JOIE DE PÂQUES ! 2 - Un texte de Marie-Philomène

L'Eglise ouvre le livre et se souvient
La semaine sainte : des gestes, des mots.
Les rameaux : assis sur un âne, Jésus Christ entre dans Jérusalem. Hosannah.
Jeudi saint : le pain, le vin, le lavement des pieds "Faites ceci en mémoire de moi"
Vendredi saint : 7 paroles de Jésus Christ et il rendit l'esprit. "Père, entre tes mains je remets mon esprit."
Samedi saint : il descendit aux enfers. Le feu se répand dans la nuit.
Dimanche de Pâques : le 3° jour il ressuscita des morts. Le tombeau est vide. Résurrection.

Voici notre foi. Voici ma foi.
Il est né, mort pour nos péchés, ressuscité d'entre les morts, monté au ciel et il reviendra.

La semaine sainte :
Je retiens mon souffle. Jésus sait ce qui l'attend dans les jours prochains. Moi aussi je le sais parce que chaque année, "l'Eglise ouvre le livre et se souvient". Je marche derrière Jésus. J'observe. J'écoute. Les mêmes textes. Les mêmes protagonistes. Les mêmes peurs. Les mêmes cris. Et la vie de chacun est bouleversée, changée. Le Fils meurt sur la croix. Au pied de cette même croix, une mère accueille un fils et un fils prend chez lui une mère. Nous devenons frères de Jésus Christ.

Par amour, il a tout subi. La trahison, la haine, l'humiliation, les crachats, la souffrance ; Il a tout supporté par amour pour tous les pêcheurs.

Cette semaine qui nous a été donnée à vivre va crescendo. Un rameau béni se retrouve dans notre maison, l'eucharistie du jeudi saint nous nourrit, la croix du vendredi saint nous fait mal, nous ouvre les yeux et le cœur, nous fait contempler l’amour qui se donne, et enfin, le feu du samedi saint nous réchauffe. Ce feu qui dit Jésus Christ Vraie lumière.

Aujourd'hui :
Je ne comprends pas tout. Je comprendrai plus tard. Mais je crois que Jésus a pu accomplir tout ça parce qu'il était l'oint du Seigneur, le Christ. Et moi, je suis envoyée dans le monde pour témoigner de ce que j'ai vécu avec lui.

MP Bourgoin.

Oui,
le Christ est vraiment ressuscité !
Alléluia.

JOIE DE PÂQUES ! 1 - Un texte de Julie et Olivier

Pâques, c'est la fin de l'attente, la joie de retrouver le Christ, la lumière qui jaillit.
Pâques, c'est aussi le mystère de la Foi qui devient prégnant.
Ma raison vacille : le doute et la confiance en l'Évangile s'entremêlent.
Le chemin parcouru depuis mon baptême me semble soudain si court : il me reste encore tant à découvrir.
 Suis-je capable d'ouvrir pleinement mon cœur pour accueillir la Bonne Nouvelle ?
Je me sens désarçonné.
Heureusement le Christ est là devant moi, il m'ouvre ses bras. Je me laisse envahir de son Amour, mon esprit s'apaise.

Oui, 
le Christ est vraiment ressuscité ! Alléluia.
Julie et Olivier

Un regard sur la semaine sainte 2019

Jeudi saint, lavement des pieds
 
nuit au reposoir
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Vendredi Saint, Office de la Passion
 Prière devant la Croix

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 Veillée Pascale
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Laudes de la Résurrection

Dimanche de Pâques / Jn 20 1-10 / Une homélie

Le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !
Il y a, à la surface de notre terre un tombeau vide
Il y a dans l’histoire du monde un tombeau vide
Il n’y en a qu’un, un seul, unique.

Jésus est mort
Mort en vérité, mort pour de bon, il n’a pas fait semblant, il est mort dans sa chair comme nous mourrons dans la notre.
Sa mort était la mort de tout homme : son corps s’est affaissé, le sang a coulé de ses blessures, son cœur s’est arrêté de battre et c’est un cadavre qui a été déposé dans ce tombeau.
Mais ce matin, le tombeau est vide.
Mais sur celui-là la mort n’a pas eu prise, désormais, la marche normale et naturelle des choses et du monde est enraillée.
Ce matin ouvre un temps nouveau, un temps où la mort n’est plus ce qu’elle était, un temps où la mort n’a plus le dernier mot, un temps où la mort ne règne plus sur nos vies.

