J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de cet enclos / Jn 10 / Une homéie

Aujourd'hui, nous célébrons tous le dimanche du bon Pasteur. Ce pourrait être la fête de notre paroisse. Certes, notre paroisse est vouée saint Pierre, mais ce pourrait être la fête de notre paroisse à cause du vitrail central du choeur de notre église.
Nous sommes nombreux à le contempler. J'ai recueilli beaucoup de témoignages sur l’attachement que nous avons à ce vitrail. Et de fait, cette figure du Christ nous accompagne dans nos prières.

Regardons-le aujourd'hui. II représente le Christ Pasteur. Il porte sur ses épaules une brebis. Et cette brebis repose sa tête tendrement sur la joue du Christ. Cette brebis est porté au plus haut de notre élise. La hauteur pourrait lui donner le vertige. Etre si proche du Seigneur pourrait l'effrayer ou l’enorgueillir. Mais non, elle repose sur les épaules de son pasteur en toute confiance. Elle est comme apaisée. Elle se donne à son pasteur dans tout l'amour qu'elle peut exprimer en se joignant à lui joue contre joue.
Quelle meilleure illustration aujourd'hui pour le texte de l'Evangile que nous venons de lire : "Moi, je suis le bon pasteur".

Par ailleurs, l'Eglise fait de ce jour : le dimanche des vocations, elle nous invite a prier pour nos prêtres, figures du bon pasteur.
Voici les deux entrées, le vitrail et le dimanche des vocations, que je propose à votre méditation pour comprendre ce que l'Evangile de Jean veut nous dire.
Ce vitrail, s'il nous touche quand nous le contemplons c’est peut-être parce qu'il représente ce que nous vivons ici, ou qu'il nous donne à réfléchir à ce que nous venons chercher en ce lieu.
Cette église est un lieu de paix. Cette église est un lieu où s'exprime la fraternité au nom du Christ. Nous y venons puiser à la source de l'Evangile et au don de l'Eucharistie, la joie de la présence du bon pasteur.

Quand, je contemple vos visages, si différents, je vois de la joie. Je discerne un élan vers ce qui peut être un réconfort. Quelque que soit l’âge il y a comme un  sentiment d'être ici chez soi. Les enfants dessinent et montrent avec fierté leurs oeuvres à leurs parents. Les adultes vont partager un temps ensembles sur le parvis. Malgré la diversité des origines, malgré la diversité des générations, on se sent bien ici, on se sent comme des brebis dans un enclos. On s'y sent comme dans un enclos car le Bon Pasteur nous y accueille pour son repas.
Et pourtant, cela n’est pas suffisant. Je disais à l'instant que cette église est un lieu de paix. Vous avez suivi l’actualité. Il n'y a pas d'enclos définitivement à l'abri. Cette semaine, un homme a été arrêté alors qu'il préparait deux attentats contre des églises.
Ce sentir bien dans l'enclos n'est donc pas suffisant.
La première réaction pour sauvegarder notre bien-être c'est de garder les églises. En quelque sorte, il s'agit de monter des murs pour protéger au mieux l’enclos.
La seconde réaction c'est de le refuser, car comme le dit Jésus : "J'ai encore d'autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos aussi, il faut que je les conduise."
Jésus nous dit qu'il n'est pas venu pour sauver les chrétiens, mais qu'il est venu pour tous les hommes. Le Christ n'est pas chrétien. Le Christ est le Christ. Nous nous sommes Chrétiens parce que nous sommes appelés à vivre l'Evangile au nom du Christ, pour dire et témoigner la volonté du Christ de conduire tous les hommes.
Et cela ne peut pas se faire en bâtissant des murs autour de nous, en nous réfugiant sur ce que nous considérons comme devant être sauvé, à savoir notre confort. Le Christ nous envoie hors de l'enclos pour porter la bonne nouvelle. La force que nous puisons au pied de cet autel figure de la pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs, nous donne l'élan missionnaire pour franchir les portes de l'enclos porter la paix et la joie du Seigneur à tous les hommes.
Abordons maintenant le deuxième aspect de noire méditation. Dans le texte de l'Evangile de Jean, Jésus se compare aux mauvais pasteurs, les mercenaires. Les mercenaires sont embauchés pour garder les brebis et lorsque les loups arrivent, ils s'enfuient.
Mais que fait donc le bon pasteur lorsque les loups surviennent, parce que la possibilité de la venue des loups est toujours là. Et bien j'imagine que le bon pasteur parle aux loups, il leur dit "Paix".
Les mercenaires, eux, sont rémunérés par la logique du monde. Et le meilleur indicateur, que le monde a inventé pour évaluer la réussite d’une situation, c'est le taux productivité. La productivité c'est faire en sorte de plus produire avec moins de monde. C'est la même logique que j'évoquais plus haut. II s'agit la encore de bâtir des murs, de se réfugier dans une interprétation étriquée de la tradition et tous ensemble de se replier sur soi, de se confondre en dévotion en regardant l'extérieur avec suspicion.
Combien de fois, dans nos bilans d'activités ecclésiales, avons-nous compté le nombre de participants comme si cela était un critère de réussite ? Nous le faisons en oubliant que c'est le pêché de David qui voulait compter son peuple, en oubliant que le Christ s'est incarné pour sauver le monde en pleine procédure de recensement.
Les pasteurs, qui ne sont pas mercenaires, sont ceux qui, à travers la liturgie, ouvrent grandes les portes de l'Eglise et nous envoient en confiance hors de l'enclos.

Alors prions en ce dimanche pour nos prêtres.
Seigneur, envoie ton Esprit sur eux pour qu'ils sachent susciter en nous un élan rnissionnaire.
Prions pour Fabien, prêtre africain qui sait ce que c'est que de sortir de l'enclos.
Prions pour Jean-Pierre qui agit si discrètement pour la défense des albanais, exiles, déracinés, en dehors de l’enclos.
Prions pour Richard qui porte l’Evangile du Christ en prison, lieu de souffrances et de privations si loin de l'enclos.
Et prions pour nous : Seigneur donne-nous de lire le vitrail du choeur de l’église saint Pierre de Gradignan comme un réconfort que tu nous donnes chaque fois que nous nous risquons en dehors de l'enclos.
Et bonne fête à notre paroisse !
Amen !

Dominique Bourgoin, diacre.

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