La Croix glorieuse / Jean 3 13-17 / Une homélie de JP Duplantier

     Les trois textes que nous venons d’entendre nous offrent de contempler ce que nous faisons ici.
 
Le dispositif qu’il nous montre pour nous emmener à regarder, à prendre le temps de réfléchir c’est une succession de trois poteaux, en grec cela se dit stauros, chez nous çà se traduit par  la croix. Trois croix donc : chacune élève, expose la figure du commandement en chef de notre existence : un serpent de bronze,  le corps crucifié de Jésus, et le corps rayonnant du Fils de Dieu dans la lumière de son Père.
 
Les deux derniers sont ici, visibles, dans cette église. Le premier, le serpent de bronze sur le mat, nous venons de le quitter un moment en entrant ici. Les récits de l’ancien Testament nous sont donnés comme figures de là où nous venons.
 
     En deux mots : dans le désert, les fils d’Israël sont passés par une vraie déprime. Dieu et Moïse les avaient libéré de l’esclavage de l’Egypte ; et maintenant ils n’ont plus rien à se mettre sous la dent. Tout va mal. C’est la crise. Alors ils en veulent à Moïse, à Dieu, à tout le monde. Et Dieu en rajoute. Ce n’est pas seulement dans votre tête, dans votre âme que vous allez souffrit, être malheureux, c’est physiquement… des serpents brûlants se lèvent dans le désert et mordent les fils d’Israël et plusieurs en meurent. Alors là, quand çà vous touche dans votre corps, personne ne fait plus le malin ; on commence à comprendre que c’est peut-être lié à la vie que nous menons, qu’on a complètement lâché Dieu et ses commandements. On commence à relire le vieux récit de l’antique serpent dans le jardin. Il nous a trompés, comme disait Eve.  A l’Arbre de vie, nous avons préfère ce qui est beau à voir, bon à manger, utile pour connaitre, le bien, le mal et pour tout maîtriser. Une seule chose  nous inspire : dévorer la vie à belle dent et nous révolter ou déprimer quand le patron, ou un collègue, ou notre femme ou notre homme ou nos enfants ou n’importe quoi dans la société, nous met des bâtons dans les roues pour faire de notre vie ce qu’on veut. 
 
Mais cette chose-là qui nous est arrivé ne fait qu’empirer. Notre péché en fait c’est un ratage ; nous nous sommes trompés de maître et la cible de la belle vie, on est en train de la rater. Alors nous venons ici dans l’Eglise, comme les fils d’Israël vers Moïse. Et Dieu commence le traitement. Tu vas mettre sur un mat un serpent un bronze. Ils lèveront les yeux et ils verront : ce serpent qui pourrit le dessous de leur âme et qui maintenant les mord dans leur chair, c’est une sculpture, c’est du fabriqué par vos mains. C’est votre construction du monde qui vous tue.
 
     Regardons maintenant le Christ en croix. A la place du serpent en bronze, il y a le corps de Jésus. Un vrai corps d’homme. Il a été arrêté, condamné, flagellé et il est mort. Il est là sous nos yeux. Ce qui nous est donné à voir c’est un fils d’homme rejeté, défiguré et qui n’a pas un instant cessé d’aimer son Père et nous, de prier son Père de toute sa force, de toute son espérance, il nous a pardonné, sans raison, sans jugement, simplement parce qu’il est le fils de Dieu, l’envoyé du Père et qu’il obéit au désir de Dieu de faire de nous des fils qui portent sa ressemblance. Son désir est là sous nos yeux. Il n’appartient pas au passé, à l’histoire, à la culture d’un moment, il est libre de tout, il agit, hier, aujourd’hui et demain. 
 
Il défait nos liens, il pardonne notre rébellion. Il le fait maintenant pour peu que nous acceptions de voir que c’est nous qui l’avons mis dans cet état et qu’il faut changer de route. Vite. Clairement. Le mystère du pardon et de la guérison de nos vie est là ; nous y sommes entrés sans trop savoir comment ; nous y habitons ensemble maintenant.
 
       Déjà se profile, si nous levons les yeux, et regardons devant, le corps du Christ glorieux, sa croix glorieuse, et dans le fond, en arrière de son corps, les bras largement ouverts, démesurément ouverts, une lumière pour nous, la présence de notre Père qui nous attend. Ce n’est pas l’avenir. L’attente du Père, la lumière d’en-haut, le désir du Christ de nous prendre, c’est là sous nos yeux. A nous de nous y offrir, de communier…
 
     Alors quand nous sortirons tout à l’heure d’ici, ce ne sera pas le ciel sur la terre, le paradis revenu, mais il y aura des hommes et des femmes dans ce monde, qui portent le reflet de la lumière de Dieu par laquelle ils viennent de passer, physiquement, en chair et en os.
 
Parce que c’est pour le monde, pour nous, que toutes ces choses sont ici dans cette église, ces croix, ces récits, nos offrandes et ce que le Christ va en faire, la Parole de Dieu qui nous est adressé, la prière du Christ, la lumière d’en haut. C’est pour nous. Nous sommes entrés sou le signe du serpent, nous sortons sous le sacrement du Corps du Christ. Nous sommes entrés marqués par ce que nous faisons du monde et de la vie ; nous allons sortir marqués de ce que Dieu fait de nos corps mortels.

Voilà ce que nous faisons ici, maintenant, nous sommes en train de passer dans le mystère de l’œuvre de Dieu.
Jean-Pierre Duplantier

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