Luc 21 5 19 / Ne soyez pas terrifiés / Une homélie

(...)
Il semblerait que lorsque nous, les humains nous portions le Nom du Christ, lorsque ce Nom est inscrit sur nous, dans nos chairs, cela provoque du côté du monde du désordre et de la crise.


En recevant le Nom du Christ, nous sommes retirés du monde, Jean dira que nous sommes « dans le monde », mais nous ne sommes plus « du monde ».

Nous ne sommes plus esclaves d'un monde qui se délecte du bruit des guerres et des catastrophes,
- qui se donne sans cesse comme sa propre vérité,
- qui travaille à écraser l'homme sous la loi et les jeux de pouvoir,
- le monde qui s'affaire sans rien faire
- le monde qui pense que l'homme peut être compté, réduit en statistiques, en généalogies.
- le monde qui se cherche des racines, des valeurs, des identités.
- le monde qui chante sur tous les tons que l'homme est le maître du monde et qu'il est libre, et qu'il maîtrise sa vie, et qu'il doit construire son bonheur, et qu'il est bien meilleur aujourd'hui qu'hier et dans le même temps, qu'il est ce qui peut arriver de pire au monde et qu'il faudrait qu'il disparaisse gentiment en laissant la place nette.

Etre au Christ nous retire de tout ça.
Notre vérité, c'est Lui,
notre identité, c'est Lui, lui à travers les autres,
notre liberté, c'est de le servir, le servir en servant les autres,
nos racines, avec Lui, elles ne plongent plus dans la terre mais dans les cieux,
nos familles ne sont plus d'un vouloir de chair et de sang, mais de ceux qu'il nous donne comme frères et qui gardent sa Parole,
le bonheur, il n'en n'a que faire ! Il nous promet la Joie !
(...)

Acclamez le Seigneur car il vient pour gouverner la terre
pour gouverner le monde avec justice
et les peuples avec droiture !

Amen
Sylvain diacre

Merci pour vos prières / Un texte de Catherine Magnin

Année 2016, année difficile pour moi  avec ma vie brutalement  bousculée par la maladie, entrée par effraction dans une vie active apportant avec elle son lot de souffrance quotidienne. En soins intensifs, sur mon lit d’hôpital, impossible d’éviter de vivre la douloureuse expérience de l’absurde de la souffrance, de vivre l’expérience de la désespérance avec le sentiment d’être abandonnée de Dieu, rendant ainsi ma prière si pauvre !

Alors, merci pour vos prières à tous :
Comme le dit le psaume 140 « Ecoute mon appel quand je crie vers toi. Que ma prière devant toi  s’élève comme un encens » vos prières inlassables se sont élevées vers le Père comme un rempart autour de mon lit.
Mille fois merci pour vos prières à tous : Prières de frères et sœurs en Eglise, signes prodigieux de l’amour du Père quand tout semble perdu. Elles ont pris le relais des pauvres miennes et m’ont sans cesse réconfortée.

Aujourd’hui, chaque parole des psaumes, des chants, de la liturgie résonnent profondément dans mon cœur.
Aujourd’hui, je ne suis pas guérie mais je peux revenir prier au milieu de vous et avec vous.
J’en rends grâce à Dieu. Il est notre refuge.

Mais vous, frères et sœurs en église, nombreux à prier pour moi,  vous avez fraternellement pris le relais.
Vos prières m’ont tellement  soutenue et protégée dans ces moments de désespérance! Elles sont un don du Seigneur

Je vous dis mille fois merci.
Catherine

Etre juste - Chanter juste / Luc 18 9-14 /Une homélie

La parabole d'aujourd'hui est pour ceux qui sont convaincus d'être justes et qui méprisent les autres.
Être juste, C'est difficile de saisir ce que c'est...
Chanter juste, on voit mieux de quoi il s'agit !
(...)
Ma comparaison n'est pas bien fine, mais elle nous alerte sur un point :
La justice, c'est la justesse.

C'est avoir pour chacun la bonne attitude, garder le bon écart.
C'est dans nos vies, tenir la distance sans rien lâcher, s'efforcer de tenir la ligne sans jamais être au-dessus ou au-dessous.

