Les
trois textes bibliques de ce dimanche donnent le sentiment que « Oser
prendre la Parole au nom de Dieu » et parfois une mission à
hauts risques.
Les
trois témoins qui nous sont présentés en ont fait chacun
l'expérience.
Ezéchiel
, dépêché auprès d'un « peuple de rebelles »,
révoltés contre Dieu, au moment de l'exil à Babylone, sait qu'il
affrontera « le visage dur et le cœur obstiné. »
Paul
qui a reçu des révélations exceptionnelles est accablé de
difficultés et d'humiliations. « une écharde dans sa chair,
une gifle de satan » Ils sont l'un est l'autre en situation de
faiblesse, mais le Seigneur les confirme dans leur mission. Ezéchiel
a pour appui le mandat de Dieu « Je t'envoie » et dans sa
faiblesse Paul entend « Ma grâce te suffit »
Jésus
lui même est affronté au manque de foi des habitants de son
village.
Voilà
que ces compatriotes sont choqués par son discours. Ils se demandent
de quoi il se mêle. Il leur est difficile d'entendre une Parole si
nouvelle, dont ils ne connaissent pas l'origine, qui renverse leurs
habitudes, qui les éloigne de ce qu'ils connaissent, de leur
tradition.
Dans
leur réaction on peut détecter un brin de jalousie. Mais je
voudrais prendre leur défense. Ils ont buté sur la simplicité de
ce charpentier (fils) qu'ils ont bien connu et qu'ils ont vu grandir.
Même s'ils connaissent sa réputation les habitants de son village
ne pouvaient pas croire facilement en lui. D'une certaine manière
leurs réactions soulignent la vérité de l'humanité de Jésus
« vrai homme ».
Quant
à nous, nous avons toute l'épaisseur du mystère pascal et toute la
tradition (transmission) de l’Église qui nous permet de
reconnaître aussi Jésus « vrai Dieu ». (dimension
inaccessible pour ses compatriotes)
Et
pourtant ne sommes-nous pas souvent à nous désoler lorsque nous
constatons que nous ne parvenons pas à transmettre notre foi à
certains de nos très proches. Nous nous trouvons en situation de
faiblesse. Faiblesse qui évite l'orgueil, le centrisme de nos
personnes. Faiblesse qui surtout laisse sa place à la puissance de
la Parole. Malgré notre faiblesse le Seigneur compte sur nous.
« Ma
grâce de suffit » nous dit le Seigneur.
C'est
l'occasion alors d'entendre pour nous ce que Dieu dit à
Ezéchiel « Ainsi parle le Seigneur Dieu… « Qu'ils
écoutent ou n'écoutent pas ils sauront qu 'll y a un prophète au
milieu d'eux » Pas
de frontière à la Parole.
Comme le dit Jésus
Elle doit faire son chemin. « Le ciel et la terre
passeront, mais ma Parole ne passera pas » Matthieu 24
Osons,
risquons…
Cette
liturgie est l'occasion de nous interroger sur notre rapport à la
Parole de Dieu.
Pour
la majorité de chrétiens le contact avec la Parole de Dieu se fait
au cours de la messe. La liturgie de la Parole, première partie de
la messe est la présence réelle du Verbe fait chair, depuis la
première lecture jusqu'à l'offertoire, homélie incluse.
Cette
homélie est toujours écrite et prononcée par un ministre, évêque
prêtre ou diacre qui en ont sacramentellement la charge.
Personnellement
je vous avoue que dans cet exercice je me sens en attitude de
faiblesse devant la puissance de la Parole . Cela me dépasse souvent
mais je dois m'effacer comme dit Paul « car quand je suis
faible, c est alors que je suis fort » fort de la force du
Christ.
A
entendre les réactions après la messe ou dans la semaine qui suit,
l'homélie semble être un point d'attention particulier des
auditeurs . Sur le parvis vous entendez, « je n'ai rien compris
à cette homélie » « Ce fut une belle homélie »
L'homélie déterminerait la qualité de la célébration (les
chants aussi). Avez vous déjà entendu des commentaires sur la
Parole de Dieu elle même ? Sa pertinence… ses effets... ?
Vous
connaissez la réponse.
Il
y a là quelque chose d'étonnant, et le symptôme que nous attachons
plus d'importance au prédicateur qu'à la Parole (majuscule). C'est
à réfléchir !!!
Autre
expérience : la tentation parfois de changer un texte de la
liturgie parce que nous trouvons qu'il est trop compliqué, trop
difficile pour le public concerné(enfants, peu de foi, catéchumène,
parents…)
Alors
je pose la question : Qui suis-je pour décider quels sont les
effets de la Parole sur ceux qui la reçoivent ? car il s'agit
autant de la recevoir que de l'entendre.
Si
nous nous risquons à la Parole de Dieu nous découvrirons souvent
que le Seigneur nous a déjà précédé dans le coeur de ceux qu'il
met sur notre route « De même que la pluie et la neige
descendent des cieux et n'y retournent pas sans avoir arrosé la
terre, ainsi en est-il de la parole qui sort de ma
bouche, elle ne revient pas vers moi sans effet sans avoir porté du
fruit sans avoir exécuté ma volonté . » Esaïe 55
Pendant
cet été pourquoi ne pas prendre le temps pour prier avec la Parole
de Dieu, seul ou en famille, entre amis quelques instants par un
partage simple et spontané plus avec le cœur qu'avec
l'intelligence ?
Dans
un instant le Christ va nous nourrir de son corps livré pour nous et
de son sang versé pour la multitude.
Que
cette Eucharistie renforce en nous le désir et la joie d'oser nous
risquer à la fréquentation du Verbe fait chair.
N'ayons
pas peur de nous risquer à la Parole de Dieu.
Robert Z.