Jean
est en prison. Jean est au plus bas dans un cachot. Jean serait-il
pris par le doute ? Lui qui tressaillit dans le ventre de sa mère à
la présence de Jésus lui-même dans le ventre de Marie. Serait-il
pris par le doute ? Lui qui préparait la venue du Seigneur ? Lui, la
voie qui criait dans le désert de Judée ?
Comment
ne pas douter seul dans son cachot ? Comment ne pas douter alors que
Jean sent la fin approcher ? Il a besoin d'être rassuré. Il a
besoin de savoir si sa vie a servi à quelque chose. L'Évangile nous
livre aujourd'hui un passage plein d'humanité. Jean, ce roc, cet
homme qui parle avec assurance et force semble être pris par une
sorte d'angoisse. La prison a-t-elle eu raison de cet homme ?
L'Évangile casse le mythe du héros dont on pourrait vêtir Jean.
Jean héros, s'éloignerait de nous. Son engagement serait pour nous
au-dessus de nos forces. Son questionnement le rapproche et fait de
lui un frère. Il nous signifie que nous aussi nous sommes appelés à
l'annonce de la bonne nouvelle. Le baptême qui fait de chacun de
nous un prophète. Il nous invite a annoncé comme Jean la venue du
Seigneur.
Mais
peut-être n'est-ce pas un doute que jean exprime depuis le soupirail
de sa prison ? Ce qui étonne dans ce passage, c'est que Jean n'est
pas coupé du monde. Il continue de recevoir la visite de ceux qui le
suivaient. On peut imaginer sans trop s'éloigner du texte que Jean
est au courant de ce qui se passe dehors. Peut-être a-t-il pris
connaissance des foules que Jésus rassemble notamment sur la
montagne. Peut-être un de ses disciples lui a rapporté ce que Jésus
dit sur la montagne dans les béatitudes : " Heureux
les affamés et assoiffés de la justice, car ils seront rassasiés."
Comme ces mots ont dû le réconforter s'il les a entendus. Il doit
savoir les miracles que Jésus fait comme autant de signes de la
venue du Royaume. Il sait que Jésus guérit les paralytiques, les
sourds, les aveugles.
Jean
ne peut pas douter que Jésus est le Christ. Jean garde son
attachement à celui dont la mission a été confirmée lors de son
baptême au Jourdain Mais Jean a besoin que cela lui soit dit. Jean a
faim d'entendre la bonne nouvelle.
Jean
ne demande pas à ses disciples que Jésus en personne se déplace
pour confirmer qu'il est le messie. Il ne ressent pas le besoin d'un
contact. Il n'a pas besoin d'entendre de la bouche même de Jésus
qu'il est bien celui qui doit venir. Il ne cherche pas à voir Jésus
pour savoir qu'il n'y en a pas un autre à attendre. Jean a besoin
d'entendre de la bouche de ses frères que le Christ parcourt la
Galilée et la Judée pour annoncer le salut. Le simple témoignage
de ses amis suffit.
Là
encore comment ne pas être touché par ce passage qui rend Jean si
proche de nous ? Car nous aussi nous avons besoin de la parole d'une
sœur ou d'un frère dans la foi pour que nous entendions les paroles
qui sauvent. C'est pour nous une nécessité que résonne dans nos
oreilles par une voie humaine des mots tels que :
"Heureux
ceux qui ont une âme de pauvre,
car le Royaume des Cieux est à eux.
car le Royaume des Cieux est à eux.
Heureux
les doux, car ils posséderont la terre.
Heureux
les affligés, car ils seront consolés."
Pas
des mots lus seul dans la Bible mais des mots prononcés par une
personne qui témoigne du Christ.
Et
de la même manière que Jean révèle en nous notre faim de paroles
vraies, de la Bonne Nouvelle, de la même manière, nous sommes
appelés à tenir la place des disciples de Jean qui n'hésitent pas
à visiter un homme au plus bas pour témoigner de Celui qui vient.
Le
monde espère une Bonne Nouvelle. N'ayons pas peur de dire que ce qui
interroge les femmes et les hommes que nous rencontrons est en eux.
Ne craignons pas de dire que Dieu est un Père qui les cherche.
N'ayons pas peur de nous risquer au large, le Christ y est déjà, il
nous précède en Galilée et il nous demande d'être les témoins de
sa présence dans toutes nos rencontres. Dans nos rencontres les plus
inattendues, dans nos rencontres les plus éloignées du centre.
Pas
besoin d'avoir étudié longuement la théologie. Pas besoin d'être
un exégète expert. Nous avons ce qu'il faut, le Christ nous invite
tous les dimanches à venir puiser des forces à la source.
Réunis
autour de cet autel, le Christ nous fait la grâce de sa présence
pour qu'une fois fortifiés nous puissions partir au large témoigner
de sa présence.
Prophète
du Très-Haut, Jean est venu préparer la route devant le Seigneur
et rendre témoignage à la Lumière.
et rendre témoignage à la Lumière.
Amen
!
Dominique
Bourgoin, Diacre
Isaïe35, 1-6a.10 ; Ps 145 ; Jc 5, 7-10 ; Mt 11, 2-11
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