Des frères en souffrance



Le pape François nous invite en cette année 2015 à être attentifs aux « périphéries ». La prison n’en fait-elle pas partie ? Lieu où vivent en France plus de 60 000 personnes en détention, hommes ou femmes confondus. Près de nous le Centre Pénitentiaire de Bordeaux/Gradignan, prévu pour l’accueil de 407 détenus, et dont l’effectif dépasse parfois les 600, limitant ainsi des possibilités d’hébergement humainement correctes.

La société demande à être protégée. Ce moyen de protection : l’incarcération. Pour le « délinquant » la prison doit être en priorité un moyen de prendre conscience de son acte, de se soigner si nécessaire, de se reconstruire pour un nouveau départ dans la société civile en fin de peine, pour une réinsertion sur des bases solides.

Les conditions d’incarcération aujourd’hui offrent-elles les solutions optimales pour celui qui du jour au lendemain se trouve confronté à cette mise à l’écart, perte d’identité, regards négatifs, séparation familiale ou sans liens affectifs, santé déficiente, agressivité, conflits, promiscuité ? Sans compter l’impact psychologique de l’acte lui-même assumé ou non dans la prise de conscience ou dans le déni. Impact aussi pour beaucoup d’un passé éprouvant, marqués dès la petite enfance d’événements douloureux ou violents, négatifs pour un départ équilibré dans la vie.

La prison, une épreuve aussi pour son environnement affectif « du dehors ». Séparation conjugale, enfants privés de père de mère, situation financière critique, difficultés d’une présence fidèle au parloir : distances, frais, travail, école ou garde des enfants. Autant de problèmes auxquels les familles doivent faire face. Sans compter, au fil des années, la lassitude l’épuisement entraînant peu à peu un abandon définitif du parloir pour « reprendre vie » à bout de souffle de contraintes, du regard de la société, de solitude… et les liens s’effilochent.

La prison, une épreuve mais aussi une chance de se refaire une santé physique, psychique ou morale, grâce aux conseillers d’insertion, aux services sociaux, de santé, aumôneries, associations, qui s’activent à accompagner les détenus.

« La Visitation 2 » vient de fêter son quarantième anniversaire au service du monde de la détention s’employant au soutien moral et spirituel des détenus de tous les établissements pénitentiaires de France.
Passe-muraille par la correspondance et la publication bimestrielle de « La  Roulante » (à consulter sur le site Internet de la paroisse) cette structure s’efforce d’apporter à ces hommes et ces femmes en souffrance une aide amicale et sans jugement, un lien avec l’extérieur, un souffle de vie et d’espoir. Leurs témoignages nous encouragent à continuer avec ténacité notre action malgré les difficultés inhérentes à toute association.

« La Roulante » nous vous en offrons quelques exemplaires. Accueillez – là, c’est gratuit. Vous y trouverez des cris de souffrance, de courage, des prières, des regrets, des remerciements, des aveux, de l’humour. Une lecture qui nous l’espérons change les regards sur ce monde rejeté qu’est la prison, et invite à être vigilants sur nos périphéries.

C’est aussi là où nous n’ouvrons pas les yeux
que se joue l’avenir d’un homme.

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