La sainte famille / Mt 2 13-23 / Une homélie

Il y a quelques jours à peine, nous fêtions la naissance de jésus.
Noël n’est pas la fête de la naissance d’un héros mais la mémoire du surgissement dans le monde du verbe fait chair…
L’incarnation ce n’est pas Dieu entrant dans un corps d’homme comme les dieux antiques descendaient dans des corps de mortels ou d’animaux,
l’incarnation, c’est le Verbe de Dieu, sa parole créatrice, agissante qui se fait chair.
Une union parfaite et définitive, comme l’eau dans le vin…
Dieu prend la chair au sérieux, il ne fait pas semblant, il ne triche pas.

Comme dimanche dernier, c’est Joseph qui est le centre de l’évangile.
Un Joseph muet qui passe son temps à recevoir la visite de l’ange du Seigneur.
Il ne dit pas un mot dans toute l’écriture et on ne rapporte pas un mot de lui
C’est un corps d’homme sans parole
Joseph est sans cesse visité par un ange, c’est à dire par des mots sans corps

Un ange, ce sont les mots de Dieu qui nous visitent.
Un ange ça n’a pas de corps, c’est du langage, c’est de la parole
Je crois que c’est très important pour nous aujourd’hui.
Parce que si vous croyez qu’un ange c’est un blondinet avec des ailes, et bien vous aurez beau attendre, vous n’aurez jamais la visite d’un ange.Vous passerez votre vie à attendre et vous conclurez que les anges n’existent pas… ou pire, vous croirez que Dieu ne vous parle pas !
Par contre, si vous comprenez que les anges ce sont les mots de Dieu qui nous visitent… alors là, ouvrez bien les oreilles parce que vous n’avez pas finis d’avoir affaire avec les anges.
Dans votre sommeil comme Joseph, dans la bouche de vos amis, de vos enfants, mais aussi de la boulangère et du garagiste !
Voilà donc une situation passionnante :
Pour préserver la parole incarnée, Jésus, le Verbe fait chair,
il faut que se combinent, que se mettent en rapport des mots sans corps et un corps sans mots !!
Ces deux-là s’unissent pour sauver l’enfant, pour le mettre à l’abri, pour se mettre en mouvement.
« Lève-toi, prends l’enfant et sa mère et fuis » « Lève-toi… et pars »
Et Joseph se lève et part.

(...)
Voilà donc le tableau complet :
- Un corps sans parole : Joseph
- Des paroles sans corps : l’ange
- La Parole faite corps : Jésus
- et ce qui refuse à la fois le corps et la Parole : le monde

Je n’oublie pas que nous fêtons aujourd’hui la sainte famille
Mais tout ce que je viens de dire n’est pas étranger à la question de la famille.
C’est quoi la sainte famille ? Ça marche comment une sainte famille ?
La famille de l’évangile, elle semble prise au cœur de ce tourbillon étrange de chair et de parole… Inscrite dans ce réseau serré dont le centre est occupé par cet enfant pleinement chair et pleinement parole, pleinement Homme et pleinement Dieu.

(...)
Une sainte famille, c’est une famille qui sait se taire pour écouter les anges
une famille qui, quand elle a entendu les anges, accepte de se mettre en mouvement
une famille qui ne résiste pas à la venue de la Parole dans la chair
c’est à dire qui accepte chez elle la nouveauté, l’inédit de la Parole…
et donc qui s’émerveille en découvrant qu’il y a de l’inconnu dans ses enfants, de l’inconnu dans ses parents…

