Qu'est-ce qu'on fête ? / Fête de l'église sept 2017

La communauté évangélisatrice, joyeuse, sait toujours « fêter » (Pape François Jdl'Ev n°24)

- Qu'est-ce qu'on fête ?
- Je n'en sais rien... la joie d'être ensemble.

- Un peu comme la fête du club de boulistes ? Ou comme la fête de l'association des amis de la nature ? Une manière de bien manger en rigolant pour resserrer les liens et marquer le début de la nouvelle saison d'activité...
- Pas tout à fait... manger et rire, ça oui... pas sûr qu'il y ait à manger pour tout le monde, mais le rire ne manquera pas. Mais ce n'est pas un groupe comme les autres. En fait, nous ne sommes pas amis.
- !!??
- Enfin ce n'est pas parce que nous sommes amis que nous nous rassemblons pour faire la fête. Nous sommes frères, ce n'est pas la même chose. Les amis, ça se choisit, les frères, on les reçoit... on fait avec ceux que le Père nous donne. Des amis, on en a évidement ici quelques-uns, mais aujourd'hui, c'est une fête fraternelle.
- Je sais bien que vous faites semblant. « Frères », c'est un mot qui vous arrange bien pour cacher les tensions et les désaccords. C'est du beau vernis !
- Dans la bible, les premiers frères ne rigolent pas ! Caïn tue Abel par jalousie. Être frère, c'est une chose sérieuse. On n'emploie pas ce mot à la légère. Ce serait du vernis, du sucre, si c'était nous qui avions décidé un jour de nous nommer « frères », mais c'est un autre qui nous appelle « frères », un qui vient pour nous révéler un Père, « Notre Père ». Du coup, on ne peut plus tricher. Nous sommes frères, nous le sommes en Vérité, mais c'est vrai que nous avons bien du mal... La fête, elle sert à ça : à nous rappeler que nous sommes frères, qu'on le veuille ou non !
Le Christ et l’Eglise nous donnent un repère qui nous rappelle cette fraternité : c'est l'autel.
- Voilà donc qu'on fête l'anniversaire d'un caillou !?
- En quelque sorte oui ! Mais pas parce que c'est intéressant que ce caillou ait 10 ans, mais plutôt parce que cette pierre, ce rocher qui pour nous est une figure du Christ, nous accompagne depuis 10 ans, et qu'en 10 ans, nous avons fait de la route avec lui...
- De la route avec un bloc de pierre de 4 tonnes ?!
- Oui, une sacrée route même. Il nous a déplacés, il nous a nourris, on y a puisé nos forces, notre Joie, notre consolation, notre pardon, notre paix. C'est ça qui se fête, ce n'est pas la mémoire d'un événement passé qu'on ressasse, c'est dire merci pour les fruits.
- Les fruits d'un bloc de pierre ?
- Ils sont innombrables, nos yeux doivent apprendre à les reconnaître et nos lèvres à rendre grâce.
- Mais puisque vous voilà rassemblés et que ce n'est pas si souvent, pourquoi ne pas en profiter pour parler des pauvres ? Pour lancer des appels ? Et si vous n'avez pas ce courage, au moins pour faire des appels pour toutes les instances de la paroisse qui sont en souffrances... elles ne manquent pas ?
- C'est une vrai question... on se l'est posée sérieusement et ça n'a pas été facile d'y répondre, et peut-être qu'on n'a pas donné la bonne réponse. Mais non, aujourd'hui, il n'y aura pas d'appel pour telle ou telle situation, pour telle ou telle cause, même si les situations sont dramatiques, même si les causes sont justes. Ça peut paraître absurde, dommage ou lâche... mais aujourd'hui, on fait le pari que pour que ces appels soient entendus en leur temps, pour qu'ils portent du fruit, il faut d'abord préparer le terrain, nourrir les cœurs. Aujourd'hui, on prend soin de notre lien fraternel, on prend soin de la Joie. Et quand les appels seront lancés, et ils le seront très vite, peut-être qu'ils seront mieux entendus. Sans lien fraternel, on ne peut pas aider, on n'a pas ce qu'il faut pour aller vers l'autre, pour « sortir »...
- C'est une fête de fous !
- Absolument !! Quand le Christ entre dans nos vies, quand il se glisse entre nous, pour peu qu'on le laisse faire, le monde s'ouvre, rien ne tourne plus comme avant. Mais « ce qu'il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi »... alors aux fous de rendre grâce !

