Ce
séjour des morts où l’on reçoit le contraire de ce qu’auront
été nos vies : le malheur pour une vie de bonheur, le bonheur
pour une vie de malheur, ce n’est pas une promesse, c’est une
parabole.
Nous
sommes ici dans un récit adressé à des pharisiens « amis de
l’argent » dit le texte quelques versets plus haut.
Face
à une parabole, nous avons souvent deux mauvais réflexes :
-
D’abord vouloir décoder qui est qui. On cherche aussitôt où sont
les gentils, où sont les méchants, où est Dieu, et où suis-je
moi-même ?
-
Et puis tirer une leçon de morale… comme si Jésus nous faisait
des fables de La Fontaine.
Mais
Jésus ne fait pas de leçon de morale.
Ici
par exemple les deux personnages disent bien autre chose que « le
méchant riche » et « le gentil pauvre ».
Il
y a trop de détails qui en font des figures bizarres, complexes et
excessives :
(...)
Le
problème du riche, au fond, quel est-il ?
Que
sa richesse lui donne une vie où le pauvre n’existe pas.
Non
pas qu’il le méprise ou qu’il l’ignore… mais que pour lui,
il n’y a pas de pauvre.
Il
est au portail… dehors, hors de sa vie.
Abraham
ne lui reproche rien. Il n’y a pas de leçon de morale là-dedans.
Seulement,
on ne peut pas vivre en vérité sans le pauvre.
On
ne peut pas vivre en vérité sans le pauvre devant nous mais surtout
en nous.
Car
je suis riche.
Je
suis riche d’abord de mon argent…
Mais
je suis riche aussi de mon travail, ou de ma famille, ou des mes
amours, de ma santé, de mes talents, de ma sagesse….
Mais
quel terrible piège que d’ignorer que je suis aussi pauvre et nu.
Ignorer
que je suis blessé et meurtri, que je suis affamé.
Je
suis pauvre de mes lâchetés, de mon mauvais esprit, de mes
mesquineries,
Blessé
par mes deuils, mes échecs, mes silences, mes amours ratés,
Tournons-nous
sans crainte vers notre Lazare intérieur, et pour cela écoutons la
Loi, les prophètes et surtout celui qui est ressuscité des morts.
Notre
service du frère ne peut se fonder ailleurs que dans la lecture
attentive de la Parole de Dieu…
Insister
pour que vous rejoigniez des groupes de lecture, ce n’est pas une
coquetterie d’intello, c’est là que nous poserons les fondations
de nos actions.
C’est
là que nos actions pourront devenir celles du Seigneur lui-même
Car
au bout du compte, n’oublions jamais :
Le
Seigneur donne du pain aux affamés,
Le
Seigneur délie les enchaînés
Le
Seigneur ouvre les yeux des aveugles
Le
Seigneur redresse les accablés
Le
Seigneur protège l’étranger
Le
Seigneur soutient la veuve et l’orphelin
╬ Amen
Sylvain, diacre