Que saint Joseph et ses anges bénissent nos familles… saintes

Amen
Sylvain diacre

Il prit chez lui son épouse / Mt 1 18-24 / Une homélie

"Il prit chez lui son épouse" quel chemin parcouru par Joseph, de la déception à l'accueil dans sa maison de son épouse et de l'enfant qu'elle porte.
On peut imaginer la déception de Joseph quand il a appris que Marie, son épouse, attend un enfant alors qu'ils n'ont pas consommé le mariage.
Le texte ne dit pas comment, Joseph l'a appris. Est-ce la rumeur malveillante qui a porté à ses oreilles cette information ? Ou tout simplement a-t'il constaté que le ventre de Marie s'arrondissait ?
Mais, peu importe. Nous les hommes, nous imaginons la déception de Joseph. N'est-ce pas la toute-puissance de sa virilité qui est en cause. Joseph n'est pas le père de l'enfant que porte Marie son épouse.
Il y a de quoi être déçu, et le mot est faible. Pourtant, Joseph ne cède ni à la colère ni à des actes irréfléchis. J'ai envie de dire qu'il se raisonne car il aime Marie.
Dans le peu de mots du texte, nous pouvons définir le caractère de Joseph. Il n'y a pas d'emportement de sa part. Le texte dit que Joseph est un homme juste. Nous, nous aurions peut-être dit que c'est un homme doux, calme, paisible. Et que c'est pour cela qu'il ne veut pas d'esclandre. Mais le texte dit que Joseph est un homme juste.
Que vient faire la justice ou la justesse dans cette affaire ?
Est-ce parce que la peine encourue par Marie ne serait pas juste si la chose se sait ? Ou plutôt n'est-ce pas que Joseph est ajusté à Dieu et qu'il sera réceptif à l'intervention de l'ange.
Etant ajusté à Dieu, il pose un regard de miséricorde sur sa femme. Il ne s'appesantit pas sur sa virilité blessée.
Joseph, quel exemple pour nous les hommes ! Combien notre société s'apaiserait si la figure de Joseph était montrée en exemple d'une manière plus forte. Notre société serait plus juste si la force de caractère de Joseph était plus soulignée dans ce qu'elle a de respectueux et de réfléchi, dans ce que l'amour de sa femme révèle.
Il y a dans cet épisode comme un renversement de ce qui est écrit dans le livre de la genèse. Là où Adam dénonce sa femme comme étant celle qui a péché, Joseph lui ne dénonce pas.
Et puis il y a le songe.
Dans son sommeil, l'ange s'adresse à Joseph. C'est plus facile d'entendre un ange dans son sommeil que de le voir et l'entendre dans sa maison comme Marie en a fait l'expérience.
Car Joseph a tout de même dans l'idée de se débarrasser de Marie. Pardonnez-moi l'expression mais Joseph ne veut pas garder son épouse. C'est clairement écrit.
Alors, l'ange s'adresse à Joseph dans un moment où il est sans défense. Dans son sommeil, Joseph est plus réceptif. Dans son sommeil, Joseph accepte les arguments de l'ange. En fait, dans le songe, Joseph accepte l'inimaginable. "L’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint."
Et, l'ange lui murmure qu'il ne doit pas craindre de prendre Marie chez lui. Craindre. Mais de quoi Joseph aurait-il peur ?
Joseph aurait-il peur de cette vie qui se développe dans le ventre de Marie ?
Les pères de cette assemblée comprendrons ce que je vais dire. La vie qui se développe dans le ventre de nos femmes, nous surprend et nous interroge. Nous les pères, comme Joseph, nous ne sommes que spectateurs de l'événement. Nous avons bien mis la main sur le ventre de nos femmes et nous avons bien senti que ça bougeait. Mais cela nous est un peu étrange et étranger.
Dieu se révèle dans ce moment particulier de la gestation d'une certaine manière. Inconsciemment, nous apprenons que la vie nous traverse, qu'elle est un don, que l'enfant à venir ne nous appartient pas, qu'il n'est pas notre chose. L'enfant est un don et notre devoir c'est de le protéger et de l'aider à grandir.
Le Seigneur entre ainsi dans l'histoire des hommes humblement. Tous les hommes touchent cette réalité qu'ils soient pères, qu'ils soient frères ou oncles. L'enfant paraît et les hommes s'interrogent.
Vous les femmes, j'espère que vous me pardonnerez de parler en votre nom, vous les femmes j'imagine que vous comprenez mieux que cette vie qui se développe en vous n'est pas vous mais que vous êtes un réceptacle de la vie. J'imagine que vous percevez mieux ce que Dieu donne.
Dieu humblement s'est incarné dans l'histoire de l'humanité. Et Joseph l'a accueilli comme un père accueille son enfant. Joseph a élevé Jésus comme son fils. Joseph a enseigné son métier à son fils.
La manière dont Dieu entre en nos histoires humaines c'est parce que :


"Quand Joseph se réveilla,
il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit :
il prit chez lui son épouse."