Matthieu 20 1-16 / La bonté du Seigneur est pour tous / Une homélie

La Parole de Dieu proposée ce dimanche nous place apparemment devant de multiples contradictions et dans des situations paradoxales. Isaïe, le psaume, et St Paul nous proposent un chemin qui nous permet de ne pas comprendre l'Evangile à l'envers.
Déjà Isaïe nous averti. Non Dieu n 'est pas comme nous pourrions l'imaginer« Autant le ciel est élevé au dessus de la terre ,autant mes chemins sont élevés au dessus de vôtres et mes pensées au dessus de vos pensées. » Cette distance infinie qui sépare le ciel et la terre est une image très parlante pour nous dire que Dieu décidément est le Tout Autre

. Et pourtant ce Dieu est aussi tout proche.
« Cherchez le tant qu'il se laisse trouver. Invoquer le tant qu'il est proche. » Déjà la nous risquons le contre sens. Faut il entendre « dépêchez vous où il pourrait s'éloigner » Il n existe pas le temps où Dieu ne se laisse pas trouver ; le temps où Dieu ne serait pas proche. Voilà comment les artisans de la Bible œcuménique ont traduit « Cherchez le Seigneur puisqu il se laisse trouver . Invoquez le puis qu il est proche. » C' est toujours nous qui nous éloignons de Dieu
« Le seigneur est proche de ceux qui l'invoquent, de tous ceux qui l'invoquent en vérité. (Psaume) Et enfin Saint Paul tiraillé entre le ciel et la terre proclame «  le Christ sera glorifié dans mon corps. » Y at il une plus grande proximité.

Dans l'Evangile du maître de vigne Jésus ne propose pas,un modèle économique ou une méthode de management mais il met l'accent sur l'agir de Dieu et sur le Royaume. Il y a à nos yeux de la démesure dans cette parabole pour révéler le visage de Dieu qui nous aime avec démesure.Il y a surtout de l'infini, de l'Absolu. ( transcendance)

Dans la scène d'embauche il y a un glissement étonnant dans la catégorie des appelés ; Si les premiers semblent liés par une sorte de contrat, les suivants sont tout simplement invités par ces mots « Allez , vous aussi à ma vigne. » Le Seigneur appelle sans distinction, et non au mérite ou selon des compétences. D ailleurs le maître ne dit rien du travail lui même.
Jésus nous présente un Dieu dont seul souci est d'appeler et d'accueillir dans son royaume. Car la vigne c est le Royaume, oui, et aussi partout où vivent des hommes.Chacune et chacun d'entre nous est appelé à être membre du Royaume.
« Allez vous aussi à ma vigne » Nous l' entendons pour nous aujourd'hui. Dans cette parabole et dans tout l'Evangile il nous dit qu'aucune de nos infidélités ne lasse la fidélité de Dieu et qu'il attend l' heure où nous serons enfin prêts à rejoindre ceux et celles qui travaillent à sa vigne.
L'amour absolu du Père, sa tendresse et sa miséricorde passent aussi par nos mains, nos yeux, notre cœur. Le moment est là de nous demander comment nous pouvons faire vivre le Royaume d abord dans le petit arpent de vigne qui est le nôtre : dans nos familles, dans notre société, mais aussi dans l’Église qui est le signe du Royaume.Ceux qui déjà y travaillent pourront être rejoints à toute heure si l'appel du Seigneur résonne en vous.
Le moment est bien choisi au début de cette année scolaire, pour entendre l'appel et chercher comment nous mettre au service, y compris dans la paroisse.Les chantiers autour de nous, dans la société et dans l'Eglise sont nombreux et il n est jamais trop tard… Le Seigneur nous appelle non à être des consommateurs, mais des ouvriers ;, et mieux des serviteurs.
Si l''Evangile nous rappelle que nous sommes appelés il souligne fortement aussi que nous ne pouvons travailler à la vigne que si nous y sommes envoyés. « Allez à ma vigne »  est un envoi Il y a urgence pour chacun de discerner avec humilité et obéissance et de se poser la question «  Où le Seigneur m'envoie t il ? » Ce qui est sûr c'est qu il m'appelle et m'envoie pour que je prenne ma part… là où Il a besoin de moi.

