Deux
hommes montent au temple pour prier, l’un est défini par son lien
à sa pratique de la Loi et de la religion : c’est le
Pharisien. Celui qui s’applique à se tenir toujours dans la règle,
toujours « conforme au droit ». Il fait scrupuleusement
ce que la loi demande.
L’autre
est défini par son métier, publicain, collecteur d’impôt, et je
ne crois pas que ça fasse nécessairement de lui un pécheur, mais
ça fait de lui un repoussoir pour le pharisien.
A
la fin du texte, l’un est justifié par le Seigneur, c’est à
dire que Dieu a entendu et pris soin de sa prière, l’autre non.
L’un
a donc « chanté juste », l’autre a « chanté
faux ».
Arrêtons-nous
seulement sur deux points :
● D’abord
la prière du Pharisien.
Au
fond, quel est le problème de cette prière ?
Et
surtout, qu’est-ce qu’elle nous apprend de nos prières à nous ?
Nous
arrive-t-il de prier comme lui ?
▪ Nous
prions comme lui à chaque fois que l’on prie sans demande… car
au fond, il n’y a aucune demande dans sa prière.
Que
voulez-vous que Dieu fasse d’une prière dans laquelle on ne lui
demande rien ?
(...)
● Le
deuxième point que je voulais aborder, c’est la question des
corps.
Car
le texte donne beaucoup de détails sur les attitudes de ces deux
hommes.
Et
ici, il faut se méfier de nos petits théâtres intérieurs et bien
regarder le texte.
Car
on a vite fait de faire du pharisien un homme qui se met en scène de
manière exubérante quand le publicain serait effacé et silencieux.
Le
texte dit exactement le contraire : celui qui prie à voix haute
en se frappant la poitrine, c’est le publicain. Celui qui prie en
silence, c’est le pharisien. Et si ce dernier se tient debout, rien
ne dit que l’autre soit à genoux.
Pourquoi
ces détails ?
Pour
nous alerter sur la place du corps.
La
prière juste, la prière « ajustée », elle impacte le
corps, ce n’est pas un beau discours intérieur, ce n’est pas une
belle idée.
Elle
prend corps dans la vibration de la voix, elle frappe la poitrine, et
comme pour la veuve de la semaine dernière, comme pour le psaume que
nous venons de prier, elle est de l’ordre du cri, elle a la
force et la violence du cri :
« Le
Seigneur regarde les justes, il écoute, attentif à leurs cris »
Que
notre prière soit un cri et qu’importent les mots…
Le
Seigneur n’a que faire de nos discours, de nos formules, de nos
refrains.
Méfions-nous
de nos prières quand elles ressemblent à des robinets d’eau
tiède…
• Que
personne ne dise « je ne sais pas prier », car nous
savons tous crier !
c’est
même la première chose que nous faisons en venant au monde !
Notre
premier cri est notre première prière !
• Que
personne ne dise « je n’ai pas les mots », qu’importent
les mots si nous chantons juste !
Si
nous sommes ajustés au diapason de celui qui nous aime éperdument.
(...)
╬ Amen
Sylvain
diacre