Marcher sous la conduite de l'Esprit / Pentecôte / Une homélie
Le passage que nous avons entendu de Saint Paul commence ainsi : « Frères, marchez sous la conduite de l’Esprit-Saint » et se termine de la même manière : « Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit ! »
L’esprit ou plutôt le souffle… ce même souffle qui au commencement tournoyait sur les eaux, ce même souffle qui porte la Parole, le verbe par qui tout fut créé. Ce souffle qui emplit les narines de tout être vivant…’Tu envoies ton souffle, ils sont créés’ avons-nous entendu dans le psaume 103
Voilà que ce souffle en ce jour de Pentecôte fait grand bruit, porte un feu, des langues qui poussent les apôtres à se lever, à sortir de leur ‘lieu de confort’ à risquer leur propre parole. Ils disent les merveilles de Dieu s’étonnent ceux qui les entendent.
Les apôtres vont désormais sortir de la maison, de leur lieu de repli pour aller dans les maisons pour annoncer la paix. Ils vont se mettre en marche, résolument. Jésus les avait envoyés deux par deux sans sac, ni bourse ni argent recevant comme salaire ce qu’on leur donnerait à manger (Luc 10).
Les voici sur les chemins, sur les routes, en marche à la suite de Jésus. L’Esprit de Jésus les irrigue, leur fait se souvenir de ces paroles qui guérissent, qui remettent debout et invitent à reprendre courageusement la route, la rencontre de frères. ‘Lève-toi et marche !’…
Disciples de la voie, du chemin, comme ils se nommaient en ces premiers temps, les premiers chrétiens se laissent porter par le souffle de Dieu, ce souffle qui vient de Jésus, le Fils. Ce souffle qui glorifie le Seigneur par la louange et une vie qui cherche à porter ces fruits de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi comme nous le précise saint Paul.
Á leur suite, aujourd’hui, laissons-nous guider par l’Esprit-Saint, par ce souffle de Dieu ‘dont on ne sait ni d’où il vient, ni où il va’ (Jn 3,8). Il nous porte sur les chemins du monde. Ce monde que Dieu a tant aimé (Jn 3,16). Risquons une parole, avec nos mots de tous les jours, avec nos langages marqués de nos accents de terroir. Osons une louange même dans le silence ou par des actes discrets de solidarité. Que des frères y entendent les merveilles de Dieu. Amen.
Vincent Garros
Le Service Evangélique des Malades. SEM.
Le monde / Jn 17 11-19/ Une homélie
Celui qui aime est né de Dieu / Jn 15 9-17 / Une homélie
Le jour sans déclin
Toute la création est maintenant invitée à exulter et à se réjouir, car la résurrection du Christ a enlevé les verrous de l’enfer, les nouveaux baptisés ont renouvelé la terre et l'Esprit Saint ouvre le ciel. L'enfer béant laisse sortir les morts, de la terre rénovée germent les ressuscités, le ciel ouvert accueille ceux qui y montent. Le larron est monté au paradis, les corps des saints ont accès à la cité sainte, les morts retournent chez les vivants. En vertu d'une sorte de développement de la ré-surrection du Christ, tous les éléments sont emportés vers le haut. L'enfer laisse re-monter vers les sommets ceux qu'il détient, la terre envoie au ciel ceux qu'elle avait ensevelis, le ciel présente au Seigneur ceux qu’il reçoit. D'un seul et même mouvement la passion du Sauveur nous relève des bas-fonds, nous élève de la terre et nous place dans les cieux. La résurrection du Christ est vie pour les défunts, pardon pour les pêcheurs et gloire pour les saints. C'est la création tout entière que David engage à fêter la résurrection du Christ quand il dit qu'il faut exulter et se réjouir en ce jour que le Seigneur a fait (cf. Ps. 117, 24) ...
La lumière du Christ est un jour sans nuit, un jour sans fin. Partout il resplendit, partout il rayonne, partout il est sans déclin. Ce qu'est ce jour du Christ, l'Apôtre le dit : La nuit s'avance, le jour approche (Rom. 13,12). La nuit s'avance, elle ne reviendra plus. Comprends-le : une fois la lumière du Christ apparue, les ténèbres du diable ont pris la fuite et l'obscurité du péché ne revient plus ; les brumes du passé sont dissipées par la splendeur éternelle... Car le Fils est ce jour-même à qui le jour, son Père, a communiqué l'intime secret de sa divinité (cf. Ps. 18,3). Il est le jour qui a dit par la bouche de Salomon : J’ai fait lever dans le ciel une lumière sans déclin. De même que la nuit ne peut succéder au jour céleste, de même les ténèbres ne peuvent succéder à la justice du Christ. Le jour céleste resplendit, étincelle et fulgure sans cesse, et il ne peut être couvert par aucune obscurité. La lumière du Christ luit, brille et rayonne sans arrêt, et elle ne peut être couverte par les brumes du péché ; d’où cette parole de Jean l’Évangéliste : La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont point arrêtée (Jn 1,5) ...
C'est pourquoi, frères, nous devons tous exulter en ce saint jour. Que personne ne se soustraie à la joie commune à cause de la conscience de ses péchés, que nul ne s'éloigne de la prière du peuple de Dieu à cause du poids de ses fautes. Aucun pécheur ne doit désespérer du pardon en ce jour si privilégié. Car si le larron a eu la grâce du paradis, comment le chrétien n'aurait-il pas celle du pardon ?
Saint Maxime de Turin (Évêque du V siècle°)