Dans le bruit, l'Esprit / Pentecôte Jn 15 / Une homélie

 
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Contrairement à ce que l’on entend trop souvent, l’Esprit saint ne fait pas parler, il parle ! Et surtout, il fait « entendre ».
Le lieu du miracle de la pentecôte, ce n’est pas la bouche des apôtres, ce sont les oreilles des passants.
Et ce miracle, je fais le pari que nous l’avons tous vécu, nous l’avons tous expérimenté, nous en sommes tous témoins :
Un jour j’en suis sûr, devant quelqu’un en souffrance ou en recherche, nous avons eu l’impression de dire des choses insignifiantes, des nullités, nous avons eu la certitude que nos paroles n’étaient pas à la hauteur, qu’elles n’étaient que du bruit… et plus tard, peut-être des années après, on apprend que ce que nous lui avons dit a résonné profondément chez cette personne, que ça a ouvert quelque chose, que ça l’a apaisée ou consolée….

En croyant faire du bruit, nous parlions une autre langue, et cette langue était la langue maternelle de celui qui nous faisait face et nous l’ignorions, et au milieu de ce que nous prenions pour des discours maladroits et insignifiants, notre interlocuteur a entendu « les merveilles de Dieu. »

L’Esprit Saint ne parle pas à notre place, il transfigure nos paroles.
Il souffle dans cet espace qui sépare nos bouches des oreilles de nos frères, pour charger nos pauvres mots d’une charge d’amour qui nous échappe complètement.

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Un mot pour finir à propos du témoignage, puisque avec l’Esprit nous voilà témoins.
Dans l’Evangile, Jésus ne dit pas « vous aussi, vous allez rendre témoignage », il dit « vous aussi, vous êtes témoins ». Ce n’est pas un projet, ce n’est à pas à venir, c’est fait ! Ce n’est pas non plus au choix. Ça ne dépend pas de notre bon vouloir.
Le témoin d’un événement ne choisit pas d’être témoin : il était là, il a vu et ça suffit pour faire de lui un témoin.
C’est bien notre expérience qui fait de nous des témoins.
Pas nos vertus, nos capacités, notre foi, notre science, notre motivation…
C’est notre expérience du passage du Fils en nos vies… depuis le commencement.

En ces temps où le mot témoin est si vite remplacé dans le discours de l’Église par le mot missionnaire, la question du témoignage est fondamentale.
Un missionnaire est un menteur s’il n’est pas d’abord témoin, s’il a oublié qu’il a lui aussi entendu un jour dans sa langue maternelle les merveilles de Dieu.
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Amen Alleluia
Sylvain diacre

Aimer en acte et en vérité / Jn 15 1-8 / Une homélie

Au cours du dernier repas avec ses disciples Jésus leur annonce son départ la veille de sa passion, de sa mort et de sa résurrection, voilà qu’il parle de vigne et de vin. Cette métaphore, une comparaison, qui peut nous paraître mystérieuse mais elle ne l’est pas autant pour les disciples. La figure de la vigne traverse toute la Bible pour signaler l’alliance de Dieu avec l’humanité . Et les disciples le savent.

Jésus manifeste bien qu’il est Celui qui accomplit l’alliance éternelle.

La vigne, nous connaissons en bordelais. Elle évoque nos paysages aquitains et ces vastes étendues plantées de vigne que nous appelons le vignoble.

Mais ici s’agit il vraiment du vignoble ?

« Je suis la vraie vigne » dit Jésus

Je me souviens de m’être trouvé au milieu d’un vignoble avec des jeunes de l’aumônerie au cours d’une retraite. J’ai gardé une forte impression d’un grand moment de contemplation silencieuse devant un pied de vigne. L’image est saisissante, ce pied solide, fortement enraciné dans la terre, dans la vie, qui transmets cette vie aux sarment, si fragiles, et dans une extrême proximité.

« Je suis la vraie vigne » (Une fois encore nous pourrions être piégés par notre vocabulaire)

Il faut comprendre je suis le vraie pied de vigne, l’unique. Et il ajoute « vous êtes » les sarments. 

