Sur la route de Bethléem / Noël 2016 / Un texte d'André Castaing

Bonsoir à vous Marie et Joseph, vous m'avez l'air un peu perdus, vous êtes fatigués ? Ah c'est vrai, Marie, tu attends un enfant et l'heure est proche ! Oui, je sais vous êtes tous deux encore un peu pommés devant ce qui vous arrive : Porter le Fils de Dieu !
Je comprends, cela n'arrivera plus dans l'histoire du monde...
Avez-vous compris que vous étiez la fin de la longue attente de tout un peuple ? Des centaines d'années... 400 ans d'esclavage en Egypte...
Quel Messie n'attendaient-ils pas lorsque Moïse prit la tête du peuple et le conduisit en Terre promise ?
Ce soir, Marie et Joseph vous êtes la Terre Promise et Jésus en sera le germe !
Pardonnez-moi vous êtes fatigués de ce voyage...
Reposez-vous un peu ! Comme si le roi David votre ancêtre n'aurait pas pu naître dans votre village de Nazareth... ou à côté !
Et l'autre, César August, il avait besoin de faire un recensement qui vous oblige à venir ici, dans ce village appelé « maison du PAIN » ou Bethléem si vous préférez !
Je connais votre question : Pourquoi c'est nous qui avons été choisis ? Rappelez-vous tous les choix de Dieu dans l'histoire humaine !
Le vieil Abraham et la vieille Sarah qui donnent vie à Isaac... et tant d'autres comme eux... Tiens tout près de vous ta cousine, la stérile Elisabeth... Elle et son mari Zacharie n'y croyaient plus et voilà Jean, le futur Baptiste
Comme pour vous ... « RIEN N'EST IMPOSSIBLE A DIEU»… encore moins la naissance, pour nous impossible, de l'enfant d'une jeune vierge !

Bon, je parle, je parle, comme on dit « un ange passe » mais parfois « un ange c'est bavard ! ». Mais j'ai la solution pour ce soir, vous l'image des migrants que personne ne veut accueillir... Tenez là-bas... Un abri de berger... Une mangeoire… Peut-être un bœuf à côté de votre vieil âne... Et puis faites-moi confiance, avec les copains là-haut, on va les réveiller ces bergers, ils vont vous aider...
Courage, Marie, Joseph, je m'en vais, mais comprenez-moi en 2016, le soir de Noël, j'aurai à m'occuper de tous ces délaissés sur la route... Vous verrez cette année-là, la PAIX DE NOEL sera tâchée de guerre, de violence, de pauvreté, de gens rejetés, de haines politiques… Je vais en avoir du travail pour annoncer que :
« C'est Noël chaque fois qu'on essuie une larme dans les yeux d'un enfant.
C'est Noël chaque fois qu'on dépose les armes, chaque fois qu'on s'entend
C’est Noël chaque fois qu'on arrête une guerre et qu'on ouvre les mains.
C'est Noël chaque fois qu'on force la misère à reculer plus loin.
Car Noel sur la Terre, c'est l'AMOUR. »
Courage à vous deux, Marie et Joseph, et Bon Noël aussi à vous tous, les hommes que Dieu aime.

Père André

Le songe de Joseph / Mt1 18-24 / Une homélie

(...)

Dans le sommeil, la vérité de son histoire se révèle.
« Voici que l'ange du Seigneur lui apparut en songe »
Une perspective nouvelle s'ouvre pour lui et pour celle qu'il aime encore.
Cet enfant est désigné comme Fils.
Marie est enceinte d'un Fils.
Pas de son fils, d'un Fils.

Ton projet à toi, Joseph, il va falloir t'en défaire.
Ce que tu imaginais de ta vie, tu peux l'abandonner.
Ton histoire de père, ton histoire de famille selon tes désirs, c'est fini.
Tu es pris dans une aventure qui te dépasse, tu n'es plus maître en ta maison, te voilà serviteur de l'œuvre du Salut.
On va te demander une seule chose : tu lui donneras un nom.
Car ce qui se construit par toi, c'est une histoire de nom.
Le nom du père de tes pères : David. Il faut que ce Fils s'inscrive dans la lignée de ce nom.
Il faut que tu fasses résonner autour de ce Fils qui n'est pas le tien, le nom de David.
Tu es celui qui rend possible le « Hosanna au fils de David » du jour des rameaux.
(...)

 
« Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l'ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse. »
Joseph se réveille, il sort de son sommeil, il quitte ses rêves.
Il quitte la voix de l'ange, mais il quitte aussi ses rêves de jeune époux, ses rêves de futur père.... plus rien ne compte que l'urgence de prendre chez lui celle qu'il aime... et pour la suite, qu'importe !
C'est désormais un autre qui mène la barque, il va falloir veiller sur ce Fils.
Sa paternité à lui Joseph, ne sera pas de sang, ni d'un vouloir de chair ni d'un vouloir d'homme, mais de Dieu.

Dans quelques jours, le Fils viendra chez nous.
Sommes-nous disponibles à sa venue ?
Sommes-nous prêts, comme Joseph, à accepter qu'il fasse tomber les belles images dans lesquelles nous projetons nos vies ?
Sommes-nous prêts, comme Joseph, à nous dessaisir de notre vie rêvée, pour consentir à la vie que Dieu désire pour nous ?