Reste cette épineuse question de la rémunération.Le comportement économique du maître vigneron et son salaire unique .est déroutant, et bien sûr ne peux pas servir de modèle social.Mais ne sommes nous pas à la fine pointe de la parabole et de la Révélation de Dieu.
La parabole nous ouvre dans notre rapport avec Dieu et entre nous à quelque chose qui s'approche du don , de la gratuité.Il s agit de la grâce.
Savons nous reconnaître que Dieu est juste et bon. Savons nous ouvrir nos yeux, notre esprit à cet autre monde : celui de la gratuité, celui de la grâce.
L'amour gratuit du Seigneur, la grâce du Seigneur nous inondent. Nous allons communier au même corps, au même sang du Christ quelle que soit notre ancienneté ou pas dans la vigne, sans que soit pris en compte un quelconque mérite ou un rang d'entrée dans le Royaume.
Sur l'autel Jésus nous donne sa vie et nous sommes associé à sa mort et à sa résurrection. Ce don est gratuit .
Acceptons d'être appelés et envoyés par le Seigneur pour faire l'expérience du service comme une grâce, un bonheur, une plénitude pour annoncer et témoigner que

« La bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse pour touts ses œuvres. »

Robert Zimmermann

La bénédiction des cartables... et des conseils / Septembre 2017

Dimanche 10 septembre, lors de notre premier grand dimanche de l'année scolaire, le père Jacques Faucher invité à prêcher la récollection des membres des différents conseils de la paroisse, a bien voulu donner la "bénédiction des cartables". 
C'est une initiative que de plus en plus de paroisses mettent en oeuvre dans cette période de rentrée scolaire. 
L’église s’intéresse à tout ce qui fait la vie de l’homme. La scolarité en fait partie et le cartable en est le symbole.

En 1984, l’Eglise a édité « un livre des bénédictions » qui propose plus de 80 formulaires courant tous les domaines de la vie : les personnes, les activités humaines, les objets de culte et de dévotion.
Et là, ce sont bien les écoliers et non pas leurs cartables qui sont au centre du rituel

Pas de promesse de miracle ou de bonnes notes assurées sans même ouvrir un livre ou un cahier !

L’idée est d’encourager les enfants à être respectueux de leurs professeurs, attentifs à leurs camarades de classe, à prendre soin de leurs outils de travail et du bien d’autrui.
Une façon de rappeler que le Seigneur accompagne chacun dans toute sa vie même à l’école
J’ai reçu des dons du Seigneur et je vais pouvoir m’en servir toute l’année.
Voici le texte de cette bénédiction :

• Nous te bénissons humblement, Dieu tout-puissant
toi qui éclaires les hommes et les femmes
et les incites à pénétrer les mystères de ta création
pour mener ton œuvre à son achèvement.
Regarde avec bonté, Seigneur,
ceux qui se serviront de ces cartables et de ces smartphones
fruits d’un travail long et minutieux.
Fais qu’ils servent la vérité,
qu’ils favorisent la charité,
qu’ils défendent la justice,
qu’ils répandent la joie,
qu’ils communiquent le respect des plus petits,
qu’ils aident à renforcer, entre tous les humains,
la paix et l’amour que le Christ Jésus est venu nous apporter.
Lui qui règne pour les siècles des siècles !

Amen !

• Que le souffle du Dieu créateur de l’univers
inspire notre intelligence et notre cœur
de façon à mieux le connaître
et à travailler avec force et ténacité
pour promouvoir la vérité et la paix entre tous les humains
au service de tous les vivants
et de la création toute entière !

Amen !

Enfin les membres des trois conseils de la paroisse : Conseil Pastoral, Equipe d'Animation Pastorale et Conseil Economique ont reçu cette bénédiction :

Trinité Sainte bénis les membres des trois conseils de la paroisse
membres de l’Équipe d’animation pastorale,
du Conseil pastoral
et du Conseil économique.
Ils se réunissent aujourd’hui pour mieux servir leurs frères
au nom de ta volonté sainte.
Donne-leur d’être au service du bien commun
du secteur pastoral de Gradignan
et de l’ensemble pastoral de Bordeaux-Sud.
Pour être toujours davantage au service
du corps glorieux que tu fais naître,
donne-leur d’être à l’écoute de ta parole
de prier et de célébrer les sacrements que tu nous donnes
de partager les joies et les espérances,
les tristesses et les angoisses de leurs prochains,
et surtout des plus faibles et des plus éloignés.
Amen !