Parce qu’il y a un tombeau vide
Ce vide creuse le monde définitivement d’un trou que nul ne peut plus refermer.
Cette absence, cette minuscule absence, un corps dans un tombeau, est le plus grand séisme de l’histoire du monde.
Ce que nous savions avec certitude : que la mort gagne toujours à la fin, qu’elle est la limite définitive et implacable, ce que nous savions sans l’ombre d’un doute, s’effondre.
Nous ne savons plus ce que c’est que la mort !
Et si la mort n’est plus la mort, tout notre monde est remis en cause avec elle.
Alors, nous ne savons plus ce que c’est que vivre,
nous ne savons plus ce que c’est qu’un corps
Et puisqu’on ne sait plus ce que recouvrent ces mots, c’est que le langage lui-même est désormais ouvert…
Parce qu’un tombeau est vide, parce qu’il fait un trou dans le monde.

Voilà deux hommes qui courent vers ce tombeau vide.
Pierre et le disciple que Jésus aimait… On nous dit Pierre et Jean, non, si l’évangile ne nomme pas ce n’est pas pour que nous le fassions à sa place.
Laissons « le disciple que Jésus aimait »
L’un arrive avant l’autre. On nous dit, il est plus jeune… mais qui connaît la date de naissance des disciples ? Qui nous a donné leur âge ? Nous n’en savons rien.

Il suffit de lire : le disciple que Jésus aimait arrive avant l’autre…
Si il court plus vite que l’autre, c’est justement parce qu’il est le disciple que Jésus aimait !
C’est cet amour qui le fait courir plus vite
C’est cet amour son moteur, son énergie, sa jeunesse
Il arrive en premier parce qu’il est aimanté par l’amour

En fait il n’arrive pas le premier, car c’est Marie-Madeleine qui est là dans la nuit, avant tous les autres.
Alors si c’est l’amour de Jésus qui attire ceux qu’il aime, probablement que Marie-Madeleine est plus aimée encore que le mystérieux disciple !

Pierre entre dans le tombeau, il fait l’inventaire, et il rentre chez lui.
Le disciple aimé, le disciple aimant, le disciple aimanté, entre aussi : « il vit et il crut »
Pas d’explication, pas d’enquête policière, pas de recherche d’empreintes… il voit et il croit.
Il croit quoi ? Il croit.
Il devient un croyant, il devient un homme de foi
Il croit que le Christ est ressuscité

Et nous là-dedans ?
Nous qui nous plaignons de ne rien voir, nous qui nous plaignons de ne pas comprendre….
Mais le disciple que Jésus aimait qui est-ce, si ce n’est chacun de nous ?!
Qui d’autre a-t-il aimé si ce n’est chacun de nous ?!

Nous voulons voir...
Ce disciple qui court si vite, il ne voit rien de plus que nous, tout simplement parce qu’il n’y a rien à voir !
La résurrection ne donnera rien pour nos yeux !
« Il vit et il crut », il vit rien, il vit l’absence, il vit qu’il n’y avait plus rien à voir dans un tombeau, il vit et il crut.
Nous voulons comprendre…
Ce disciple qui coure si vite, il ne comprend rien de plus que nous, il croit.

l’amour qui nous fera courir vers lui, l’amour qui nous fera voir en vérité, l’amour qui nous fera croire, c’est le sien !
Le disciple que Jésus aimait, ce n’est pas le disciple qui aimait Jésus !

Pourquoi sommes-nous venus ce matin ?
Nous ne sommes pas venus parce que nous le voulions, parce que ça se fait, parce que nous sommes de bons chrétiens, ni parce que nous aimons Jésus, nous sommes venus parce qu’il nous a attirés à lui, c’est lui la force qui nous attire.
« Quand je serai élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi »

Ne soyons pas des disciples qui traînent la patte !
Même boiteux, même en béquilles, même cloués au lit, nous sommes encore les vainqueurs de la course ! Parce que nous sommes éperdument aimés de Dieu !

Le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !
« si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine » dit Paul
Si nous ne croyons pas que le Christ est ressuscité, nous sommes ici pour rien et tout ça n’a pas de sens !
Ce qui nous fait tant souffrir : le clergé défaillant, les évêques déboussolés, les cathédrales qui brûlent, rien de tout ça ne doit nous faire oublier que le tombeau est vide.
C’est là que notre foi se fonde, que notre Joie est intacte, et nul ne peut nous la ravir.

Si pour croire, nous attendons de voir, si nous attendons de comprendre, nous ne sommes pas seulement des disciples paresseux, nous sommes des disciples qui refusent de se laisser aimer !

Laissons-nous faire, ne remplissons pas le tombeau qui s’est vidé
Eclatons en Alléluia, c’est le cri de ceux qui courent vite !
Que notre Joie soit pleine, le Christ est ressuscité,

Amen Alleluia !
Sylvain, diacre

L'homélie de la Veillée Pascale 2019

Le moment est venu de rendre grâce.
Nous ne pouvons pas dire que nous ne le savions pas.
Dieu a fait alliance avec l’humanité. Cette alliance s’est accomplie en Jésus Christ qui est mort et ressuscité pour nous sauver.
Depuis notre rassemblement autour du feu dans la nuit nous venons de vivre une longue traversée, de la création à la résurrection, comme un chemin de lumière tracé dans notre humanité.
La Bonne nouvelle c’est que le Christ nous a rejoint dans toutes nos nuits.
Nous pouvons rendre grâce pour la patience et la fidélité de Dieu.
Rendons grâce aussi pour nous tous rassemblés, et vous pour qui allez être baptisés : Bastien, Clara, Martina et Pony
Votre patience pendant près de deux ans de cheminement et encore ce soir au cours de cette célébration, vous qui êtes dans l’attente de votre baptême et de votre première communion.
Avec vos familles, et nous tous ici rassemblés vous allez vivre LA rencontre.
Le Christ vient partager le tragique de nos existence pour y apporter la lumière et la vie.
Au début de cette semaine sainte, pour certains au sortir de la messe chrismale, nous avons été saisis par le tragique incendie de la cathédrale de Notre Dame.
Dans un des multiples reportages j’ai entendu un journaliste connu, s’excuser d’avoir prononcé le nom de Jésus et celui de la Vierge Marie. Il s’excusait d’avoir fait une entorse à la notion de laïcité, qui, lorsqu’elle est mal comprise écarte tout ce qui concerne la foi ou la rend suspecte. Mais les médias n’ont pas hésité à montrer des foules recueillies en prières.
Ces femmes et ces hommes ne priaient pas pour des pierres, même si chaque pierre, venue de la terre est indispensable pour la construction du grand « corps » qu’est une cathédrale. Les chrétiens s’adressaient au Seigneur car comme toutes les cathédrales et toutes les églises notre Dame de Paris est le signe d’une présence, ce lieu est habité.
Voilà pourquoi tant d’humains sont touchés par la blessure qu’elle a subie.
La présence dont je parle c’est, vous l’aurez compris, la,présence divine, la présence de l’Esprit.
Vous ne l’ignorez pas, nous sommes nous aussi habités par l’Esprit...
Tout humain est à l’image et à la ressemblance de Dieu ( genèse).
Au moment de notre baptême sous sommes configurés au Christ qui marque notre être . Par notre baptême nous devenons sacramentellement et mystérieusement présence du Dieu Vivant.
Le crucifié n’est pas dans un cimetière il est debout, il est vivant et il nous précède et nous appelle à le suivre. (Evangile). Voilà pourquoi en cette nuit nous laissons éclater notre joie.

Ce soir elle est pour vous cette parole « Tu es mon fils bien aimé, en toi j’ai mis toute ma tendresse »
Dans un instant chers catéchumènes, vous allez rejoindre l’assemblée des baptisés. Comme eux
vous serez plongés dans la mort et la résurrection du Christ, et entrer dans la Vie de Dieu
Vous allez recevoir l’Onction de St chrême, pour vivre avec la force de l’Esprit Saint
Vous allez devenir une créature nouvelle, en revêtant le Christ, ceci symbolisé parle vêtement blanc
Vous allez devenir porteur de la lumière du Christ.
Et puis vous recevrez son corps et son sang en nourriture ALLELUIA : ALELUIA
Bien sûr tous nos Alleluia , si vibrants soient-ils, n’éviteront pas les nuits dans nos vies, ils ne couvriront pas les pleurs des malheureux, le cri des exclus, le silence des victimes d’abus ou d’injustices.
Mais ils nous mettent en action car nous sommes les signes que le tombeau est vide que le crucifié est vivant.
Nous sommes responsables de l’annonce de cette Bonne nouvelle et cela nous oblige.
Le Christ a besoin de nous, car le monde a besoin de Lui pour trouver le chemin de l’espérance.