La joie de Noël, c'est la joie de Joseph qui se réveille !
La joie de celui qui a tout perdu et à qui tout est rendu comme une chose nouvelle !
La joie de découvrir qu'un Fils nous est donné.
Amen
Sylvain diacre

Des confirmants de Gradignan - 2016

Le dimanche 20 novembre, 7 lycéens de notre Ensemble Pastoral ont été confirmés à Talence dont 3 de notre Secteur Pastoral,
Marie, Julie et Valentine.

Selon Guy Gilbert, ce sacrement est très puissant. C’est avec une huile parfumée, le Saint Chrême, que l’Evêque marque le front de chaque confirmant. Comme cette huile qui répand une bonne odeur, chacun est appelé, par l’élan et la joie de sa vie, à répandre la bonne odeur du Christ. L’Evêque dit « sois marqué de l’Esprit Saint, le don de Dieu »
« Par le Sacrement de confirmation, le lien des baptisés avec l’Eglise est rendu plus parfait, ils sont enrichis d’une force spéciale de l’Esprit Saint » (Lumen Gentium 11), force qui fut jadis accordée aux Apôtres au jour de la Pentecôte pour qu’ils diffusent la Bonne Nouvelle de Jésus Christ.

« Quand j'ai appris qu'il y avait la possibilité de recevoir le sacrement de la confirmation, sans savoir réellement de quoi il s'agissait, j'ai voulu tout de suite m'y préparer et j'ai pu le faire par le biais de l'aumônerie.
Je me souviens que, lors de notre première rencontre entre nous, jeunes de l'aumônerie des Graves et ceux de l'aumônerie de Talence, je me suis sentie presque déstabilisée. Je pense que c'est parce que cela devenait déjà un peu plus concret mais surtout parce que certains, au cours d'un temps de partage, nous ont témoigné qu'ils se sentaient cette fois prêts car, ce n'était pas le cas l'année dernière et qu'ils avaient, à ce moment-là, pris la décision d'arrêter leur préparation.
Alors que mon propre cheminement commençait à peine, cela m'a donné de tout remettre en question : je ne savais plus si ce qui me poussait vers la confirmation n'était pas de la précipitation plutôt qu'un désir d'amour pour Dieu. Cependant, malgré mes doutes, je n'ai pas abandonné.
Pendant les vacances de Pâques, nous sommes allés, avec tous les jeunes du diocèse, à Taizé, pour une semaine. C'était la première fois que je m'y rendais et c'est pour cela, je crois, que le séjour a été d'autant plus fort. Entre temps de prière, de partage et de chants merveilleux, j'étais comblée. La veille de notre retour sur Bordeaux, j'ai discuté avec une amie qui préparait la confirmation avec moi. Elle aussi avait remis en question son désir de recevoir le sacrement. Pourtant, à partir de ce moment, nous avons pu affirmer, sans aucun doute, que nous étions sûres ; et plus que tout, nous désirions, pleines d'Amour pour Dieu, recevoir son Esprit ! Quelle plus grande grâce aurions-nous pu obtenir ?
Puis, en octobre dernier, notre groupe de préparation s'est rendu au Domaine de la Solitude pour deux jours. Ce fut pour moi l'occasion de découvrir l'adoration du Saint Sacrement, moment, pour moi, le plus pur et le plus beau de tout ce que j'ai vécu pendant mon cheminement vers la confirmation„
C'est un mois après que le 20 novembre, jour tant attendu, est enfin arrivé : nous étions prêts, nous allions accueillir l'Esprit Saint en notre cœur, jusqu'au plus profond de notre âme. »
Marie

« Par la confirmation, la cuisson du Saint-Esprit a fait de vous le pain du Seigneur. Soyez donc ce que vous voyez et recevez ce que vous êtes. »
St Augustin

Un petit mot de nos délégués synodaux

Le mot synode vient du grec odos, chemin, et sun, ensemble. Il signifie « faire route ensemble » et désigne dans l’Église une assemblée réunie pour délibérer et prendre des décisions en matière de vie ecclésiale.