Amen !
Dominique Bourgoin, diacre

Lc 2 1-14 / Nuit de Noël / Une homélie

Noël est décidément une fête étrange.
Voilà que nous quittons la chaleur de nos maisons, nos bons repas, nos beaux cadeaux, pour venir encenser un bébé en plâtre en chantant de vieux refrains.

Il doit bien y avoir quelque chose de sérieux qui nous amène ici ?
Je ne veux pas croire que la force de l’habitude, le folklore de nos traditions fantasmées, de nos nostalgies, suffisent à tout expliquer.
Et que dire de la posture surplombante de celui à qui on ne la fait pas, qui regarde tout ça avec ironie (je lisais ce matin dans la presse : « Noël, machine à consommer et piège à bons sentiments »), c’est souvent le même qui est furieux si on lui refuse sa dose d’Anges dans nos campagnes.

Interrogeons-nous sur la vraie raison de notre présence ici ce soir...
Essayons de creuser sous le sucre, pour tenter d’entrevoir sur quoi repose toute cette histoire…
...
Si nous sommes là cette nuit, au fond, je crois que c’est parce que nous avons tous entendu la voix de l’ange.
Quelque chose en nous a entendu « Ne craignez pas, voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : aujourd’hui vous est né un sauveur, le Christ, le Seigneur. Et Voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »

Je le redis, parce qu’il ne faut jamais cesser de le redire, les anges ne sont pas des types avec des ailes dans le dos… ça, ça n’existe pas, c’est de la mauvaise image.
Les anges, ça n’a pas d’aile, parce que les anges ce sont des mots, ce sont des paroles…
Un ange, c’est des mots de Dieu qui circulent entre Lui et nous…
et ça je peux vous dire que non seulement ça existe, mais que nous sommes sans arrêt bombardés d’anges…

Celui de cette nuit vient nous dire au moins deux choses :
1 : aujourd’hui un sauveur nous est né
et 2 : On nous en donne un signe.

Un sauveur…. ??
Un sauveur pour quoi faire ?
Un sauveur pour nous sauver de quoi ?

Nos vies sont chaotiques, chacun porte son angoisse, ses échecs, ses maladies, chacun est marqué de son humiliation, de sa souffrance, chacun traîne avec lui ses déchirures et ses blessures, et, au bout du circuit, chacun va mourir, c’est à peu près la seule chose dont on soit sûr !

Quoi entre ce bébé en plâtre qu’on est venu encenser et l’état de ma vie ?

(...)

Aujourd’hui, un sauveur nous est né.
Aujourd’hui, c’est à dire à l’aujourd’hui où j’entends l’ange me le dire, c’est à dire à l’aujourd’hui où j’ouvre mes oreilles aux mots de Dieu !

(...)

 
Soyons assez malins pour nous laisser faire.
Approchons-nous de cet enfant.
Laissons-nous interroger par lui.
Venons le lire

Prenons Noël au sérieux

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux »
et bénis soient nos bébés en plâtre.

Amen
Sylvain diacre

Comme un voleur / Mt 24 37-44 / Une homélie

C'est le moment, l'heure est venue de sortir de notre sommeil...
Le Fils de l’homme vient…

On nous demande d’attendre, de nous tenir éveillés, de guetter le Fils de l’homme qui vient
et dans le même temps, on nous dit que cette veille n’empêchera pas la surprise...
Nous aurons beau faire, sa venue en nous sera toujours inattendue.
Voilà donc que nous devons attendre quelqu’un que nous avons la certitude de rater !
Continuer d’attendre quelqu’un même quand on est sûr de rater, n’est-ce pas ce qui peut définir les amoureux ?
Si l’on comprend cette posture de veilleur comme celle d’un amoureux, ça nous évitera de prendre cette attente comme un exercice purement théorique, une posture abstraite.
(...)

Le fils de l'homme quand il vient, restaure de l'unique.
Il recrée l'unité, non pas en fusionnant, mais en faisant du tri, en retirant ce qui est en trop.

