Dimanche de Pâques / Jn 20 1-10 / Une homélie

Le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !
Il y a, à la surface de notre terre un tombeau vide
Il y a dans l’histoire du monde un tombeau vide
Il n’y en a qu’un, un seul, unique.

Jésus est mort
Mort en vérité, mort pour de bon, il n’a pas fait semblant, il est mort dans sa chair comme nous mourrons dans la notre.
Sa mort était la mort de tout homme : son corps s’est affaissé, le sang a coulé de ses blessures, son cœur s’est arrêté de battre et c’est un cadavre qui a été déposé dans ce tombeau.
Mais ce matin, le tombeau est vide.
Mais sur celui-là la mort n’a pas eu prise, désormais, la marche normale et naturelle des choses et du monde est enraillée.
Ce matin ouvre un temps nouveau, un temps où la mort n’est plus ce qu’elle était, un temps où la mort n’a plus le dernier mot, un temps où la mort ne règne plus sur nos vies.

Parce qu’il y a un tombeau vide
Ce vide creuse le monde définitivement d’un trou que nul ne peut plus refermer.
Cette absence, cette minuscule absence, un corps dans un tombeau, est le plus grand séisme de l’histoire du monde.
Ce que nous savions avec certitude : que la mort gagne toujours à la fin, qu’elle est la limite définitive et implacable, ce que nous savions sans l’ombre d’un doute, s’effondre.
Nous ne savons plus ce que c’est que la mort !
Et si la mort n’est plus la mort, tout notre monde est remis en cause avec elle.
Alors, nous ne savons plus ce que c’est que vivre,
nous ne savons plus ce que c’est qu’un corps
Et puisqu’on ne sait plus ce que recouvrent ces mots, c’est que le langage lui-même est désormais ouvert…
Parce qu’un tombeau est vide, parce qu’il fait un trou dans le monde.

Voilà deux hommes qui courent vers ce tombeau vide.
Pierre et le disciple que Jésus aimait… On nous dit Pierre et Jean, non, si l’évangile ne nomme pas ce n’est pas pour que nous le fassions à sa place.
Laissons « le disciple que Jésus aimait »
L’un arrive avant l’autre. On nous dit, il est plus jeune… mais qui connaît la date de naissance des disciples ? Qui nous a donné leur âge ? Nous n’en savons rien.

Il suffit de lire : le disciple que Jésus aimait arrive avant l’autre…
Si il court plus vite que l’autre, c’est justement parce qu’il est le disciple que Jésus aimait !
C’est cet amour qui le fait courir plus vite
C’est cet amour son moteur, son énergie, sa jeunesse
Il arrive en premier parce qu’il est aimanté par l’amour

En fait il n’arrive pas le premier, car c’est Marie-Madeleine qui est là dans la nuit, avant tous les autres.
Alors si c’est l’amour de Jésus qui attire ceux qu’il aime, probablement que Marie-Madeleine est plus aimée encore que le mystérieux disciple !

Pierre entre dans le tombeau, il fait l’inventaire, et il rentre chez lui.
Le disciple aimé, le disciple aimant, le disciple aimanté, entre aussi : « il vit et il crut »
Pas d’explication, pas d’enquête policière, pas de recherche d’empreintes… il voit et il croit.
Il croit quoi ? Il croit.
Il devient un croyant, il devient un homme de foi
Il croit que le Christ est ressuscité

Et nous là-dedans ?
Nous qui nous plaignons de ne rien voir, nous qui nous plaignons de ne pas comprendre….
Mais le disciple que Jésus aimait qui est-ce, si ce n’est chacun de nous ?!
Qui d’autre a-t-il aimé si ce n’est chacun de nous ?!

Nous voulons voir...
Ce disciple qui court si vite, il ne voit rien de plus que nous, tout simplement parce qu’il n’y a rien à voir !
La résurrection ne donnera rien pour nos yeux !
« Il vit et il crut », il vit rien, il vit l’absence, il vit qu’il n’y avait plus rien à voir dans un tombeau, il vit et il crut.
Nous voulons comprendre…
Ce disciple qui coure si vite, il ne comprend rien de plus que nous, il croit.

l’amour qui nous fera courir vers lui, l’amour qui nous fera voir en vérité, l’amour qui nous fera croire, c’est le sien !
Le disciple que Jésus aimait, ce n’est pas le disciple qui aimait Jésus !

Pourquoi sommes-nous venus ce matin ?
Nous ne sommes pas venus parce que nous le voulions, parce que ça se fait, parce que nous sommes de bons chrétiens, ni parce que nous aimons Jésus, nous sommes venus parce qu’il nous a attirés à lui, c’est lui la force qui nous attire.
« Quand je serai élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi »

Ne soyons pas des disciples qui traînent la patte !
Même boiteux, même en béquilles, même cloués au lit, nous sommes encore les vainqueurs de la course ! Parce que nous sommes éperdument aimés de Dieu !

Le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !
« si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine » dit Paul
Si nous ne croyons pas que le Christ est ressuscité, nous sommes ici pour rien et tout ça n’a pas de sens !
Ce qui nous fait tant souffrir : le clergé défaillant, les évêques déboussolés, les cathédrales qui brûlent, rien de tout ça ne doit nous faire oublier que le tombeau est vide.
C’est là que notre foi se fonde, que notre Joie est intacte, et nul ne peut nous la ravir.

Si pour croire, nous attendons de voir, si nous attendons de comprendre, nous ne sommes pas seulement des disciples paresseux, nous sommes des disciples qui refusent de se laisser aimer !

Laissons-nous faire, ne remplissons pas le tombeau qui s’est vidé
Eclatons en Alléluia, c’est le cri de ceux qui courent vite !
Que notre Joie soit pleine, le Christ est ressuscité,

Amen Alleluia !
Sylvain, diacre

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