La première assemblée synodale s'est déroulée le samedi 19 novembre. Elle débute à la cathédrale Saint-André de Bordeaux par un temps de prière suivi d'une messe. Lors de son homélie, le cardinal Ricard exhorte l'assemblée synodale à "Aller, servir et aimer". La journée se poursuit à la maison Saint Louis Beaulieu (maison diocésaine de l'Église catholique en Gironde) avec la conférence du Frère Pavel Syssoev, dominicain de Bordeaux et théologien du synode. A travers des références bibliques, il nous insuffle l'esprit de la synodalité (cheminer ensemble) et nous incite à sortir de soi pour aller vers Dieu et les autres et notamment "ceux qui ne savent pas ou qui croient savoir". La pause-déjeuner est un temps d'échange fraternel avec le repas, la projection de projets missionnaires ou encore l'écoute de témoignages.
L'après-midi commence par une présentation par Vincent Perron (diacre et membre de l'équipe-pilote du synode) de données statistiques relatives à l'évolution des baptêmes, mariages et obsèques religieuses et à la répartition des prêtres et de diacres au cours des dix dernières années en Gironde.
Monseigneur Ricard s'adresse ensuite aux délégués et expose l'esprit dans lequel il convoque le synode : i) donner du souffle à la communauté chrétienne, ii) former des disciplines missionnaires, iii) vivre une expérience de fraternité au-delà de nos différences qui devrait élargir notre vision ecclésiale. Il encourage les délégués à "marcher devant, au milieu et derrière le troupeau"; marcher devant pour indiquer le chemin, au milieu pour réfléchir ensemble, derrière pour encourager et discerner le chemin. Il confie enfin le synode et ses membres à l’intercession des Saints du diocèse béatifiés ces dernières années : Sœur Marie-Céline de la Présentation, jeune Clarisse morte à 19 ans, le père Chaminade, le Père Lataste, La Vénérable Mère de Lamouroux et le Père Pierre-Bienvenu Noailles.
Le père Samuel Volta (prêtre et secrétaire général du Synode) présente ensuite avec les cinq autres membres de l'équipe-pilote les Visitations et les équipes synodales. Les communautés du diocèse de Bordeaux sont invitées à vivre une période de "Visitations", rencontres à la manière de Marie rendant visite à Elisabeth (du 20 novembre 2016 au 15 septembre 2017), et les équipes synodales à se constituer.
Les six thèmes de réflexion proposés par le Conseil Synodal et leurs fiches explicatives (vide infra) relatives sont présentés. Ces dernières sont à disposition des équipes synodales afin de les aider à mener leurs réflexions. Les réponses sont à restituer avant le 10 avril 2017.
Les réflexions émanant des équipes synodales et des Visitations ont pour vocation de nourrir la réflexion du Synode et constitueront une base de travail pour élaborer les propositions qui seront faites à la fin du synode pour Notre Eglise (janvier 2018).
La journée se termine par un temps de prière et notamment la prière du synode diocésain. Les prochaines assemblées synodales se tiendront le 5 juin, le 18 ou 19 novembre 2017, et le 13 & 14 janvier 2018. Cette journée d'entrée en matière nous a permis de nous mettre en chemin sur la route du synode dans une ambiance fraternelle et accueillante. Elle fut l'occasion d'un premier contact avec l'ensemble des membres de l'assemblée synodale. Nous avons pris conscience de la tâche qui nous incombe et c'est avec beaucoup de joie et d'enthousiasme que nous abordons cette aventure et cheminerons à vos côtés. Nous souhaitons remercier la paroisse de la confiance qu'elle nous accorde.

Afin de constituer les équipes synodales, nous vous invitons dès à présent, vous Paroissiens de Gradignan, à prendre connaissance des six thématiques du synode présentées sur les panneaux situés dans l'Eglise. Merci de vous inscrire à la thématique pour laquelle vous souhaitez prendre part à la réflexion au sein d'une équipe synodale. Vous êtes d'ores et déjà conviés à une réunion d'information le dimanche 15 janvier 2017 à l'issue de la messe autour d'un repas partagé. Le lieu vous sera communiqué ultérieurement. Si vous avez des questions, n'hésitez pas à venir nous en parler de vive voix. Vous avez également la possibilité de nous contacter à l'adresse mail suivante : synode.gradignan@gmail.com. Ce synode est l'occasion de s'exprimer quant à l'avenir de notre Eglise. Alors n'hésitez pas, jeunes et adultes, venez participer à cette merveilleuse entreprise ! Tout le monde est concerné.
Julie Géan & Alexandre Picot, vos délégués synodaux

Se marier ça change quoi ? et Réussir sa vie / B'ABBA 2016


Le week-end prochain, une quinzaine de couples qui ont demandé à se marier à l'Eglise va être amenée à réfléchir sur ces deux questions pour commencer officiellement leur préparation au mariage.
Pour certains le mariage c'est d'abord "l'occasion d'une belle fête" mais très vite d'autres questions arrivent "est-ce que j'en suis capable ?" "comment être sûr?" et puis "et Dieu dans tout ça?"
Les réflexions proposées lors des repas B'ABBA vont petit à petit les amener à se questionner et à se positionner sur les piliers du mariage : LA FIDELITE – L'INDISSOLUBILITE – DIEU – LA FECONDITE – LA LIBERTE.
Comment passer du "faire ce que l'on veut" à "vouloir ce que l'on fait" ... une subtilité de taille au moment où il s'agit de faire un choix qui engage pour la vie, au moment de répondre à sa vocation.

         Cette année, afin de suivre les orientations du Pape François dans son exhortation Amoris Laëtitia, les couples sont invités à participer à la messe le 8 janvier, une occasion de louange pour tous ! (le pape demande que les futurs époux puissent rencontrer la communauté paroissiale)

L'enjeu des rencontres individuelles suivantes sera de découvrir, à travers l'amour qu'ils se portent l'un à l'autre, de quel amour Dieu les aime, aime leur couple et sera leur compagnon de route par le sacrement de mariage.

L'équipe de préparation au mariage vous invite à la rejoindre pour ce service joyeux et plein de richesses partagées et confie ces jeunes à vos prières. Que le temps de préparation, de discernement que l'Eglise demande avant de recevoir le sacrement de mariage (comme pour tout autre sacrement) aide chacun des jeunes à trouver sa place de Baptisé.
Pour nous aussi, membres de l’équipe de préparation au mariage, que l'Esprit Saint nous accorde la grâce de l'écoute fraternelle et bienveillante.