Robert Zimmermann , diacre

Vers le trône de la grâce / Vendredi saint / Une homélie

"Avançons-nous donc avec assurance vers le Trône de la grâce,"
Et le trône de la grâce, c'est la croix sur laquelle notre Seigneur, notre Dieu, a été cloué.
Ce roi que nous accueillions pour le dimanche des Rameaux est pendu sur le bois de la croix.
Cette croix, instrument de torture, signe d'infamie, elle est pour nous le signe de l'amour de Dieu.
Et cette croix, combien de fois je m'en revêtis ? Combien de fois je me signe ? Combien de fois je me signe du nom du Christ ?
Et oui ce signe, combien de fois le traçons nous sur notre corps. Parfois, le signe est exécuté à la va-vite, parfois sans trop mesurer la portée du geste.
Mais chaque fois que notre main touche notre front et trace une ligne verticale jusqu'au ventre et trace une autre ligne de l'épaule gauche à l'épaule droite, nous faisons mémoire de la croix où se manifeste la gloire de Dieu.
Par ce signe, je veux dire que j'appartiens au Christ.
Par ce signe, je me souviens de mon baptême, je reconnais que le Seigneur et moi on s'est rencontré et qu'il vient encore.
Par ce signe, je dis au monde que le Christ nous sauve de notre péché.
Par ce signe, je sais que je ne suis pas fait pour patauger mais pour être élevé car il attire celui qui est sur la croix.
Approchons-nous de la croix !  Nous serons dans quelques instants invités à vénérer cette croix en l'embrassant, en la touchant, en posant notre front sur le bois en nous inclinant devant elle, et en traçant sur notre corps cette croix qui dit que nous voulons lui appartenir.
N’ayons pas peur de nous approcher de cette croix comme pour nous approcher de lui, comme l’aveugle sur le chemin qui jette derrière lui son manteau pour courir vers Jésus, comme la femme malade qui dit : "si seulement je peux toucher la frange de son manteau", comme la foule des pauvres, des boiteux, des aveugles qui l’écrasaient de toute part.
Approchons-nous de lui avec amour et foi, déposons devant lui les fardeaux de notre vie. 

« Et, moi, une fois élevé de terre, j’attirerai tous les hommes. »


Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.

Les homélies des Rameaux 2019

Entre le récit de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem et le récit de sa passion nous avons deux ambiances opposées. Nous pourrions comparer l’agitation qui accompagne la première à la liesse sur les champs Elysées au moment de l accueil des champions du monde de football. Ou même au vacarme dans les rues de Bordeaux le jour de la finale… une sorte de communion populaire.
Je crois que nous n’aurions pas de mal à trouver dans notre actualités mondiale ou nationale des images qui rappellent le déchainement de haine et de violence qui eurent lieu à Jérusalem au cours de la passion .
Si Luc a décrit avec quelques détails cette violence il a mis l’accent sur la bienveillance et la miséricorde de la victime que fut Jésus en ces jours.
En voici un petit florilège … dont vous pourriez décorer vos rameaux
Jésus qui accueille paisiblement Judas qui le trahit
Jésus qui guérit l’oreille du serviteur du grand prêtre
Le regard d’amour de Jésus sur Pierre qui vient de le renier
Jésus qui invite les femmes qui pleurent sur lui à pleurer sur Jérusalem
Jésus qui prie pour ses bourreaux
Jésus qui redonne l’espérance au bandit crucifié avec lui
Jésus qui se remet en toute confiance entre les mains de son Père

A la violence déchaînée contre lui, Jésus a opposé l’amour et le don de sa vie.
Dans sa passion il a triomphé du mal et de la haine par la douceur et la compassion.
C’est la victoire de la croix. A la suite du Christ nous sommes appelés à être artisans de paix.
Proclamons que seul l’amour détruit la haine.
Mais nous ne sommes pas naïf, de partout dans notre société la violence monte par vagues sournoises. L’homme est toujours un loup pour l’homme. C’est l’agitation du corps social, de nos corps physiques
Or il ne s’agit pas ici d’une idéologie pour la paix, encore moins d’un programme politique ou d’une simple règle de vie.
Ce que nous célébrons et vivons ensemble c’est le mystère de l’incarnation , c’est la venue dans notre humanité, en nos corps mortels d’un corps nouveau, du corps glorieux.
Nous entrons dans la semaine sainte qui donne sens aux 51 autres semaines de l’année.
Les célébrations de ces jours nous font passer des ténèbres du vendredi saint à la lumière de Pâques.
Pour suivre le chemin que Christ veut pour nous, nos seules forces ne suffisent pas.

