Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre / Lc 4 14-21 / Une homélie

En avant-propos, il me semble utile de donner une petite explication sur la composition du texte d'Evangile que nous venons d'entendre. Il y a un enchaînement qui peut paraître curieux. Le texte est composé de deux passages de l'Evangile de Luc. Le premier étant le tout début de l'Evangile où Luc donne les raisons de sa rédaction à un certain Théophile, puis le second dans la Synagogue de Nazareth. Entre ces deux passages, Il y a la naissance de Jésus, son baptême et la tentation au désert. L'assemblage de ces deux parties est plutôt curieux, le jour où nous célébrons la parole de Dieu.

Mais ce découpage ne nous empêche pas de méditer la phrase de Jésus : " Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre "

Ce moment, où Jésus prononce cette phrase, est criant de vérité. Nous pouvons l'imaginer aisément dans notre tête. Jésus lit le texte d'Isaïe, certainement avec force et conviction, ou du moins le perçoit-on comme une incarnation de la parole. Jésus regagne sa place dans le silence. Tous les regards convergent vers lui. Et cette parole, comme simple homélie : " Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre "

Deux questions naissent de cette expression.

Comment Jésus peut-il se permettre de prononcer cette parole ?

Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui encore, à l'écoute de cette parole, nous ressentons la même intensité que les protagonistes de la synagogue de Nazareth ?

La première question. Jésus est aujourd'hui un adulte. Il a reçu un baptême de conversion de la part de Jean. Quand il est ressorti de l'eau, il a entendu une voix dire : "Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie." Puis, il s'est retiré au désert. Le diable a cherché à le perdre en tordant l'écriture, Jésus à répondu par la parole.

De sa naissance à aujourd'hui, l'enfance et la vie d'adulte de Jésus est jalonnée de signes qui font de lui celui que l'on attend. Voilà ce qui lui donne la légitimité pour prononcer cette phrase. Et ce n'est pas cette phrase qui fait que les yeux sont fixés sur lui mais c'est ce qu'il a lu qui provoque ce moment particulier que nous ressentons aujourd'hui encore.

Vous souvenez-vous du passage d'Isaïe que Jésus a lu ? Peut-être pas précisément, mais je suis convaincu qu'il reste imprimé dans notre chair tel ou tel élément.

Ce qui nous a touchés c'est peut-être la bonne nouvelle pour les pauvres. Aujourd'hui je suis accablé mais j'ai entendu que quelqu'un venait à moi pour annoncer une bonne nouvelle. Ou bien est-ce la liberté pour les captifs et les opprimés, ou encore la vue rendue aux aveugles.

La seconde question. Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui encore nous ressentons la même intensité que les protagonistes de la synagogue de Nazareth ?

La réponse est toute simple. Le Christ est présent, ici aujourd'hui. Il est présent dans ce temps de la parole. Il nous invite également à un temps de communion autour de sa parole.

C'est comme si, mystérieusement, il prononçait lui-même ces paroles d'Isaïe et c'est comme si, mystérieusement, c'est lui qui disait : " Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre ".

Autant, cela nous semble évident que le Christ se fait présent au moment de l'Eucharistie, ici à cette table autant, cela nous est moins familier de parler de la présence du Christ pendant ce temps de la parole. Or, c'est une évidence, là le Christ se tient entre nous. Et nous lui donnons chair à travers notre voix et nos oreilles.

Tous les hommes qui se tiennent à cette place, qu'ils soient évêques, prêtres ou diacres sont dépassés par ce qui se passe. Nos homélies, mes homélies ne sont pas parfaites. Nos homélies, mes homélies ont des défauts, elles sont brouillonnes, trop longues. Ce n'est pas facile de traduire tout ce que l'Esprit nous inspire à travers la parole de Dieu en peu de mot comme Jésus le fit. Nous ne recevons qu'une part de son Esprit au baptême. Nous ne sommes pas toujours au meilleur de notre forme. Nous avons nos faiblesses et nos fatigues. Mais, parfois, tout est clair limpide évident et nos voix traduisent mieux ce que nos oreilles entendent.

Mais ce n'est pas cela le plus important. Le plus important c'est ce qui se passe entre nous, c'est la présence du Christ entre nous. C'est la présence du Christ à travers sa parole, lui le verbe fait chair.

Le plus important c'est cette parole vivante qui nous est adressée au présent à travers les âges. Cette parole touche notre corps car elle nous est adressée à la fois personnellement et collectivement.


Accueille les paroles de ma bouche,

le murmure de mon cœur ;
qu’ils parviennent devant toi,
Seigneur, mon rocher, mon défenseur !

Amen !

Dominique Bourgoin, diacre.

Baptisés dans le feu / Lc3 15-22 / Une homélie

 
Jean nous prévient : « moi je vous baptise dans l’eau, lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu ».
(...)
Qu’est-ce qui brûle un baptisé ?
Sommes-nous brûlés par quelque chose ?
Sommes-nous brûlants de quelque chose ?
Si nous sommes du Christ, si nous portons le nom de chrétiens, sommes-nous passés par le feu ? Par quoi nos vies sont-elles brûlées ?

