Voici l'Agneau de Dieu / Jn 1 29-34 / Une homélie

Jean voit Jésus.
Il voit Jésus et il dit « voici l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ».
Il ne connaît pas Jésus, c'est lui qui le dit à deux reprises, il ne le connaît pas, il ne l'a jamais vu, ils ne se parlent pas, ils ne se touchent pas...
il y a simplement un homme qui marche et un homme qui voit...
Que voit-il ?
Que voit-il pour pouvoir dire cette phrase stupéfiante ?
« voici l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde »
Voici l'agneau.
Un agneau, c'est d'abord un petit animal, tout petit, très doux, très vulnérable, sans défense. L'Ecriture, la loi, la religion, s'en saisissent pour en faire l'offrande du sacrifice.
Les hommes font couler le sang des agneaux pour se rendre agréables à Dieu, pour obtenir de lui sa protection, pour lui dire merci, pour qu'en retour Dieu soit clément.
Ce ne sont pas seulement de vielles histoires, d'autres cultures, si nous ne tuons plus d'agneaux, nous avons tous nos agneaux imaginaires : tout ce que nous croyons sacrifier à Dieu en pensant que ça lui fait plaisir, ou que ça nous protège.
Appelons ça les agneaux des hommes.
 

Mais voici « l'agneau de Dieu »
Tout est renversé. C'est Dieu lui-même qui donne l'objet du sacrifice !
L'unique objet de l'unique sacrifice. C'est lui qui se donne, pour nous !
Cet agneau de Dieu, il enlève le péché du monde.
Pas pardonner, mais enlever
Pas les péchés, mais le péché.
Et pas le péché des hommes, mais celui du monde.
Le monde a un péché que l'agneau vient enlever, que l'agneau vient extraire, extirper....
(...)
Tu ne voulais ni offrande, ni sacrifice
tu as ouvert mes oreilles
Dieu ne nous demande ni offrande ni sacrifice....
c'est la fin des agneaux des hommes, des agneaux offerts par nous.
Dieu ne veut pas de donnant/donnant, Dieu ne fait pas de marché avec nous...
Désormais, il faut que ça passe par les oreilles : tu as ouvert mes oreilles.
Et ce n'est pas à nous d'ouvrir nos oreilles, c'est lui qui s'en charge !!
Jean voit, il voit et il parle, et si il parle, c'est pour que nous entendions.
Nous avons à entendre, pas forcément à comprendre... car comment comprendre ?
Tu ne voulais ni holocauste ni victime
alors j'ai dit : « voici, je viens »

Quand les oreilles sont ouvertes, le voilà notre sacrifice, la voilà notre offrande : « je viens »
Dire au Seigneur « voici, je viens ».
Et ce n'est pas « je viens pour faire des tas de choses, pour faire le bien, pour changer le monde, pour être comme ci ou comme ça.... »
c'est « voici, je viens »....
Je viens, c'est tout ce que tu attends de moi.
Je viens, c'est « j’entends »,
c'est « je me mets moi aussi en mouvement », comme Jésus qui marche, comme l'agneau qui vient.
Je viens, c'est « J'accepte le don que tu me fais, je n'y comprends rien, ton amour pour moi dépasse toute mesure, il est inconcevable à mon intelligence, mais je dis oui ».
Je viens, c'est « Je dis oui »

Le sacrifice, l'offrande, l'holocauste, la victime, c'est mon oui, c'est mon oui en mouvement.

A la toute fin de la liturgie eucharistique, quand on aura prié, qu'on aura consacré le pain et le vin, qu'on aura rompu le pain, qu'on aura prié l'agneau de Dieu,
le dernier geste que le prêtre fera, sera d’élever la coupe et l'hostie rompue et il dira
« Voici l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ».
Les derniers mots qu'il vous dira seront ces mots, ceux de Jean voyant Jésus qui s'avance.
Et nous, que verrons-nous ?
Nous ne verrons Rien.
Nous verrons l'insignifiance d'une coupe de vin et d'un morceau de pain déchiré.

Mais nos oreilles entendront : « Voici l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde »
Nos oreilles entendront car le Seigneur les a ouvertes.
Nos oreilles entendront et quelque chose en nous dira « moi, j'ai vu et je rends témoignage : c'est lui le fils de Dieu »
(...)

