Fête du Christ Roi 2014 / Une homélie


Aujourd'hui, l'Eglise fête le Christ-Roi. Aujourd'hui, nous fêtons le Christ Roi. Que cela peut-il signifier dans un monde où l’on se dit démocrate et républicain ? Comment comprendre cette fête alors que nous vivons en Europe, en France lieux dans lesquels nous choisissons nos représentants qui votent les lois ? 
 
La tentation est grande de penser que quand Jésus s'adresse à ses disciples, il fait référence à une situation politique et historique bien précise que son discours est adapte à la réalité que vivent les disciples. Pour nous, les temps ont changé, nous ne sommes plus sous un régime monarchique. Nous avons en main nos choix politiques. 
 
Et effectivement, le roi que décrit Jésus s'assoit sur un trône de gloire et domine l’assemblée. Il a pouvoir sur les nations. Il a le pouvoir de faire le tri, d'installer les uns à sa droite et les autres à sa gauche. Voila bien une image de Roi qui nous parle. Voila bien une conception du pouvoir qui nous est familière. Celui qui gouverne domine. 
 
Là où cela ne correspond plus, c'est dans la politique menée par ce roi. Il récompense les uns et réprimande les autres non pas pour ce qu'ils ont fait pour lui mais pour ce qu'ils ont fait pour les autres, pour ceux qui ont besoin de secours. Son gouvernement n’est pas de rétribuer celui qui lui fait du bien mais celui qui se tourne vers les autres. 
 
Regardons maintenant les hommes. Ceux de sa droite comme ceux de sa gauche réagissent de la même manière. "Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu..." disent-ils d’une même voix. Ainsi raisonnent-ils comme tout homme face au pouvoir. Ils raisonnent comme tous les hommes de tous les temps, comme ceux du début de notre ère, comme ceux du vingt et unième siècle. Quand est-ce que nous t'avons vu toi ? Quand est-ce que nous nous sommes courbés devant toi ? Comment se fait-il que tu sois passé et que nous ne ayons pas reconnu TOI ? 
 
En fait, ils réagissent comme le monde apprend aux hommes à se comporter. Le monde pour se développer se dote de structure sociale et politique. Et quelle que soit l’époque, quel que soit le lieu, il y a toujours quelqu'un qui gouverne. Il le fait plus ou moins bien. Il est plus ou moins intègre. Dans tous les cas, ce gouvernement tend toujours à garder la maîtrise des événements et des hommes qu'il domine Et nous les hommes, nous sommes habitués à cela. 
 
Mais le Christ vient bousculer cet ordre établi. Il nous révèle qu'une autre réalité existe. Il ouvre nos vies à un Royaume où il ne s'agit plus de se courber face au pouvoir. 
 
Il s'agit, dans ce royaume, de lire dans le regard des pauvres, la présence du Seigneur, la présence du Roi. Ce royaume ne fonctionne pas sous le régime de la rétribution. Il fonctionne sous la loi de la fraternité. Ce roi se comporte vis-à-vis de son peuple comme un père qui aime ses fils. 
 
Un Père qui s'adresse à ses fils en ces termes : 
Quand tu as nourri celui qui avait faim tu l’as sauvé et moi aussi tu m'as sauvé. 
Et quand tu n'as pas nourri celui qui avait faim tu ne l’as pas sauvé et moi tu m'as blessé. 
 
Quand tu as donné à boire à celui qui a soif, tu l’as abreuvé et moi tu m'as réjoui. 
Et si tu n'as pas donné à boire à celui qui avait soif, tu l'as laissé le gosier sec, sans voix et moi tu m'as ignoré. 
 
Le Christ s'est incarné pour signifier aux hommes que le roi du royaume des cieux veut faire de nous un peuple de frères. Il veut des frères qui se rencontrent en vérité, à savoir qu'ils se reconnaissent pétris d'une chair touchée par la parole du Père. 
 
Il veut que, dans toutes nos rencontres, nous inventions des chemins nouveaux pour annoncer la bonne nouvelle et qu'ainsi grandisse en nous cette part qui n'appartient qu'à Dieu. Il veut que nous laissions plus de place à cette chair touchée par la parole dès l’origine. Il veut que cette part en nous que nous avons offert lors de notre baptême s'épanouisse et vive quand il passe. 
 
C'est dans ce souffle que nous recevons la lettre de Paul : 
"Et le dernier ennemi qu'il détruira, c'est la mort. Alors, quand tout sera sous le pouvoir du Fils, il se mettra lui-même sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi, Dieu sera tout en tous.", "ET AINSI, DIEU SERA TOUT EN TOUS." 
 
Le Christ est présent et vivant. Il nous le signifie aujourd'hui à cet autel. Il ne vient pas pour notre propre confort, il vient pour que se révèle son royaume.

Si nous lui rendons gloire ce n'est pas en vue d'une rétribution, c'est pour que le souffle de son Esprit traverse nos corps et nous invite au service de tous nos frères.
Nous ne sommes pas invités à recevoir le pain et le vin, son corps et son sang, nous sommes invités à le partager.Nous ne sommes pas invités à nous courber devant un roi, nous sommes appelés à vivre, debout, le Christ Roi en nous, parmi nous et entre nous.
"ET AINSI, DIEU SERA TOUT EN TOUS."

Amen !

Dominique Bourgoin, diacre.

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