Jérusalem, c'est nous / Epiphanie du Seigneur / Une homélie
Syméon reçut l’enfant dans ses bras / Luc 2 22-40 / Une homélie
Pour le dimanche de la sainte famille, j'ai le sentiment que l'Evangile d'aujourd'hui nous invite à élargir la famille. Elle est bien discrète la sainte famille dans le texte, et elle se fait voler la vedette par un papy et une mamie.
Plusieurs fois Jésus se rendra au temple de Jérusalem, là c'est la première fois. Ses parents accomplissent une démarche de gratitude envers le créateur. Cet enfant, qui emplit leur vie, est un don, un don de Dieu.
La naissance d'un enfant emplit la vie de toutes les familles. Ça l'est encore plus pour cette famille si particulière.
Dans l'Evangile, Marie et Joseph font une démarche religieuse, qui semble codée, ritualisée, puisque qu'on précise même le nombre et la nature des animaux à offrir en sacrifice.
Dans ce déroulement, apparemment précis et organisé, se glisse un personnage étonnant. Syméon reçoit l'enfant dans ses bras. Syméon, n'est pas un prêtre, ce n'est pas un scribe ou un docteur de la loi. De Syméon, on dit seulement qu'il est juste et religieux.
Il est soumis à plus grand que la loi, il se laisse conduire par l'Esprit, par trois fois le texte précise sa relation avec l'Esprit Saint. Il croit à ce qui lui a été annoncé : il verra le messie avant de mourir.
Curieusement, je dirai même bizarrement, Syméon se retrouve avec l'enfant dans les bras.
Je peux dire qu'on a tous pris à un moment ou à un autre un nouveau-né dans les bras. On a tous le souvenir des sentiments confus qui se bousculent sur l'instant. C'est si petit, c'est si plein de vie, ça gigote tant que ça va tomber. On tient la vie dans ses bras.
Chez Syméon, rien de cela, il ne fait pas des gouzi-gouzi. Quand Syméon reçoit l'enfant, il lui vient une prière.
Je ne sais pas comment il se trouve que Syméon reçoit l'enfant dans ses bras, mais cela semble naturel, cela semble aller de soi.
Peut-être prenait-il tous les nouveau-nés dans les bras pour voir si l'un d'entre eux était le Christ ? Mais cela veut dire que l'Esprit Saint avait précisé l'âge du messie quand il le rencontrerait. En fait, le texte précise bien que Syméon, ce jour, a été poussé par l'Esprit : "Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple."
Il y a comme une action de la providence, il y a comme un scénario organisé par l'Esprit-Saint. Des personnages éloignés les uns des autres, des inconnus se rejoignent au temple.
Et là, l'un d'entre eux reçoit l'enfant-Dieu dans ses bras. Un scénario, somme toute à la fois extraordinaire et fréquent.
Aujourd'hui, nous tous, sous l'action de l'Esprit Saint, nous nous sommes levés. Nous avons entendu que nous recevrons une consolation, que nous recevrons le Christ dans nos mains.
Nous nous sommes rassemblés, nous qui venons d'horizons différents, nous qui avons des préoccupations différentes, nous qui sommes de tous les âges.
Que va-t'il se passer, ici, à cet autel ? Que va-t'il se passer dans cette liturgie organisée ? Chacun de nous va recevoir dans ses mains le corps du Christ.
C'est fou !
C'est aussi surprenant que l'histoire de Syméon, le papy de la Sainte Famille. Il y a de quoi s'émerveiller quand on prend un peu de recul.
Moi aujourd'hui je partage un repas en frère avec le Christ.
Moi aujourd'hui je tiens dans mes bras le Christ.
Mes yeux voient le salut.
Mes yeux contemplent la lumière du monde.
Dans la confiance, la saine Famille confie l'enfant-Dieu au creux de nos mains, pour nous inviter à les rejoindre.
Ce dimanche, nous sommes incorporés à la sainte Famille. C'est ce qui arrive à Syméon, le papy, il est adopté. Et en grand-père, avec la sagesse qui vient avec l'âge, il prodigue ses conseils aux parents : "Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre."
Comment Marie et Joseph ont accueilli ces paroles ? On ne sait pas, on sait juste qu'ils rentrent chez eux dans le calme et la sérénité d'une famille qui a accompli son devoir. Pourtant, ils ont entendu comme nous, cette prière que beaucoup de chrétiens récitent le soir avant de se coucher :
" Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. "
Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.
Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur./ Luc 2 / Homélie de la nuit de Noël 2020
Ce sauveur, il est annoncé depuis longtemps. Il est annoncé par le grand prophète Isaïe. Vous l'avez écouté dans la première lecture. "Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. »"
Je propose pour cette nuait de Noël que nous nous attardions sur un des qualificatifs qu'Isaïe donne à cet enfant. Cet enfant, qui est né, est Prince de la paix.
La paix, le monde en a bien besoin en cette fin d'année 2020.
La pandémie nous a tous confiné en nous même, dans nos demeures, dans nos villes, dans nos régions, dans notre pays.
Nous assistons au grand repli sur soi. Même les familles se fragmentent, les grands rassemblements familiaux sont malvenus.
Attention, encore une fois, je ne remets pas en cause les mesures barrières qui sont absolument nécessaires. Je ne porte pas non plus de jugement sur les décisions gouvernementales. Mais force est de constater que ces mesures nous isolent les uns des autres.
Or cette nuit, nous célébrons la venue du Prince de la paix dans notre monde. Nous fêtons la naissance d'un enfant au sein d'une famille alors que Rome s'est lancée dans le recensement de la population.
Quelle disproportion ! D'un côté l'administration compte les individus, de l'autre côté, la naissance d'un Fils, d'un Fils unique. D'un côté, on imagine la fébrilité et la suractivité. De l'autre côté on constate la douceur et la paix.
Oui mes amis, au cœur de nos vies agitées par le virus, au cœur de nos inquiétudes liées à la situation économique, le Prince de la Paix s'incarne. Dieu se fait homme pour que l'homme soit sauvé.
Comment chacun de nous accueille cette naissance ? Allons-nous nous replier sur nous même et garder cette extraordinaire nouveauté pour nous ? Allons-nous garder la nouvelle de cette naissance confinée dans nos familles ? Allons-nous limiter la mémoire de cet extraordinaire événement à l'échange de cadeaux au pied du sapin ? Certes, de la joie, il en faut et cela est bon mais ce soir nous sommes invités à aller plus loin.
Pourquoi ne pas nous joindre aux bergers pour adorer l'enfant, le prince de la Paix ?
Ne sommes-nous pas invités à accueillir le Prince de la Paix en vérité.
A la manière dont nous accueillons le Christ, nous devenons nous-même ferment de Paix.
Nous sentons bien ce soir devant la crèche qu'il ne s'agit pas seulement de sourire béatement devant un bébé qui gazouille gentiment, emmailloté dans la mangeoire. L'affaire nous dépasse.
Nous ne pouvons que nous étonner et accueillir.
C'est fou, cet enfant c'est Dieu qui se fait homme. C'est le Père qui offre à son peuple son Fils comme gage de Paix.
Inutile d'essayer d'expliquer, inutile d'essayer de comprendre. Prendre le chemin de l'explication rationnelle, c'est s'engager dans une voie sans issue. Une voie qui nous conduit à nous construire un Christ à notre convenance. Quand nous construisons un Christ à notre seule convenance, inévitablement, il s'oppose à d'autres convenances.
Or le Prince de la Paix s'incarne dans l'humanité toute entière, pour l'humanité toute entière.
Désormais : "Car tous, dans le Christ Jésus, vous êtes fils de Dieu par la foi. En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus. " écrit saint Paul dans sa lettre aux Galates.
Le prince de la Paix n'impose pas son règne, il se révèle aux petits, aux bergers dans la simplicité. Il nous invite à renoncer à nos volontés de puissance et de possession pour laisser venir en nous le ferment de la paix dans la prière.
Dans un instant, deux fois le prince de la paix sera invoqué dans notre prière. Une première fois à l'autel vous entendrez "Seigneur Jésus, tu as dit à tes apôtres je vous laisse la paix, je vous donne la paix." Et ce soir nous vous proposerons d'échanger la paix dans le langage des signes.
La seconde fois nous prierons en chantant : "agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde, donne-nous la paix".
Enfin, nous serons invités à nous approcher de cet autel pour recevoir le corps du Christ dans les mains. Nous serons invités à communier en mangeant l'hostie qui nous sera tendue.
Si dans la prière et l'écoute de la parole, nous nous laissons rejoindre par la paix intérieure que le Père nous offre par le Christ, nous la communiquerons à notre tour à nos proches et surtout à notre prochain.
Paix et joie pour tous, joyeux Noël !
Et l'ange la quitta / Luc 1 26-38 / Une homélie
On nous a dit, vous l’avez entendu comme moi :
*« a force de vouloir comprendre la logique qui régit l’opératoire du monde et des êtres, nous devenons sourds. Etre sourd, c’est comprendre sans entendre. Je connais des enfants qui meurent d’être compris (…) Je connais des adultes qui meurent et qui tuent de vouloir comprendre, tout comprendre. » Denis Vasse, L’arbre de la voix p83
Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas / Jn 1 6-28 / Une homélie
Bonne nouvelle ! Il y a de quoi nous mettre en joie pour ce dimanche de "gaudete" Il y a de quoi se réjouir quand on entend : "Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ;"
Cette chose au milieu de nous, nous éloigne les uns des autres. Nous le voyons bien, ce virus crée des tensions. Je ne veux pas critiquer ici les mesures barrières qui sont d'une nécessité absolue. Mais nous ne pouvons que constater que cette nécessité agit sur nos comportements.
