Homélie de la nuit de Noël 2013

Frères et sœurs, chers amis en cette nuit nous avons quitté nos maisons décorées pour la fête.
Nous sommes venus jusqu’ici, non pas simplement parce que nous aurions vu de la lumière en passant, et que l’endroit paraissait chaleureux. Nous sommes venus à un rendez vous. Chacune, chacun a rendez vous avec tous ceux qui sont ici, rassemblés en une famille sans frontière, appelés en ce lieu par le SIGNE qui nous est donné, un signe à entendre, à interpréter, à diffuser, à vivre :
« Vous trouverez un enfant nouveau né, emmailloté, couché dans une mangeoire ».
Nous sommes venus à l’appel des anges : «  Il vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur »
Dans les champs avec les anges, la terre et le ciel se rejoignent.
Ce nouveau né, qui sans doute pleure et sourit comme tout bébé, mais qui ne parle pas encore, ce nouveau né là est cependant une Parole qui fait irruption dans la nuit des hommes. Dieu parle maintenant dans tout homme, comme à des fils.

C’est une Bonne Nouvelle pour tout le peuple, c’est une grande joie pour toute la terre. C’est un cri d’amour pour notre monde d’aujourd’hui.
Au début de notre célébration nous avons fermé les portes de la salle pour notre confort.
Mais à présent ouvrons nos cœurs.
Que soient avec nous ici, ceux que nous avons laissés chez nous, ceux qui sont seuls, ceux de nos maisons de retraite, de nos hôpitaux. Que soient avec nous nos frères et sœurs des prisons (la maison d’arrêt) ue soient avec nous les bénéficiaires de nos institutions de solidarité, que soient avec nous ceux qui subissent la guerre, l’intolérance, la pauvreté, le chômage, la dépression, l’exclusion. Ils sont tous à l’image du Signe qui nous est donné, l’enfant emailloté couché dans une mangeoire pour lequel il n’y a pas de place dans la salle commune.( bref moment de silence)
Noël c’est Dieu qui vient nous déranger, car Dieu a besoin de chacun de nous. Il a besoin de nous pour que le monde entre dans le fleuve de joie dont parle le Pape François. Il a besoin de nous pour que « le peuple qui marche dans les ténèbres voit se lever une grande lumière ». Il a besoin de nous, non pas dans l’agitation médiatique ou commerciale, dans la recherche du succès mais dans le silence où se forment les chemins de l’amour.
Noël c’est le silence  ( Stille Nacht, silent night)
Ce n’est pas le silence devant la souffrance des hommes, devant les inégalités ou les injustices. C’est le silence du face à face avec soi même et le Seigneur. Le silence qui permet, la rencontre en vérité et qui fait voir au delà des apparences et des visages, du conformisme et des événements quotidiens ce qui germe du Royaume, ce qui se réalise du Signe donné dans nos vies dans notre monde.
Frères et sœurs ne manquons pas ce rendez vous du silence, cette rencontre avec  la Parole faite chair : elle fait vivre.
Osons laisser affleurer en nous le désir du peuple qui marche dans les ténèbres.
N’ayons pas peur d’affronter notre nuit, puisqu’elle nous fait désirer la vraie lumière.
Ne passons pas nos vies sous le fouet du chef de corvée, mais accueillons la loi d’amour.
Ne nous habituons pas au bruit des bottes qui piétinent le sol, soyons artisans de paix.
Efforçons nous à retrouver notre source en Dieu avec le goût pour ce qui sans cesse germe dans nos vies et dans tout homme. En don nous aurons la joie de l’Evangile

(Noël c’est l’inauguration du mystère pascal)

Je me souviens d’un ami qui se disait non pratiquant mais qui se faisait un devoir de venir chaque année à la messe dite de minuit et qui disait « Noël est la fête la plus importante, c’est la fête de la lumière ».
Comme je m’efforçais de lui montrer un signe encore plus grand, la Croix, et d’exprimer que la vrai lumière nous était donnée à Pâques par la célébration de la résurrection., il m’a répondu « sans Noël il n’y aurait pas Pâques ; Noël c’est comme une inauguration »
Nous qui avons reçu le SIGNE et sommes venus pour inaugurer, nous entrons dès maintenant dans la contemplation de Jésus mort et ressuscité, le mystère pascal que nous célébrons tous les dimanches de l’année et à chaque Eucharistie.
Noël tout seul n’a pas de sens sans Pâques.
Dans les gestes de la messe que nous allons célébrer ensemble vivons les étapes de cette rencontre avec le Père, à laquelle nous invite l’enfant de Betleem
Laissons venir en nous, avec les paroles qui nous touchent, le désir d’être aimés de lui.
Recevons les Paroles de Jésus sur le pain et le vin et ravivons notre désir d’être nourris de sa présence.
Accueillons les gestes de la paix qui passeront par nos propres mains.
Et quand nos mains et nos cœurs s’ouvriront pour accueillir le corps et le sang du Christ que ce soit la rencontre de deux désirs
Le désir du Père de venir dans nos ténèbres et de trouver en nous ce qui était perdu.
Notre désir à nous d’être des vivants, répondant joyeusement à l’Amour qui nous est donné par notre Père en ce signe «  un enfant emmailloté couché dans une mangeoire »

Et nous nous efforcerons de partager avec les hommes de notre temps, l’amour et la paix qui nous sont donnés. La joie de l’Evangile sera la grâce dont nous serons comblés.

Robert Zimmermann

24 décembre 2013

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