• Et vous tous ici rassemblés,
Que Dieu tout-puissant vous bénisse,
Le Père, le Fils et le Saint Esprit !

Amen !

Passe derrière moi, Satan ! / Matthieu 16 21-27 / Une homélie

"Passe derrière moi, Satan !" ces mots de Jésus sonnent étrangement cette année. Ce sont presque les mots prononcés par le père Hammel avant son martyre.
C'était il y a un peu plus d'un an que des meurtres au cœur de l'Eucharistie ont été commis. Des meurtres commis à cause de la résurrection de Jésus, et on peut penser que le père Hammel se met à la suite du Christ quand il dit "va-t'en, Satan."
Le père Hammel chasse Satan comme le Christ fait l'injonction à Satan de passer derrière lui.
Et oui ce que nous dit l'Evangile de ce dimanche, c'est que le Christ est le vainqueur du mal et qu'il le soumet à sa volonté. "Passe derrière moi, Satan !" Jésus prend la tête et conduit son peuple vers le salut.
C'est Pierre qui fait les frais de l'injonction de Jésus. A peine un instant après que celui-ci lui ai dit : "Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux."
Pierre est donc capable du bien comme du mal. Mais en lui comme en nous tous, ce n'est pas le mal qui a le dernier mot. Ce qui obéit à Satan passe derrière.
C'est la part qui appartient à Dieu qui au final triomphe. C'est cette part qui ressuscite. C'est ce qui nous échappe et qui s'anime à l'approche du Seigneur qui le rejoint dans le royaume.
Tout cela se fait au-delà de nous, malgré nous, ce qui appartient à Dieu revient à Dieu. N'oublions pas que nous sommes tous créés à l'image de Dieu.
Que deviennent ces deux terroristes qui ont martyrisé le père Hammel ? Je ne le sais pas, peut-être qu'ils ont rejeté tout entier la petite part en eux qui est de Dieu et qu'en pleine conscience ils sont passés derrière.
Mais peut-être aussi que ce mal qui les avait envahi est passé derrière et qu'ils ont accueilli le pardon de Dieu. Personne ne sait.
Mais alors si tout se fait malgré-nous, à quoi bon prendre sa croix et suivre le Christ ?
Il y a deux raisons à prendre sa croix et à suivre le Christ.
La première tient au fait que la croix c'est le lieu où est mort Jésus. Nous savons que nous aussi nous ne pouvons échapper à la mort. La résurrection nous sommes tous d'accord mais pour cela, il nous faut accepter de passer par la croix. Même si c'est inéluctable, ce que nous demande Jésus c'est extrêmement difficile. Personne ne sait comment il réagira, personne ne sait comment ont réagi nos proches qui ont franchi ce passage. Toujours est-il que ce que nous demande Jésus c'est de prendre sa croix. Prendre sa croix, c'est accepter sa propre finitude dans tout ce qu'on est, c'est accepter qu'une part de soi est appelé à suivre le Seigneur quoi qu'il arrive.
Mais il nous demande aussi de le suivre car il nous appelle à contempler la croix vide, une croix glorieuse qui après le passage est symbole de vie.
La seconde raison c'est donc de suivre le Christ. Suivre le Jésus, mettre ses pas dans les siens. Essayer de regarder avec le regard de Jésus. Essayer d'écouter avec les oreilles de Jésus. Essayer de toucher avec les mains de Jésus.
Tout cela c'est déjà goûter à la béatitude du royaume des Cieux.
Qui peut nier que quand passe le Seigneur, la joie envahit notre corps, alors pourquoi ne pas favoriser le passage du Seigneur en se mettent à la suite du Christ pour guetter sa venue comme le fait le psalmiste dès l'aube.
Cela a pour effet de développer cette part en nous, cette part au creux de notre chair, cette part qui appartient à Dieu, qui est l'image de Dieu, qui porte imprimée en elle l'empreinte de Dieu.
Et cela oblige Satan à passer derrière, à s'effacer, à reculer.
C'est ainsi, en répondant à l'exhortation de Paul que nous sommes invités à sacrifier toute notre personne en offrande sainte.
Car Paul est celui qui a compris dans sa chair en quoi consiste prendre sa croix et suivre le Christ.