Nous sommes au premier jour de l'avent, l'Eglise nous invite à nous mettre « en attente », nous voilà en tension vers la nuit de Noël.
Nous avons quelques semaines pour nous préparer, pour nous mettre en attente amoureuse.

Mais dans cette attente, gardons bien présente la figure du voleur…Il vient comme un voleur.
Prenons cette affaire de voleur au sérieux.
Je sais que nous avons été nombreux à être cambriolés dernièrement, voilà qui va nous aider à comprendre !

Le voleur, il vient pour prendre.
Il vient pour prendre ce qu'on ne lui donne pas.

Et ce voleur-là n'est pas un petit voleur comme ceux qui entrent chez nous en forçant une fenêtre… celui-là perce les murs !
Et l’évangile est clair : nous n'échapperons pas à la visite de ce voleur !
(...)

Quand le Fils de l'homme vient, pas un mur ne lui résiste.
Nous aurons beau croire avoir tout verrouillé, il passera.
Et même si nous croyons qu'il n'y a rien en nous pour lui, il prendra ce qu'il s'est choisi.
Et ce qu'il s'est choisi, n'est probablement pas ce que nous avions prévu de lui donner !
Alors nous serons sauvés !

Car c'est bien pour ça qu'il vient, c'est bien pour ça que nous l'attendons.
C’est un vol nécessaire, il nous mène à la vie...
mais comme dans tout vol, ne croyons pas que ce sera simple et sans douleur !

Devant l'enfant de la crèche, ne croyons pas qu'il vient pour nous donner, nous donner ce que nous attendons de lui,
il vient pour prendre... comme un voleur...
que nous le voulions ou non, son amour percera les murs,
il retirera en nous ce qui est double et qui encombre,
il ouvrira la voie pour son désir à lui.

Aurons-nous l’audace de dire avec Mère Thérésa :
« Jésus, je ne vous aime pas pour ce que vous donnez, mais pour ce que vous prenez ».

La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche
Amen
Sylvain diacre

Aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le paradis / Lc 23 35-43 / Une homélie