C'est être attentif à la voix des autres autour de soi, reconnaître dans leur voix, des échos de la sienne et donc rendre possible la rencontre, le pardon.
C'est user de la loi sans oublier la voix pour ne pas perdre l'harmonie générale de nos vie et de la vie du monde.
Combien de fois nos prières sonnent-elles faux ?
- Quand notre prière n'est peut-être pas si « universelle » qu'elle veut bien le croire.
- Quand notre prière n'est qu'un reflet de nos étroitesses ou de nos craintes,
- quand on n'écoute plus la note de Dieu, mais que l'on voudrait tout caler sur notre propre manière de voir....
On entend que nos prières sonnent faux quand on cesse de prier seuls, quand on écoute la voix du monde, la voix de Dieu.
Alors surgit la dissonance et l'on grince des dents.
(...)
Dans un instant nous dirons ensemble
« rendons grâce au Seigneur notre Dieu, cela est juste et bon ».
Voilà notre justice, notre justesse : rendre grâce au Seigneur notre Dieu.
Si nous voulons chanter juste, prier juste, être juste, que ce soit là notre diapason.
Elever notre cœur,
le tourner vers le Seigneur et lui rendre grâce.
Cela est bon.
Cela est juste.

Amen
Sylvain, diacre

Luc 18 -8 / Une homélie de JP Duplantier

            Le peuple d’Israël est attaqué. Il faut engager le combat. Moïse, le général en chef, met en place une stratégie : dans la plaine, Josué combattra les adversaires avec les guerriers d’Israël ; sur la colline, Moïse se tiendra debout le bâton de Dieu à la main. Aux fils d’Israël de se battre ; à Dieu de décider de la victoire. Mais la bataille n’en finit pas. Et les bras de Moïse fatiguent. Aaron et Hour le soutiennent. Moïse tient le bâton de Dieu levé jusqu’au coucher du soleil, Et Israël gagne la bataille.
 
Comme tous les récits de la Bible, celui-ci a été raconté pour nous. C’est pour cette raison que saint Paul écrit à Timothée : depuis ton plus jeune âge, tu connais les Ecritures ; elles ont le pouvoir de te donner la sagesse, en vue du salut par la foi que nous avons reçu en Jésus-Christ.
Ceci dit, à quoi peut nous servir l’histoire de Moïse en train de tenir le bâton de Dieu levé pour qu’Israël gagne la bataille ? Cette histoire peut-elle nous donner la sagesse qu’il faut pour interpréter la parabole de la veuve et du juge sans justice ?
 
Je suis d’accord avec vous, c’est compliqué. C’est une gymnastique difficile : passer de Moïse levant le bâton de Dieu, pendant la bataille, à la veuve qui a des problèmes avec un juge, puis à notre vie et la place que Dieu pourrait y tenir, c’est pas joué. Mais c’est cela « écouter la Parole » : suivre des images que Dieu nous envoie à travers ces histoires; voir qu’elles ressemblent bien à des choses de chez nous ; mais constater que nous ne voyons pas du tout ce qu’elle viennent faire maintenant, dans notre vie concrète ; puis accepter d’être dérangés ;  croire que l’Esprit saint tente de nous faire entendre des choses cachées, vitales, masquées par nos habitudes et nos intérêts du moment ; laisser ces images prendre leur temps dans notre jardin, et y inscrire une invitation ou, parfois, une limite à respecter. Seigneur qui invite, alors essayons.
 
A la messe, c’est communier au corps et au sang du Christ et écouter sa parole pour qu’elle prenne chair en nous. La messe, c’est les deux. Il faut faire avec.
Bref. Il y a trois batailles en cours. Celle du peuple d’Israël contre les Amalécites ; celle de la veuve avec son adversaire et le juge, et, en finale, celle des élus de Dieu, qui crient vers Lui jour et nuit. Les trois combats durent longtemps.
La première bataille dessine le champ des opérations : au premier plan, une histoire telle qu’on nous en parle tous les jours : deux peuples s’affrontent. C’est la guerre. A l’arrière-plan, l’histoire de Dieu qui a décidé de faire d’Israël un témoin, parmi les nations ; un témoin de sa volonté de sauver les hommes de la violence, et de les rassembler. Deux images : le combat dans la plaine ; et, sur la colline, Moïse, le bâton de Dieu à la main. Moïse qui fatigue, et que ses compagnons aident à ne pas baisser les bras, pour que le peuple continue de voir que l’Alliance avec Dieu est toujours en cours. Ceci peut être une première indication à propos de notre façon de participer à la vie politique. 
 