Nos délégués synodaux ! / Synode diocésain 2016

Julie et Alexandre, les délégués synodaux de Gradignan lors de la première assemblée synodale du 19 novembre...
Le travail commence !!


 D'autres photos de la journée sur ce site : Photos du diocèse de Bordeaux

Que peut faire un chrétien pour un réfugié ?

Le questionnaire du chantier Solidarité portant sur la disponibilité personnelle permettant d’accueillir des réfugiés vous avait été proposé le 18 janvier lors de la journée mondiale des migrants. Ainsi, c’est une cinquantaine de personnes qui a répondu selon justement les disponibilités des uns et des autres, disponibilité de temps, financière, utilisation de compétences … Notez bien que l’on ne savait pas qui nous allions aider.
 
C’est ainsi que la famille Ali a pu bénéficier et continue de bénéficier d’un soutien financier, administratif, matériel aussi.
         L’équipe Saint Vincent l’a accueillie et des draps, couvertures, couettes, vêtements ont été fournis. Des paroissiens ont également participé à la composition du vestiaire.
         La famille ALI est composée des parents, Mamoun et Humeyma, et de trois enfants (Nizar, 14 ans, Taem, 11 ans et Jad, 7 ans)
         Ces garçons fréquentent pour le plus jeune l’école primaire du cours de la Somme à Bordeaux et les deux autres le collège Pablo Neruda à Bègles. Le fait qu’ils ne soient pas scolarisés dans la même commune vient que lors de leur premier « atterrissage », en mars 2016, ils ont logé à Bègles dans une famille franco-syrienne. Outre le traumatisme de l’exil, vivre à une dizaine de personnes dans un même logement avait rendu l’ambiance extrêmement difficile au point que la famille a cherché et trouvé à louer une petite échoppe en septembre dans le quartier Nansouty à Bordeaux. Loyer élevé, mais c’était le prix à payer pour rétablir la sérénité et l’équilibre dans les deux familles. Certains d’entre vous participent au paiement d’une partie du montant du loyer.
         Parallèlement, dès le 4 juillet, une demande de logement social était instruite auprès de la mairie de Gradignan. Circuit dit classique : 1-arrivée du réfugié, 2-prise en charge par le département au titre de l’ALT, 3-demande à la mairie qui sollicite 4- Domofrance qui gère un parc de logements sociaux, 5-accord de la mairie. Tout est normal sauf que…
Sauf que la famille ALI est arrivée à Bègles passant par Beyrouth, İstanbul et hébergée par la famille franco-syrienne comme vous le savez. L’étape 2- du dispositif logement ALT (Allocation Logement Temporaire) a été sautée si bien que Domofrance suivant l’information d’une assistante sociale de la Maison Départementale de la Solidarité et de l’Insertion de Bordeaux a conclu que l’hébergement n’était plus un problème car la famille ayant fait appel au locatif privé, l’appartement était ainsi « déneutralisé ». Nouvelles interventions auprès de la mairie, auprès de Domofrance et la situation est actuellement celle que vous connaissez.
         Mamoun avait un poste important à Damas dans les télécom. Son épouse était secrétaire. Leur projet est de rester en France. Les enfants apprennent vite le français. Lizar a été heureux d’assister à la victoire des Girondins de Bordeaux face à Lorient. Jad corrige souvent le vocabulaire parfois approximatif de son père. Team, comme ses frères est très volontaire.

         Ainsi la famille ALI apprend à vivre en France. Elle en connaît déjà les méandres de l’administration, elle en connaît aussi l’esprit de solidarité qui l’anime … comme vous savez en faire témoignage.

Homélie vendredi 11 novembre 2016 / Une homélie de JP Duplantier

Mr. Jean d’Ormesson disait récemment : « je ne suis pas sûr de croire en Dieu, mais personne ne peut oublier les paroles de Jésus Christ ». Il se trouve qu’aujourd’hui, en cette célébration de l’armistice de 1918, les chrétiens lisent des paroles étranges de Jésus. Je me risque à vous dire ce que nos y entendons.
 
            Il s’agit d’abord des grandes peurs qui habitent tous les peuples, toutes les civilisations, toutes les nations. Au fil du temps, nous avons cherché à stabiliser un vivre ensemble pacifique et heureux. Notre peuple a même osé bâtir une déclaration universelle des droits de l’homme, édifiée sur le trépied liberté-égalité-laïcité, puisque désormais dans les écoles de la république le terme laïcité a remplacé celui de fraternité (si on m’a trompé, dites-le moi). Ainsi, vaille que vaille, comme au temps de Noé ou aux jours de Lot, nous mangeons, nous buvons, nous nous marions, nous achetons, vendons, plantons et bâtissons, avec en plus un idéal solide qui devrait pouvoir assurer notre tranquillité et notre bonheur. Et pourtant les grandes peurs continuent de ronger le dessous de nos âmes, celles des individus et celles des peuples. Celle d’un bouleversement climatique, comme la montée des eaux, ou un tremblement de terre. Celle, comme à Sodome, d’un dérèglement des mœurs qui met le feu à nos relations et à nos alliances. Celle d’un dérèglement de l’économie mondiale, celle de l’incertitude quant au fonctionnement de la vie politique. Et, chevillée au corps de chaque homme, la peur de mourir. Avec cette phrase terrible de Jésus : là où est le corps, là se rassemblent les vautours.
 