Par quel mystère, l'Eglise choisit ce texte de l'Evangile de Luc pour la fête du Christ roi de l'univers. Le texte de saint Paul se conçoit bien dans cet objectif. En effet quand on lit : "en lui, tout fut créé, dans le ciel et sur la terre. Les êtres visibles et invisibles, Puissances, Principautés, Souverainetés, Dominations, tout est créé par lui et pour lui. Il est avant toute chose, et tout subsiste en lui."
Le texte de Paul embrasse l'univers, il n'oublie rien de ce qui est créé. Alors que l'Evangile se réduit à un échange entre trois personnages. Certes, cela se passe au moment de la crucifixion de Jésus, certes ce moment est important pour notre foi mais de là à voir dans Jésus le crucifié le roi de l'univers, il y a à développer un effort d'imagination certain.
Ce dimanche, recherchons ce qui justifie le choix de cet Evangile pour nous inviter à nous tourner vers Jésus et le prier en tant que Roi de l'univers.
La première référence, celle que nous pourrions trouver évidente, c'est quand Jésus dit : "aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis."
Le paradis comme tout ce qui existe est créé par Dieu. Comme le précise Paul, tout est créé dans le ciel et sur la terre. Et seul le roi des lieux peut inviter quelqu'un à y entrer. Seul le roi a ce pouvoir. Il a le pouvoir de nous inviter dans le paradis. D'ailleurs, le bon larron comme le nomme la tradition, ne demande pas dans sa prière d'entrer au paradis mais seulement que Jésus se souvienne de lui quand il sera dans son royaume. Royaume et paradis seraient-ils un seul et même lieu ? Mais cette question est une autre histoire.
Que Jésus se souvienne de lui. Que Jésus se souvienne de moi. Que Jésus se souvienne de nous. Que le Seigneur se souvienne de notre nom qui est inscrit dans la paume de sa main. Qu'il se souvienne de nous comme nous nous souvenons de notre baptême. Comme un roi qui recense son peuple, qu'il ne nous oublie pas dans sa mémoire.
Deuxième élément qui nous éclaire sur la royauté du Christ.
Le bon larron est sans conteste un brigand, un voleur ou un assassin. Il a commis un ou plusieurs crimes puisqu'il est condamné à la crucifixion. Cette peine est réservée aux pires des criminels. C'est d'ailleurs ce qui a fait hésiter Pilate, Jésus est un fauteur de troubles mais il n'a pas de sang sur les mains. La peine est disproportionnée.
Sur la croix, à l'heure de la mort, Jésus accorde son pardon à cet homme qui fait repentance, qui reconnaît ses méfaits. Comme un roi qui connaît tous les recoins de son royaume, le Christ visite les périphéries. Il n'ignore aucun endroit de son royaume, aucun lieu de la création n'échappe à sa juridiction.
Le Christ est un roi qui visite tout son royaume y compris le lieu de mes ténèbres.
Enfin dernier élément, nous pouvons être surpris du moment où tout cela se passe. Au cœur de la souffrance un malfaiteur trouve les ressources pour insulter Jésus, un autre trouve la force de le défendre, et Jésus lui les bras déjà ouverts accueille le bon larron dans son royaume.
Le malfaiteur n'est pas le seul à injurier Jésus. Avant lui, il y a les soldats qui ne s'en privent pas et avant les soldats il y a les chefs des juifs qui les premiers invitent Jésus à se sauver lui-même. Et le peuple se tient là et il observe. Il y a comme des cercles concentriques qui concentrent de plus en plus la haine jusqu'au dernier celui du malfaiteur.
Et au centre de cette haine, Jésus. Et puis il y a cet homme qui échappe à la haine et qui se distingue de la neutralité du peuple. Cet homme ne suit pas le mouvement. Il ne se laisse pas enfermé dans les cercles haineux. Il défend en quelque sorte Jésus et il invite son frère de malfaisance à sortir du cercle qui entoure Jésus de haine.
Cet homme est converti par la seule présence de Jésus, et le premier mouvement de sa conversion c'est de se tourner vers son frère pour l'aider à le sortir de sa haine. Cet homme, le bon larron, est en mission pour le Seigneur. Sa première préoccupation c'est de ramener le frère des mauvais coups vers la lumière. L'histoire ne le dit pas mais peut-être que le mauvais larron fait amende honorable.
Qui peut résister à la parole du Christ, n'entend-il pas lui aussi cette phrase : "aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis."
Jésus le Christ agit comme un roi. Il prend soin de ceux qui peuplent la création. Il nous fait grandir comme il fait grandir le bon larron. De ses sujets, il fait des disciples.
Le Christ est roi de l'univers parce qu'il est celui qui choisit son peuple. Il est roi de l'univers parce qu'aucun lieu n'échappe à sa juridiction et qu'il fait grandir son peuple.
Quelle joie quand on m’a dit :
« Nous irons à la maison du Seigneur ! »
Maintenant notre marche prend fin
devant tes portes, Jérusalem !
Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.

