.
On pourrait se contenter de voir dans le dialogue entre Jésus et les pharisiens  une confrontation de juristes et lorsque nous lisons que les pharisiens l’interrogent pour mettre Jésus à l’épreuve nous pensons de suite que c’est pour le piéger. Ne sont ils pas simplement enfermés dans la Loi et soucieux de s’y conformer à la lettre ?
Nous voyons que Jésus ne leur réponds pas sur le plan de la Loi, mais il parle des cœurs endurcis ; le texte original parle de la « sclérose des cœurs », d’une absence de vie et une impossibilité d’accueillir une parole, de l’entendre, c’est à dire de se prêter à l’œuvre de vérité qu’elle peut accomplir dans une vie. Jésus pose ainsi la question des effets de la Loi sur le cœur ; va t’elle ouvrir,  écorner la suffisance d’un homme ou simplement renforcer son orgueil et sa violence par le jeu du permis et du défendu ?
Est ce que l’Eglise ne nous invite pas à faire preuve de courage  pour aller chercher dans le projet de Dieu nos règles de vie.
Or ce projet de Dieu Jésus le fait sien en  reprenant à son compte le récit de la Création. 
« Au commencement de la création il les fit homme et femme. » Cette phrase dit beaucoup plus que le début d’une histoire, elle dit que depuis l’origine l’humanité est « mâle et femelle » (vrai terme biblique et c’est important de le préciser) et que c’est comme cela qu’elle est dans le projet de Dieu et que c’est comme cela qu’elle est à son image. Oui, Dieu et masculin et féminin.
Lorsque des fiancés prennent ce texte pour leur mariage et qu’ils l’approfondissent ils découvrent que ni les femmes toutes seules, ni les hommes tout seuls ne font l’humanité mais que ce qui les conduit l’un vers l’autre c’est cette recherche de l’unité en Dieu. Que leur alliance est le signe de Dieu qui est masculin et féminin. L’humain séparé en masculin et féminin, en mâle et femelle, tend vers une promesse d’unité, vers une seule chair. C’est la chair du Seigneur.  L’acte créateur induit  le mouvement qui porte l’un vers l’autre, hors de ses bases. Faire une seule chair ce ne se réduit pas à l’union des corps que nous appelant la  sexualité, qui est elle aussi un don du Créateur.
Contrairement à ce que nous disons couramment, par le sacrement de mariage  on ne célèbre pas d’abord l’amour humain, qui peut prendre tant de formes diverses, mais nous célébrons  l’alliance…
En effet la tradition des apôtres comme celle des pères de l’Eglise, ne réduit pas à la seule unité conjugale cette parole biblique : « Ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas. » Saint Paul la commente ainsi lui-même : « Ce mystère est grand, je veux dire qu'il s'applique au Christ et à l'Eglise. » C’est pour cette raison que le mariage chrétien est un sacrement, un signe réel de l’alliance. L’alliance de Dieu avec l’humanité, l’alliance du Christ (masculin) avec l’Eglise (féminin). Quand un homme et une femme sont liés dans ce sacrement sous l’unique joug du Seigneur (conjugal) quelque chose d’autre est né. Cela repose sur la marque du créateur dans chacun des deux corps. Ce lien est de Dieu. Il dépasse de beaucoup ce que l’on peut en dire ou en faire.
Mais cela ne signifie pas que le mariage chrétien serait le seul chemin vers l’unité en Dieu. Qu’en serait il des gens non mariés, qu’en serait il de ceux qui sont célibataires par choix ou par force. Cela ne signifie pas non plus que tout chemin  humain différent du nôtre, lorsqu’il est vécu et mené en vérité, ne puisse trouver grâce devant le Seigneur.

Une chose m’a frappé dans le texte liturgique. C’est que s’agissant de l’adultère on nous propose l’expression «il est coupable d’adultère». Or le mot «coupable» n’est pas dans la traduction de la Bible. C’est dire la façon moralisante dont on lit spontanément ces versets ! Nous y cherchons une condamnation.
Or Jésus dit simplement : il y a adultère car la situation contredit la fidélité sans retour de Dieu à l’égard des hommes. Et finalement il ne porte pas un jugement. Il continue plutôt à parler de la vérité du lien entre les corps de chair quand il est fondé sur Parole. Jésus sait bien que nos histoires humaines peuvent être chaotiques, et que dans toute situation c’est dans nos limites et nos faiblesses que nous pouvons découvrir avec émerveillement l’amour absolument infini et fidèle de Dieu.
Nous ne pouvons pas exiger de tous nos frères humains de partager notre foi et nos convictions. Et particulièrement sur cette question de l’amour, Car notre cœur serait sclérosé et nous serions sourds à la parole de la lettre aux hébreux : «Car Jésus qui sanctifie, et les hommes qui sont sanctifiés ( par sa mort et sa résurrection) sont de la même race, et pour cette raison il n’a pas honte de les appeler  ses frères »  A l’exemple de Jésus, St Paul, que l’on dit si rigide ne fait pas de distinction entre les frères.