Quelle est donc la vie dont témoigne Jésus Christ, par ses paroles, ses gestes, le rejet qu’il suscite, et sa façon de mourir, en prenant sur lui tous les malheurs des hommes, sans rien céder sur son désir d’amour pour nous ? Il y a deux paroles que nous avons tout intérêt à faire circuler dans notre mémoire vive. La première concerne la révélation du jour du Fils de l’homme, et la seconde est sa déclaration: « ce qui nous parait comme une catastrophe est le commencement des douleurs de l’enfantement. »
 
Le Fils de l’homme n’est pas une nouvelle génération du type que les techniciens de Google et des autres appellent l’homme « augmenté » ou le transhumanisme. Ce fils d’homme n’est pas d’inspiration humaine. Il est porté par le désir de Dieu de faire des humains des fils qui portent sa ressemblance. Si on vous dit il est ici ou il est là, n’y allez pas. Il ne relève pas de nos circuits de distribution. Il surgit dans le corps de chacun de nous ; il nous est donné ; nous le percevons chaque fois que nous voyons des choses que nous n’avons jamais vu et nous entendons des choses que nous entendons des choses que nous n’avons jamais entendu. Il est reconnaissable à la lumière et à la joie qui, soudain, éclaire le parcours de notre existence, d’un bout à l’autre ; il restaure la paix en nous et entre nous. La perception que nous pouvons en avoir ne fait que passer. Dieu attend notre consentement. 
 
Tout être humain est équipé d’origine pour cette aventure. Il y a des moments où cette inscription revient à la surface. L’expérience la plus courante nous est familière : lorsque un couple parle de ce moment où leur lien passe le cap de désirer s’engager dans le mariage, ils reconnaissent qu’ils ne savent pas comment cela leur est venu ; comment s’est installée en eux la perception qu’ils sont faits l’un pour l’autre, qu’ils s’attendaient depuis toujours. Comme si cette rencontre-là leur était inscrite dans leur chair.
 
            A cela Jésus Christ ajoute ceci : « ce qui nous parait comme une catastrophe est le commencement des douleurs de l’enfantement. » Pourquoi les douleurs ? Nous en savons tous quelque chose. Un enfant vient au monde en quittant la douceur et la nourriture du ventre de sa mère. Ce n’est facile ni pour l’enfant, ni pour la mère. C’est un passage douloureux et une libération en même temps. Un adolescent devient adulte lorsqu’il quitte son père et sa mère et plante sa vie dans une autre maison, sur une autre terre et avec d’autres liens. Là encore ce n’est pas facile ni pour le jeune ni pour l’entourage. C’est un passage douloureux mais qui, en même temps, ouvre la porte d’une nouvelle étape de sa trajectoire. Il en est de même pour les rescapés. La vie a un tout autre goût après.
Celui qui n’a d’autre horizon que de gagner sa vie, qui n’a d’autre raison de vivre que de réussir devant les autres, de défendre ses principes, ses compétences et son capital de pouvoir ou de biens matériels, prend le risque de perdre le désir d’aimer ce qui vient de l’au-delà de lui-même. Celui qui consent à quitter ses idoles, dont il devient si souvent l’esclave, sauvegarde en lui l’appel de la vie, le gout de la rencontre inattendu, le désir que l’impossible un jour lui soit donné.
 
Je nous souhaite de continuer à ouvrir l’œil et les oreilles, quel que soit l’état de notre chemin, sur la série des moments étrangers au cours des choses, sur la lumière inattendue qui transfigure le visage et les gestes d’un ami que l’on croyait connaître, d’un voisin et même d’un adversaire, sur certains événements insolites où se révèle soudain l’éclat, le courage et la justesse de notre aventure humaine, en train de naitre sous nos yeux à l’au-delà, à l’énergie d’amour semé en nous tous depuis le commencement.

Jean-Pierre Duplantier
Jeudi 11 novembre 2016

Homélie du 2 novembre 2016 / Une homélie de JP Duplantier

Dans ma famille, les deux premiers jours de novembre étaient et demeurent la fête de la communion des saints. Mon père disait : « nous n’avons pas toujours la famille que nous avions rêvée ; mais la famille des enfants de Dieu, celle-là, elle est au-delà de ce que nous pouvons vivre et comprendre ; elle est indestructible, immense ; elle est la présence de Dieu, notre Père, le corps de Jésus-Christ, son fils bien aimé, le souffle de son Esprit, de son amour. Elle rassemble, d’un bout du monde à l’autre, toute génération comprise, tous les fils d’homme, tous ceux en lesquels le Seigneur a déposé dès l’origine la semence de l’amour, quelques que soient les tours et les détours de nos existences. » Les vivants et les morts, tous nous appartenons au Christ, comme l’écrit saint Paul.