Je t’ai contemplé au sanctuaire,
j’ai vu ta force et ta gloire.
Ton amour vaut mieux que la vie :
tu seras la louange de mes lèvres !



Amen !

Dominique Bourgoin, diacre.

Matthieu 15 21-28 / Des miettes / Une homélie

(...)
Jésus passe, la cananéenne crie vers lui, et il se tait.
Ce silence, il nous scandalise.
Comment peut-il se taire devant la détresse de cette femme ?!
Comme si ces cris ne le concernaient pas ?

Comme nous l'affirmons chaque dimanche dans la foi, l'Evangile est pour nous « Parole de Dieu ». Et si Dieu parle, c'est à nous qu'il s'adresse.
Jésus n'est pas un gentil héros de conte de fée, un personnage de roman dont on nous lirait un extrait des aventures chaque dimanche...
Nous oublions trop souvent, que jésus nous échappe, qu'il n'est pas ce que nous voulons qu'il soit, que ses pensées ne sont pas nos pensées et qu'il est plus grand que ce que nos sensibilités en font...
Ce silence, il est aussi et d'abord pour nous.
Pas pour que nous nous scandalisions à peu de frais pour la cananéenne, qui n'est qu'une femme de texte, mais pour scruter en nous l'effet qu'il produit.
Ce silence, Jésus a l'air de dire qu'il a à voir avec l'enjeu de sa mission, qu'il en va de l'accomplissement de la promesse, une histoire de brebis perdues...
Pour nous, comme pour cette femme, lire et interpréter ce silence est une affaire de foi.
Ce silence, si rude à nos oreilles, est le prélude nécessaire à ce qui va sauver cette femme : la révélation de sa foi à elle-même.
Après ce silence, quand elle revient, sa demande s'est déplacée : il n'est plus question de sa fille, il n'est plus question de David, il n'est même plus question de pitié, ce n'est plus qu'un appel au secours...
Le silence de Jésus a fait du tri, il a fait tomber le surplus, comme on purifie par le feu. 

« Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens » 
Mais qui sont ses enfants ? Quel est ce pain ? D'où sortent ces petits chiens ? Jésus, à son silence, semble ajouter de la rudesse... mais cette phrase reste une énigme.

Loin de se scandaliser comme nous, la femme se saisit de cette phrase, elle s'en saisit et elle l'interprète, et elle en donne sa lecture...
- les enfants deviennent les maîtres, mais qui est le maître de cette femme si ce n'est son enfant ? Son enfant en danger pour lequel elle est prête à tout ?
- Elle construit un espace en inventant une table avec un dessus et un dessous,
- Dessus, elle place les maîtres et leur pain.
Mais elle sait qu'il n'est pas possible de manger du pain sans faire des miettes.
- Dessous, elle glisse les petits chiens.
Ils ne retirent rien à personne, ils se saisissent de la part qui tombe inévitablement.
Comme les petits chiens dont elle assume la figure, elle ne mendie pas les miettes, les miettes, ça ne se donne pas, ça tombe tout seul, ce n'est la part de personne, c'est à peine une part.

La grande foi que Jésus lui révèle et qui fera que « tout se passera pour elle comme elle veut », c'est sa capacité à entendre... le silence comme les mots.(...)
Notre foi, elle est ce qu'elle est, ce n'est pas à nous de la mesurer, mais saisissons-nous de cette histoire de miettes : 
Quand dans nos vies nous avons l'impression que Jésus passe en silence, qu'il est sourd à nos appels, que notre détresse semble ne pas le concerner ~ réjouissons-nous des miettes... 
Quand nous avons l'impression d'être toujours « à côté », mis à part de la promesse, sous le poids des histoires de nos pères ~ réjouissons-nous des miettes...

La grande foi de cette femme, le cadeau qu'elle nous fait, à nous, c'est de nous rappeler qu'il ne peut pas y avoir de pain rompu sans qu'il y ait des miettes...
La part minuscule, la part insignifiante, la part perdue, celle qui tombe d'elle même, celle qui ne nourrit pas mais qui porte toute consolation,
c'est la part certaine, elle ne nous fera pas défaut, nul ne peut nous la refuser.
Jésus le sait qui se fait miette lui-même, pain rompu, pour nous et pour le salut du monde. 
Amen
Sylvain diacre