Le témoignage de Jean / Jn 1 6-28 / Une homélie de JP Duplantier

Pour préparer Noël, tous les chrétiens sont invités depuis vingt siècles à ouvrir leurs yeux et leurs oreilles devant ce que Jésus révèle de notre vraie vie.
Il y a trois étapes :
Première étape : Jean est envoyé par Dieu pour rendre témoignage à la lumière. Quelle lumière ? La lumière pour les hommes. Cette lumière vient de la vie. Quelle vie ? La vie qui se lève dans la relation entre Dieu et son Verbe, sa Parole, son propos. C'est cet amour en Dieu qui façonne la vie des hommes. C'est là la source de la création de Dieu. Et cet acte créateur nous arrive sous forme de lumière. Comme disent nos Pères, sous la poussée de l'amour du Fils et de son Père, la lumière sépare, tranche sur la buée, le mélange, la confusion des choses, et dessine de génération en génération, les hommes à l'image de Dieu. Ce n'est pas une évolution de la matière. L'évolution se montre bien sur, mais c'est comme une mécanique de la matière, c'est du moins comme çà que nous nous la représentons. La création c'est une aventure où c'est l'amour de Dieu, la Parole qu'il nous adresse, la venue de son Fils qui fait naître notre souffle, nos amours, notre vie d'homme. Jean est le témoin de ce travail de Dieu. Pour ça il faut un homme en qui on peut voir cette lumière en train de venir chez nous. II n'est pas la lumière....
Deuxième étape : Le Verbe devient chair. Il plante sa tente parmi nous et nous voyons sa gloire de Fils unique. C'est à lui, en même temps, que Jean rend témoignage. Il dit : « voici celui dont je vous dis : après voir moi vient un homme qui m'a devancé, parce que, avant moi, il était ». Il y a donc quelqu'un qui marche devant nous et qui est là depuis l'origine : ce n'est pas un héros, ce n'est pas un modèle, c'est quelqu'un qui nous parle à chacun et quand celui-là vient, il fait clair dans notre corps, dans notre tête, dans notre coeur et entre nous. Et il nous faut un homme qui nous le dise, parce qu'il y a trop de choses qui nous plaisent et çà étouffe sa voix. Sans témoin envoyé par lui, on n'entend rien ; il arrive même qu'on s'en moque. C'est de lui pourtant que viennent les moments lumineux de notre chair.
Parce que c'est bien dans la chair qu'il vient. Notre chair est la destination de sa Parole depuis le commencement. Et notre chair c'est là où çà tremble quand nous rencontrons quelqu'un qui nous aime. La chair c'est aussi là où on souffre, parce que rien n'arrive à combler ce qu'on attend. Les cadeaux, çà passe. Les amours plaisirs, ça tient pas la route. La force sans amour fabrique de la violence. La soif de la connaissance ne s'apaise jamais. Il arrive toujours quelque chose qu'on ne sait pas.
Notre chair peut entendre la voix de Jésus-Christ quand on rencontre des gens qui ont faim, qui ont soif, des étrangers, des malades, des prisonniers. Chez ces gens-là, la chair est à nue, elle appelle une présence ; c'est chez eux que Le Seigneur vient sans trop d'obstacle, et souvent c'est d'eux que nous apprenons que nous sommes attendus par le Dieu qui nous aime tous.
Troisième étape : Et puis il y a les autres. Ceux qui se moquent de nous parce qu'on est chrétiens. Ceux qui nous posent des questions sur notre foi en Jésus-Christ. Là encore Jean est le témoin. II dit seulement : Je suis la voix qui crie : dans le désert aplanissez les chemins de Dieu. 11 ne dit pas : moi je sais qui est Dieu ; qu'il existe ; qu'il nous sauve. Il est une voix qui crie parce que dans le monde où il est, c'est un vrai désert ; on ne peut jamais parler de Dieu ; et il y a chez nous tous des montagnes de choses qui prennent toute la place...
Aujourd'hui, il y a d'autres témoins encore : ce sont des personnes qui croient en Jésus-Christ ; c'est-à-dire qui sont habités par sa voix, sa présence, depuis qu'Il s'est approché d'eux et qu'il les a accompagné, soigné, éveillé, fait naître à la vie des enfants de Dieu. Ceux-là ils n'ont pas besoin d'expliquer ou de se défendre : l'Esprit de Dieu invente en eux des gestes et des paroles qui parlent d'eux-mêmes. Ils ne s'en rendent même pas compte ; mais c'est le Christ qui vient à travers eux.
                                                                                                   Jean-Pierre DUPLANTIER
                                                                                       3° dimanche de l’Avent – Année B