Il y a les grandes figures de ceux qui ont passé leur vie sur la route des hommes à crier Jésus-Christ ; ceux dont beaucoup d’entre nous portons les prénoms. Et il y a aussi, et tout spécialement aujourd’hui, ceux qui nous ont aimés et que nous avons aimés, et qui nous ont été enlevés ; ceux dont nous ne pourrons plus jamais défaire nos liens ; ceux avec lesquels, il suffit d’une secousse douloureuse ou d’un silence un peu plus long que d’habitude devant un paysage familier ou une frange de lumière heureuse, ceux avec lesquels « un peu de nous », « un rien de tout » se lève à nouveau, encore.
« La volonté de Celui qui m’a envoyé, dit Jésus, est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. Telle est la volonté de mon Père : que celui qui voit le fils et croit en Lui ait la vie éternelle. » Pourquoi dit-il : celui qui voit le Fils ? Quand et où l’avons-nous vu ? Là précisément, lorsqu’il ouvre nos yeux à ce que nous ne voyons plus ou pas encore ; lorsqu’il ouvre nos oreilles à ce que nous n’entendons plus ou pas encore. Chaque fois la tendresse de Dieu perce à travers notre quotidien, le bruit et le rythme effrénée de nos jours, les envies et les peurs de nos nuits, les jugements que nous portons les uns sur les autres
 
On raconte, dans une tradition juive, que les hommes naissent avec quatre yeux. Les deux premiers s’ouvrent d’abord et prennent les commandes. Les deux autres s’ouvrent aussi chez les enfants ; mais ils se ferment peu à peu et il faut beaucoup de temps et d’épreuves pour qu’ils s’entrouvrent à nouveau. Jésus, le Christ, est passé au milieu de nous pour que nos yeux et nos oreilles s’ouvrent sur la vérité de la vie que Dieu nous a donnée.
Quand il a nourri cinq mille hommes avec cinq pains et deux poissons, la foule et les disciples n’ont vu que le miracle des pains. Voyant la tournure que prenait l’effet sur la foule du signe qu’il avait fait – « on allait l’enlever pour le faire roi » – Jésus s’absente : « il se retire, seul, dans la montagne » C’était de son corps et de son sang, de sa présence réelle qu’il voulait nous nourrir. 
 
Jésus le Christ continue à le désirer pour chacun de nous. Le chemin qu’il nous trace est de nous aimer les uns les autres, nous souvenir des moments heureux que nous avons vécu avec ceux qui nous ont été enlevés, des joies, des pardons, des retrouvailles que nous avons vécu ensemble ; profiter des moments de lumière que nous vivons avec ceux qui nous entourent ; Porter nos croix comme il a porté la sienne en nous aimant jusqu’à en mourir ; arrêter avec courage et persévérance les colères et les jugements que nous portons sur ceux qui nous font souffrir, résister aux violences et aux peurs qui nous encerclent, ouvrir nos yeux, nos oreilles, nos mains et nos maisons à ceux que nous vivons comme des adversaires ou des étrangers. Je crois que c’est cela voir le Fils. C’est suivre sa trajectoire : mourir à ce qui passe et croire à ce qui vient. C’est cela je crois la communion des saints. 
 
C’est un jour de fête, parce que nous avons besoin de cette communion-là pour devenir comme des enfants et entrer dans ce royaume où la miséricorde de Dieu nous redevient visible, inlassablement, même si ce n’est que de temps en temps. Voir le Fils à l’œuvre chez nous, c’est le chemin sur lequel il nous conduit. Nous y sommes. C’est notre tâche dans le monde.
Jean-Pierre Duplantier
Messe pour les fidèles défunts

Luc 21 5 19 / Ne soyez pas terrifiés / Une homélie

(...)
Il semblerait que lorsque nous, les humains nous portions le Nom du Christ, lorsque ce Nom est inscrit sur nous, dans nos chairs, cela provoque du côté du monde du désordre et de la crise.


En recevant le Nom du Christ, nous sommes retirés du monde, Jean dira que nous sommes « dans le monde », mais nous ne sommes plus « du monde ».

Nous ne sommes plus esclaves d'un monde qui se délecte du bruit des guerres et des catastrophes,
- qui se donne sans cesse comme sa propre vérité,
- qui travaille à écraser l'homme sous la loi et les jeux de pouvoir,
- le monde qui s'affaire sans rien faire
- le monde qui pense que l'homme peut être compté, réduit en statistiques, en généalogies.
- le monde qui se cherche des racines, des valeurs, des identités.
- le monde qui chante sur tous les tons que l'homme est le maître du monde et qu'il est libre, et qu'il maîtrise sa vie, et qu'il doit construire son bonheur, et qu'il est bien meilleur aujourd'hui qu'hier et dans le même temps, qu'il est ce qui peut arriver de pire au monde et qu'il faudrait qu'il disparaisse gentiment en laissant la place nette.

Etre au Christ nous retire de tout ça.
Notre vérité, c'est Lui,
notre identité, c'est Lui, lui à travers les autres,
notre liberté, c'est de le servir, le servir en servant les autres,
nos racines, avec Lui, elles ne plongent plus dans la terre mais dans les cieux,
nos familles ne sont plus d'un vouloir de chair et de sang, mais de ceux qu'il nous donne comme frères et qui gardent sa Parole,
le bonheur, il n'en n'a que faire ! Il nous promet la Joie !
(...)

