Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut / Lc 6 34-36 / Une homélie


Ce dimanche, nous découvrons que nous portons une autre dimension de l'homme. Nous ne sommes pas qu'un assemblage de cellules. Nous ne sommes pas faits que de chair, d'os, d'eau et de sang. Dieu nous a créé à son image. Il nous a modelé à partir de la terre. Il nous a pétri à partir de l'humus. Humain, celui qui vient de la terre. Le Dieu créateur a soufflé dans nos narines pour nous donner la vie. Plus que la vie, il a installé en chacun de nous une part de lui-même Nous sommes marqués de l'Esprit-Saint. Les textes du jour, ouvre notre méditation à une autre dimension de l'humain. Là est le propos que je souhaite partager avec vous ce dimanche.

Nous savons tous que nous sommes beaucoup plus qu'un assemblage de cellules. Pourtant, en considérant la violence de nos sociétés modernes, de nos sociétés évoluées, il y a de quoi se poser des questions. Avons-nous conscience véritablement de la dimension spirituelle de tous les êtres humains ? Je dis bien TOUS les êtres humains.

En cette période d'élection présidentielle, la parole de certaines personnes politiques valide des comportements qui nient la dimension pleinement humaine d'une partie des hommes. Ainsi, dire que tous les jeunes immigrés sont des voleurs et des violeurs, c'est nié que Dieu marque la chair de ces jeunes. C'est nié qu'il y a comme dans tout homme certes une part d'ombre, mais aussi une part lumineuse qui recherche la miséricorde du Père. C'est projeter sur l'autre sa propre vision réductrice de l'homme. Heureusement, ces propos ont été condamnés par la justice.

De tels discours exploitent la peur des autres enfouie dans l'inconscient. Et laisser la peur dominer nos actions est le pire des comportements. Se réveille ainsi en nous le Caïn qui sommeille. Nous laissons libre cours à nos péchés ; l'envie, la colère, l'orgueil. Nous réagissons en homme d'argile. Nous cédons à la violence primitive. Nous n'évaluons plus les situations. Nous réagissons par réflexe.

Mais, Jésus le Christ, vient nous sortir de ce blocage, de l'impasse de la violence.

"Je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent." Voici le résumé que propose Jésus pour se sortir de la glaise dans laquelle nous sommes embourbés. Ces paroles et celles qui suivent peuvent paraître utopiques. Elles semblent irréalisables. Pourtant, si on entreprend un chemin qui mène dans cette direction, bien des situations se dénouent.

Il s'agit d'aimer. Pour aimer, il faut d'abord rencontrer. Il ne s'agit plus d'invectiver de loin, mais de faire la moitié du chemin vers son ennemi. Il s'agit de plonger son regard dans son regard. Un regard qui ne demande qu'à comprendre, qu'à connaître.

En effet, pour aimer, il faut connaître. Connaître les motivations de son ennemi. Il faut comprendre ce qui fait que mon ennemi a quelque chose contre moi. Cette attitude rejoint la recommandation que Jésus nous adresse dans Matthieu au chapitre 5 : "Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande." Nous qui sommes aujourd'hui présents, nous ne pouvons pas nous offrir dans la prière si nous sommes pris de violence à l'extérieur. Mais cela demande des efforts, cela demande de prendre le chemin vers la paix.

Et il y a la fameuse gifle : "À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue." Une des paroles de Jésus inscrite au hit-parade des plus connues et des plus ridiculisées. Elle se comprend pourtant aisément après ce que nous venons de partager. Pour mieux décortiquer ce que Jésus veux nous dire, demandons-nous quelle serait l'attitude contraire ?

L'attitude contraire serait de rendre le coup et de frapper l'autre sur la joue ? Et ensuite, que fait l'autre ? Il nous rend le coup !

