Homélie de la messe des Cendres - Une homélie de JP Duplantier

Nos pères dans la foi, le peuple d'Israël, ont connu des périodes sombres. Les idoles ont repris le dessus. Les prophètes leur criaient de se réconcilier avec Dieu. Et ils sont revenus à Lui, dans le jeûne, les larmes et le deuil.
Aujourd'hui, Saint Paul, l'ambassadeur du Christ, nous appelle à nouveau : laissez-vous réconcilier avec Dieu. Mais la donne a changé. Jésus-Christ est venu, il est mort et ressuscité, et nous attendons sa venue. Isaïe l'avait annoncé : « ne vous souvenez plus d'autrefois, ne vivez plus au passé. Voici que je fais un monde nouveau. Il germe déjà, ne le voyez-vous pas En Jésus, cette promesse a pris chair.
Je comprends peu à peu ce qu'écrivait saint Paul : « Toutes les promesses de Dieu ont trouvé leur oui dans la personne du Christ Jésus. C'est par Lui que nous disons Amen ! Notre oui pour la gloire de Dieu »
Le fait que cette promesse nous soit donnée en Jésus, dans sa mort et sa résurrection, nous a fait entrer, par le baptême dans l'Esprit, dans un temps nouveau. Ce n'est plus seulement la loi de Moïse qui commande notre fidélité à l'Alliance. C'est le parcours de Jésus-Christ, son passage parmi nous, qui est devenu notre chemin, notre vérité, notre vie.
Par Lui, avec Lui et en Lui, le Royaume de Dieu s'approche. Et c'est cette proximité du Royaume qui transforme toutes nos pratiques. Croire en Jésus-Christ, est une forme de vie où il n'est plus besoin de savoir quel est ce royaume et quelle récompense va avec. L'aumône, la prière et le jeune, appartiennent à la façon de vivre que commande la Loi de Moïse de la première Alliance. Mais lorsque Jésus vient il accomplit la promesse de ce monde nouveau non représentable. Et la nouveauté est décisive : Il vit dans le monde en marchant chaque jour vers son Père. Il ne conteste pas la première Alliance, il y inscrit physiquement le croisement de nos conditions concrètes de vie dans le monde et le désir du Royaume des cieux, et le désir de voir Dieu. La Parole de Dieu s'est faite chair.
« Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez pas dans le Royaume des cieux » (Mt 5,20). La forme de vie à la suite de Jésus ne se mesure pas selon la morale du juste en Israël ; elle émerge dans le sillage du parcours du Christ Jésus. Encore une fois, Il noue ensemble le « monde établi » et « un royaume » incertain, inattendu. Et quand nous célébrons la vie, la mort et la résurrection de Jésus nous inscrivons à notre tour dans le monde l'espace du Royaume en train de venir. Notre témoignage est notre style de vie,
Introduire dans ce monde le réel du Royaume des cieux, c'est accepter au jour le jour la présence d'une force d'attraction qui signale une autre condition des hommes, celle des fils de Dieu. Nous l'appelons l'Esprit saint. Son travail manifeste que l'invasion du Royaume a commencé, qu'il s'approche.
Dans ce mode de vie, où les deux pôles du monde et du Royaume pèsent ensemble, l'aumône n'est pas un spectacle, où la concurrence, les blessures d'amour propre et l'attrait de la récompense est comme une bête tapie à notre porte. Que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite. L'aumône en Christ, c'est le Royaume de Dieu à portée de main. Tu ne sais pas où va te mener cette rencontre avec l'autre. C'est dans le secret de l'oeuvre de Dieu en cours que tout se passe.
Dans ce mode de vie, la prière n'est pas un spectacle, une démonstration de notre appartenance au cercle des justes. La prière, c'est laisser s'approcher la Parole de Dieu faite chair. C'est se poster en pénitent devant celui qui vient. Ceci est caché aux yeux du monde, mais cela devient une joie secrète pour le fils du Royaume, et çà se voit.
Le jeûne, lui-même, devient un geste de la proximité du Royaume. Si nous mangeons et buvons seulement pour tirer profit de tout ce qui passe à notre portée, nourriture, biens consommables et jusqu'aux gens qui nous entourent, comment apprendrons-nous à manger et boire le pain et le vin que le Seigneur nous donne pour être assimilés à son propre corps et son propre sang ? Quand tu jeûnes, parfume-toi la tête, il s'approche le temps des épousailles entre Jésus-Christ et les fils d'homme.
 
Jean-Pierre DUPLANTIER
Mercredi 22 février 2012
Mercredi des Cendres
Jl 2,12-18 – Ps 50 – 2 Co 5,20 à 6, - Mt 6,1-6,16-18