Acclamez le Seigneur car il vient pour gouverner la terre
pour gouverner le monde avec justice
et les peuples avec droiture !

Amen
Sylvain diacre

Merci pour vos prières / Un texte de Catherine Magnin

Année 2016, année difficile pour moi  avec ma vie brutalement  bousculée par la maladie, entrée par effraction dans une vie active apportant avec elle son lot de souffrance quotidienne. En soins intensifs, sur mon lit d’hôpital, impossible d’éviter de vivre la douloureuse expérience de l’absurde de la souffrance, de vivre l’expérience de la désespérance avec le sentiment d’être abandonnée de Dieu, rendant ainsi ma prière si pauvre !

Alors, merci pour vos prières à tous :
Comme le dit le psaume 140 « Ecoute mon appel quand je crie vers toi. Que ma prière devant toi  s’élève comme un encens » vos prières inlassables se sont élevées vers le Père comme un rempart autour de mon lit.
Mille fois merci pour vos prières à tous : Prières de frères et sœurs en Eglise, signes prodigieux de l’amour du Père quand tout semble perdu. Elles ont pris le relais des pauvres miennes et m’ont sans cesse réconfortée.

Aujourd’hui, chaque parole des psaumes, des chants, de la liturgie résonnent profondément dans mon cœur.
Aujourd’hui, je ne suis pas guérie mais je peux revenir prier au milieu de vous et avec vous.
J’en rends grâce à Dieu. Il est notre refuge.

Mais vous, frères et sœurs en église, nombreux à prier pour moi,  vous avez fraternellement pris le relais.
Vos prières m’ont tellement  soutenue et protégée dans ces moments de désespérance! Elles sont un don du Seigneur

Je vous dis mille fois merci.
Catherine

Etre juste - Chanter juste / Luc 18 9-14 /Une homélie

La parabole d'aujourd'hui est pour ceux qui sont convaincus d'être justes et qui méprisent les autres.
Être juste, C'est difficile de saisir ce que c'est...
Chanter juste, on voit mieux de quoi il s'agit !
(...)
Ma comparaison n'est pas bien fine, mais elle nous alerte sur un point :
La justice, c'est la justesse.

C'est avoir pour chacun la bonne attitude, garder le bon écart.
C'est dans nos vies, tenir la distance sans rien lâcher, s'efforcer de tenir la ligne sans jamais être au-dessus ou au-dessous.

C'est être attentif à la voix des autres autour de soi, reconnaître dans leur voix, des échos de la sienne et donc rendre possible la rencontre, le pardon.
C'est user de la loi sans oublier la voix pour ne pas perdre l'harmonie générale de nos vie et de la vie du monde.
Combien de fois nos prières sonnent-elles faux ?
- Quand notre prière n'est peut-être pas si « universelle » qu'elle veut bien le croire.
- Quand notre prière n'est qu'un reflet de nos étroitesses ou de nos craintes,
- quand on n'écoute plus la note de Dieu, mais que l'on voudrait tout caler sur notre propre manière de voir....
On entend que nos prières sonnent faux quand on cesse de prier seuls, quand on écoute la voix du monde, la voix de Dieu.
Alors surgit la dissonance et l'on grince des dents.
(...)
Dans un instant nous dirons ensemble
« rendons grâce au Seigneur notre Dieu, cela est juste et bon ».
Voilà notre justice, notre justesse : rendre grâce au Seigneur notre Dieu.
Si nous voulons chanter juste, prier juste, être juste, que ce soit là notre diapason.
Elever notre cœur,
le tourner vers le Seigneur et lui rendre grâce.
Cela est bon.
Cela est juste.

Amen
Sylvain, diacre

Luc 18 -8 / Une homélie de JP Duplantier

            Le peuple d’Israël est attaqué. Il faut engager le combat. Moïse, le général en chef, met en place une stratégie : dans la plaine, Josué combattra les adversaires avec les guerriers d’Israël ; sur la colline, Moïse se tiendra debout le bâton de Dieu à la main. Aux fils d’Israël de se battre ; à Dieu de décider de la victoire. Mais la bataille n’en finit pas. Et les bras de Moïse fatiguent. Aaron et Hour le soutiennent. Moïse tient le bâton de Dieu levé jusqu’au coucher du soleil, Et Israël gagne la bataille.
 
Comme tous les récits de la Bible, celui-ci a été raconté pour nous. C’est pour cette raison que saint Paul écrit à Timothée : depuis ton plus jeune âge, tu connais les Ecritures ; elles ont le pouvoir de te donner la sagesse, en vue du salut par la foi que nous avons reçu en Jésus-Christ.
Ceci dit, à quoi peut nous servir l’histoire de Moïse en train de tenir le bâton de Dieu levé pour qu’Israël gagne la bataille ? Cette histoire peut-elle nous donner la sagesse qu’il faut pour interpréter la parabole de la veuve et du juge sans justice ?
 