L’image du pied de vigne et des sarments est comme l’expression de l’amour de Dieu qui en Jésus Christ nous choisit pour nous faire participer à son œuvre de salut.

Par notre baptême nous sommes comme les sarments, branchés sur le Fils, venu accomplir l’alliance. Le Fils qui nous transmets la vie même qu’il reçoit de Dieu, la vie éternelle. Il n’y a pas de confusion. Nous ne sommes pas le Christ, mais par lui nous recevons chacune et chacun la même vie divine. Nous entrons avec Jésus dans un lien nouveau un lien de filiation, mais aussi un lien de communion. La vie divine que nous recevons nous rend solidaire avec Christ et nous formons un seul corps et en totale communion avec lui et aussi en communion les uns avec les autres.

Finalement nous sommes ici en présence d’une méditation eucharistique.

Arrive alors un commandement qui peut nous surprendre : « Demeurez en moi comme moi en vous » C’est au moment où il vont être séparés de lui qu’il leur demande de « demeurer ». Un nouveau mode de relation qui leur est proposé. Relation qui demande, il est vrai une décision de leur part et de la part de tous ceux qui comme nous aujourd’hui sommes invitées à demeurer en Jésus, greffés aujourd’hui par lui sur la vie même de Dieu .(Baptême)

Comment rester fidèle à ce don qui nous est fait et à ce commandement. Si Jésus est la vraie vigne il pourrait donc y avoir une fausse vigne qui nous égarerait. Comment savoir si nous sommes là où le Seigneur nous souhaite. La réponse nous est donnée par Jésus lui-même et elle semble évidente. Nous saurons si nous somme en Christ aux fruits que nous porterons. Et ces fruits sont les fruits de l’amour ( déployer)

Nous pouvons prendre pour nous la parole de Jean dans la 2e lecture. Le commandement est : mettre notre foi dans le nom du Fils, Jésus Christ et nous aimez lez uns les autres comme il nous l’a commandé, alors nous demeurerons en Dieu et Dieu en nous.

Mais surtout « n’aimons pas en paroles ni par des discours mais par des actes et en vérité », voilà comment nous saurons que nous appartenons au Christ.

L’amour des autres est le meilleur moyen d’avoir le cœur en paix, décentré de soi-même et greffé sur la vraie vigne.

Vous pourriez me dire que c’est très théorique, une belle parole de diacre faites pour une homélie. Ce ne sont que des paroles alors que Jean demande d’aimer en actes et en vérité.

Et quand nous serons revenus dans la lourdeur du monde, dans les contraintes et les routines de nos vies, dans les angoisses qui sont les nôtres… ce ne sera pas si simple et vous auriez raison de me dire cela. Demeurer dans le Christ c’est un choix et aussi un combat.

Pour demeurer dans le Christ nous ne sommes pas seuls, nous avons besoin d’être imprégnés de sa Parole. Nous avons besoin de la force de son Esprit qu’il nous donne à profusion dans les sacrements et particulièrement l’Eucharistie, qui fait de nous un peuple ; « on ne communie jamais pour soi » mais avec et pour les autres.( Sylvain)

Mais plus encore ! J’ai été intrigué par le choix de l’Eglise de nous proposer en 1ere lecture la figure de Saul. Saul l’ennemi N° 1 des chrétiens a été saisi par le Christ et il est devenu un apôtre, fervent défenseur de la foi chrétienne. Mais son ministère a été semé de difficultés multiples. Il a dû combattre. Mais voici discrètement sur son chemin Barnabé qui discerne l’assurance et la force de Saul devenu Paul, dans son adhésion au Christ, le travail de l’Esprit et Barbabé va le soutenir. La signification de son nom (surnom) Barnabé est « l’homme du réconfort. »

Nous devons aussi nous réconforter les uns les autres pour raviver notre foi et avec elle la fraternité qui fera de nous, de véritables sarments, des disciples du Christ, et nous serons aussi pour le monde les témoins et des artisans de sa paix et de son amour.

Aimer en acte et en vérité.

Amen

Robert