Les béatitudes / homélie de la Toussaint 2019

"Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait" encore une lapalissade semble-t'il. Comment enseigner sans ouvrir la bouche ?
Mais des lapalissades, il n'y en a point dans les Évangiles. Comme le dit le père Alain Dagron, c'est dans les petits mots, les évidences que se cache souvent le souffle du texte.
Ce matin, pour ce jour de la Toussaint, je propose de chercher pourquoi Jésus ouvre la bouche pour enseigner.
"Voyant les foules, Jésus gravit la montagne" Jésus voit dans les foules. Jésus plonge son regard dans le regard de ceux qui composent les foules et soudainement, sans que cela semble préparé, Jésus décide de donner un enseignement à ses disciples.
Il s'assied et il livre à ses disciples ce qu'il a vu dans les foules. Et pour cela il ouvre la bouche. Il dit à ses disciples, il nous dit à nous ses disciples ce qu'il voit dans les foules car il ne voit pas des foules informes et anonymes.
Dans les foules, il voit des pauvres de cœur, des gens qui pleurent, des doux, des combattants pour la justice, des gens prompts à pardonner, des pacifistes et des persécutés.
Voilà ce que Jésus voit quand il plonge son regard dans celui de ceux qu'il croise. Il voit des états qui révèlent toute la diversité des êtres humains et surtout toutes leurs faiblesses. Et de ces faiblesses, il en fait une richesse, il en fait une force.
Car ce n'est pas rien d'avoir le royaume des cieux à soi, d'être consolé, d'être pardonné ou d'obtenir la justice.
Et tout cela, le Christ l'enseigne à ses disciples, il nous l'enseigne à nous ses disciples. Avons-nous cette aptitude quand nous croisons les foules ? Reconnaissons-nous dans ceux que nous croisons l'état et la faiblesse qui deviennent une force ?
Et surtout, dans toutes ces situations, Jésus voit de quoi se réjouir. Heureux ne cesse-t'il de proclamer. Heureux, non pas d'être pauvre de cœur mais à cause de cela d'avoir le royaume des cieux comme ceux qui ont été persécutés. Heureux non pas de pleurer mais parce que c'est la consolation qui vient. Heureux d'être rassasié de justice.
Heureux parce que dans chaque rencontre, Jésus y perçoit le souffle de Dieu. Voilà une des raisons pour laquelle l'évangéliste signale que Jésus ouvre la bouche pour enseigner.
Quand Jésus enseigne, l'Esprit saint enveloppe ses interlocuteurs de son souffle pour les saisir.
Et nous même ce matin sommes saisis, par ce souffle toujours présent dans ce texte. Ce souffle nous enveloppe.
C'est un peu comme une pentecôte en présence du Fils qui se produit sur la montagne. Nous ne savons pas comment les disciples reçoivent cet enseignement sur l'instant. En revanche, nous pouvons l'imaginer en mesurant l'impact de ce texte sur nous. Nous ne pouvons pas rester indifférents à ce texte des béatitudes. Il nous touche mystérieusement.
Lorsque Jésus ouvre la bouche pour livrer son enseignement c'est un peu le miracle de la genèse qui se reproduit comme quand Dieu souffle dans les narines d'Adam pour le réveiller.
Ainsi sur la montagne, Jésus souffle dans les narines de ses disciples quand il ouvre la bouche. Il réveille cette part d'humanité qui est cachée dans la chair des disciples et qui est marquée de l'image de Dieu. Cette marque fait de chacun un être humain aimé de Dieu.
Et c'est un peu ce que nous pouvons ressentir. Si ce texte des béatitudes nous prend dans son souffle, c'est parce que nous sommes baptisés et que ce souffle a déjà pénétré notre corps.
Si Jésus ouvre la bouche pour enseigner c'est que son enseignement n'est pas de nous donner une ligne de conduite. Ce n'est pas de nous apprendre à respecter des valeurs. Ce n'est pas pour nous apprendre à compter ou à hiérarchiser.
L'enseignement de Jésus c'est de toucher nos corps et de réveiller dans notre chair une nouvelle humanité qui s’épanouit dans la rencontre. Une rencontre avec l'Esprit Saint qui nous appelle à poser un regard juste sur celui que je croise, un regard qui suscite de la joie.
Ainsi, l'enseignement de Jésus n'est pas intellectuel mais charnel. Il nous enveloppe de son souffle.
Les béatitudes révèlent en nous la présence de Dieu qui fait de nous des saints. C'est ce qui me permet de souhaiter une bonne et heureuse fête à nous tous.
"Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père
pour que nous soyons appelés enfant de Dieu – Et nous le sommes. "
Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.

Prier-Crier / Luc 18 9-14 / Une homélie

(...)
Deux hommes montent au temple pour prier, l’un est défini par son lien à sa pratique de la Loi et de la religion : c’est le Pharisien. Celui qui s’applique à se tenir toujours dans la règle, toujours « conforme au droit ». Il fait scrupuleusement ce que la loi demande.
L’autre est défini par son métier, publicain, collecteur d’impôt, et je ne crois pas que ça fasse nécessairement de lui un pécheur, mais ça fait de lui un repoussoir pour le pharisien.

A la fin du texte, l’un est justifié par le Seigneur, c’est à dire que Dieu a entendu et pris soin de sa prière, l’autre non.
L’un a donc « chanté juste », l’autre a « chanté faux ».

