La joie du diaconat

« Pouvez vous nous parler des joies de votre ministère diaconal ? » : Voilà la question à la quelle je tente de répondre.

Je préfère parler de la joie, au singulier, celle de servir le Christ et son Eglise.
Aujourd'hui ma joie est l'ordination au ministère diaconal de cinq hommes de notre diocèse : André, Georges, Joël, Renaud et Sylvain.
La mission qui m'a été confiée par les dix évêques du grand Sud Ouest, de mettre en œuvre la formation initiale et pastorale des candidats au diaconat, me place dans une situation particulière.
Je connais ces cinq futurs diacres et leur épouse, pour ceux qui sont mariés, depuis 5 années au moins. J'ai eu la joie d'accompagner leur chemin. Je connais leur combat. C'est avec émotion et une sincère affection qu'avec Mgr Ricard et les diacres présents je les accueillerai au sein de la communauté des diacres. Je m’associe très fortement à la joie de Sylvain, de sa famille, et de notre communauté paroissiale.

« Pour que votre joie soit pleine, je vous ai dit les mots de mon Père »
Ce sont les paroles du refrain que JM Despeyroux a composé pour mon ordination comme diacre le 25 mai 2003.
Le lendemain de l'ordination rien n'avait changé et pourtant tout était différent.
Mon oraison quotidienne et la prière des heures n'étaient plus seulement personnelles mais elles devenaient «prière au nom de l’Église». Ce sont les mots du Père qui nourrissent mon ministère du service, jour après jour, dans une plénitude insoupçonnée.

Les diverses missions successives ou concomitantes que j’ai reçues de notre Evêque ont parfois été exigeantes. Au fil des années, ces responsabilités m'ont apporté la joie de tant de rencontres et d'échanges, de tant d'initiatives.
Je pourrais aussi m'attarder sur les joies dans la simple vie de tous les jours. La confiance que me témoignent mes interlocuteurs est le fruit de ma configuration, par le sacrement de l'ordre, «au Christ venu pour servir et non pour être servi» et non le fruit de mes mérites ou de quelques compétences. Je suis témoin que l'Esprit Saint habite en nous et transforme les cœurs.

Mais c'est ma participation à l'eucharistie qui ravive la joie de l'ordination. Les chrétiens comprennent encore mal le rôle du diacre presque muet. Mais justement, ce n'est pas un rôle, c'est un signe. «Le diacre porte à l'autel une parcelle d'humanité d'une densité immense. Il la présente pour qu'elle soit offerte à Dieu en Christ et consacrée par l'Esprit Saint par les paroles et les gestes du prêtre.» (Mgr Albert Rouet, archevêque émérite de Poitiers).
A chaque eucharistie cela me dépasse, mais le Seigneur m’a appelé à cette place. Comment ne pas le vivre dans une joie intérieure profonde et dans l'action de grâce ?

Bien sûr, je ne parle pas ici des peines, des déserts, des découragements, des désillusions du diacre. Ce n'est pas dans le sujet. Mais je peux dire aujourd'hui que la joie prend le dessus par la grâce de Dieu.