Qui ne réagirait pas de la sorte en entendant ce que Jésus dit ? Comment
ne pas sentir un malaise quand Jésus compare
son sang à une boisson ? C'est si vrai que beaucoup de ceux qui le suivent vont
se détourner de lui après avoir
entendu ce discours. Plus loin, dans l'Evangile de Jean, on lit : "A
partir de ce
moment, beaucoup de ses disciples s'en retournèrent et cessèrent de
l'accompagner."
Toutes les civilisations, toutes les religions
opposent des interdits autour de la nourriture. L'interdit du cannibalisme est le plus répandu. Comment le Christ
peut-il alors proposer a ses interlocuteurs
qu’ils consomment sa chair ?
Car, avant de consommer la chair d'un être vivant, généralement
on le tue. Jésus s'adresse à ses disciples,
il parle à ceux qui le suivent et qui l'aiment. Comment peuvent-ils envisager
de le tuer ?
Et pourtant, Jésus sera tué. Il sera crucifié. Il
sera saigné par une lance qui percera son côté, d'où coulera du sang et de l'eau.
Le discours
de Jésus annonce déjà ce que sera sa destinée aux yeux des hommes. Mais Il annonce
bien plus. Sa mort n'est pas la fin. Sa mort est un passage qui nous appelle à
la vie, à la vie éternelle.
Plus haut dans le
texte, Jésus reproche à ceux qui le suivent de n'être là que parce qu'il les a nourris, et il leur propose une nourriture venue
du ciel : "Car le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et qui donne
la vie au monde. Ils lui dirent alors : « Seigneur, donne-nous toujours
de ce pain-la. »
Les disciples demandent, Jésus donne sa réponse : "Le
pain que je donnerai, c'est ma chair, donnée
pour que le monde ait la vie."
Le Christ ressuscité se donne tout entier. Le Christ
ressuscité est chair et sang. Il est vivant et il est parmi nous. Il vient en
nous : "Celui qui mange ma chair et
boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en
lui."
Pour avoir la vie éternelle, le Christ nous invite
à l'unité. Il nous invite à l'unité autour de son autel à son repas.
Qu'est-ce qui unit plus qu'un repas partage ? Nous
le savons tous et nous l'avons tous expérimenté
lors du repas de la famille. Le dîner prit tous ensembles parents et enfants
autour de la table. Qui n'a pas entendu ces mots résonner dans la
maison: "A table !" C’est parfois difficile
de se réunir. Chacun à ses occupations. Mais le moment arrive et tous les
membres de la famine font un autour de la table. Pour celui ou celle qui a préparé le repas, le sentiment de rassembler
est fort. Ceux qui se réunissent autour de la table, éprouvent le sentiment de
partage. Là, la parole peut se libérer. Les membres de la famille mangent les mêmes
aliments. C'est là un moment de communion.
Et les grands repas de
famille pour les mariages, les baptêmes ou les premières communions ne sont-ils pas de vraies occasions de faire
l'unité de la famille au sens large. Les générations se retrouvent. Les cousins
se réjouissent de se retrouver et de partager un moment ensemble. Qui
imaginerait fêter un tel moment sans un bon et grand repas.
Qui n'a pas connu ces histoires de retrouvailles
qui offrent l'occasion de se pardonner ? Comme cet oncle, avec lequel la famille est fâchée depuis on ne sait
plus combien de temps, qui vient renouer pour ce grand repas de famille.
Aujourd'hui,
ce que nous vivons pour cette messe est du même ordre. Nous avons reçu un carton
d'invitation et nous sommes venus. Même si nous sommes comme cet oncle dont je parlais, nous avons répondu
à l'invitation du grand repas de famine.
Nous venons nous réjouir au repas de la famille
des frères du Christ. Nous venons manger le même aliment et boire la même
boisson.
Le corps et le sang du Christ comme
l'écrit Paul fait notre unité. "Puisqu’il
y a un seul pain, la
multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul
pain." Nous ne sommes pas là pour communier à un corps
crucifié et à un sang répandu, nous trouvons notre joie dans le corps et le
sang qui nous offrent la vie éternelle.
Le Christ
nous appelle et nous rassemble dans son action de grâce pour le repas de fête,
la nappe est tendue sur l'autel, dans un
instant le pain et le vin seront chair et sang. Nous sommes loin de l'horreur du cannibalisme évoqué
plus haut et pourtant il a bien fallu que Jésus soit crucifié, soit mort et soit enseveli pour que nous fêtions sa
venue parmi nous, entre nous et en nous.
Dans les
grands repas de famille que j’évoquais, il y a l'oncle qui vient. Mais, il y a
aussi ce lointain cousin qui refuse toujours de venir. Ne l’oublions pas. Notre
tache n'est pas seulement de nous régaler du
repas, elle est aussi de continuer à l'inviter à répondre à l'appel du Seigneur. Le corps du Christ ne demande que la réunion
de tous ses membres. Le repas de fête
n'est pas une fin en soi mais un départ pour la mission, il y en a tant qui ont
faim de la vie éternelle.
Le voici, le pain des anges,
il est le pain de l'homme en route,
Le vrai pain des enfants de Dieu,
qu'on ne peut jeter aux chiens...
il est le pain de l'homme en route,
Le vrai pain des enfants de Dieu,
qu'on ne peut jeter aux chiens...
Amen
Dominique Bourgoin,
diacre.
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