Arrêtons-nous seulement sur deux points :
D’abord la prière du Pharisien.
Au fond, quel est le problème de cette prière ?
Et surtout, qu’est-ce qu’elle nous apprend de nos prières à nous ?
Nous arrive-t-il de prier comme lui ?

Nous prions comme lui à chaque fois que l’on prie sans demande… car au fond, il n’y a aucune demande dans sa prière.
Que voulez-vous que Dieu fasse d’une prière dans laquelle on ne lui demande rien ?

(...)

Le deuxième point que je voulais aborder, c’est la question des corps.
Car le texte donne beaucoup de détails sur les attitudes de ces deux hommes.
Et ici, il faut se méfier de nos petits théâtres intérieurs et bien regarder le texte.
Car on a vite fait de faire du pharisien un homme qui se met en scène de manière exubérante quand le publicain serait effacé et silencieux.
Le texte dit exactement le contraire : celui qui prie à voix haute en se frappant la poitrine, c’est le publicain. Celui qui prie en silence, c’est le pharisien. Et si ce dernier se tient debout, rien ne dit que l’autre soit à genoux.

Pourquoi ces détails ?
Pour nous alerter sur la place du corps.
La prière juste, la prière « ajustée », elle impacte le corps, ce n’est pas un beau discours intérieur, ce n’est pas une belle idée.
Elle prend corps dans la vibration de la voix, elle frappe la poitrine, et comme pour la veuve de la semaine dernière, comme pour le psaume que nous venons de prier, elle est de l’ordre du cri, elle a la force et la violence du cri :
« Le Seigneur regarde les justes, il écoute, attentif à leurs cris »

Que notre prière soit un cri et qu’importent les mots…
Le Seigneur n’a que faire de nos discours, de nos formules, de nos refrains.
Méfions-nous de nos prières quand elles ressemblent à des robinets d’eau tiède…

Que personne ne dise « je ne sais pas prier », car nous savons tous crier !
c’est même la première chose que nous faisons en venant au monde !
Notre premier cri est notre première prière !
Que personne ne dise « je n’ai pas les mots », qu’importent les mots si nous chantons juste !
Si nous sommes ajustés au diapason de celui qui nous aime éperdument.
(...)
Amen
Sylvain diacre

Rester connécté / Luc 18 1-8 / Une homélie

Jésus disait une parabole à ses disciples pour montrer qu’il faut toujours (en tout temps) prier avec persévérance.
Et les textes de la liturgie de ce jour orientent bien vers la question de relation à Dieu par la prière. ( sujet inépuisable et que mon homélie ne prétend pas épuiser).
Fait rare, Jésus annonce le thème de sa parabole. Ce n est pour cela que la parabole en devient plus limpide Nous devons la scruter en détail pour découvrir « la morale de l’histoire ». Nous avons des raisons d être surpris, comme a chaque fois que nous sommes en présence d’une parabole (récit..du Royaume.)

Dans la parabole Jésus illustre la persévérance dans le la figure d’une veuve démunie et fragile qui s’obstine à poursuivre de ses demandes un juge dépourvu de justice et elle obtient réparation.
Et le Seigneur ordonne « Ecoutez bien ce que dit ce juge qui n’est détenteur d’aucune justice»
Que dit il ? Que cette veuve l’assomme (casse la tête) et donc il rend justice, lui qui n’a pas de justice.
Et de suite sans transition Jésus établit une comparaison entre le juge et la veuve d’une part, et Dieu qu’il place comme juge vis à vis de ces élus qui demandent justice jour et nuit d’autre part. Jésus désigne Dieu comme la source de toute justice.

Qui sont ces élus dont le cri est continu ?
Même un ermite dans le désert, tout comme les moniales ou les moines qui ont choisi une forme de prière assidue ne se privent pas de sommeil. Et nous qui sommes tellement occupés , submergés à mener de front tant d obligations familiales, sociales et autres de notre vie ordinaire pouvons-nous crier vers Dieu, jour et nuit ?
Jésus avec la figure des élus, ouvre là un champ inconnu et que la parabole essaie de nous faire découvrir. Les élus ne représentent probablement pas une catégorie de gens, mais plutôt une part en nous-mêmes qui, que l’on dorme où que l’on veille, « crie vers Dieu. »
« La création toute entière attend avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu...et l’adoption et la rédemption de notre corps.  « Ro 8, 18. Tout notre être, à notre insu , aspire à la justice de Dieu. Nous aspirons à la rencontre avec Dieu, c est le sens de la prière. Un désir profond de Dieu
Notre prière consciente, lorsque nous nous mettons volontairement en prière seul ou ensemble, comme ce matin trouve son origine dans ce désir.