Souvenez-vous les pèlerins d’Emmaüs, quand Jésus les quitte, ils réalisent que sur le chemin, en écoutant Jésus ouvrir les Ecritures, leur cœur était tout brûlant.
Voilà déjà une piste : Jésus baptise dans le feu des Ecritures.
(...)
Le feu du baptême, c’est aussi probablement celui qui purifie, non pas comme le feu d’une punition ou d’une menace, mais comme celui qui sépare, celui de l’or au creuset… (...)
Enfin et surtout, il me semble que Jésus viens nous plonger dans le baptême brûlant de l’attente. Le texte commence comme ça aujourd’hui : « le peuple était dans l’attente ».
L’attente, c’est l’autre nom du désir.
(...)  
Bienheureux ceux qui brûlent de ce feu !
Et pour ceux dont le feu s’est éteint, qu’ils le laissent lui-même dégager les cendres, tout ce qui a étouffé peu à peu le feu de notre baptême… notre quotidien, nos paresses, notre orgueil surtout ! Cet orgueil qui ne travaille qu’à éteindre le feu intérieur… celui qui nous fait par exemple discourir sur notre indignité !

Un mot rapide là-dessus : Jean ne dit pas qu’il n’est pas digne de dénouer les sandales de Jésus, le texte dit qu’il n’est pas « suffisant », pas capable, il n’a pas ce qu’il faut…
Pas ce qu’il faut pour déchausser quelqu’un qui marche, incapable d’empêcher le Christ de s’avancer, insuffisant à entraver sa route ! Il n’est pas question ici de dignité !
Quand nous refusons de nous approcher de Lui parce qu’on se juge indigne, nous nous faisons du cinéma de pur orgueil pour simplement résister à son amour…
Nous voulons être nous à la manœuvre, nous voulons être les maîtres de la rencontre… c’est une manière d’échapper à la brûlure, de refuser le feu du désir… de le refuser Lui tout entier !

Seigneur fais de nous des baptisés d’eau, d’Esprit et de feu
Que nos cœurs soient brûlants
Que nos vies soient ardentes… même toutes petites, même fatiguées, mais consumées du désir de toi.

Amen
Sylvain diacre

Baptême des enfants en âge scolaire

  Extraits des orientations pastorales 

Le baptême des enfants et jeunes en âge scolaire diffère du rituel du baptême destiné aux petits enfants, car, quand l’Église célèbre un sacrement, elle tient compte du sujet auquel elle s'adresse. Or, l'enfant en âge de scolarité est déjà capable de grandir dans la vie spirituelle, de concevoir et de nourrir une foi personnelle selon la condition de son âge. Il est donc à même de faire la profession de foi baptismale et de recevoir le baptême en connaissance de cause. 

Si la demande de baptême est individuelle, sa préparation se fait toujours au sein d'un groupe qui, en « se convertissant » sans cesse à Jésus Christ, permet à l'enfant de faire l'expérience de la vie d'une communauté ecclésiale.

Pour que soit assurée la qualification chrétienne du groupe, il est indispensable qu'à côté de ceux qui remplissent la fonction de catéchistes, soient aussi présents des croyants, adultes et jeunes, acceptant de se situer comme tels. 

La démarche progressive de la conversion d'un enfant au sein d'un groupe de croyants insère déjà le futur baptisé dans la vie ecclésiale. Elle comporte normalement quatre seuils ou étapes. Pour chacun de ceux-ci, une célébration liturgique est prévue

a)     La première étape se situe aussitôt après la demande de baptême. 

b)     La deuxième étape : l'étape proprement dite de l'entrée en catéchuménat. Au cours de celle-ci l'enfant, qui veut suivre Jésus pour mieux le connaître et mieux l'aimer, est déjà fait chrétien par le signe de la croix et admis pour la première fois à la liturgie de la Parole.

c)     La troisième étape : l'enfant a fait une certaine expérience de la vie spirituelle et des difficultés qu'il rencontre pour suivre Jésus. La célébration pénitentielle lui signifie que le Christ lui donne sa paix, et qu'il le fortifie pour vaincre les obstacles à sa conversion. 

d)     La quatrième étape est celle du baptême.

Il appartient aux responsables du groupe, en accord avec l'ensemble des membres qui le composent, de déterminer, en fonction de ces données, le moment de chaque étape.

Le prêtre et les responsables prépareront les enfants à chacune des célébrations et les initieront à la signification des gestes qu'elles comportent; ils détermineront aussi avec les parents le rôle que ceux-ci auront à tenir pour que tout soit fait en vérité. 

*** 

Nous accueillons ce dimanche des enfants en âge scolaire qui demandent le baptême. D’ores et déjà, portons-les dans nos prières.