La deuxième bataille évoque ensuite un cas plus individuel : une veuve ; un prédateur qui cherche à profiter de la situation ; et la résistance de la veuve cherchant un juge pour la défendre ; et un juge qui laisse trainer, jusqu’à qu’il finisse par faire son travail de peur qu’elle ne vienne lui casser la figure (ce sont les termes du texte). Cette histoire est une parabole. C’est-à-dire qu’il s’agit pour Jésus de nous parler d’une situation plus difficile à décrire. En dessous de cette histoire de la veuve et du juge sans justice, Jésus cherche à nous montrer une autre bataille encore. Une bataille souterraine, cachée, au cœur de l’aventure humaine, et qui fait crier les hommes jour et nuit vers Dieu, d’une manière ou d’une autre.
 
Jésus voit que ce cri chez nous vient de ce que Dieu aime les hommes ; que nous sommes les élus de son cœur ;  qu’il  nous a choisi pour que nous portions sa ressemblance, la lumière, l’énergie de sa tendresse ; et que cet amour de Dieu nous travaille, secrètement, infiniment. Jésus voit qu’il y a une part veuve en nous, une part de nous qui entend cette demande d’amour, qui y résiste, qui la refuse et la désire en même temps, qui n’en finit pas de lui échapper.
 
Nous connaissons la soif de ne pas être seul, la soif d’être deux dans une seule chair. Pour nos faims et nos soifs ordinaires, nous avons nos habitudes, nos endroits où remplir nos cruches. Mais pour cette soif d’être aimé, c’est autre chose.
Il nous arrive de recevoir d’une femme, ou d’un homme, cette demande d’amour, et de la partager, et de vivre un temps à la lumière de cette alliance. Mais cet amour reçu, donné est fragile. Et même lorsqu’un couple tient la distance, nous finissons par percevoir qu’il y a encore davantage : une sorte de désir fou d’être rassemblé, de faire un, dans un même corps. C’est Dieu, lui-même, qui a imprimé sur l’argile dont nous sommes faits, cette folie, cette déchirure, à même notre chair vive. Et Dieu nous a envoyé Jésus, le Christ, pour nous raconter ces choses. Elles ne sont pas d’invention humaine et nous n’avons pas les yeux pour les voir, ni les oreilles pour les entendre. Mais, au creux de nous, c’est cette part veuve qui crie jour et nuit. Voilà ce que Jésus voit, ce dont il essaie de nous parler.
 
Et Jésus vient, à la manière du Fils de l’homme, dont parlent les Ecritures. Il vient comme un éclair.  A chaque fois, il renouvelle sa demande d’amour. A chaque fois il attend notre réponse ; il attend de nous que nous lui donnions l’hospitalité. 
 
Notre foi est un acte de foi. Elle est ce geste de consentir à lui ouvrir notre demeure. C’est une logique que nous connaissons mal, mais nous n’en sommes pas totalement ignorants : il nous arrive qu’un événement bref et soudain vienne éclairer toute une longue période de notre vie. Cela coïncide avec la découverte, après coup, de la place et de l’enjeu des différents moments qui se sont succédé. Et cela, soudain, peut changer notre regard sur les autres, sur nous-mêmes, sur le Christ Jésus. Quand le Seigneur passe ainsi, notre acte de foi, c’est de l’accueillir.
Quant à notre prière, elle est cette demande, que le Seigneur attend de nous, inlassablement : « Viens, et entre ma demeure, ô Seigneur, qu’elle soit tienne ; qu’elle t’appartienne. J’aspire au jour béni où ta Parole s’accomplit. »

Jean-Pierre Duplantier