Le week-end dernier, j'étais heureux de voir Xavier franchir le seuil de ma porte et j'ai le réflex de tendre la main. Mais rapidement, ce geste je l'ai réprimé, donnant l'impression que je me méfie de Xavier. C'est comme si je me méfiais de mon ami. Nous avons échangé sur ces gestes qui nous manquent, se serrer la main, se prendre dans les bras pour s'embrasser. Des gestes que nous oublions petit-à-petit et qui pourtant sont si nécessaires à notre vie.
"Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ;" est pour nous bonne nouvelle. Ces mots suscitent en nous la joie.
Le Christ se tient au milieu de nous et il nous cherche. Celui qui se tient au milieu de nous et que nous ne connaissons pas, nous cherche. C'est un leurre de croire que c'est nous qui le cherchons. En effet croire que nous trouverons le Christ, sa paix et sa joie, équipés seulement de nos propres forces est une illusion. Cette illusion peut nous conduire à construire des théories extravagantes. Théories de plus en plus fumeuses. Ce virus qui circule entre nous, nous sépare et crée de la méfiance.
Le monde n'a pas besoin de discours ni de théorie pour s'apaiser. Il a besoin de témoins qui par leurs actes et leurs paroles montrent la présence de celui qui se tient au milieu de nous.
Le monde a besoin de témoins comme Jean le Baptiste qui désignent celui qui se tient au milieu de nous.
Le monde n'a pas besoin d'un Christ construit et modelé à sa convenance mais plutôt de témoins qui suivent celui qui dira plus tard :
"moi, je suis le chemin, la vérité et la vie."
Il se tient au milieu de nous celui que nous ne connaissons pas. Ce "nous" n'a pas de limites. Le Christ qui vient, vient porter la paix à l'humanité toute entière.
Faisons preuve de confiance dans le pouvoir de paix du Christ, ce n'est pas dans la peur et la méfiance qu'un monde en paix se construit.
Pour l'avent, dans le journal de la paix, le mouvement Pax christi nous transmet un message du pape François du 1er janvier 2020 pour la journée mondiale de la paix :
" Le monde n’a pas besoin de paroles creuses, mais de témoins convaincus, d’artisans de paix ouverts au dialogue sans exclusions ni manipulations.
En effet, on ne peut parvenir vraiment à la paix que lorsqu’il y a un dialogue convaincu d’hommes et de femmes qui cherchent la vérité au-delà des idéologies et des opinions diverses.
La paix est un édifice « sans cesse à construire », un chemin que nous faisons ensemble, en cherchant toujours le bien commun et en nous engageant à maintenir la parole donnée et à respecter le droit.
Dans l’écoute réciproque, la connaissance et l’estime de l’autre peuvent se développer jusqu’à reconnaître, dans l’ennemi, le visage d’un frère."
Le virus au milieu de nous est un ferment de discorde, il nous donne à respirer un air confiné.
Le Christ qui se tient au milieu de nous, nous rassemble, nous engage sur un chemin de confiance et de joie malgré toutes les contraintes liées à la crise sanitaire.
Celui qui se tient au milieu de nous et que nous ne connaissons pas, s'est fait homme parmi les hommes.
Et par-dessus tout se réjouit avec les hommes quand des frères se rencontrent
L’esprit
du Seigneur Dieu est sur moi
parce que le Seigneur m’a
consacré par l’onction.
Il m’a envoyé annoncer la bonne
nouvelle aux humbles.
Dominique Bourgoin, diacre.
Deuxième dimanche de l'Avent - Une homélie
La consolation voulue par Dieu va se manifester au cours des temps par ses nombreux bienfaits comme le retour vers la terre promise. La consolation de Dieu s’accomplit par sa venue en notre chair par le corps de Jésus. Jésus dont la parole, les actes, accomplissent la consolation dès son discours des béatitudes à travers lesquelles nous découvrons un Dieu touché par les réalités des souffrances et des aspirations de son peuple.
La consolation suprême viendra par le mystère pascal de Jésus, sa passion, sa mort et le don pour tous les hommes de sa résurrection. C’est la Bonne Nouvelle, l’heureuse nouvelle qui est consolation elle même.
« Je forme le vœu qu’en cette époque que nous traversons, en reconnaissant la dignité de chaque personne humaine, nous puissions tous ensemble faire renaître un désir universel d’humanité. Tous ensemble. […] comme des enfants de cette même terre qui nous abrite.
Si quelqu’un croit qu’il ne s’agirait que d’assurer un meilleur fonctionnement de ce que nous faisions auparavant, ou que le seul message est que nous devrions améliorer les systèmes et les règles actuelles, celui-là est dans le déni » FDC