Amen
Sylvain, diacre

Nous avons vu son étoile à l’orient / l'Epiphanie / Une homélie

Mais qu’est-ce qui a pris à ces mages de se mettre en route à la suite d’une étoile ? Ils auraient lu quelque part qu’une étoile annoncerait la venue d’un roi chez les juifs. Et quand apparait dans le ciel une étoile, comme une anomalie dans l’ordre bien établi de l’univers, ils se mettent en route. Mais écoutez bien, ils ne se concertent pas, car selon la tradition populaire, ils se mettent en route de différents endroits et leurs routes convergent. De plus, non seulement ils se mettent en route mais en plus ils emportent dans leurs bagages des présents pour le roi des juifs qui va naître. Chacun  probablement emporte ce qu’il y a de plus précieux pour lui.
Des rois, ils devaient en naître un peu partout en Mésopotamie. Pourquoi, la venue de ce roi les fait-il se lever ?
Il y a comme une grâce particulière qui les enveloppe et comme une force irrésistible qui les meut.
Certainement et mystérieusement, les mages perçoivent-ils que ce roi qui porte le nom d’Emmanuel, Dieu avec nous, vient de l’Esprit Saint, comme on le lit au chapitre précédent dans l’Evangile de Matthieu.
Ces mages sont probablement touchés au plus profond de leur être par le mystère de l’incarnation. Ils ont reçu la grâce de la révélation de l’incarnation, ils savent inconsciemment que ce roi est particulier que son règne est nouveau et que cela mérite de se prosterner devant lui.
Mais il y a comme une faille dans leur foi, dans leur certitude. Ils ne confient pas leur trajet au seul parcours indiqué par l’étoile ou bien l’étoile s’est-elle éclipsée, ou encore l’étoile est-elle masquée par les lumières de la ville de Jérusalem.
Toujours est-il que les mages s’adressent aux habitants de la ville pour savoir où est né le roi des Juifs, mettant ainsi en danger l’enfant.
C’est comme si la révélation de la nature de l’enfant n’était pas complète dans le cœur de ces mages. C’est comme si leur soif de savoir nécessitait une confirmation alors qu’ils sont si près du but.
La révélation est effectivement partielle. Si Dieu se révèle aux mages comme le Dieu des vivants en venant partager la vie des hommes, en venant partager leurs peines et leurs joies. Il manque encore la révélation de la victoire de ce Dieu fait homme sur la mort par la résurrection de son Christ.
Cette révélation est complète chez les apôtres comme nous le dit Paul dans sa lettre aux Ephésiens.
De nos jours encore, on peut dire que la révélation n’avait pas été portée comme elle l’a été aujourd’hui. Certains ont cette grâce. Avoir cette grâce n’est pas pour s’en enorgueillir mais pour la partager. D’autres ne la reçoivent pas ou n’y ont pas accès ou encore la refuse. Notre mission c’est de la leur porter.
Un sauveur nous est né, et il vient pour tous les humains. Ne gardons pas cette bonne nouvelle pour nous. Allons au-delà de nos frontières comme nous y invite François et portons cette bonne nouvelle à toutes les nations comme nous le propose Paul.
Il y a une grâce qu’il est facile de partager. Aussi je vous pose une question : « est-ce que venir à la messe ça fait du bien ? Oui, ça fait du bien ? Et bien dites-le, partagez le. Cessons de décrire la messe comme un sacrifice qu’on ferait, comme un supplice qu’on s’imposerait. Celui qui se sacrifie c’est le Christ, celui qui est supplicié c’est le Christ et tout cela pour que nous soyons sauvés, pour que nous ayons du bien. Il donne son corps et son sang pour que nous ayons la vie éternelle, ici à cet autel. Il n’y a pas de sacrifice de notre part, il n’y a que la joie de la rencontre de notre Dieu qui nous invite à le rejoindre à cet autel.
Nous sommes les mages d’aujourd’hui, nous venons déposer en cadeau nos vies aux pieds du sauveur. Un jour, nous avons été touchés par la révélation de l’incarnation de Dieu. Une étoile se lève sur notre vie et nous nous mettons en route. Ne nous arrêtons pas pour savoir où est notre chemin, appelons plutôt ceux qui croisent notre chemin à suivre l’étoile qui guide nos pas vers la lumière du ressuscité.
« Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, pour l’annonce de l’Evangile. »
Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.
Homélie du 8 janvier 2017