Mais alors, où est-elle cette Bonne Nouvelle ? Serait-ce que Jésus est
Roi ? Pourtant des rois, on en a plus qu'il nous en faut. Il y a ceux qui nous
gouvernent, il y a ceux qui nous jugent, ils y a ceux qui nous conseillent, il
y a ceux qui nous indiquent le chemin à prendre, la conduite à tenir, ils y a
ceux qui nous vendent le bonheur.
Quand Pilate pose la question à Jésus "Es-tu le roi des
Juifs ?", Jésus cherche à savoir d'où vient cette question en
Pilate ? Et Pilate, sans surprise, répond
en homme d'Etat, chargé de la sécurité publique. Il pose la situation, il
décrit les forces en présence. Et Jésus qui n'est pas dans ce jeu de puissance,
répond qu'il n'a pas de forces pour le défendre. Il dit : "Ma
royauté n’est pas de ce monde." Et Pilate, le même qui se
présentait avec autorité, pose de nouveau la question : "Alors,
tu es roi ?" Et Jésus perçoit que, cet homme sur qui repose
tant de responsabilités, a changé de registre : "C’est toi-même qui dis que je
suis roi". C'est l'homme qui a posé la question et non plus
le représentant de l'empire. Cette question lui vient du plus profond de
lui-même, là où Dieu pose sa ressemblance, là où la vérité trouve son chemin.
Et dans la réponse de Jésus, "Moi, je suis né, je suis venu dans
le monde" j'ai trouvé la Bonne Nouvelle !
Ces deux réalités, le monde dans lequel nous vivons et le
royaume des Cieux, ne sont pas étrangères. Le Christ par son incarnation nous
rejoint et fait de nous un royaume comme cela est dit dans le texte de l'apocalypse.
Dieu ne nous regarde pas d'en haut, il lève les yeux sur nous et nous aime.
Nul ne peut échapper à cette réalité, le Christ vient à nous
et lève les yeux sur nous. Il y a bien des lieux où cela se vérifie. Le secours
catholique en fait partie. Combien de femmes et d'homme se présentent pour un
peu d'aide. Ils viennent chargés du poids de leurs difficultés dues à la
situation économique, dues à leur déracinement de leur pays d'origine ? Ces
femmes et ces hommes ne sont pas accablés, ils restent debout et luttent pour
leur survie. C'est ce que les bénévoles du secours catholique lisent dans leurs
regards.
Lors de la réunion
mensuelle de l'équipe de Gradignan, les bénévoles échangent sur les difficultés
bien sûr mais surtout sur ce qui les encourage à continuer leur mission. Ils
échangent sur ces vies qui affrontent
les difficultés avec courage parce qu'en eux il y a une force qui vient du plus
profond, cette vie qui est signe de la présence du Christ dans les pauvres.
C'est là ce qui encourage les bénévoles, et cela touche leur propre faiblesse
et leur fait saisir que jamais le Dieu qui s'incarne ne les abandonnera.
Au cœur de l'horreur, cette présence se révèle discrètement.
C'est comme cela que j'ai interprété le hashtag "pray for Paris" (je
traduis le slogan "prions pour Paris") qui s'est propagé sur les
réseaux sociaux après les attentats de Paris. Tout le monde n'y a pas adhéré,
certains l'ont critiqué, mais le hashtag est là pour exprimer le besoin de se
tourner vers autre chose que les pleurs ou la vengeance, pour se tourner vers
celui qui lève les yeux sur nous.
"Pray for Paris" est une expression prophétique de
notre baptême. Lors du sacrement, le ministre annonce que notre baptême fait de
nous des prêtres, des prophètes et des rois.
Notre baptême engage notre responsabilité dans le monde.
Cette responsabilité n'est pas de répondre aux rafales de Kalachnikov par des
bombes. Cela c'est de la responsabilité du citoyen. Mais, c'est de laisser
germer dans le monde, le royaume des Cieux qui est proche, en étant des
prophètes de la Bonne Nouvelle.
Alors nous pouvons nous souhaiter les uns les autres une
bonne fête du Christ Roi, et dire notre joie de porter au monde le levain qui
est en nous. Ce levain que le Christ lui-même va faire lever sur son autel, ici
parmi nous.
"Moi,
je suis l’Alpha et l’Oméga,
dit le Seigneur Dieu,
Celui qui est, qui était et qui vient,
le Souverain de l’univers."
dit le Seigneur Dieu,
Celui qui est, qui était et qui vient,
le Souverain de l’univers."
Amen !
Dominique Bourgoin,
diacre.