Mc 5 21-43 / Une homélie

(...)
 Jésus croise la trajectoire de deux femmes dont la vie est suspendue.
Deux femmes comme empêchées de grandir, d'avancer, d'être femme.
- L'une parce qu'elle est condamnée à la stérilité, parce que son flux ininterrompu lui interdit tout désir, lui interdit toute rencontre... elle n'aura pas d'homme, elle n'aura pas d'enfant.
- L'autre parce qu'un père un peu trop aimant refuse qu'elle grandisse...
l'empêche d'être femme.
Alors, l'enfant qui ne peut plus grandir préfère dormir. S'allonger dans la mort.


Jésus, vient faire œuvre de vérité dans ces deux vies.
Pour l'une, il va la contraindre à passer par la parole : « Tu peux me voler ta guérison, mais ton salut, tu l'obtiendras en me faisant face. La fin de ton mal, ton mal qui n'est pas ta maladie, ( ta maladie n'est que le symptôme d'un mal qui ne veut pas se dire ), ce mal, tu en seras libérée si tu te risques à la Parole, si tu te frottes à la Vérité...
alors, et alors seulement tu feras œuvre de Foi »

Pour l'autre, c'est une résurrection qui est un relèvement, une mise debout.
Et ça passe par un contact de la main et une parole adressée « Talita Koum »
Quelqu'un te touche et t'adresse la parole.
Il te nomme en vérité : non plus petite fille, petite fille que tu n'es plus, mais jeune fille, jeune femme, jeune femme debout que tu es appelée à devenir.
Ce n'est pas la fin, comme le croyait ton père, c'est simplement la fin de l'enfance.
C'est une remise au monde

Voilà l'œuvre du Christ dans nos vies
On peut toujours tenter de lui voler sa grâce... on le fait bien souvent, à chaque fois qu'on s'approche de lui « par derrière » sans chercher le face-à-face... en se cachant derrière nos attirails religieux, notre matériel de piété... on peut chercher la guérison par effraction... et il se pourrait que, comme dans l'évangile, ça marche !
Car Jésus se laisse voler dès qu'on l’effleure.
Mais notre Salut, mais notre remise au désir, mais notre remise au fruit, cela ne peut se passer sans la rencontre et la parole de Vérité.

On peut se coucher là et dormir
(...)
A l'adolescence, c'est presque un passage obligé.
Mais ça peut nous tomber dessus n'importe quand dans nos vies.
Cesser de s'épuiser à tenir debout, refuser d'un coup d'affronter nos vies, nos vies qui ne sont pas toujours drôles...
Mais le Christ nous veut debout, il nous veut en croissance
« La gloire de Dieu c'est l'homme vivant, l'homme debout, la vie de l'homme c'est de contempler Dieu, »(Irénée) de lui faire face.

Laissons-nous relever par la Vérité.
La Vérité, c'est Lui
Soyons des hommes et des femmes pleins de foi, c'est-à-dire des hommes et des femmes pleins de désirs.
« Je t'exalte, Seigneur, tu m'as relevé »
Pour que je sois debout,
dans la Parole et dans la Vérité

Amen
Sylvain Diacre

À quoi allons-nous comparer le règne de Dieu ?/ Mc4 26-34 / Une homélie

Ce dimanche, Jésus nous apprend à quoi comparer le règne de Dieu. Et même si on est peu familiarisé comme moi avec les processus agricoles, on perçoit quelques traits caractéristiques.
Il y a d'abord comme de l'enfouissement. Il y a ensuite de la croissance. Puis il y a comme un processus inexorable qui échappe au cultivateur. Et enfin, il y a de l'utilité bien pratique à ce processus.

L'enfouissement.
Les semences ou la graine de moutarde sont jetées en terre.
Le règne de Dieu ça commence par un peu de hasard, Jésus évoque juste le geste de jeter, il ne parle pas d'un choix particulier. Même si mes connaissances en matière agricole sont faibles, je sais qu'il convient de semer dans une terre préparée pour recevoir les semences.
Dans ce passage, point de préparation, "Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence" il suffit de jeter la semence en terre.
Le petit mot "en" de "en terre" a attiré mon attention.
J'y ai vu comme une nécessité. Autant la préparation de la terre ne semble pas un impératif autant, il semble important que la semence soit enfouie. Cela crée du mystère, on ne sait pas ce qui se passe dans le secret de la terre. Et puis ça rejoint ce qui est en bas, ça tombe et ça s'enterre.
C'est comme pour chacun de nous, il y a quelque chose de semer dans le terreau de notre chair. On ne sait pas ce que c'est mais on sent que ça frémit quand le Seigneur passe. C'est semé en nous, c'est révélé à notre baptême, c'est confirmé à notre confirmation et ça nous pousse aujourd'hui, ici, ça nous invite à répondre à l'invitation du Christ.

La croissance.
Il y a une croissance.
Il y a une croissance qui est présentée comme disproportionnée.
Jésus souligne la croissance entre la petitesse de la graine et la taille de la plante.
Je suis allé voir des images de plantes de moutardes sur internet. Il me semble que Jésus exagère quand il dit que des oiseaux y nichent. Certes la plante grandit jusqu'à hauteur d'homme mais elle ne devient pas aussi grande qu'un arbre. Alors j'ai vu dans cette exagération comme le désir de montrer que le règne de Dieu est comparable à quelque chose qui part du tout petit et qui nous dépasse.
La graine de moutarde on peut la tenir dans la main, le règne de Dieu non. Le règne de Dieu, on peut le contempler dans nos mains, mais on ne peut pas le prendre.

Un processus inexorable.
"Nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit." Là encore mes maigres connaissances sont trompées. Il me semble que le travail agricole est plus dur que ne semble le dire Jésus. Mais, accueillons sa parole avec confiance car ce que Jésus veut nous dire c'est que le règne de Dieu se construit.
Quoiqu'on fasse il grandit. Il grandit sans nous à notre grand désespoir.
Dieu n'a pas besoin de nous pour faire venir son règne. Il se construit parfois malgré nous.
A nous, il revient deux attitudes.
La première. Nous ne devons pas aller contre la venue du règne de Dieu. Nous ne devons pas participer à sa destruction ni même désirer la destruction. Et c'est si facile quand on pense à la pollution et au gaspillage.
La seconde. Il nous revient de l'accueillir. Il nous revient de louer le règne de Dieu. Il nous revient de faire monter notre louange dans la prière. Il nous revient de contempler Dieu dans la création, dans nos rencontres.

L'utilité.
Le règne de Dieu est comparable au blé qui nourrit les hommes.
Le règne de Dieu est comparable à la plante de la moutarde qui protège les oiseaux.
Le règne de Dieu ce n'est pas un concept éthéré. Ce n'est pas une vue de l'esprit inutile.
Le règne de Dieu c'est du concret, c'est du solide, ça sert, ça nourrit et ça protège.
Dieu fait venir son règne pour nous pour nous sauver.

Le règne de Dieu qui vient tout petit en moi,
Qui grandit au-delà de toute mesure sans que je n'y puisse rien, et bien malgré moi
Et qui ouvre mes lèvres pour publier la louange :

Qu’il est bon de rendre grâce au Seigneur,
de chanter pour ton nom, Dieu Très-Haut,
d’annoncer dès le matin ton amour,
ta fidélité, au long des nuits.
Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.