Redressez
les chemins du Seigneur ! Les chemins du Seigneur, c'est la trajectoire
que Dieu nous a fixée, quand il a dit faisons l'homme a notre
image et à notre ressemblance. Nos chemins c'est quand nous disons :
faisons l'homme à notre idée, à notre compte, Ce n’est vraiment
pas la même trajectoire. Le prophète Isaïe savait que quelque chose s'était
tordu entre Dieu et nous ; que c'était comme un grand cri
depuis longtemps chez les hommes. Ils en souffraient.
Et s'ils en souffraient c'est qu'il restait en eux le souvenir enfoui d'un
moment, au commencement, ou l'amour de Dieu les avait atteints
en direct, les avait tirés de la matière et avait mis dans leur
chair un emplacement pour sa Parole. On raconte que cela
avait donné des ailes à
Adam et Eve, comme quand on tombe amoureux, à cause d'un geste, d'un regard, d’une parole qui a dit du bien de nous.
Mais cela leur a donné tellement
d'assurance et de goût de vivre qu'ils ont eu envie de dévier toute l’énergie de cette vie reçue de Dieu vers la construction de leur
propre monde. Le serpent s'est lové en eux et entre nous. Nous nous sommes mentis sur le chemin à suivre. Dieu nous a
laissé faire;; il s'est retiré
de nous : il fallait que notre désir propre s'affirme. Pour devenir des fils à
son image, il nous fallait décider
librement de choisir entre l'amour qu'il nous porte et nos amours propres, entre sa lumière et notre point d'honneur. Ainsi
sont nés les enfants d'Adam et Eve. Adam connut Eve, elle
fut enceinte et engendra Caïn, puis elle ajouta Abel. Le texte dit les choses ainsi : ils sont deux dans la première
naissance : celui qui arrive en premier est le fils de son père et de sa mère
et plus ou moins de Dieu, Abel paraît ensuite, il sort lui aussi du ventre de sa mère mais est entièrement tourné vers
Dieu. Ce ne sont pas des jumeaux, mais deux
fils en un seul enfantement ; deux parentés côte à côte. Caïn ne supportera pas
cet autre lui-même, Il le massacre.
Puis construit son monde, la première ville et tout ce qui va avec. Mais le sang d'Abel continue de monter de la terre
vers le ciel. Nous portons cette déchirure.Vous vous demandez
sans doute pourquoi je remonte si loin. Pour une raison essentielle que Jésus relève sans cesse sans beaucoup de succès
auprès des pharisiens : L'amour et la haine habitent chez nous en même
temps. L'attraction et la répulsion de l'autre commandent chacun son tour, nos actes et nos paroles. C'est notre
condition, notre tourment. Nos pères comme nous-mêmes essayent depuis longtemps de séparer en eux l'amour de la
haine et de redresser nos chemins
tortueux. Mais en vain ; ça s'en va et ça revient. Seul le Fils unique de Dieu
a le pouvoir de prendre sur lui la violence de Caïn et de lui redonner la capacité
d'aimer son frère, Israël
savait tout ça. Jean-Baptiste le portait en lui. L'heureuse nouvelle de Noël
est la venue de Jésus, le fils bien aimé. En lui l'énergie d'amour de Dieu
n'est jamais déviée, détournée vers lui-même.
Ses chemins sont les chemins de Dieu. Le suivre est notre unique saint. Le laisser nous prendre par la main est notre seule
chance qu'il enlève notre péché, pas à pas, en nous aidant mourir à nous-mêmes et à vivre de lui. C'est
pourquoi notre réconciliation passe par la décision de le suivre et de reconnaître
tout ce qui en nous pollue notre relation au Christ, la retarde, l'encombre, la
rejette.Pour les croyants, la première
maladie de la relation au Christ est notre attachement aux valeurs, aux principes, grâce auxquels nous pensons pouvoir nous élever
nous-mêmes au statut de juste. L'unique
traitement de cette maladie est de prendre quotidiennement le temps faut pour regarder et écouter ce que la présence
active du Christ ressuscité fait lever chez ceux
qui nous entourent, et en nous-mêmes. Parce que la Parole de Dieu s'est faite
chair, suivre le Christ c'est apprendre voir et entendre ce dit
et ce qu’il fait maintenant dans ce qui nous arrive. C'est devenir
sensibles aux petites lumières qui sortent de leur cachette chez les uns et les
autres. C'est désirer ces moments de joie reçue. Nous nourrir de Lui et de son travail chez nous. Il s'agit toujours de
petites choses, des détails, mais eux seuls sont capables de peser plus lourd que nos soucis, nos peurs, et nos
convoitises. Suivre le Seigneur,
c'est l'envers de la tentation : la tentation part toujours d'un détail dans une
situation concrète, lequel enclenche notre envie de plaisir ou de vengeance.
Suivre le Seigneur c’est être devenu
sensible à tel ou tel détail de la vie que nous menons qui enclenche un comportement
ou une parole qui témoignent de la présence du Christ entre nous. Etre tenté
par Satan et être inspiré par l'Esprit saint implique un mouvement semblable :
être commandé de l’intérieur à partir
d'un élément extérieur, concret, sensible.Chacun de nous a ses
propres zones de brouillage dans sa relation au Christ. Avouer devant Lui
telle ou telle d'entre d’elles est le geste de réconciliation auquel nous
invite le Seigneur. II attend notre demande
de pardon pour enter par cette petite porte, concrète, chamelle, que nous
lui ouvrons.Au
cas où tout ça nous paraîtrait trop compliqué, mélangé et douloureux dans notre
vie, essayons encore une fois d'écouter
comment nous est raconté dans la Bible sa façon de démêler les choses, de les apaiser; de les soigner. Et si cela nous parait difficile,
c'est plutôt bon Signe. C'est que nous
avons beaucoup de choses à apprendre de lui nous-mêmes, et le monde dans
lequel nous vivons. Il ne juge pas et il est vraiment doué pour nous ouvrir les
yeux, les oreilles le coeur et les mains.
Ce que nous avons d'intelligence
et de courage pour suivre le Seigneur, c'est Dieu qui nous le donne.
Sur nos chemins de terre, il nous fera passer. Ce que nous avons fait, ce qui
nous reste à faire, voila notre mystère sous un
ciel habité.
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