Mais notre situation de disciple du Christ nous donne de ne pas dénaturer le projet de Dieu sur l’humanité. C’est notre mission ; elle est exigeante. Elle demande de la persévérance et aussi une compassion fraternelle au nom de Jésus.
Nourris de sa Parole et de son corps et de son sang nous demanderons « un cœur vivant ».

Robert Zimmermann
diacre
Gradignan les 6 et 7 octobre 2012
27e dimanche TO B
(Gn 2, 18-24 ; Ps 127 ; He 2, 9 -11 ; Mc 10, 2 – 16)

Interventions du CP et de l'EAP pour le départ de Jean-Pierre Ranga / Septembre 2014

Voici les textes qui ont été lus lors de la messe d'Action de grâce pour le départ de Jean-Pierre Ranga.

Dans sa catéchèse sur le mariage début avril le Pape François nous disait : « pour qu’un mariage réussisse et dure, il faut utiliser tous les jours 3 mots : Bonjour, Pardon, Merci ».

Permettez-moi de reprendre ceux-ci pour clore cette action de grâce en m’adressant, en votre nom à Jean-Pierre.

+ Bonjour et bienvenue : Puisses-tu continuer, avec ce sourire qui est le tien en toute humilité, délicatesse et simplicité, à accueillir ceux que tu vas rencontrer et que nous, en souvenir de toi en fassions de même.

+ Pardon. Présent avant les célébrations, tu attendais pour accorder le sacrement de Réconciliation, ce sacrement qui fait toujours peur et dont on s’éloigne alors qu’il est fait pour rapprocher. Oui, pardon de ne pas avoir compris ton ou tes choix, tout dévoué que tu es à la mission, à l’appel, au service. Pardon surtout de t’avoir laissé seul face à certaines situations.

+ Merci. Cela est plus facile mais comment le dire simplement quand mille mercis n’y suffiraient pas. Merci d’avoir dit « oui » il y a trois ans. Cela nous a permis avec toi
-De cheminer à tes côtés, à la rencontre de la Trinité, nous montrant le Père, le Fils et l’Esprit.
-De goûter et de communier aux deux Tables.
- De découvrir la lecture des psaumes.
- De prier Marie depuis l’autre rive.
- De soutenir le service des pauvres et des malades.
-D’être attentifs aux jeunes et de partager leur joie.
Encore merci et comme nous disons tout simplement dans le sud-ouest quand l’on se quitte à ceux qu’on aime : «  Adieu et à Bientôt  Jean-Pierre ». Ne sachant le dire en « malgache »je te dit en gascon « A Dichat » ou «  A Diu ».
 Le conseil Pastoral.

Cher Jean-Pierre,
Nous sommes donc réunis pour rendre grâce pour ce temps partagé avec toi.

Pour nous, membres de ton EAP, résumer ces années à tes côtés ne donnerait qu'un portrait trop imparfait de ce que tu auras été pour Gradignan.

Nous pouvons cependant témoigner de la joie qui aura été la notre à te côtoyer, en rendant grâce pour tout ce que tu nous auras apporté et appris :

- Ce souci constant de mettre la communauté au travail de la Parole.
Dans la lecture d'abord, celle de l'évangile et celle des psaumes,
au travail de la liturgie, à celui des sacrements et de la prière....

- Cette volonté de donner le goût de l'Eglise.
A l'occasion de l'anniversaire du Concile, mais aussi en nous encourageant à suivre la moindre proposition diocésaine !

- Cette attention à prendre soin du lien fraternel :
Ton attention particulière aux groupes de solidarité, ton enthousiasme pour les plus jeunes, ta présence attentive aux plus âgés et aux malades...

- Enfin, cette vision englobante et déroutante de la vie liturgique qui nous faisait préparer Pentecôte à Noël et Noël aux premières communions tout en pensant déjà à Pâques...

Et bien des choses encore...

Nous ne choisissons pas nos pasteurs, ils nous sont donnés, ils nous sont aussi repris,

ton départ inattendu nous cause beaucoup de peine tu le sais, bien des projets sont suspendus, bien des chantiers ouverts restent fragiles, mais nous nous consolons en sachant que d'autres vont maintenant profiter de ton rire et de ton énergie (disons de ta « force tranquille »!), de ta science et de ton humilité.
Et nous, de notre côté, nous allons avoir la joie de rencontrer un nouveau pasteur, à nouveau don de l'Eglise.

Rendons grâce donc en célébrant cette eucharistie, pour ta présence, pour ton départ, en portant dans notre prière tes paroissiens de Caudéran, ton évêque à Madagascar, et le père Fabien qui prendra ta suite.

L'Equipe d'Animation Pastorale

Quelqu'un pourra bien ressusciter d'entre les morts : ils ne seront pas convaincus. / Luc 16 19-31/ Une homélie

Ils ne seront pas convaincus. Mais de quoi ne seront-ils pas convaincus ? De vivre comme Lazare ? Difficile de faire ce choix. Et pourtant c'est ce à quoi Jésus semble nous inviter. Mais, à la chute, la parabole dit bien que cela ne marche pas.
La situation est-elle bloquée ? Rien ne peut-il sauver cet inconnu et ses cinq frères ?
Contemplons d'un peu plus près le texte et laissons-nous surprendre par certains aspects. Notamment, regardons ce qui s'oppose. En premier lieu, l'homme riche ne porte pas de nom tandis que le pauvre a une identité. Puis, regardons les disproportions, l'homme riche vit dans l'opulence extrême tandis que Lazare se contenterait d'un rien, seulement des miettes qui tomberaient de la table. Et plus loin, Lazare vit dans la consolation et le bonheur à côté d'Abraham (le père des croyants) tandis que l'homme se contenterait du bout d'un doigt humide pour rafraîchir son gosier.
Certes, nous pouvons bien dire que cet homme est plutôt égoïste. Nous pouvons souligner qu'il ne voit pas la misère à sa porte. Nous pouvons noter son manque de sens du partage.
Mais Lazard qu'a-t-il fait dans sa vie, nous ne le savons pas. Nous pourrions dire qu'il n'a pas été égoïste mais Jésus ne dit rien de cela. Alors, probablement, que ce n'est pas là que se situe l'enseignement. Ce n'est pas dans le choix d'une vie édifiante que veut nous entraîner la parabole. Peut-être, nous invite-t-elle à chercher plus profond, plus loin au fond de nous.
L'homme riche est condamné, rien ne le sauvera. L'abîme est infranchissable. Cela est surprenant surtout quand on sait que Jésus ne cesse de nous parler de la miséricorde de son Père et nous savons par notre expérience humaine, qu'il n'y a pas de vie totalement mauvaise et qu'il n'y en a pas non plus de totalement bonne.
Nous avons relevé que l'homme riche vit dans l'opulence. Il vit à l'abri du besoin et pire encore il vit sans avoir faim. Il vit sans désir d'autre chose que la satisfaction de ses besoins triviaux. Lazare, lui, à la porte aspire à du peu. Il ne rêve pas du trop. Il demande juste quelques miettes.
Une fois passé par la mort, que demande l'homme ? Il aspire aux mêmes besoins. Et que reçoit Lazare, au ciel, il reçoit la consolation. Il vit dans la relation.
Par cette parabole, c'est comme si Jésus nous indiquait que la faim est bonne. Une faim particulière, une faim qui ne se rassasie pas de nourriture mais d'un pain qui est relation.
L'attitude de l'homme riche nous la connaissons, tous nous avons cherché et nous cherchons encore à satisfaire une soif de pouvoir, à amasser, à nous contempler nous-même. Nous oublions que cela ne suffit pas à construire un homme. Tandis que, parfois comme Lazare, connu de Dieu par son nom, une faim se creuse en nous. Parfois se réveille en nous un manque, un manque douloureux qu'on ne sait pas combler, un manque que nous-même ne pouvons combler, un manque qui ne se comblera jamais. Car ce manque est infini en nous. Il y a de la place pour l'infini en nous.
Cet infini, c'est ce qui nous a conduits aujourd'hui ici, autour de la table du repas auquel nous invite le Christ. C'est à cette table que nous allons recevoir du peu, une miette de pain. Une miette de pain qui contient tout l'amour du Père. L'amour du Père s'exprime dans le don de son Fils, dans le pain de l'Eucharistie.
Mais ne croyons pas que nous partirons rassasier, repus, sans désir et sans manque jusqu'à dimanche prochain. Sinon, comme les cinq frères, nous ne serons pas convaincus, alors ne cherchons pas la satiété.
Non, ce pain va creuser encore plus le désir de Dieu en nous, il dilate encore plus l'infini. Mais, ne pleurons pas sur nous qui ne serons pas comblés mais réjouissons-nous.
Réjouissons-nous car l'Eucharistie nous envoie en mission vers une multitude de frères qui ne savent pas encore qu'il existe une source inépuisable à cet autel. Alors trouvons les ressources dans ce que nous recevons du Père pour aller à leur rencontre, pour les inviter.
Témoignons que cette source révèle que cette faim d'infini que nous avons parfois, est une consolation. Ne laissons pas cet inconnu dans l'ignorance. Sachons reconnaître en lui ce manque, cette place que Dieu cherche. Cet espace que Dieu veut visiter.
Témoignons de notre Foi, de notre Espérance, de notre Charité et de notre manque signe que Dieu nous cherche.
"Toi, l'homme de Dieu, cherche à être juste et religieux, vis dans la foi et l'amour, la persévérance et la douceur. Continue à bien te battre pour la foi, et tu obtiendras la vie éternelle ; c'est à elle que tu as été appelé, c'est pour elle que tu as été capable d'une si belle affirmation de ta foi devant de nombreux témoins."
AMEN !

Dominique Bourgoin
26° Dimanche du Temps ordinaire – Année C
Am 6, 1a, 4-7 ; Ps 145 ; 1 Tm 6,11-16 ; Luc 16, 19-31