Je suis d’accord avec vous, c’est compliqué. C’est une gymnastique difficile : passer de Moïse levant le bâton de Dieu, pendant la bataille, à la veuve qui a des problèmes avec un juge, puis à notre vie et la place que Dieu pourrait y tenir, c’est pas joué. Mais c’est cela « écouter la Parole » : suivre des images que Dieu nous envoie à travers ces histoires; voir qu’elles ressemblent bien à des choses de chez nous ; mais constater que nous ne voyons pas du tout ce qu’elle viennent faire maintenant, dans notre vie concrète ; puis accepter d’être dérangés ;  croire que l’Esprit saint tente de nous faire entendre des choses cachées, vitales, masquées par nos habitudes et nos intérêts du moment ; laisser ces images prendre leur temps dans notre jardin, et y inscrire une invitation ou, parfois, une limite à respecter. Seigneur qui invite, alors essayons.
 
A la messe, c’est communier au corps et au sang du Christ et écouter sa parole pour qu’elle prenne chair en nous. La messe, c’est les deux. Il faut faire avec.
Bref. Il y a trois batailles en cours. Celle du peuple d’Israël contre les Amalécites ; celle de la veuve avec son adversaire et le juge, et, en finale, celle des élus de Dieu, qui crient vers Lui jour et nuit. Les trois combats durent longtemps.
La première bataille dessine le champ des opérations : au premier plan, une histoire telle qu’on nous en parle tous les jours : deux peuples s’affrontent. C’est la guerre. A l’arrière-plan, l’histoire de Dieu qui a décidé de faire d’Israël un témoin, parmi les nations ; un témoin de sa volonté de sauver les hommes de la violence, et de les rassembler. Deux images : le combat dans la plaine ; et, sur la colline, Moïse, le bâton de Dieu à la main. Moïse qui fatigue, et que ses compagnons aident à ne pas baisser les bras, pour que le peuple continue de voir que l’Alliance avec Dieu est toujours en cours. Ceci peut être une première indication à propos de notre façon de participer à la vie politique. 
 
La deuxième bataille évoque ensuite un cas plus individuel : une veuve ; un prédateur qui cherche à profiter de la situation ; et la résistance de la veuve cherchant un juge pour la défendre ; et un juge qui laisse trainer, jusqu’à qu’il finisse par faire son travail de peur qu’elle ne vienne lui casser la figure (ce sont les termes du texte). Cette histoire est une parabole. C’est-à-dire qu’il s’agit pour Jésus de nous parler d’une situation plus difficile à décrire. En dessous de cette histoire de la veuve et du juge sans justice, Jésus cherche à nous montrer une autre bataille encore. Une bataille souterraine, cachée, au cœur de l’aventure humaine, et qui fait crier les hommes jour et nuit vers Dieu, d’une manière ou d’une autre.
 
Jésus voit que ce cri chez nous vient de ce que Dieu aime les hommes ; que nous sommes les élus de son cœur ;  qu’il  nous a choisi pour que nous portions sa ressemblance, la lumière, l’énergie de sa tendresse ; et que cet amour de Dieu nous travaille, secrètement, infiniment. Jésus voit qu’il y a une part veuve en nous, une part de nous qui entend cette demande d’amour, qui y résiste, qui la refuse et la désire en même temps, qui n’en finit pas de lui échapper.
 
Nous connaissons la soif de ne pas être seul, la soif d’être deux dans une seule chair. Pour nos faims et nos soifs ordinaires, nous avons nos habitudes, nos endroits où remplir nos cruches. Mais pour cette soif d’être aimé, c’est autre chose.
Il nous arrive de recevoir d’une femme, ou d’un homme, cette demande d’amour, et de la partager, et de vivre un temps à la lumière de cette alliance. Mais cet amour reçu, donné est fragile. Et même lorsqu’un couple tient la distance, nous finissons par percevoir qu’il y a encore davantage : une sorte de désir fou d’être rassemblé, de faire un, dans un même corps. C’est Dieu, lui-même, qui a imprimé sur l’argile dont nous sommes faits, cette folie, cette déchirure, à même notre chair vive. Et Dieu nous a envoyé Jésus, le Christ, pour nous raconter ces choses. Elles ne sont pas d’invention humaine et nous n’avons pas les yeux pour les voir, ni les oreilles pour les entendre. Mais, au creux de nous, c’est cette part veuve qui crie jour et nuit. Voilà ce que Jésus voit, ce dont il essaie de nous parler.
 
Et Jésus vient, à la manière du Fils de l’homme, dont parlent les Ecritures. Il vient comme un éclair.  A chaque fois, il renouvelle sa demande d’amour. A chaque fois il attend notre réponse ; il attend de nous que nous lui donnions l’hospitalité. 
 
Notre foi est un acte de foi. Elle est ce geste de consentir à lui ouvrir notre demeure. C’est une logique que nous connaissons mal, mais nous n’en sommes pas totalement ignorants : il nous arrive qu’un événement bref et soudain vienne éclairer toute une longue période de notre vie. Cela coïncide avec la découverte, après coup, de la place et de l’enjeu des différents moments qui se sont succédé. Et cela, soudain, peut changer notre regard sur les autres, sur nous-mêmes, sur le Christ Jésus. Quand le Seigneur passe ainsi, notre acte de foi, c’est de l’accueillir.
Quant à notre prière, elle est cette demande, que le Seigneur attend de nous, inlassablement : « Viens, et entre ma demeure, ô Seigneur, qu’elle soit tienne ; qu’elle t’appartienne. J’aspire au jour béni où ta Parole s’accomplit. »

Jean-Pierre Duplantier