Cette petite démonstration montre bien que rien ne se résout dans la violence. Nous voyons bien que dans la deuxième attitude nous sommes quasiment sûr d'en prendre une autre. Alors que la première attitude interroge et ouvre un chemin vers l'apaisement. La première attitude demande plus de force et d'intelligence. Elle invite à ne pas se laisser dominer par la peur et à la réaction.

Père miséricordieux, pardonne nos réactions violentes et conduit-nous sur le chemin de la rencontre.

Seigneur, Jésus tu connais nos faiblesses, donne-nous la force de l'amour.

Esprit-Saint conduis-nous sur un chemin de paix.

Amen !

Dominique Bourgoin, diacre.

100 ans de Mme Marcelle Pairaton

 Remise de la médaille de la reconnaissance du diocèse de Bordeaux à Mme Marcelle Pairaton, à l'occasion de son centième anniversaire.


 

Maître des eaux profondes / Lc 5 1-11 / Une homélie

(...)
Dans nos vies aussi, nous avons nos eaux profondes.
Nous pouvons avoir la sensation que nous nageons dans nos vies comme suspendus au-dessus du vide, au-dessus d’un monde dont nous ne voyons rien…

Ce peut être un avenir incertain. On aimerait bien y deviner quelques points de repère, discerner un peu le paysage vers lequel on s’avance… mais l’horizon est bouché, on nage un peu à l’aveugle, sans idée de ce qui nous attend.
Cette angoisse de l’avenir, elle peut être individuelle, mais elle peut aussi être collective : nos incertitudes sur l’avenir de notre planète, de nos systèmes démocratiques, du futur de l’Église….
Nager au-dessus du vide, c’est probablement aussi la sensation de chacun quand il pense à sa propre mort…. On aimerait bien voir quelque chose dans cette affaire, y discerner un peu de solide… mais on ne voit que du bleu, de plus en plus profond, de plus en plus mystérieux.
Enfin nager en eaux profondes, c’est souvent l’impression que l’on a dans notre vie intérieure, au profond de notre intimité…
quand on a l’impression de ne plus rien comprendre à nos vies, de ne plus rien attendre de nos vies….
quand on a l’impression d’avancer dans la vie sans plus savoir ni pourquoi ni comment, quand nos repères se sont effacés peu à peu à mesure que le fond s’éloigne,
quand notre vie intérieure n’est plus pour nous qu’un grand flou qu’on imagine aussitôt peuplé de créatures dangereuses : nos colères, nos lâchetés, nos rancœurs… tout ça comme autant de vilains poissons nageant dans l’invisible.

Nous n’aimons pas les eaux profondes.
Elles nous font peur parce que nous n’y maîtrisons rien.
Elles nous font peur parce qu’elles sont pleines d’inconnu…
« Avance en profondeur et laissez descendre les filets »
 
(...)
Jésus répond : « sois sans crainte »
Ne crains pas les eaux profondes, ne crains pas tes profondeurs, ne crains pas ce que tu imagines qui se tient là….
Jésus est maître des eaux profondes, il sait ce qui s’y tient et ce n’est pas cela qui l’intéresse en nous. « Désormais ce sont des hommes que tu prendras »,
désormais, qu’importent les poissons, tous les vilains poissons réels ou imaginaires de tes angoisses ou de ton péché, désormais, c’est l’humain qui sera ton objet, c’est vers l’humanité que je t’envoie, c’est là que j’ai besoin de toi.
Jésus nous détourne de notre obsession de l’inconnu qui nous terrifie, il nous tourne vers ce qui fait de nous des hommes et des femmes et il nous tourne vers l’autre.
Sois sans crainte, occupe-toi donc un peu de ton frère.
 
 « Alors ils ramenèrent les barques au rivage…. [parce que c’est là que mon frère m’attend] et, laissant tout…. [parce que les poissons qui nagent en eaux profondes ne sont plus mon affaire], ils le suivirent…. [parce que sans lui devant moi, le gouffre s’ouvre à nouveau sous mes pieds.] »

╬ Amen
Sylvain, diacre