Le Royaume des cieux est comparable à un homme.../ Mt13 24-30 / une homélie

Ce dimanche, Jésus nous fait la grâce d'expliquer une de ses paraboles, ce qui est rare comme nous le disait le père Louis dimanche dernier. Ce dimanche, Jésus continue de nous enseigner sur le royaume des cieux.

C'est bien d'être enseigné sur le royaume des cieux car on ne sait pas grand-chose du Royaume des cieux. C'est qu'il doit être bien haut le royaume des cieux, que même en plissant les yeux, que même avec des jumelles ou une longue-vue on ne le voit pas.
Alors lisons attentivement. Dans la première parabole, "Le royaume des Cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ." Dans la deuxième : "Le royaume des Cieux est comparable à une graine de moutarde qu’un homme a prise et qu’il a semée dans son champ." Et dans la dernière : "Le royaume des Cieux est comparable au levain qu’une femme a pris et qu’elle a enfoui dans trois mesures de farine."

Il y a des points communs dans ces trois paraboles.
Tout d'abord, le royaume des cieux n'est pas désincarné. Il y a de l'humain dans le royaume des cieux, il y a de la chair. Le royaume des cieux n'est pas éloigné de nous, il n'est pas si inatteignable qu'on l'imagine. Il est donc inutile de se procurer une longue-vue pour le discerner. 

Ensuite, il s'y passe des événements qui ne nous sont pas si étrange que ceux que nous connaissons, les semailles, une plantation, et la confection du pain. Même si nos vies ont une approche de plus en plus virtuelle de l'agriculture et de la boulangerie, ces activités évoquent encore pour nous du concret. Ces activités n'ont rien de grandiose. Elles s'inscrivent dans des activités humaines totalement banales. Le royaume des cieux ne semble pas un lieu d'oisiveté ou de surmenage, c'est un lieu où l'homme et la femme travaillent paisiblement. 

Puis encore, on peut remarquer qu'il y a quelque chose qui grandit dans le royaume des cieux, le blé dans la première parabole, la moutarde dans la seconde et la pâte qui lève dans la troisième. Ça grandit dans le royaume des cieux, ça se déploie, ça s’épanouit. C'est comme si le royaume de Dieu a la propriété de s'élargir. Et ça grandit à partir du petit, à partir du grain de blé, de la graine de moutarde dont on dit qu'elle est particulièrement petite et du levain qui on le sait est petit par rapport à la masse de la farine. Rien de spectaculaire, rien de particulièrement précieux. Du petit qui grandit.

Il y a aussi une notion d'un temps qui s'écoule lentement, on n'est pas pressé dans le royaume des cieux, on n'est pas stressé. On ne provoque pas la nature au contraire, on respecte son rythme, son temps. 
Et enfin, pour que ça grandisse dans le royaume des cieux, il faut en passer par un enfouissement. Avant de grandir, il faut tomber par terre, il faut même lutter parfois contre ce qui empêche la croissance, c'est l'explication que donne Jésus sur l'ivraie. Avant de grandir il faut être enterré comme la graine de moutarde ou être enfoui dans la pâte. 
Il est attirant le royaume des cieux, un lieu habité, un lieu où les activités nous sont familières, un lieu où ça pousse doucement. 

Et il y a dans cet enfouissement, un peu comme la foi que Dieu sème en nous. Cette foi plus petite qu'une graine de moutarde comme il est dit un peu plus loin dans l'Evangile de Matthieu (Mt17, 20).
Cette foi enfouie dans notre chair qui tressaille à la parole de Dieu. Cette foi qui peut grandir ou être étouffée par l'ivraie.
Mes amis, nous portons en nous les germes du royaume des cieux. Il ne tient qu'à nous de laisser germer patiemment pour qu'il advienne. 

Ce dimanche est consacré à fêter la saint Jacques car Gradignan est une ville étape sur le chemin de Tours. Alors je voudrai évoquer une expérience forte qui peut nous donner de connaître la croissance du royaume des cieux. 

Le royaume des cieux est comparable à un homme ou une femme qui enfouie son pied dans son soulier pour marcher sur le chemin de Compostelle. Lentement, un pied devant l'autre, ils se rapprochent du but. Malgré les difficultés, malgré les blessures, ils avancent sur le chemin et grandissent dans la relation aux autres au hasard des rencontres, ils grandissent dans la contemplation de la création quand ils oublient leurs douleurs. Ils grandissent dans la foi parfois sans le savoir quand ils s'abandonnent à la prière silencieuse et la louange.


Et Dieu, qui scrute les cœurs,
connaît les intentions de l’Esprit
puisque c’est selon Dieu
que l’Esprit intercède pour les fidèles.

Amen !

Dominique Bourgoin, diacre.

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