En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé et tout Jérusalem avec lui / Mt 2 1-12 / Une homélie

 Aujourd'hui, c'est l'épiphanie du Seigneur.

Mais que signifie le mot épiphanie ? Il est bon de s'interroger de nouveau sur la définition de ce mot même si nous la connaissons. Une épiphanie est une manifestation de Dieu. Voilà une définition simple. Là où cela peut se compliquer, c'est quand nous essayons de discerner la manifestation en elle-même. Dans l'Evangile de ce dimanche, cela est simple, il s'agit de l'étoile qui guide les mages.

Mais qu'est-ce qui a poussé les mages à suivre l'étoile ? Des anomalies dans le ciel, il doit y en avoir quelques-unes. Pourquoi suivre celle-là ? Pourquoi la relier au roi des Juifs ? Mystère. L'épiphanie reste encore à se révéler. Tout ne se passe pas dans le ciel. Il y a assurément une manifestation plus intime, plus personnelle, une manifestation dans le cœur des mages.

Cette manifestation est si forte qu'ils réunissent une fortune pour des cadeaux à offrir. La manifestation est si forte qu'ils entreprennent un long voyage. Les mages ne peuvent rester insensibles au signe qui leur est donné. Le signe c'est l'étoile. Le signe les touche dans leur culture. Les mages sont des scientifiques, le signe qui les appelle doit être concret, tangible, calculable. Alors, ils se mettent en route à la suite d'une étoile.

Là encore l'épiphanie reste encore à se révéler. Avez-vous déjà essayé de suivre une étoile ? Y a-t-il des marins ici ? On ne se déplace jamais assez vite pour suivre les étoiles filantes. Ou l'étoile est si lointaine que la direction est imprécise. Une étoile indique un cap mais pas une position. Cependant en suivant le cap, ils arrivent à Jérusalem.

Les mages touchent au but, ils savent qu'ils cherchent le roi des Juifs et qu'ils sont en Palestine. La disparition de l'étoile n'est donc pas inquiétante. Il suffit de s'adresser aux autorités pour trouver le chemin. La question que pose les mages bouleverse Jérusalem. Comment des étrangers viennent se mêler de nos histoires ?

Là encore l'épiphanie se pare de mystère. Car il est curieux que ce soit la parole de Dieu qui remette les mages sur le chemin. Je dis curieux parce que cette parole est étrangère à la culture des mages. Mais cela est fréquent parce que c'est comme cela que cela se passe. La parole touche au cœur. La parole touche le cœur de tous les hommes quelle que soit leur origine.

C'est comme cela que des adultes viennent frapper à la porte de l'Eglise pour demander le baptême. Ils nous interpellent et nous sommes bouleversés. C'est comme si ces adultes venaient du lointain orient pour rejoindre les chrétiens de Gradignan. Et, nous baptisés, sommes étonnés de découvrir que l'Esprit souffle en dehors de l'Eglise. Beaucoup de ces candidats n'ont pas de culture religieuse. Ils ont la culture de l'orient, de là où ils viennent. Alors, ils prennent le temps pour se préparer. Il ne s'agit pas pour eux de changer de culture mais de découvrir celui qu'ils vont suivre. Ainsi, l'Eglise s'enrichit de nouveaux membres avec de nouvelles cultures.

La préparation peut paraître longue, mais le chemin des mages est long également. Il y a tant de choses à vivre et à découvrir avant de reconnaître et se prosterner devant l'enfant de la crèche. Le chemin est ce qu'il y a de meilleur à vivre pour renaître à la vie en Jésus Christ.

Il faut se laisser approcher par le Christ, se sentir être visité par l'Esprit Saint et éprouver la miséricorde du Père. La venue du Christ dans notre monde pour nous sauver leur est inconnue pour ne pas dire étrange. Le souffle de l'Esprit-Saint, ils ne savent pas d'où il vient. Et la miséricorde du Père est encore plus étrangère à l'image qu'ils se font du Dieu des chrétiens.

Et oui, voyons les catéchumènes comme les mages venus porter des présents à l'enfant Jésus. Ils s'approchent guidés par l'étoile ou poussés par l'Esprit-Saint. Ils viennent nous porter de magnifiques cadeaux. Les questions qu'ils posent bousculent nos certitudes. La fraîcheur et la gaité de leur foi nous met en joie.

Ils nous incitent à l'ouverture. Alors que la tentation serait parfois forte de vouloir bâtir des murs autour de l'Eglise pour protéger le petit reste, ils nous poussent à ouvrir nos portes, nos bras et nos cœurs. Ils nous invitent à cultiver le sens de l'hospitalité plutôt que la perfection de la dévotion.


"Ce mystère,
c’est que toutes les nations sont associées au même héritage,
au même corps,
au partage de la même promesse,
dans le Christ Jésus,
par l’annonce de l’Évangile."

Amen !

Dominique Bourgoin, diacre.