L'Ascension / Une homélie

Jésus s’en va.
Cette fois, il s’en va pour de bon
Il s’en va d’une manière pour le moins étrange… il s’élève dit le texte des actes, il est emporté au ciel dit l’Evangile…

(...)

Il fallait que Jésus parte pour que nous ne puissions pas mettre la main sur lui.
Pour que l’absence de son corps se convertisse pour nous en une présence nouvelle faite de désir et d’attente.

Jésus s’en va pour que son corps prenne la dimension du monde,
Pour que chaque homme et chaque femme puisse participer à ce corps nouveau, à jamais vivant, par-delà le temps et par-delà la mort.

Quelqu’un me parlait récemment de son épouse, décédée il y a plus de dix ans, et il disait « bizarrement, cette absence, si douloureuse et si vive, est une présence »

Et puis, le départ de Jésus est lié à la venue de la promesse du Père, la venue de l’Esprit, cette puissance qui nous tombe dessus comme un vêtement, cet Esprit qui nous baptise.
L’Esprit ne peut venir que si Jésus s’en va.
Le Souffle ne soufflera que dans un creux, dans un vide, dans une absence…
Le souffle ne peut surgir que dans l’espace disponible au désir…

L’Esprit, c’est l’amour
La présence dont témoignent ceux qui ont perdu l’époux ou l’épouse, qu’est-ce que c’est si ce n’est l’amour ?
L’amour qui demeure, l’amour qui ne passe pas…

« De cela, vous serez les témoins »
La traduction liturgique dit « à vous d’en être mes témoins » parce qu’elle veut nous faire croire que nous y sommes pour quelque chose, mais non ! c’est un fait, ce n’est pas au choix, ça ne dépend pas de nous : « vous serez mes témoins » !
Voilà un mot passé de mode… on lui préfère aujourd’hui le mot « missionnaire »…
Mais Le Christ nous institue « Témoins »
Le témoin, c’est celui qui a vu, c’est celui qui y était…
Le témoin, il ne peut témoigner que d’une expérience, pas d’un message, ni d’un savoir, ni de beaux discours…
Le témoin, il ne peut témoigner que de ce qu’il est

Nous sommes témoins de l’œuvre de l’Esprit en nous et pour nous… rien d’autre !
Nous sommes témoins du passage de l’amour dans nos vies

Jésus nous oblige à lever les yeux vers le ciel pour nous rappeler qu’il y a un ciel !
Mais aussitôt, nous sommes libérés de cette fascination :
« Pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? »
Il part pour que nous puissions regarder le monde
Il part pour que nous puissions regarder nos frères
Pour que nos yeux le cherchent et le voient dans chacun de ceux que nous croisons.

(...)
Quelqu’un écrit :
« Le corps glorieux est à la fois celui qui part et celui qui parle,
celui qui ne parle qu’en partant….
tu ne peux rien tenir ni retenir, et voilà ce qu’il te faut aimer et savoir.
Aime ce qui t’échappe, aime celui qui s’en va.
Aime qu’il s’en aille. »

Amen, Alleluia !
Sylvain diacre

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