Prier-Crier / Luc 18 9-14 / Une homélie

(...)
Deux hommes montent au temple pour prier, l’un est défini par son lien à sa pratique de la Loi et de la religion : c’est le Pharisien. Celui qui s’applique à se tenir toujours dans la règle, toujours « conforme au droit ». Il fait scrupuleusement ce que la loi demande.
L’autre est défini par son métier, publicain, collecteur d’impôt, et je ne crois pas que ça fasse nécessairement de lui un pécheur, mais ça fait de lui un repoussoir pour le pharisien.

A la fin du texte, l’un est justifié par le Seigneur, c’est à dire que Dieu a entendu et pris soin de sa prière, l’autre non.
L’un a donc « chanté juste », l’autre a « chanté faux ».

Arrêtons-nous seulement sur deux points :
D’abord la prière du Pharisien.
Au fond, quel est le problème de cette prière ?
Et surtout, qu’est-ce qu’elle nous apprend de nos prières à nous ?
Nous arrive-t-il de prier comme lui ?

Nous prions comme lui à chaque fois que l’on prie sans demande… car au fond, il n’y a aucune demande dans sa prière.
Que voulez-vous que Dieu fasse d’une prière dans laquelle on ne lui demande rien ?

(...)

Le deuxième point que je voulais aborder, c’est la question des corps.
Car le texte donne beaucoup de détails sur les attitudes de ces deux hommes.
Et ici, il faut se méfier de nos petits théâtres intérieurs et bien regarder le texte.
Car on a vite fait de faire du pharisien un homme qui se met en scène de manière exubérante quand le publicain serait effacé et silencieux.
Le texte dit exactement le contraire : celui qui prie à voix haute en se frappant la poitrine, c’est le publicain. Celui qui prie en silence, c’est le pharisien. Et si ce dernier se tient debout, rien ne dit que l’autre soit à genoux.

Pourquoi ces détails ?
Pour nous alerter sur la place du corps.
La prière juste, la prière « ajustée », elle impacte le corps, ce n’est pas un beau discours intérieur, ce n’est pas une belle idée.
Elle prend corps dans la vibration de la voix, elle frappe la poitrine, et comme pour la veuve de la semaine dernière, comme pour le psaume que nous venons de prier, elle est de l’ordre du cri, elle a la force et la violence du cri :
« Le Seigneur regarde les justes, il écoute, attentif à leurs cris »

Que notre prière soit un cri et qu’importent les mots…
Le Seigneur n’a que faire de nos discours, de nos formules, de nos refrains.
Méfions-nous de nos prières quand elles ressemblent à des robinets d’eau tiède…

Que personne ne dise « je ne sais pas prier », car nous savons tous crier !
c’est même la première chose que nous faisons en venant au monde !
Notre premier cri est notre première prière !
Que personne ne dise « je n’ai pas les mots », qu’importent les mots si nous chantons juste !
Si nous sommes ajustés au diapason de celui qui nous aime éperdument.
(...)
Amen
Sylvain diacre

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