À quoi penses-tu, Joseph ?
Tu regardes la mangeoire vide, et tes mains, habituées au bois et aux outils, tremblent un peu.
Tu te souviens de l’ange, de ce rêve qui t’a dit de ne pas craindre, de prendre Marie avec toi.
Tu as obéi, et maintenant, tu es là, Dans cette étable, avec elle.
Tu penses à la promesse : un enfant, un sauveur.
Mais pour l’instant, il n’y a que le silence, la paille, et cette nuit qui semble durer toujours.
Tu te demandes si tu es à la hauteur, si tu sauras protéger ce qui va naître.
Tu es Joseph, le charpentier, l’homme juste.
Et ce soir, tu es aussi le gardien d’un mystère.
À quoi penses-tu, Marie ?
Ton cœur bat doucement, comme un écho de cette vie qui grandit en toi.
Tu te souviens de l’ange, de sa voix qui t’a annoncé l’impossible :
« Tu enfanteras un fils, et tu l’appelleras Jésus.»
Tu as dit oui, sans tout comprendre.
Maintenant, tu es là, dans le froid de cette nuit, et tu attends. Tu regardes Joseph, son visage marqué par la fatigue et l’inquiétude, et tu sais qu’il est ton rocher.
Tu penses à toutes les femmes avant toi,
à Sarah, à Rachel, à tant d’autres qui ont espéré contre toute espérance.
Et toi, tu portes l’espérance elle-même.
À quoi penses-tu, Joseph ?
Tu repenses à Bethléem, à cette ville qui n’avait plus de place pour vous.
Tu te dis que c’est peut-être un signe : celui qui va naître n’aura jamais vraiment de place dans ce monde.
Tu regardes Marie, et tu te demandes comment tu pourras être un père pour cet enfant qui ne sera pas le tien, mais qui te sera confié.
Tu te souviens des prophéties, de ce que les Écritures disent du Messie.
Et tu pries, en silence, pour que tout cela soit vrai.
À quoi penses-tu, Marie ?
Tu poses une main sur ton ventre, et tu sens qu’il est proche, ce moment.
Tu penses à Élisabeth, à sa joie quand tu lui as annoncé la nouvelle,
à la façon dont l’enfant a tressailli en elle.
Tu te souviens de ton cantique, de ces mots qui t’ont échappé :
« Mon âme exalte le Seigneur » Ce soir, il n’y a plus de cantique, il n’y a que l’attente.
Mais tu sais que cette nuit est sainte, que chaque instant te rapproche de Lui.
À quoi penses-tu, Joseph ?
Tu regardes la mangeoire, et tu te dis que demain, elle ne sera plus vide.
Tu ne sais pas encore comment tout cela va se passer, mais tu fais confiance.
Tu es là, présent, et c’est tout ce qui compte.
À quoi penses-tu, Marie ?
Tu fermes les yeux, et tu écoutes. Le monde entier semble retenir son souffle.
Tu sais que cette nuit est différente, que quelque chose de grand est sur le point d’arriver.
Et tu attends, le cœur léger, parce que tu as déjà dit oui.
À quoi pensez-vous, Marie et Joseph ?
Vous êtes là, tous les deux, unis dans cette nuit qui bascule.
Vous ne savez pas encore que des bergers viendront bientôt,
guidés par une lumière étrange, ni que des mages suivront une étoile pour trouver cet enfant.
Vous ne savez pas que cette mangeoire vide deviendra le berceau du monde.
Mais ce soir, vous êtes simplement là,
l’un près de l’autre, avec vos doutes, vos espérances et cette certitude silencieuse :
quelque chose de plus grand que vous est en train de naître.
Vous ne le voyez pas encore, mais vous le sentez. Et c’est assez.
Alexandre PICOT

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire