Revenez à moi de tout votre coeur ! / Un texte de JP Duplantier


Si le Seigneur nous appelle à revenir à Lui, c’est que nous étions partis. Et si nous sommes partis, c’est qu’avant nous étions avec Lui. Depuis quand nous sommes pris dans cette histoire ? Depuis le commencement. Depuis que Dieu a dit : Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance… et pas seulement une espèce d’animal parmi d’autres, plus évolué parce qu’il pense.
L’acte premier de cette soif de Dieu pour les hommes fut de nous parler. Cet amour premier inscrit au plus profond de l’homme, au plus secret de sa chair, l’énergie de cette tendresse de Dieu. Chaque homme peut être lié à la valeur des objets qu’il acquiert, et à la place qu’il cherche à tenir au milieu des autres,  mais il est d’abord lié à la parole que Dieu lui adresse. La dynamique native de la condition humaine est la soif que Dieu a pour nous.
         Mais pourquoi nous faut-il alors entrer dans le carême par l’imposition des cendres et la parole qui va avec : « souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière » ?
L’amour ne s’explique pas. Il nous arrive et nous transforme. Jésus-Christ est le chemin, la vérité et la vie de la soif de Dieu pour les hommes. Jésus est venu dans le monde et il est allé vers son Père. Son parcours, si l’on peut dire, commence avant sa venue sur terre et va au-delà de ce que nous pouvons nous représenter. Il est venu dans le monde, il est passé parmi nous en faisant le bien, il est mort et il est ressuscité. Il est, dans l’histoire des hommes, l’éruption volcanique du propos amoureux de Dieu de faire de nous ses enfants.
L’écouter, croire en Lui et le suivre, c’est vivre dans le monde, dans le temps et les conditions historiques qui nous sont fixées, comme engendrement des fils de Dieu, à son image et à sa ressemblance.
C’est pourquoi il nous est rappelé au début du carême que le temps de la vie que nous connaissons est limité : nous avons été tirés de la terre et nous y retournons. Il en est ainsi parce que ce temps est celui de la germination de la terre : la vie de l’homme est celle que Dieu a semé ; elle y pousse, que nous veillions ou que nous dormions ; elle porte l’épi puis le grain. Et quand vient le temps de la moisson, le grain est engrangé par Dieu et la paille est brûlée.
C’est un enfantement douloureux. Car nous sommes dans le monde, attachés à ses idoles, habitués à ses mirages, en pensée, en action et en omission, soumis à des addictions de toutes sortes. Aveugles et sourds en pratique à l’œuvre de Dieu dans le monde.
Revenir à Dieu c’est reconnaître le travail d’enfantement de Notre Père qui est aux cieux aujourd’hui dans le monde, dans le ventre de notre terre maternelle.
Tous les hommes, aujourd’hui comme hier, pressentent  ou savent que « nous ne sommes pas d’ici ». Bien des gémissements et des larmes des hommes ne viennent pas seulement de l’enthousiasme déçu, de l’interminable échec de leur vouloir tout maîtriser, ni du mal vivre des faibles. La plainte des hommes vient de ce que la soif de Dieu nous a impacté d’origine et définitivement. C’est cette soif de Dieu pour les hommes qui coule dans les veines des croyants.
Notre foi en Christ est donc une pratique. Une pratique qui refuse de souhaiter  la mort de qui que ce soit, ennemi compris. Une pratique qui résiste, au quotidien, à toute injustice qui paralyse, éteint ou dévore la puissance de vie que Dieu a semée et cultive en chaque homme. Une pratique qui témoigne dans le monde que vivent des hommes et des femmes chez lesquels la soif de Dieu pour les hommes a pris le commandement de leur désir.
Jean-Pierre Duplantier

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