"Alors,
ouvrant la bouche, il les enseignait" encore une
lapalissade semble-t'il. Comment enseigner sans ouvrir la bouche ?
Mais
des lapalissades, il n'y en a point dans les Évangiles. Comme le dit
le père Alain Dagron, c'est dans les petits mots, les évidences que
se cache souvent le souffle du texte.
Ce
matin, pour ce jour de la Toussaint, je propose de chercher pourquoi
Jésus ouvre la bouche pour enseigner.
"Voyant
les foules, Jésus gravit la montagne" Jésus voit dans
les foules. Jésus plonge son regard dans le regard de ceux qui
composent les foules et soudainement, sans que cela semble préparé,
Jésus décide de donner un enseignement à ses disciples.
Il
s'assied et il livre à ses disciples ce qu'il a vu dans les foules.
Et pour cela il ouvre la bouche. Il dit à ses disciples, il nous dit
à nous ses disciples ce qu'il voit dans les foules car il ne voit
pas des foules informes et anonymes.
Dans
les foules, il voit des pauvres de cœur, des gens qui pleurent, des
doux, des combattants pour la justice, des gens prompts à pardonner,
des pacifistes et des persécutés.
Voilà
ce que Jésus voit quand il plonge son regard dans celui de ceux
qu'il croise. Il voit des états qui révèlent toute la diversité
des êtres humains et surtout toutes leurs faiblesses. Et de ces
faiblesses, il en fait une richesse, il en fait une force.
Car
ce n'est pas rien d'avoir le royaume des cieux à soi, d'être
consolé, d'être pardonné ou d'obtenir la justice.
Et
tout cela, le Christ l'enseigne à ses disciples, il nous l'enseigne
à nous ses disciples. Avons-nous cette aptitude quand nous croisons
les foules ? Reconnaissons-nous dans ceux que nous croisons l'état
et la faiblesse qui deviennent une force ?
Et
surtout, dans toutes ces situations, Jésus voit de quoi se réjouir.
Heureux ne cesse-t'il de proclamer. Heureux, non pas d'être pauvre
de cœur mais à cause de cela d'avoir le royaume des cieux comme
ceux qui ont été persécutés. Heureux non pas de pleurer mais
parce que c'est la consolation qui vient. Heureux d'être rassasié
de justice.
Heureux
parce que dans chaque rencontre, Jésus y perçoit le souffle de
Dieu. Voilà une des raisons pour laquelle l'évangéliste signale
que Jésus ouvre la bouche pour enseigner.
Quand
Jésus enseigne, l'Esprit saint enveloppe ses interlocuteurs de son
souffle pour les saisir.
Et
nous même ce matin sommes saisis, par ce souffle toujours présent
dans ce texte. Ce souffle nous enveloppe.
C'est
un peu comme une pentecôte en présence du Fils qui se produit sur
la montagne. Nous ne savons pas comment les disciples reçoivent cet
enseignement sur l'instant. En revanche, nous pouvons l'imaginer en
mesurant l'impact de ce texte sur nous. Nous ne pouvons pas rester
indifférents à ce texte des béatitudes. Il nous touche
mystérieusement.
Lorsque
Jésus ouvre la bouche pour livrer son enseignement c'est un peu le
miracle de la genèse qui se reproduit comme quand Dieu souffle dans
les narines d'Adam pour le réveiller.
Ainsi
sur la montagne, Jésus souffle dans les narines de ses disciples
quand il ouvre la bouche. Il réveille cette part d'humanité qui est
cachée dans la chair des disciples et qui est marquée de l'image de
Dieu. Cette marque fait de chacun un être humain aimé de Dieu.
Et
c'est un peu ce que nous pouvons ressentir. Si ce texte des
béatitudes nous prend dans son souffle, c'est parce que nous sommes
baptisés et que ce souffle a déjà pénétré notre corps.
Si
Jésus ouvre la bouche pour enseigner c'est que son enseignement
n'est pas de nous donner une ligne de conduite. Ce n'est pas de nous
apprendre à respecter des valeurs. Ce n'est pas pour nous apprendre
à compter ou à hiérarchiser.
L'enseignement
de Jésus c'est de toucher nos corps et de réveiller dans notre
chair une nouvelle humanité qui s’épanouit dans la rencontre. Une
rencontre avec l'Esprit Saint qui nous appelle à poser un regard
juste sur celui que je croise, un regard qui suscite de la joie.
Ainsi,
l'enseignement de Jésus n'est pas intellectuel mais charnel. Il nous
enveloppe de son souffle.
Les
béatitudes révèlent en nous la présence de Dieu qui fait de nous
des saints. C'est ce qui me permet de souhaiter une bonne et heureuse
fête à nous tous.
"Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père
pour que nous soyons appelés enfant de Dieu – Et nous le sommes. "
pour que nous soyons appelés enfant de Dieu – Et nous le sommes. "
Amen
!
Dominique Bourgoin, diacre.
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