L’évangile de Marc aujourd’hui nous met une fois de plus en présence d’une foule immense entourant Jésus. Une foule en mouvement que l’évangéliste présente quelques versets avant notre extrait comme étant dans un climat de frayeur. Peut-être parce que Jésus venait d’annoncer sa passion toute proche. Le mouvement est une montée qui conduit Jésus ses disciples et cette foule de Jéricho à Jérusalem pour la Pâque où, nous le savons, Jésus sera accueilli triomphalement, avant sa passion.
Au
bord de la route un aveugle, immobile, qui semble peu concerné par
la frénésie ambiante. Il ne voit pas, mais il entend le nom de
Jésus de Nazareth. Alors il se met à crier et même à bondir. Un
aveugle qui bondit cela interroge ! Lui dont les yeux étaient
vides de lumière, est poussé par un mouvement intérieur vers Celui
qui est la lumière du monde.
Cet
homme est présenté comme un fils, le fis de Timée d’où son nom
Bar-timée.
Son
cri : « Fils
de David, prend pitié de moi ! »
Jésus
s’arrête et le fait appeler.
Et
voilà le fils de Timée face au « fils de David ». Ce
titre à l’époque était l’équivalent du Messie.
Une
première bonne nouvelle réaffirmée. La Paternité de Dieu. (1ère
lecture)
Je
suis un père pour Israël, Ephraïm est mon Fils aîné »
(Jérémie)
Face
au mystère de Dieu le Père, le mystère de tout humain comme fils
par Jésus Christ.
Le
dialogue qui vient est comme un cheminement spirituel, une démarche
spirituelle
Jésus,
entonnement, répond la la demande de l’aveugle, par une question :
« Que
veux-tu que je fasse pour toi? »
Jésus
interroge le désir profond de l’aveugle et sa volonté.
La
méthode de Jésus peut nous servir d’exemple lorsque nous sommes
sollicités pour aider ou accompagner une personne.
Là
ou nous aurions envie, de remplir l’espace par nos paroles, nos
conseils ou un brin de morale, notre belle expérience, Jésus laisse
à Bartimée le temps de découvrir ce qui anime la profondeur de son
être, nommer les mouvements intérieurs du coeur ; Laisser la
place au travail de l’Esprit Saint pour un vrai discernement.
La
réaction de l’homme est à la hauteur du semi-silence de Jésus.
La réponse est de tendresse et de confiance
« Rabouni,
que je retrouve la vue »
Vous
avez bien remarqué le verbe. « Retrouver » ou traduit
aussi « que je revoie ».
Nous
ne savons pas si l’aveugle était né avec son infirmité ou s’il
a vu antérieurement. La lourde insistance de l’évangile sur les
noms de « père » et de fils que j’ai signalé au
début, ce face à face du fils de Timée et du fils de David peut
nous laisser comprendre que Jésus entend de la part de cet homme une
toute autre demande que celle de la seule vision. Il ne parle pas de
guérison mais lui dit
« va,
ta foi t’a sauvé’
C’est
la foi qui fait crier l’homme au bord du chemin, qui le fait bondir
et laisser tomber son manteau, comme pour entamer une nouvelle vie ;
Voilà une deuxième bonne nouvelle.
Le
salut est bien accompli en Jésus Christ par pure grâce de la
volonté de Dieu.
Mais
cela ne se fera pas
sans nous. Une
seule chose reste à faire à tous les Bartimée que nous sommes,
nous lever, avoir confiance, comme le disent les apôtres
Bartimée
ne rentre pas tranquillement chez lui ; il suit aveuglement
(!!!) Jésus dans la confiance, or il ne sait rien de ce qui va
arriver. Bartimée et mobilisé il devient disciple.
La
foi n’est pas la possession tranquille de certitude confortables.
Croire vraiment est une dynamique, elle est chemin de résurrection,
Elle fait se lever, bondir courir a la rencontre du Christ mais aussi
des autres. Pas le Christ sans les autres, les délaissés, ceux qui
souffrent. Un disciple est appelé à impliquer sa foi avec les
réalités de sa vie, avec les problèmes réels du monde et de
l’Eglise
Le
croyant authentique n’est pas un « planqué »
L’Eucharistie
que nous célébrons est le sommet de la rencontre entre les fils que
nous sommes par notre baptême et le Fils de Dieu. Tout à l’heure
je vous dirai « Allez dans la paix du Christ » Entendez
alors : « levez-vous ; bondissez dans la paix du Christ »
C’est
une parole d’envoi et non une parole de clôture (Comme dans les
anciennes liturgies ; « Ite Missa est= allez, la messe est
dites »)
Seigneur,
guéris-nous de nos cécités spirituelles, stimule notre volonté,
aide nous à identifier nos aveuglements, à prendre conscience de
nos limites et de nos faiblesses. De notre péché
Nous
te demandons ta grâce, à toi qui nous dis sans cesse que de toute
ténèbre jaillira ta lumière.
Fais
de nous des porteurs de lumière ; des artisans de paix
Amen
Robert
Zimmermann
diacre
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