Comme St François d’Assise devant la croix dans son monastère faisons cette prière :
« Grand Dieu plein de gloire, et vous mon Seigneur Jésus Christ je vous prie de m’illuminer et de dissiper les ténèbres de mon esprit, de me donner une foi pure, une espérance ferme, une charité parfaite. »

Amen
Robert, diacre
« Je vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront. » Désormais, on entre dans le temps où la gloire du Christ va se révéler aux yeux du monde. Rien ne peut arrêter ce temps.
Et la foule, inconsciemment, participe et comprend ce qui se passe. Les cris de "Hosanna", ce qui signifie littéralement, "de grâce, sauve", montre clairement que celui qui est accueilli en roi, est reçu comme un sauveur.
Il vient celui qui sauve.
« Je vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront. » la prophétie d'Ezéchiel se réalise : "Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau; j'ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair."
Aujourd'hui les cœurs de pierre sont remplacés par des cœurs de chair. Et les cœurs de chair crient l'attente du sauveur.
Nous ne savons pas trop comment cela s'opère, mais nos cœurs palpitent au passage du Christ, celui qui est juché sur un petit âne. Les froufrous de nos rameaux donnent le rythme de notre attente.
Il vient celui qui sauve.
« Je vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront. » Mais nous l'avons écouté, la foule passe de l'acclamation d'un roi à conspuer un criminel. Vient le moment où seules les pierres crient avec la création la gloire de Dieu. Ce moment de silence, ce temps où Dieu se tait et pleure sur nos péchés.
Mais, il vient celui qui sauve.
« Je vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront. » Mais aujourd'hui, chantons la gloire de notre Dieu avec les pierres et toute la création. Et bientôt, la pierre sera roulée. Elle annoncera la victoire de notre Dieu sur la mort.
Car il est là celui qui sauve.
C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom,
Afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers,
Et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.

Dominique Bourgoin, diacre

« Si eux ce taisent, les pierres crieront »
Si nous cessons de crier, les pierres crieront
Si nous cessons de crier « bénis soit celui qui vient, le roi, au nom du Seigneur ! »

C’est donc que le monde a besoin de ce cri
Ces rameaux, ils accompagnent ce cri
Ils sont nos outils pour crier, nos outils pour acclamer le roi qui vient au nom du Seigneur
Ils sont nos porte-voix
pas nos porte-bonheur

Ces rameaux, ils se flétriront doucement aux murs de nos maisons,
Ils se faneront peu à peu sur les tapisseries de nos chambres à coucher.

Ils nous rappelleront alors la fragilité de nos cris
Ils nous dirons « alors…. ? qu’as-tu fait de ton acclamation ?
Où es la joie que tu criais en m’agitant ? »

Cette joie, elle est toute fragile, coupée de ses racines, elle se fane et meurt.
Elle est belle aujourd’hui, elle est fraîche et tendre,
mais demain déjà, sans même que l’on s’en aperçoive, elle se desséchera.

Le cri d’acclamation à ce roi qui vient comment pourrait-il tenir ?
Un cri ça ne dure que le temps d’un cri,
ça résonne et ça disparaît
Un rameau, ça ne dure que le temps d’un rameau
On l’agite et il se flétri.

Un arbre se dresse pourtant
Un arbre se dresse auquel tous nos rameaux s’attachent
Un arbre qui fera que jamais la sève ne s’arrêtera de couler
Un arbre qui fera que jamais nos cris ne s’éteindront
C’est l’arbre de la croix

La croix nous précède déjà au jour de l’entrée dans la semaine sainte
Nous sommes la foule qui acclame son roi
Nous sommes la foule qui réclame sa mort

Si nous sommes venus crier aujourd’hui pour nous taire à Pâques, nous sommes des menteurs. Il aurait mieux valu laisser les pierres crier pour nous.
Crier aujourd’hui « Hosanna » et « à mort », ça n’aura de sens que si nous revenons crier l’Alléluia de Pâques.
Les rameaux sans Pâques, c’est simplement agiter des feuilles comme un courant d’air dans les branches

Ne nous fanons pas comme nos rameaux vont le faire
Ne nous flétrissons pas dès demain.
Suivons la croix de laquelle nous recevons la vie.
Soyons présents jeudi pour le dernier repas
Soyons présents vendredi pour embrasser la croix
Soyons présents dans la nuit de samedi pour la défaite de la nuit
Soyons debouts dimanche pour crier mieux que les pierres la joie de notre résurrection

