Luc 14 25-33 / Une homélie

Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ?
Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ?
Le rêve de l'homme : percer le mystère de Dieu. A la fois désir de puissance et d'intimité avec le Créateur.
Mais un rêve qui ne se réalise pas, l'homme n'est rien, sa pensée est mesquine et chancelante. Une pensée qui naît et s'épanouit dans un corps mortel promis à la poussière et pourtant ce grand mystère est à portée de main.
Mais qu'elle est donc cette Sagesse ?
L'Évangile d'aujourd'hui est bien mystérieux lui aussi. Dans un premier temps, Jésus nous demande de le préférer à toutes les relations qui font de nous ce que nous sommes, parents, épouses, enfants. Puis, viennent ces histoires de la construction d'une tour et d'un roi qui s'engage dans une guerre de conquête.
Tout d'abord, Jésus semble remettre en cause les liens du sang et les liens d'alliance. Des liens qu'il nous demande de faire passer après lui. C'est comme si à partir du moment où l'on prend sa suite les liens qu'il énumère sont seconds. Le premier lien à entretenir c'est celui qui nous attache à Lui. Il nous annonce un nouveau lien qui s'entretient entre le maître et le disciple, un lien qu'il faut préférer même si ce lien ne nous délivre pas des difficultés de la vie et du passage par la mort. Une certaine sagesse que nous dévoile Jésus, si vous vous me suivez, ne me suivez pas à moitié. Mais sachez que rien ne vous sera épargné.
Ensuite, les deux mini paraboles sont certes plus compréhensibles mais à première vue sans rapport avec ce qui précède. Elles correspondent à des situations actuelles même avec le décalage temporel. Elles parlent de nos projets, établir un budget, évaluer les risques d'une action périlleuse.
Voilà qui relève de la compétence des humains. Cet homme est bien stupide. Il commence sa construction sans avoir planifié un minimum son projet. Compter, évaluer, planifier, il s'agit bien là de compétence dont nous sommes équipées et que le monde nous enseigne. Alors qui, d'entre nous, agirait comme cet homme ? Et quand bien même, que risque cet homme ? Il risque qu'on se moque de lui. Avouez, que ce n'est pas si grave. Là encore, Jésus ne nous enseigne-t-il pas une sagesse ? Ne nous dit-il pas la solution est proche ?
La seconde parabole. Le désir de puissance, le désir de conquête. Ce roi s'engage dans une guerre perdue d'avance. Les forces en présence sont beaucoup trop déséquilibrées. Ce roi n'agirait-il pas comme quelqu'un qui s'engage dans une action dont il fait son combat sans mesurer toute l'étendue de l'impact ? Après tout, son engagement correspond peut-être à un besoin légitime. Il est peut-être justifié par des convictions tout-à-fait honorables. Mais il semble n’évaluer la situation qu’à travers sa propre vision, ses propres intérêts.
Ce qui se passe en Syrie est révélateur. Après avoir appris l'utilisation d'armes chimiques et biologiques, Une partie des grandes puissances étaient prêtes, il y a quelques jours à réunir leurs armées pour punir le gouvernement Syrien tandis que l'autre partie s'y refuse. Chacun adoptant une attitude en fonction de ses intérêts.
Puis cette semaine dans la douceur, un homme nous appelle à nous asseoir pour prier en faveur de la Syrie pour que se taisent les armes, Cet homme c'est François, le pape. Une prière pour que soit pris un chemin vers la paix au-delà des intérêts particuliers.
Ainsi, Jésus, dans les petites paraboles et l’attachement qu’il nous demande, nous invite à plus de sagesse. C'est comme s'il nous demandait de laisser venir la Sagesse. Une Sagesse tout simple. S'asseoir, compter, s'attacher à lui et voir le monde selon la volonté du Père.
Jésus nous engage à vivre à travers son regard. Il nous demande de porter un jugement sur le monde et nos projets avec ses yeux, au tamis de la volonté de son Père. Et cela concerne même nos relations les plus proches, celles que nous entretenons avec nos parents, avec nos enfants et avec nos épouses.
Le Christ nous enseignerait-il une sagesse ?
Non, il ne nous enseigne pas une sagesse. Le Christ nous révèle qu'IL EST LA SAGESSE, il est la Sagesse de Dieu annoncée dans le premier testament. Cette Sagesse n'est pas un savoir acquis par notre propre raisonnement à partir d'une longue expérience. Elle n'est pas le fruit des relations du monde mais l'enfantement d'une autre vie. La Sagesse c'est le Christ quand, nous lui laissons prendre toute la place qui lui revient en nous. La Sagesse c'est le chemin que nous prenons à la suite du Christ quand nous nous dépouillons du trop-plein de nous-mêmes. Alors le royaume vient et les volontés du Seigneur se révèlent :
Rassasie-nous de ton amour au matin,
que nous passions nos jours dans la joie et les chants.
Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu !
Consolide pour nous l'ouvrage de nos mains. (
Ps 89)
AMEN !
Dominique Bourgoin.
23° dim du TO – Année C

Sg 9,13-18 // Ps 89 // Phm 9b-10. 12-17 // Lc 14, 25-33

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