Il
y a, à la surface de notre terre un tombeau vide
Il
y a dans l’histoire du monde un tombeau vide
Il
n’y en a qu’un, un seul, unique.
Jésus
est mort
Mort
en vérité, mort pour de bon, il n’a pas fait semblant, il est
mort dans sa chair comme nous mourrons dans la notre.
Sa
mort était la mort de tout homme : son corps s’est affaissé,
le sang a coulé de ses blessures, son cœur s’est arrêté de
battre et c’est un cadavre qui a été déposé dans ce tombeau.
Mais
ce matin, le tombeau est vide.
Mais
sur celui-là la mort n’a pas eu prise, désormais, la marche
normale et naturelle des choses et du monde est enraillée.
Ce
matin ouvre un temps nouveau, un temps où la mort n’est plus ce
qu’elle était, un temps où la mort n’a plus le dernier mot, un
temps où la mort ne règne plus sur nos vies.
Parce
qu’il y a un tombeau vide
Ce
vide creuse le monde définitivement d’un trou que nul ne peut plus
refermer.
Cette
absence, cette minuscule absence, un corps dans un tombeau, est le
plus grand séisme de l’histoire du monde.
Ce
que nous savions avec certitude : que la mort gagne toujours à
la fin, qu’elle est la limite définitive et implacable, ce que
nous savions sans l’ombre d’un doute, s’effondre.
Nous
ne savons plus ce que c’est que la mort !
Et
si la mort n’est plus la mort, tout notre monde est remis en cause
avec elle.
Alors,
nous ne savons plus ce que c’est que vivre,
nous
ne savons plus ce que c’est qu’un corps
Et
puisqu’on ne sait plus ce que recouvrent ces mots, c’est que le
langage lui-même est désormais ouvert…
Parce
qu’un tombeau est vide, parce qu’il fait un trou dans le monde.
Voilà
deux hommes qui courent vers ce tombeau vide.
Pierre
et le disciple que Jésus aimait… On nous dit Pierre et
Jean, non, si l’évangile ne nomme pas ce n’est pas pour que nous
le fassions à sa place.
Laissons
« le disciple que Jésus aimait »
L’un
arrive avant l’autre. On nous dit, il est plus jeune… mais qui
connaît la date de naissance des disciples ? Qui nous a donné
leur âge ? Nous n’en savons rien.
Il
suffit de lire : le disciple que Jésus aimait arrive avant
l’autre…
Si
il court plus vite que l’autre, c’est justement parce qu’il est
le disciple que Jésus aimait !
C’est
cet amour qui le fait courir plus vite
C’est
cet amour son moteur, son énergie, sa jeunesse
Il
arrive en premier parce qu’il est aimanté par l’amour
En
fait il n’arrive pas le premier, car c’est Marie-Madeleine qui
est là dans la nuit, avant tous les autres.
Alors
si c’est l’amour de Jésus qui attire ceux qu’il aime,
probablement que Marie-Madeleine est plus aimée encore que le
mystérieux disciple !
Pierre
entre dans le tombeau, il fait l’inventaire, et il rentre chez lui.
Le
disciple aimé, le disciple aimant, le disciple aimanté,
entre aussi : « il vit et il crut »
Pas
d’explication, pas d’enquête policière, pas de recherche
d’empreintes… il voit et il croit.
Il
croit quoi ? Il croit.
Il
devient un croyant, il devient un homme de foi
Il
croit que le Christ est ressuscité
Et
nous là-dedans ?
Nous
qui nous plaignons de ne rien voir, nous qui nous plaignons de ne pas
comprendre….
Mais
le disciple que Jésus aimait qui est-ce, si ce n’est chacun
de nous ?!
Qui
d’autre a-t-il aimé si ce
n’est chacun de nous ?!
• Nous
voulons voir...
Ce
disciple qui court si vite, il ne voit rien de plus que nous, tout
simplement parce qu’il n’y a rien à voir !
La
résurrection ne donnera rien pour nos yeux !
« Il
vit et il crut », il vit rien, il vit
l’absence, il vit qu’il n’y avait plus rien à voir dans
un tombeau, il vit et il crut.
• Nous
voulons comprendre…
Ce
disciple qui coure si vite, il ne comprend rien de plus que nous, il
croit.
l’amour
qui nous fera courir vers lui, l’amour qui nous fera voir en
vérité, l’amour qui nous fera croire, c’est le sien !
Le
disciple que Jésus aimait, ce n’est pas le disciple qui
aimait Jésus !
Pourquoi
sommes-nous venus ce matin ?
Nous
ne sommes pas venus parce que nous le voulions, parce que ça se
fait, parce que nous sommes de bons chrétiens, ni parce que nous
aimons Jésus, nous sommes venus parce qu’il nous a attirés à
lui, c’est lui la force qui nous attire.
« Quand
je serai élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi »
Ne
soyons pas des disciples qui traînent la patte !
Même
boiteux, même en béquilles, même cloués au lit, nous sommes
encore les vainqueurs de la course ! Parce que nous sommes
éperdument aimés de Dieu !
Le
Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !
« si
le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine »
dit Paul
Si
nous ne croyons pas que le Christ est ressuscité, nous sommes ici
pour rien et tout ça n’a pas de sens !
Ce
qui nous fait tant souffrir : le clergé défaillant, les
évêques déboussolés, les cathédrales qui brûlent, rien de tout
ça ne doit nous faire oublier que le tombeau est vide.
C’est
là que notre foi se fonde, que notre Joie est intacte, et nul ne
peut nous la ravir.
Si
pour croire, nous attendons de voir, si nous attendons de comprendre,
nous ne sommes pas seulement des disciples paresseux, nous sommes des
disciples qui refusent de se laisser aimer !
Laissons-nous
faire, ne remplissons pas le tombeau qui s’est vidé
Eclatons
en Alléluia, c’est le cri de ceux qui courent vite !
Que
notre Joie soit pleine, le Christ est ressuscité,
╬
Amen
Alleluia !
Sylvain,
diacre
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