La prière nous fait entrer en nous-même ( parabole du fils dit prodige) non pas pour nous y enfermer mais pour y découvrir celui qui vit en nous, pour entrer en relation avec Dieu, et en priant nous nous ajustons toujours plus à la justice de Dieu et nous progressons avec confiance sur le chemin de la foi.
Car la prière est un acte de foi . La foi synonyme de confiance et de fidélité
La prière est aussi un acte de louange au Dieu créateur , au Dieu sauveur.
Une action de grâce parce que nous sommes un peuple « eucharistié » qui reçoit gratuitement grâce sur grâce et qui rend grâce
La prière nous fait aussi entrer en relation avec nos frères, car quand l’ un de nous ou quelques un d’entre nous prient c’est une part du corps du Christ qui parle à Dieu au bénéfice du corps entier (l’Église). La communion ? Prions sans répit les uns pour les autres prions pour les malades, les exclus…

Nous prions souvent pour la,paix , pour les personnes en difficulté etc mais que faisons nous concrètement pour la paix, contre l’ exclusion la pauvreté..la fraternité ?
Car la prière n’est pas un analgésique qui nous permettrait de nous dédouaner ou de nous extraire des responsabilités de notre condition humaine et d oublier nos problèmes et nos épreuves.
Au contraire elle nous permet d’affronter les contraintes de notre condition humaine et les aléas de notre société et du monde qui est le notre.
La texte de l’Exode ( 1ere lecture) nous présente Moïse en prière la main levée tenant le bâton de Dieu, aidé par Aaron et Hour. Sa prière soutient l’Action de Josué

Nous n’avons pas le choix entre la contemplation ou l’action.
Ora et labora (prie et travaille) est la devise de nombreux monastères ou couvents. Et Saint Ignace demande aux membres de la compagnie de Jésus (Jésuites) d’être des contemplatifs dans l’action.
La prière peut soutenir nos combats pour l’homme ; elle ouvre au pardon et à la miséricorde/ A la paix.

En ce mois extraordinaire de la mission voulu par le Pape François et particulièrement en ce dimanche les Parole de Paul à Thimothée nous rejoignent fortement dans l’invitation à inscrire notre prière dans une attitude missionnaire

Et Jésus demande la persévérance, ce n’est pas toujours facile. Une question reste !
Comment dans nos vies trépidantes, au milieu des sollicitations de la vie qui nous assaillent, devant tous les besoins qui nous talonnent, comment pouvons nous trouver le temps de la prière ?
Comptons sur la prière de l’Église qui est continue.
Comptons les uns et les autres.
Que ceux qui ont plus de temps prient plus longtemps.. Ne boudons pas les propositions locales.

Et si notre vie entière nos actions quotidienne , nos relations entre nous, nos engagements nos choix étaient cri vers Dieu, action de grâce ?

Nous somme dans un monde connecté. Chacun a en poche son smartphone ou autre pour rester connecté 24h sur 24 ; Ne rien rater de l info. Rester en contact avec les proches , etc au point qu’un téléphone silencieux, un jour sans mail, nous angoissent..
Ce que Jésus nous demande c’est de rester connecté jour et nuit, si nous veillons ou si nous dormons à l’amour infini de Dieu qui nous fait vivre ?

Que l’Eucharistie de ce jour qui est une action de grâce et un cri vers Dieu, que la présence du Christ ressuscité au milieu de nous par l’action de l’Esprit Saint ravive en nous le goût’ de la prière et le désir de rester connectés avec LA VIE DE DIEU .
Robert Zimmermann
diacre


Ça pousse !

De nombreux témoignages nous informent que la graine de moutarde pousse chez beaucoup !
Merci pour vos photos.