Quelle ironie ! Quel
clin d'œil du Seigneur ce dimanche ! Quel humour a-t'il eut pour
choisir parmi tous les ministres à Gradignan chargés de commenter
la parole de Dieu, un homme marié. Je n'avais pas lu les textes
avant de me proposer pour ce dimanche.
C'est uniquement
quand je me suis attelé à préparer cette homélie que j'ai
découvert avec stupeur que c'était la lettre de Paul sur le célibat
qui était lue.
J'ai longtemps
hésité, contourner l'obstacle ou l'affronter. Ce que me dit le
Seigneur dans ma prière c'est de prêcher sur la lettre de Paul.
"Celui,
qui n’est pas marié, a le souci des affaires du Seigneur, il
cherche comment plaire au Seigneur. Celui, qui est marié, a le souci
des affaires de ce monde".
Etrange propos, qui
n'est ni favorable au mariage ni favorable au célibat, quand on
regarde de plus près.
Le propos semble
étrange car on l'interprète souvent en négatif. Et cela donne :
"Celui, qui n'est pas marié, n'a pas le souci des affaires de
ce monde, celui qui est marié n'a pas le souci des affaires du
Seigneur".
On a là une
affirmation qui ne tient pas la route mais c'est en se servant de ce
négatif que nous sommes tentés de rejeter l'affirmation de Paul.
Mon propos n'est pas de mettre en accusation Paul, car c'est ce même
Paul qui exalte le mariage comme signe éminent de l'amour du Christ
pour son Eglise dans la lettre aux Ephésiens au chapitre 5.
Mon propos est de
comprendre ce que veut nous dire le Seigneur à travers la lettre de
Paul ce dimanche.
Alors que choisir,
le célibat ou le mariage ?
S'agit-il vraiment
d'une affaire de choix, à ce sujet, le célibat est-il toujours
choisi ?
N'est-ce pas plutôt
une affaire d'appel ?
Et comment concilier
la grâce du baptême dans sa vie entre le célibat et le mariage ?
Comment laisser grandir en soi l'appel du Seigneur à le louer et à
se tourner vers nos frères ?
Mais revenons au
texte de Paul avant d'avancer ensemble dans notre méditation. Je
voudrais remettre dans le contexte l'extrait de la première lettre
aux Corinthiens de ce dimanche. Elle s'inscrit à la suite de ce qui
a été lu dimanche dernier. Rappelez-vous, pour Paul, il y a
urgence, "Frères, je dois vous le dire : le temps est
limité. [] car il passe, ce monde tel que nous le voyons."
Le Christ va revenir dans la gloire très prochainement. On pourrait
sourire et dire que pour sûr Paul s'est trompé d'au moins 2000 ans.
Mais non, Paul ne s'est pas trompé, il voit la gloire de Dieu dans
sa pleine résurrection.
Par ailleurs, mettre
en avant le célibat n'est pas du tout dans l'air du temps à
l'époque de Paul. Cela ne l'est d'ailleurs pas plus à notre époque.
Combien de fois les prêtres sont-ils interrogés sur leur célibat
tout au long de leur vie ? Paul parle donc à contre-temps, il veut
réveiller les consciences il veut bousculer nos habitudes et nos
préjugés.
A l'occasion d'un
échange avec un prêtre ami sur nos vocations, nous évoquions
comment nous sentions notre baptême se déployer dans nos vies. Je
lui disais combien mon mariage avait secoué en moi le souvenir de
mon baptême. Lui me disait que sa vocation s'était révélée à
travers la personne d'un vieux prêtre. Ce prêtre aimait tout le
monde. Et comme lui, il se sentait appelé à aimer tout le monde et
que pour cela, il se sentait appeler au célibat. C'est donc dans un
désir de fraternité que mon ami a choisi le célibat et qu'il se
consacre pleinement au Seigneur.
Et nous qui sommes
mariés, ne voulons-nous pas vivre la logique de notre baptême dans
toutes les dimensions de nos vies : dans notre couple, comme parents,
au travail, dans nos engagements bénévoles associatifs et
ecclésiaux. Nous ne voulons pas choisir entre être Marthe ou être
Marie mais concilier les deux.
L'important c'est de
vivre pleinement sa relation avec le Seigneur. Marié ou célibataire,
l'important c'est d'équilibrer nos vies. Nous sommes tous appelés à
notre manière à avoir les soucis des affaires du Seigneur. Chacun
répond selon son état à l'appel qui lui est fait pour la mission
de porter la bonne nouvelle au monde.
Mais certains
d'entre-nous sont mis à part au milieu de nous pour enseigner et
guider. De ceux-là on peut dire en les écoutant : "Voilà
un enseignement nouveau, donné avec autorité !" Ils
reçoivent cette autorité de plus grand qu'eux, ils ont pleinement
le souci des affaires du Seigneur.
Seigneur,
enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta
route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car
tu es le Dieu qui me sauve.
Amen !
Dominique
Bourgoin, diacre.