Nos pères dans la foi, le peuple d'Israël, ont connu des périodes sombres. Les idoles ont repris le dessus. Les prophètes leur criaient de se réconcilier
avec Dieu. Et ils sont revenus à Lui, dans le jeûne, les larmes et le deuil.
Aujourd'hui,
Saint Paul, l'ambassadeur du Christ, nous appelle à nouveau :
laissez-vous
réconcilier avec Dieu. Mais la donne a changé. Jésus-Christ est
venu, il est mort et ressuscité, et nous attendons sa venue. Isaïe
l'avait annoncé : « ne vous souvenez plus d'autrefois, ne vivez
plus au passé. Voici que je fais un monde nouveau. Il germe déjà, ne
le voyez-vous pas En Jésus, cette promesse a pris
chair.
Je comprends peu
à peu ce qu'écrivait saint Paul : « Toutes les promesses de Dieu ont trouvé leur oui dans la personne du Christ Jésus.
C'est par Lui que nous disons Amen ! Notre oui pour la gloire de Dieu »
Le
fait que cette promesse nous soit donnée en Jésus, dans sa mort et sa
résurrection,
nous a fait entrer, par le baptême dans l'Esprit, dans un temps
nouveau. Ce n'est plus seulement la loi de Moïse qui commande notre
fidélité à l'Alliance. C'est le parcours de Jésus-Christ, son
passage parmi nous, qui est devenu notre chemin, notre vérité, notre
vie.
Par Lui, avec Lui et en Lui, le Royaume de Dieu s'approche. Et c'est cette proximité du
Royaume qui
transforme toutes nos pratiques. Croire en Jésus-Christ, est une forme
de vie où il n'est plus besoin de
savoir quel est ce royaume et quelle récompense va avec. L'aumône,
la prière et le jeune, appartiennent à la façon de vivre que commande
la Loi de Moïse de la première Alliance. Mais lorsque Jésus vient il
accomplit la promesse de ce monde nouveau non
représentable. Et la nouveauté est décisive : Il vit dans le monde
en marchant chaque jour vers son Père. Il ne conteste pas la première
Alliance, il y inscrit physiquement le croisement de nos
conditions concrètes de vie dans le monde et le désir du Royaume des
cieux, et le désir de voir Dieu. La Parole de Dieu s'est faite chair.
«
Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens,
vous n'entrerez
pas dans le Royaume des cieux » (Mt 5,20). La forme de vie à la
suite de Jésus ne se mesure pas selon la morale du juste en Israël ;
elle émerge dans le sillage du parcours du Christ Jésus.
Encore une fois, Il noue ensemble le « monde établi » et « un
royaume » incertain, inattendu. Et quand nous célébrons la vie, la mort
et la résurrection de Jésus nous inscrivons à notre tour dans
le monde l'espace du Royaume en train de venir. Notre témoignage est
notre style de vie,
Introduire
dans ce monde le réel du Royaume des cieux, c'est accepter au jour le
jour la
présence d'une force d'attraction qui signale une autre condition
des hommes, celle des fils de Dieu. Nous l'appelons l'Esprit saint. Son
travail manifeste que l'invasion du Royaume a commencé,
qu'il s'approche.
Dans
ce mode de vie, où les deux pôles du monde et du Royaume pèsent
ensemble, l'aumône
n'est pas un spectacle, où la concurrence, les blessures d'amour
propre et l'attrait de la récompense est comme une bête tapie à notre
porte. Que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite.
L'aumône en Christ, c'est le Royaume de Dieu à portée de main. Tu ne
sais pas où va te mener cette rencontre avec l'autre. C'est dans le
secret de l'oeuvre de Dieu en cours que tout se
passe.
Dans
ce mode de vie, la prière n'est pas un spectacle, une démonstration de
notre
appartenance au cercle des justes. La prière, c'est laisser
s'approcher la Parole de Dieu faite chair. C'est se poster en pénitent
devant celui qui vient. Ceci est caché aux yeux du monde, mais
cela devient une joie secrète pour le fils du Royaume, et çà se
voit.
Le
jeûne, lui-même, devient un geste de la proximité du Royaume. Si nous
mangeons et buvons seulement pour tirer
profit de tout ce qui passe à notre portée, nourriture, biens
consommables et jusqu'aux gens qui nous entourent, comment
apprendrons-nous à manger et boire le pain et le vin que le Seigneur
nous
donne pour être assimilés à son
propre corps et son propre sang ? Quand tu jeûnes, parfume-toi la tête, il s'approche le temps
des épousailles entre Jésus-Christ et les fils d'homme.
Jean-Pierre DUPLANTIER
Mercredi 22 février 2012
Mercredi des Cendres
Jl 2,12-18 – Ps 50 – 2 Co 5,20 à 6, - Mt 6,1-6,16-18