Oser prendre la Parole / Mc 6 1-6 / Une homélie

Les trois textes bibliques de ce dimanche donnent le sentiment que « Oser prendre la Parole au nom de Dieu » et parfois une mission à hauts risques.
Les trois témoins qui nous sont présentés en ont fait chacun l'expérience.

Ezéchiel , dépêché auprès d'un « peuple de rebelles », révoltés contre Dieu, au moment de l'exil à Babylone, sait qu'il affrontera « le visage dur et le cœur obstiné. »
Paul qui a reçu des révélations exceptionnelles est accablé de difficultés et d'humiliations. « une écharde dans sa chair, une gifle de satan » Ils sont l'un est l'autre en situation de faiblesse, mais le Seigneur les confirme dans leur mission. Ezéchiel a pour appui le mandat de Dieu « Je t'envoie » et dans sa faiblesse Paul entend « Ma grâce te suffit »

Jésus lui même est affronté au manque de foi des habitants de son village.
Voilà que ces compatriotes sont choqués par son discours. Ils se demandent de quoi il se mêle. Il leur est difficile d'entendre une Parole si nouvelle, dont ils ne connaissent pas l'origine, qui renverse leurs habitudes, qui les éloigne de ce qu'ils connaissent, de leur tradition.
Dans leur réaction on peut détecter un brin de jalousie. Mais je voudrais prendre leur défense. Ils ont buté sur la simplicité de ce charpentier (fils) qu'ils ont bien connu et qu'ils ont vu grandir. Même s'ils connaissent sa réputation les habitants de son village ne pouvaient pas croire facilement en lui. D'une certaine manière leurs réactions soulignent la vérité de l'humanité de Jésus « vrai homme ».

Quant à nous, nous avons toute l'épaisseur du mystère pascal et toute la tradition (transmission) de l’Église qui nous permet de reconnaître aussi Jésus « vrai Dieu ». (dimension inaccessible pour ses compatriotes)
Et pourtant ne sommes-nous pas souvent à nous désoler lorsque nous constatons que nous ne parvenons pas à transmettre notre foi à certains de nos très proches. Nous nous trouvons en situation de faiblesse. Faiblesse qui évite l'orgueil, le centrisme de nos personnes. Faiblesse qui surtout laisse sa place à la puissance de la Parole. Malgré notre faiblesse le Seigneur compte sur nous.
« Ma grâce de suffit » nous dit le Seigneur.

C'est l'occasion alors d'entendre pour nous ce que Dieu dit à Ezéchiel « Ainsi parle le Seigneur Dieu… « Qu'ils écoutent ou n'écoutent pas ils sauront qu 'll y a un prophète au milieu d'eux » Pas de frontière à la Parole. Comme le dit Jésus Elle doit faire son chemin. « Le ciel et la terre passeront, mais ma Parole ne passera pas » Matthieu 24

Osons, risquons…
Cette liturgie est l'occasion de nous interroger sur notre rapport à la Parole de Dieu.
Pour la majorité de chrétiens le contact avec la Parole de Dieu se fait au cours de la messe. La liturgie de la Parole, première partie de la messe est la présence réelle du Verbe fait chair, depuis la première lecture jusqu'à l'offertoire, homélie incluse.
Cette homélie est toujours écrite et prononcée par un ministre, évêque prêtre ou diacre qui en ont sacramentellement la charge.
Personnellement je vous avoue que dans cet exercice je me sens en attitude de faiblesse devant la puissance de la Parole . Cela me dépasse souvent mais je dois m'effacer comme dit Paul « car quand je suis faible, c est alors que je suis fort » fort de la force du Christ.
A entendre les réactions après la messe ou dans la semaine qui suit, l'homélie semble être un point d'attention particulier des auditeurs . Sur le parvis vous entendez, « je n'ai rien compris à cette homélie » « Ce fut une belle homélie » L'homélie déterminerait la qualité de la célébration (les chants aussi). Avez vous déjà entendu des commentaires sur la Parole de Dieu elle même ? Sa pertinence… ses effets... ?
Vous connaissez la réponse.
Il y a là quelque chose d'étonnant, et le symptôme que nous attachons plus d'importance au prédicateur qu'à la Parole (majuscule). C'est à réfléchir !!!

Autre expérience : la tentation parfois de changer un texte de la liturgie parce que nous trouvons qu'il est trop compliqué, trop difficile pour le public concerné(enfants, peu de foi, catéchumène, parents…)
Alors je pose la question : Qui suis-je pour décider quels sont les effets de la Parole sur ceux qui la reçoivent ? car il s'agit autant de la recevoir que de l'entendre.
Si nous nous risquons à la Parole de Dieu nous découvrirons souvent que le Seigneur nous a déjà précédé dans le coeur de ceux qu'il met sur notre route « De même que la pluie et la neige descendent des cieux et n'y retournent pas sans avoir arrosé la terre, ainsi en est-il de la parole qui sort de ma bouche, elle ne revient pas vers moi sans effet sans avoir porté du fruit sans avoir exécuté ma volonté . » Esaïe 55

Pendant cet été pourquoi ne pas prendre le temps pour prier avec la Parole de Dieu, seul ou en famille, entre amis quelques instants par un partage simple et spontané plus avec le cœur qu'avec l'intelligence ?

Dans un instant le Christ va nous nourrir de son corps livré pour nous et de son sang versé pour la multitude.
Que cette Eucharistie renforce en nous le désir et la joie d'oser nous risquer à la fréquentation du Verbe fait chair.
N'ayons pas peur de nous risquer à la Parole de Dieu.

Robert Z.