Amen
Sylvain, diacre

Femme, où sont-ils donc ? / Jn 8 1-11 / Une homélie

"Femme, où sont-ils donc ?" Interroge Jésus, pour la première fois quelqu'un parle à la femme, pour la première fois, on lui reconnaît son humanité.
Cette femme, humiliée, traitée comme un objet, réduite à une faute, Jésus la relève. Il s'adresse à elle personnellement, il lève les yeux vers elle en se redressant pour lui parler, non pas d'en haut comme un accusateur, mais de plus bas comme pour lui rendre sa dignité.
Trois idées simples dans ce passage peuvent nous aider à convertir notre cœur pour laisser venir le royaume des cieux pendant ce temps de carême.
Comme Jésus, nous sommes appelés à ne jamais réduire une personne à sa faute.
Ensuite, Jésus nous invite à ne jamais retirer la dignité à qui que ce soit.
Enfin, la juste place n'est pas d'être en-haut, Jésus nous invite à lever les yeux sur nos frères.
La faute.
Dans l'Evangile d'aujourd'hui, on sent la mauvaise foi, voire même la haine, s'exprimer au grand jour. On décèle également, un comportement à l'évidence machiste. La foule des hommes, composée de scribes et de pharisiens, focalise son propos sur Jésus. On les imagine traîner cette pauvre femme comme on brandit une pancarte. On la désigne, non pas comme un être humain, mais par ce qu'elle a prétendument fait. Je dis : "prétendument fait" parce qu'on ne cherche même pas à comprendre.
Aujourd'hui, des femmes sont stigmatisées de la même manière. Sommet de l'hypocrisie des femmes sont pointées du doigt par des hommes alors qu'elles sont victimes de la violence des hommes.
Cette femme est muette, elle est écrasée par le péché que la foule charge sur ses épaules, c'est violent. Que peut-elle faire seule contre tous ? Elle ne peut que ployer.
Nous même, ne cédons-nous pas à ce genre de comportements dans nos médisances ? Et nous les hommes, combien de fois avons-nous regardées des femmes en les réduisant à un seul objet de désir ?
Chez, Jésus, rien de cela, à l'écoute des accusateurs, il se baisse comme pour se charger d'une part de ce que porte la femme. S'il ne semble pas porter le regard sur la femme, c'est peut-être parce que ce n'est pas une femme qu'on lui présente mais un slogan, parce qu'on lui retire toute dignité.
La dignité.
"Il était sans apparence ni beauté qui attire nos regards, son aspect n’avait rien pour nous plaire. Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face ; et nous l’avons méprisé, compté pour rien." Si je vous lis ce passage d'Isaïe, c'est parce qu'il peut s'appliquer à cette femme à qui on a retiré toute dignité.
Elle était sans apparence ni beauté qui attire nos regards, son aspect n’avait rien pour nous plaire. Méprisée, abandonnée des hommes, femme de douleurs, familière de la souffrance, elle était pareille à celle devant qui on se voile la face ; et nous l’avons méprisée, comptée pour rien.
Ce passage dont on dit qu'il préfigure le Christ souffrant, peut s'appliquer également à cette femme.
Mais Jésus rompt la spirale infernale. Jésus va rendre sa dignité à cette femme. Il va s'adresser à elle et il va lui reconnaître sa valeur qui lui rend sa beauté, il va l'appeler "femme".
Combien de fois détournons-nous le regard devant celui ou celle pour qui le Christ, notre frère, est mort sur la croix ?
Jésus, lui, il lève les yeux sur la femme.
Jésus, celui que ses disciples appellent "maître", ne se place jamais au-dessus quand il s'adresse à une personne.
C'est seulement pendant sa passion, que Jésus va s'adresser aux hommes de plus haut. C'est seulement quand, il est dressé sur la croix, alors qu'il agonise, qu'il regarde le monde d'en-haut et qu'il l'attire à lui comme pour le tirer de son péché.
Jésus, c'est le Dieu qui s'incarne et qui désigne le Père comme un Père miséricordieux. Jésus, le vivant, est venu nouer une alliance définitive avec sa créature. Nous, les hommes, ne pouvons plus regarder vers le ciel en implorant un Dieu vengeur de retenir sa main pour nous punir.
Notre Dieu partage notre condition et surtout il ne nous regarde pas du ciel comme des misérables. Jésus, notre frère lève les yeux sur nous. Il se situe au plus bas et il contemple en nous cette part qui appartient à Dieu et qui tressaille quand il passe.


«Ne faites plus mémoire des événements passés,
ne songez plus aux choses d’autrefois.
    Voici que je fais une chose nouvelle :
elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ?


Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.