Depuis
quand portons-nous ce Nom ? Ce Nom nous a été donné par le
Seigneur lui-même le jour de notre baptême, le jour où nous avons
revêtu le Christ. Le jour où le Seigneur a fait de nous tous, un
prêtre, un prophète et un roi. Le jour où Dieu s'est penché sur
nous et nous a fait frère de son Christ. Le jour de cette adoption
où il a murmuré à notre chair : "tu es mon fils bien-aimé."
De
ce jour, le Nom de Christ est inscrit au plus profond de nous. Cette
inscription a trouvé sa place à l'endroit qui lui était destinée
dès la création. Et pour les baptisés rien n'est plus comme avant.
Ils ne sont plus fils du monde mais fils de la lumière.
Quand
portons-nous son Nom ? Le portons-nous à chaque instant ? Certes
oui, nous ne pouvons effacer cette inscription gravée dans notre
chair. Mais nous savons bien que nous agissons parfois en ignorant
notre baptême, en le niant.
Nous
salissons ce Nom quand nous en faisons un étendard pour imposer nos
propres convictions politiques, sociétales. Nous salissons ce Nom
quand chez nous dominent nos idées, notre volonté, en ignorant ce
qui se vit au nom du Christ dans le regard de ceux que nous
rencontrons. Et surtout chez ceux qui ne partagent pas nos opinions.
C'est
ce dont Jésus nous prévient quand il dit: "
Prenez
garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon
nom en disant : 'C'est moi "
Il
s'agit là bien d'agir à cause de son nom et non sous son nom. Ils
n'agissent pas au nom de Jésus ceux qui insultent Christiane Taubira
! Et pourtant, les mouvements, comme le printemps Français, disent
agir selon leur foi, au nom du Christ. Ils n'agissent pas au nom de
Jésus, ils s'emparent du Nom de Jésus, ils brandissent le nom du
Christ comme un étendard. C'est comme s'ils prétendaient que le
Christ leur appartenait. Comme s'ils avaient convaincu le Seigneur de
la justesse de leurs opinions. Mais le Christ n'appartient à aucun
camp. Il inscrit en nous le signe de sa présence pour nous
rassembler et non pas pour nous diviser.
Ce
que les hommes construisent en leurs noms ne durera pas, il ne
restera pas pierres sur pierres, tout sera détruit. Et même les
constructions que les hommes réalisent au nom du Christ
disparaîtrons, il ne restera que le l'essentiel, le Nom du Seigneur
qui est de toute éternité.
Au
risque de vous choquer, un jour, cette église que nous aimons tant,
disparaîtra. De cette église dans laquelle Le Christ nous invite
tous les dimanches, il ne restera que nos prières qui imprègnent le
lieu. Il ne subsistera mystérieusement que le nom de Jésus.
Ce
que nous vivons là est plus important et plus durable que ce qui
nous abrite.
D'autres
espaces permettent au Nom du Seigneur de s'exprimer. Dans notre
relation avec notre frère le plus petit, le Nom du Seigneur grandit.
Le Secours catholique fait partie de ces lieux.
Les
membres de l'équipe du Secours Catholique de Gradignan me font
l'honneur de m'accueillir parmi eux, me donnant la possibilité
d'accomplir mon ministère de diacre auprès de ceux vers qui je suis
envoyé.
Lors
de la première réunion à laquelle j'assistais, j'ai été frappé
par l'histoire de cette jeune personne qui n'a pas de quoi financer
son billet de train pour aller signer son contrat de travail. Le peu
qu'elle avait, elle l'a dépensé pour se loger sur Paris. Elle l'a
dépensé pour acheter les vêtements nécessaires à son activité.
Les services sociaux lui refusent l'aide dont elle a besoin car la
règle veut qu'on aide une personne dans sa démarche de retour à
l'emploi, uniquement si un contrat de travail est signé.
Alors,
comment les travailleurs sociaux résolvent-ils le dilemme ? Ils
trouvent la solution en envoyant, cette personne trouver de l'aide
auprès du Secours Catholique. Car en ce lieu, où est inscrit le Nom
de Dieu, il n'y a plus les mêmes constructions, il n'y a pas la même
organisation. Ce lieu est structuré pour accueillir, écouter,
entrer en relation, en dialogue.
Les
services sociaux sont une bonne chose et nous pouvons être fiers du
travail qu'ils font chaque jour. Et les règles sont nécessaires
pour que les aides soient équitables et pour éviter les dérives.
Mais au-delà de ces règles, il y a un nécessaire besoin que la
dimension de la relation humaine trouve sa place, et que s'exprime le
Nom du Seigneur.
Chers
frères et sœur, dans un instant, nous allons nous rassembler autour
de l'autel pour célébrer l'Eucharistie au Nom du Seigneur.
Mettons-nous bien dans cette dynamique que c'est bien le Seigneur qui
nous rassemble en son Nom. Que c'est bien lui qui vient nous
rejoindre pour nous inviter à communier à son Corps et à son Sang.
Que c'est lui le Christ qui fait vivre en nous son nom, signe de sa
présence parmi nous jusqu'à la fin des temps.
Acclamez
le Seigneur, car il vient
pour gouverner la terre,
pour gouverner le monde avec justice,
et les peuples avec droiture !
pour gouverner la terre,
pour gouverner le monde avec justice,
et les peuples avec droiture !
Amen
!
Dominique
Bourgoin, diacre.
33°dimanche
du Temps Ordinaire. Année C
Ml
3, 19-20a ; Ps 97 ; 2 Th 3, 7-12 ; Lc 21, 5 - 19
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