Entre le récit de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem et
le récit de sa passion nous avons deux ambiances opposées. Nous
pourrions comparer l’agitation qui accompagne la première à la
liesse sur les champs Elysées au moment de l accueil des champions
du monde de football. Ou même au vacarme dans les rues de Bordeaux
le jour de la finale… une sorte de communion populaire.
Je crois que nous n’aurions pas de mal à trouver dans notre
actualités mondiale ou nationale des images qui rappellent le
déchainement de haine et de violence qui eurent lieu à Jérusalem
au cours de la passion .
Si Luc a décrit avec quelques détails cette violence il a mis
l’accent sur la bienveillance et la miséricorde de la victime que
fut Jésus en ces jours.
En voici un petit florilège … dont vous pourriez décorer vos
rameaux
Jésus qui accueille paisiblement Judas qui le trahit
Jésus qui guérit l’oreille du serviteur du grand prêtre
Le regard d’amour de Jésus sur Pierre qui vient de le renier
Jésus qui invite les femmes qui pleurent sur lui à pleurer sur
Jérusalem
Jésus qui prie pour ses bourreaux
Jésus qui redonne l’espérance au bandit crucifié avec lui
Jésus qui se remet en toute confiance entre les mains de son Père
A la violence déchaînée contre lui, Jésus a opposé l’amour et
le don de sa vie.
Dans sa passion il a triomphé du mal et de la haine par la douceur
et la compassion.
C’est la victoire de la croix. A la suite du Christ nous sommes
appelés à être artisans de paix.
Proclamons que seul l’amour détruit la haine.
Mais nous ne sommes pas naïf, de partout dans notre société la
violence monte par vagues sournoises. L’homme est toujours un loup
pour l’homme. C’est l’agitation du corps social, de nos corps
physiques
Or il ne s’agit pas ici d’une idéologie pour la paix, encore
moins d’un programme politique ou d’une simple règle de vie.
Ce que nous célébrons et vivons ensemble c’est le mystère de
l’incarnation , c’est la venue dans notre humanité, en nos corps
mortels d’un corps nouveau, du corps glorieux.
Nous entrons dans la semaine sainte qui donne sens aux 51 autres
semaines de l’année.
Les célébrations de ces jours nous font passer des ténèbres du
vendredi saint à la lumière de Pâques.
Pour suivre le chemin que Christ veut pour nous, nos seules forces ne
suffisent pas.
Comme St François d’Assise devant la croix dans son monastère
faisons cette prière :
« Grand Dieu plein de gloire, et vous mon Seigneur Jésus
Christ je vous prie de m’illuminer et de dissiper les ténèbres de
mon esprit, de me donner une foi pure, une espérance ferme, une
charité parfaite. »
Amen
Robert, diacre
« Je
vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront. »
Désormais, on entre dans le temps où la gloire du Christ va se
révéler aux yeux du monde. Rien ne peut arrêter ce temps.
Et
la foule, inconsciemment, participe et comprend ce qui se passe. Les
cris de "Hosanna", ce qui signifie littéralement, "de
grâce, sauve", montre clairement que celui qui est accueilli en
roi, est reçu comme un sauveur.
Il
vient celui qui sauve.
« Je
vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront. »
la prophétie d'Ezéchiel se réalise : "Je vous donnerai un
cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau; j'ôterai de
votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de
chair."
Aujourd'hui
les cœurs de pierre sont remplacés par des cœurs de chair. Et les
cœurs de chair crient l'attente du sauveur.
Nous
ne savons pas trop comment cela s'opère, mais nos cœurs palpitent
au passage du Christ, celui qui est juché sur un petit âne. Les
froufrous de nos rameaux donnent le rythme de notre attente.
Il
vient celui qui sauve.
« Je
vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront. »
Mais nous l'avons écouté, la foule passe de l'acclamation d'un roi
à conspuer un criminel. Vient le moment où seules les pierres
crient avec la création la gloire de Dieu. Ce moment de silence, ce
temps où Dieu se tait et pleure sur nos péchés.
Mais,
il vient celui qui sauve.
« Je
vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront. »
Mais aujourd'hui, chantons la gloire de notre Dieu avec les pierres
et toute la création. Et bientôt, la pierre sera roulée. Elle
annoncera la victoire de notre Dieu sur la mort.
Car
il est là celui qui sauve.
C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom
qui est au-dessus de tout nom,
Afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur
terre et aux enfers,
Et que toute langue proclame : « Jésus Christ est
Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.
Dominique Bourgoin, diacre
« Si
eux ce taisent, les pierres crieront »
Si
nous cessons de crier, les pierres crieront
Si
nous cessons de crier « bénis soit celui qui vient, le roi,
au nom du Seigneur ! »
C’est
donc que le monde a besoin de ce cri
Ces
rameaux, ils accompagnent ce cri
Ils
sont nos outils pour crier, nos outils pour acclamer le roi qui vient
au nom du Seigneur
Ils
sont nos porte-voix
pas
nos porte-bonheur
Ces
rameaux, ils se flétriront doucement aux murs de nos maisons,
Ils
se faneront peu à peu sur les tapisseries de nos chambres à
coucher.
Ils
nous rappelleront alors la fragilité de nos cris
Ils
nous dirons « alors…. ? qu’as-tu fait de ton
acclamation ?
Où
es la joie que tu criais en m’agitant ? »
Cette
joie, elle est toute fragile, coupée de ses racines, elle se fane et
meurt.
Elle
est belle aujourd’hui, elle est fraîche et tendre,
mais
demain déjà, sans même que l’on s’en aperçoive, elle se
desséchera.
Le
cri d’acclamation à ce roi qui vient comment pourrait-il tenir ?
• Un
cri ça ne dure que le temps d’un cri,
ça
résonne et ça disparaît
• Un
rameau, ça ne dure que le temps d’un rameau
On
l’agite et il se flétri.
Un
arbre se dresse pourtant
Un
arbre se dresse auquel tous nos rameaux s’attachent
Un
arbre qui fera que jamais la sève ne s’arrêtera de couler
Un
arbre qui fera que jamais nos cris ne s’éteindront
C’est
l’arbre de la croix
La
croix nous précède déjà au jour de l’entrée dans la semaine
sainte
Nous
sommes la foule qui acclame son roi
Nous
sommes la foule qui réclame sa mort
Si
nous sommes venus crier aujourd’hui pour nous taire à Pâques,
nous sommes des menteurs. Il aurait mieux valu laisser les pierres
crier pour nous.
Crier
aujourd’hui « Hosanna » et « à mort », ça
n’aura de sens que si nous revenons crier l’Alléluia de Pâques.
Les
rameaux sans Pâques, c’est simplement agiter des feuilles comme un
courant d’air dans les branches
Ne
nous fanons pas comme nos rameaux vont le faire
Ne
nous flétrissons pas dès demain.
Suivons
la croix de laquelle nous recevons la vie.
Soyons
présents jeudi pour le dernier repas
Soyons
présents vendredi pour embrasser la croix
Soyons
présents dans la nuit de samedi pour la défaite de la nuit
Soyons
debouts dimanche pour crier mieux que les pierres la joie de notre
résurrection
╬
Amen