Jn 14 23-29 / Une homélie

La Jérusalem céleste descendue du ciel que nous présente Jean dans l’Apocalypse évoque la fin des temps, mais dès « ce temps qui est le nôtre » nous pouvons y voir la figure de l’Église. Elle est parmi les hommes. En elle réside la gloire de Dieu , c’est-a-dire Dieu lui-même, en la figure de l’Agneau (le Christ) par lequel elles est illuminée.
Elle est dans le monde , mais ne se confond pas avec le monde ( murailles) . Elle est ouverte à tout l’univers, ses 12 portes sont orientées vers les 4 points cardinaux, elles reposent sur les 12 tribus d’« Israël » et sur elles le nom des 12 Apôtres.
C’est l’Église qui est au ciel et sur la terre, car il n’y a qu’une Eglise du Christ.

Nous allons la chercher cette merveille décrite pas Jean et nous aurons du mal à la distinguer au milieu de nous. Nous allons trouver tant est dans de défauts à cette Eglise que nous sommes. Et pourtant elle est sainte, mais pas par nous, mais parce qu’elle est la demeure de Dieu.
Dans l’extrait des Actes que nous avons entendu nous la voyons à l’oeuvre dans ces premiers efforts pour s’organiser et répondre aux premières tensions. Vous l’avez remarqué ce sont les Apôtres qui avec l’aide de l’Esprit saint tranchent et décident.
« L’Esprit Saint et nous-même » est une parole fondatrice qui fera jurisprudence ...
Aujourd’hui encore et toujours l’Église est fondée sur les douze. Dans l’Evangile Jésus ne s’adresse qu’a eux, ces douze. Par le grand discours d’adieu qu’il prononce Jésus les prépare au jour où il ne sera plus au milieu d’eux et il leur transmet la mission d’être ceux par qui le Christ se manifestera .Il auront à veiller à l’annonce de la Bonne Nouvelle.
Or nous les voyons dans leur humanité, dans leur faiblesse, inquiets, dans l’angoisse de l’annonce que Jésus a faite de son départ (sa mort). Nous en verrons douter, renier, eux que Jésus institue comme les piliers de la foi. Dans cet Evangile l’heure est grave c’est l’angoisse des derniers moments et d’un avenir incertain.
La réponse de Jésus paraît décalée ou ne pas répondre à leur état d’« esprit.
« Si quelqu’un m’aime... » Ces quelques mots ont quelque chose de provocateurs et semble viser plus que les Douze « Si Quelqu’un m’aime »… nous sommes interpellé par ce « quelqu’un »
A la veille de son départ de ce monde le Christ n’a pas l’air si sûr d’avoir été aimé de l’amour qu’il attendait. Je pense que Jésus sait bien combien l’Amour qu’il nous propose est un amour radical Pour lui c’est le don de sa Vie.

L’Amour est toujours un don mais aimer est de l’ordre du choix, d’une volonté… Nous le savons bien parfois d’un combat

Alors Jésus précise que l’Amour qu’il attend de la part de ses disciples , au-delà des douze , aussi de tous les humains, pour continuer son œuvre c’est de rester fidèle à sa Parole.
C’est précis, il s’agit bien de la Parole. Et nous savons que Jésus est le Verbe fait chair. La Parole c’est jésus tout entier, tout ce que l’on finit par connaître et aimer de lui quand on fréquente les Evangiles.
La demeure de Dieu parmi les hommes , celle où il aimera habiter, c’est le cœur de tout humain fidèle à sa Parole. « Mon Père l’aimera et nous irons demeurer auprès de lui . »
« Celui qui ne m’aime pas ne reste pas fidèle à mes paroles » Cette fois-ci Jésus emploie le pluriel. Les paroles ce sont des mots …….Lorsque nous lisons la Bible ...écoutons-nous des mots, des discours, des paroles des idées à propos desquelles nous échangeons savamment ? Ou sommes-nous en vérité en présence de la Parole le Verbe fait chair. On oublie vite que la Parole c’est le Christ lui-même, que la Parole est Présence. Il faut le redire souvent… La PAROLE c’est le VERBE au milieu de nous et en nous, aussi bien dans la liturgie de la Parole en première partie de l’Eucharistie ou lorsque nous lisons la Parole ensemble.

Jésus sait bien que ce qu’il nous demande est au-dessus de nos propres forces et que nous avons besoin d’une force plus grande pour vivre au quotidien cette fidélité.
C’est pourquoi il ne nous laisse pas seul et nous propose une autre relation. « Le défenseur, (Paraclet) l’Esprit saint que le Père enverra en mon nom ,lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »
Le Défenseur, appelé à nos côtés On pourrait dire en langage moderne un coach. Non pas un coach pour le management, l’Église n’est pas à manager. Pas un coach pour nous conduire au succès, ou la réussite ou à la prospérité de ce monde ; Mais justement comme un révélateur de la Parole. Un souffle qui rappelle en nous la Parole du Fils.
Il est Le Défenseur pour nous protéger d’un danger : celui de voir la Parole s’éteindre en ceux qui l’aiment et que le monde parle plus fort en nous que cette Parole de Vie et d’Amour. C’est un danger réel aujourd’hui.

Alors à quoi servira l’aide de l’Esprit-Saint. Non pas à faire à notre place … Mais à discerner. Car justement les paroles du monde - s’ajoutant à nos rythmes de vie - nous laissent si peu de temps pour fréquenter la Parole et d’écouter en nous la voix, l’Esprit. Et là, c’est notre volonté qui est sollicitée….
Ne devons-nous pas, si nous voulons vivre une fidélité sincère au Christ, nous organiser pour, de temps en temps, trouver le moyen du silence ( une heure, une journée, quelques jours, une récollection, une retraite, un accompagnement) pour nous laisser guider et façonner par la Parole

« Seigneur , toi qui viens en nous en cette Eucharistie, et qui nous envoie un défenseur, ne nous laisse pas entrer en tentation, ne permets pas que ta Parole se perde en nous ! »

Amen

Robert Zimmermann
diacre

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