La fête du Christ Roi est
très récente dans l’Église. C'est une fête de circonstance;
Elle a été instituée par le le Pape Pie XI en 1925 pour réagir
tout à la fois contre le laïcisme moderne qui reléguait l’Église
dans les sacristies et contre le cléricalisme d'hier qui refusait au
monde son autonomie par rapport à la foi.
A cette époque aussi les
chrétiens étaient impressionnés par la montée de puissances
destructrices, les grands totalitarismes, et des idéologies
mortifères à leurs yeux comme le nazisme qui pointe ou le marxisme.
C'est St Jean-Paul II qui a
placé cette fête au dernier dimanche de chaque année liturgique.
Mais le thème d'une royauté
divine n'a pas attendu le 20es. Il traverse toute
l’histoire du peuple de Dieu.
Dans la première lecture nous
entendons le prophète Daniel prédire le pouvoir d'un personnage
mystérieux placé entre ciel et terre pour une domination éternelle;
Dans l’Apocalypse Jean vise
de façon évidente Jésus , le premier né d'entre les morts, le
prince des rois de la terre,… le souverain de l'Univers.
Le titre donné à Jésus de
Roi de l'Univers le place résolument du côté du créateur et de la
création. Et puis on donnera à Jésus le titre de Messie c’est à
dire « Celui qui a reçu l'onction » ( les rois de la
terre recevaient aussi une onction)
Jésus n'a jamais revendiqué
ou accepté le titre de Roi comme le témoigne ses réponses lors de
sa comparution devant Pilate ( Evangile de ce jour) alors qu'il parle
de son Royaume qui n'est pas de ce monde.
Généralement la figure du
Roi est faite de de puissance et d'autorité.
Or la,puissance de Dieu
s'exerce à travers Jésus par la faiblesse et l'humilité.
Le roi que nous fêtons a pris
chair dans une étable « couché dans une une mangeoire ».
Si un jour Jésus a revêtu
des attributs royaux sa couronne fut d'épine, son manteau :
celui de la haine et du péché des hommes, son trône sur terre :
la croix, son programme : le double commandement de l'amour et
du don total, son triomphe : sa victoire sur la mort et le mal.
Finalement c'est tout le mystère pascal qui se déploie dans sa
royauté.
Aujourd'hui cependant, dans le
monde que l'on dit déchristianisé, dans notre république laïque,
où l’ Eglise secouée par des scandales, est vue avec sa
hiérarchie et son décorum ( parfois royal) comme une institution
moyenâgeuse, malgré le récent concile,comment évoquer le Christ
Roi de l'univers ?
Cela paraît paraît décalé
et incongru.
Alors devons nous raser les
murs, rougir devant cette évocation. ?
Une petite phrase dans l
extrait de l'Apocalypse ouvre un chemin : « Il a
fait de nous un Royaume » et si nous avions pu lire le
prophète Daniel un peu plus loin nous aurions entendu «Ceux
qui recevront le Royaume sont les saints du Très Haut et ils
posséderont le Royaume pour
l'éternité. »
C'est bien la promesse qui
nous est faite à notre baptême, ce sacrement qui nous fait pour
l'éternité, prêtre, prophète et roi.
Jésus de Nazareth n' est pas
un Messie individuel. Il partage sa royauté avec son peuple et notre
vie de baptisé prend son sens dans cette révélation que nous
faisons partie du Corps du Christ « Nous sommes les membres du
Corps dont le Christ est la tête. » et que de ce fait nous
appartenons à la vérité . »
C'est quoi la vérité ? »
demande Pilate..
Il ne s agit pas d'une vérité
scientifique, historique ou mondaine.
Il ne s'agit pas de considérer
seulement le visible, le démontrable. Nous appartenons à DIEU
lui-même qui se révèle en Jésus dans le mystère de son
incarnation et de sa résurrection, Nous appartenons à cette vérité
« Quiconque appartient à
la vérité écoute ma voix. » Jésus ne dit pas « écoute
mon discours, mes paroles mes arguments » mais ma voix. Nous
sommes dans l'ordre de ce qui résonne non pas à mon intelligence
mais à mon coeur, à mon corps, à mon être.
Vive le roi que l'Eglise nous
donne à contempler pour une adhésion profonde, un mouvement de tout
notre être pour mettre le Christ au centre de notre vie, au
centre de nos engagements et de nos relation, au centre de notre
vision pastorale.
Voilà un des sens de la fête
du Christ Roi de l'univers; La fête du Christ Roi est aussi
un appel à l'espérance. Non Le monde ne va pas à sa perte
Il y a quelqu’un au gouvernail.
Le péché n'est pas une
fatalité
Le monde est mené par la
puissance de l'amour et de la miséricorde de Dieu accomplis dans le
mystère de la puissance de la résurrection du Christ ; Si St
Jean-Paul II a placé cette fête juste avant que nous marchions vers
Noël un peu comme un phare qui éclaire le chemin vers Noël, c’est
peut-être pour que nous avancions vers la Nativité dans cet esprit
pascal ?
Noël serait inutile sans
Pâques ;
En méditant pour préparer
cette homélie il m'est venu l'hymne aux Philippiens (samedi aux
Vêpres) : « Le Christ Jésus ne retint pas
jalousement le rang qui l'égalait à Dieu, mais il s'est anéanti
prenant la condition de serviteur »
...devenant obéïssant
jusqu'à la mort et la mort de la croix.
C'est pourquoi
Dieu l'exalté , il l'a doté du nom qui est au dessus de tout nom
Souligné le C'EST POURQUOI
Si Dieu a exalté Jésus et
l'a doté du nom qui est au dessus de tout nom c'est parce qu'il
s’est anéanti prenant la condition de serviteur.
Pour notre part nous ne
pouvons être associé à la royauté du Christ que si nous nous nous
faisons nous même serviteur.
Nous ne pouvons pas rester
indifférent ou tiède devant une vérité et un don aussi radicaux.
Que chacun discerne comment il
est serviteur... et pas seulement dans l'Eglise
Et l’hymne aux Philippiens
poursuit :
« Afin qu'au nom
de Jésus tout genoux fléchisse, au ciel, sur terre et aux enfers »
Oui que nos genoux fléchissent
devant le Christ Roi de l'univers
Mais que nos genoux ne restent
pas à terre.
Amen
Robert Z.