Il y a trois étapes :
Première étape :
Jean est envoyé par Dieu pour rendre témoignage à la
lumière. Quelle lumière ? La lumière pour les hommes. Cette lumière
vient de la vie. Quelle vie ? La vie qui se lève dans la relation entre
Dieu et son Verbe, sa Parole, son propos. C'est cet
amour en Dieu qui façonne la vie des hommes. C'est là la source de
la création de Dieu. Et cet acte créateur nous arrive sous forme de
lumière. Comme disent nos Pères, sous la poussée de l'amour
du Fils et de son Père, la lumière sépare, tranche sur la buée, le
mélange, la confusion des choses, et dessine de génération en
génération, les hommes à l'image de Dieu. Ce n'est pas une
évolution de la matière. L'évolution se montre bien sur, mais c'est
comme une mécanique de la matière, c'est du moins comme çà que nous nous
la représentons. La création c'est une aventure où
c'est l'amour de Dieu, la Parole qu'il nous adresse, la venue de son
Fils qui fait naître notre souffle, nos amours, notre vie
d'homme. Jean est le
témoin de ce travail de Dieu. Pour ça il faut un homme en qui on
peut voir cette lumière en train de venir chez nous. II n'est pas la
lumière....
Deuxième étape :
Le Verbe devient chair. Il plante sa tente parmi nous et
nous voyons sa gloire de Fils unique. C'est à lui, en même temps,
que Jean rend témoignage. Il dit : « voici celui dont je vous dis :
après voir moi vient un homme qui m'a devancé, parce que,
avant moi, il était ». Il y a donc quelqu'un qui marche devant nous
et qui est là depuis l'origine : ce n'est pas un héros, ce n'est pas un
modèle, c'est quelqu'un qui nous parle à chacun et
quand celui-là vient, il fait clair dans notre corps, dans notre
tête, dans notre coeur et entre nous. Et il nous faut un homme qui nous
le dise, parce qu'il y a trop de choses qui nous plaisent
et çà étouffe sa voix. Sans témoin envoyé par lui, on n'entend rien ;
il arrive même qu'on s'en moque. C'est de lui pourtant que viennent les
moments lumineux de notre chair.
Parce
que c'est bien dans la chair qu'il vient. Notre chair est la
destination de sa
Parole depuis le commencement. Et notre chair c'est là où çà tremble
quand nous rencontrons quelqu'un qui nous aime. La chair c'est aussi là
où on souffre, parce que rien n'arrive à combler ce
qu'on attend. Les cadeaux, çà passe. Les amours plaisirs, ça tient pas la route. La force sans amour fabrique de la violence. La soif de la connaissance ne
s'apaise jamais. Il arrive toujours quelque chose qu'on ne sait pas.
Notre
chair peut entendre la voix de Jésus-Christ quand on rencontre des gens
qui ont
faim, qui ont soif, des étrangers, des malades, des prisonniers.
Chez ces gens-là, la chair est à nue, elle appelle une présence ; c'est
chez eux que Le Seigneur vient sans trop d'obstacle, et
souvent c'est d'eux que nous apprenons que nous sommes attendus par
le Dieu qui nous aime tous.
Troisième étape :
Et puis il y a les autres. Ceux qui se moquent de nous
parce qu'on est chrétiens. Ceux qui nous posent des questions sur
notre foi en Jésus-Christ. Là encore Jean est le témoin. II dit
seulement : Je suis la voix qui crie : dans le désert aplanissez
les chemins de Dieu. 11 ne dit pas : moi je sais qui est Dieu ;
qu'il existe ; qu'il nous sauve. Il est une voix qui crie parce que dans
le monde où il est, c'est un vrai désert ; on ne peut
jamais parler de Dieu ; et il y a chez nous tous des montagnes de choses qui prennent toute la
place...
Aujourd'hui, il y a d'autres témoins encore : ce sont
des personnes qui croient en Jésus-Christ ; c'est-à-dire qui sont habités par sa voix, sa présence, depuis qu'Il s'est approché
d'eux et qu'il les a accompagné, soigné, éveillé, fait
naître à la vie des enfants de Dieu. Ceux-là ils n'ont pas besoin
d'expliquer ou de se défendre : l'Esprit de Dieu invente en eux des
gestes et des paroles qui parlent d'eux-mêmes. Ils ne s'en
rendent même pas compte ; mais c'est le Christ qui vient à travers
eux.
Jean-Pierre DUPLANTIER
3° dimanche de l’Avent – Année B