"Femme,
où sont-ils donc ?" Interroge Jésus, pour la
première fois quelqu'un parle à la femme, pour la première fois,
on lui reconnaît son humanité.
Cette femme,
humiliée, traitée comme un objet, réduite à une faute, Jésus la
relève. Il s'adresse à elle personnellement, il lève les yeux vers
elle en se redressant pour lui parler, non pas d'en haut comme un
accusateur, mais de plus bas comme pour lui rendre sa dignité.
Trois idées
simples dans ce passage peuvent nous aider à convertir notre cœur
pour laisser venir le royaume des cieux pendant ce temps de carême.
Comme Jésus,
nous sommes appelés à ne jamais réduire une personne à sa faute.
Ensuite, Jésus
nous invite à ne jamais retirer la dignité à qui que ce soit.
Enfin, la juste
place n'est pas d'être en-haut, Jésus nous invite à lever les yeux
sur nos frères.
La faute.
Dans l'Evangile
d'aujourd'hui, on sent la mauvaise foi, voire même la haine,
s'exprimer au grand jour. On décèle également, un comportement à
l'évidence machiste. La foule des hommes, composée de scribes et de
pharisiens, focalise son propos sur Jésus. On les imagine traîner
cette pauvre femme comme on brandit une pancarte. On la désigne, non
pas comme un être humain, mais par ce qu'elle a prétendument fait.
Je dis : "prétendument fait" parce qu'on ne cherche même
pas à comprendre.
Aujourd'hui, des femmes sont stigmatisées de la même manière.
Sommet de l'hypocrisie des femmes sont pointées du doigt par des
hommes alors qu'elles sont victimes de la violence des hommes.
Cette femme est
muette, elle est écrasée par le péché que la foule charge sur ses
épaules, c'est violent. Que peut-elle faire seule contre tous ? Elle
ne peut que ployer.
Nous même, ne
cédons-nous pas à ce genre de comportements dans nos médisances ?
Et nous les hommes, combien de fois avons-nous regardées des femmes
en les réduisant à un seul objet de désir ?
Chez, Jésus,
rien de cela, à l'écoute des accusateurs, il se baisse comme pour
se charger d'une part de ce que porte la femme. S'il ne semble pas
porter le regard sur la femme, c'est peut-être parce que ce n'est
pas une femme qu'on lui présente mais un slogan, parce qu'on lui
retire toute dignité.
La dignité.
"Il était
sans apparence ni beauté qui attire nos regards, son aspect n’avait
rien pour nous plaire. Méprisé, abandonné des hommes,
homme de douleurs, familier de la
souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face
; et nous l’avons méprisé, compté pour rien." Si je
vous lis ce passage d'Isaïe, c'est parce qu'il peut s'appliquer à
cette femme à qui on a retiré toute dignité.
Elle était sans
apparence ni beauté qui attire nos regards, son aspect n’avait
rien pour nous plaire. Méprisée, abandonnée des hommes,
femme de douleurs, familière de la souffrance,
elle était pareille à celle devant qui on se voile la face ; et
nous l’avons méprisée, comptée pour rien.
Ce passage dont
on dit qu'il préfigure le Christ souffrant, peut s'appliquer
également à cette femme.
Mais Jésus rompt
la spirale infernale. Jésus va rendre sa dignité à cette femme. Il
va s'adresser à elle et il va lui reconnaître sa valeur qui lui
rend sa beauté, il va l'appeler "femme".
Combien de fois
détournons-nous le regard devant celui ou celle pour qui le Christ,
notre frère, est mort sur la croix ?
Jésus,
lui, il lève les yeux sur la femme.
Jésus, celui que
ses disciples appellent "maître", ne se place jamais
au-dessus quand il s'adresse à une personne.
C'est seulement
pendant sa passion, que Jésus va s'adresser aux hommes de plus
haut. C'est seulement quand, il est dressé sur la croix, alors qu'il
agonise, qu'il regarde le monde d'en-haut et qu'il l'attire à lui
comme pour le tirer de son péché.
Jésus, c'est le
Dieu qui s'incarne et qui désigne le Père comme un Père
miséricordieux. Jésus, le vivant, est venu nouer une alliance
définitive avec sa créature. Nous, les hommes, ne pouvons plus
regarder vers le ciel en implorant un Dieu vengeur de retenir sa main
pour nous punir.
Notre Dieu
partage notre condition et surtout il ne nous regarde pas du ciel
comme des misérables. Jésus, notre frère lève les yeux sur nous.
Il se situe au plus bas et il contemple en nous cette part qui
appartient à Dieu et qui tressaille quand il passe.
«Ne
faites plus mémoire des événements passés,
ne songez plus aux choses d’autrefois.
Voici que je fais une chose nouvelle :
elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ?
ne songez plus aux choses d’autrefois.
Voici que je fais une chose nouvelle :
elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ?
Amen !
Dominique
Bourgoin, diacre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire