Les homélies des Rameaux 2019

Entre le récit de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem et le récit de sa passion nous avons deux ambiances opposées. Nous pourrions comparer l’agitation qui accompagne la première à la liesse sur les champs Elysées au moment de l accueil des champions du monde de football. Ou même au vacarme dans les rues de Bordeaux le jour de la finale… une sorte de communion populaire.
Je crois que nous n’aurions pas de mal à trouver dans notre actualités mondiale ou nationale des images qui rappellent le déchainement de haine et de violence qui eurent lieu à Jérusalem au cours de la passion .
Si Luc a décrit avec quelques détails cette violence il a mis l’accent sur la bienveillance et la miséricorde de la victime que fut Jésus en ces jours.
En voici un petit florilège … dont vous pourriez décorer vos rameaux
Jésus qui accueille paisiblement Judas qui le trahit
Jésus qui guérit l’oreille du serviteur du grand prêtre
Le regard d’amour de Jésus sur Pierre qui vient de le renier
Jésus qui invite les femmes qui pleurent sur lui à pleurer sur Jérusalem
Jésus qui prie pour ses bourreaux
Jésus qui redonne l’espérance au bandit crucifié avec lui
Jésus qui se remet en toute confiance entre les mains de son Père

A la violence déchaînée contre lui, Jésus a opposé l’amour et le don de sa vie.
Dans sa passion il a triomphé du mal et de la haine par la douceur et la compassion.
C’est la victoire de la croix. A la suite du Christ nous sommes appelés à être artisans de paix.
Proclamons que seul l’amour détruit la haine.
Mais nous ne sommes pas naïf, de partout dans notre société la violence monte par vagues sournoises. L’homme est toujours un loup pour l’homme. C’est l’agitation du corps social, de nos corps physiques
Or il ne s’agit pas ici d’une idéologie pour la paix, encore moins d’un programme politique ou d’une simple règle de vie.
Ce que nous célébrons et vivons ensemble c’est le mystère de l’incarnation , c’est la venue dans notre humanité, en nos corps mortels d’un corps nouveau, du corps glorieux.
Nous entrons dans la semaine sainte qui donne sens aux 51 autres semaines de l’année.
Les célébrations de ces jours nous font passer des ténèbres du vendredi saint à la lumière de Pâques.
Pour suivre le chemin que Christ veut pour nous, nos seules forces ne suffisent pas.

Comme St François d’Assise devant la croix dans son monastère faisons cette prière :
« Grand Dieu plein de gloire, et vous mon Seigneur Jésus Christ je vous prie de m’illuminer et de dissiper les ténèbres de mon esprit, de me donner une foi pure, une espérance ferme, une charité parfaite. »

Amen
Robert, diacre
« Je vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront. » Désormais, on entre dans le temps où la gloire du Christ va se révéler aux yeux du monde. Rien ne peut arrêter ce temps.
Et la foule, inconsciemment, participe et comprend ce qui se passe. Les cris de "Hosanna", ce qui signifie littéralement, "de grâce, sauve", montre clairement que celui qui est accueilli en roi, est reçu comme un sauveur.
Il vient celui qui sauve.
« Je vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront. » la prophétie d'Ezéchiel se réalise : "Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau; j'ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair."
Aujourd'hui les cœurs de pierre sont remplacés par des cœurs de chair. Et les cœurs de chair crient l'attente du sauveur.
Nous ne savons pas trop comment cela s'opère, mais nos cœurs palpitent au passage du Christ, celui qui est juché sur un petit âne. Les froufrous de nos rameaux donnent le rythme de notre attente.
Il vient celui qui sauve.
« Je vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront. » Mais nous l'avons écouté, la foule passe de l'acclamation d'un roi à conspuer un criminel. Vient le moment où seules les pierres crient avec la création la gloire de Dieu. Ce moment de silence, ce temps où Dieu se tait et pleure sur nos péchés.
Mais, il vient celui qui sauve.
« Je vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront. » Mais aujourd'hui, chantons la gloire de notre Dieu avec les pierres et toute la création. Et bientôt, la pierre sera roulée. Elle annoncera la victoire de notre Dieu sur la mort.
Car il est là celui qui sauve.
C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom,
Afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers,
Et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.

Dominique Bourgoin, diacre

« Si eux ce taisent, les pierres crieront »
Si nous cessons de crier, les pierres crieront
Si nous cessons de crier « bénis soit celui qui vient, le roi, au nom du Seigneur ! »

C’est donc que le monde a besoin de ce cri
Ces rameaux, ils accompagnent ce cri
Ils sont nos outils pour crier, nos outils pour acclamer le roi qui vient au nom du Seigneur
Ils sont nos porte-voix
pas nos porte-bonheur

Ces rameaux, ils se flétriront doucement aux murs de nos maisons,
Ils se faneront peu à peu sur les tapisseries de nos chambres à coucher.

Ils nous rappelleront alors la fragilité de nos cris
Ils nous dirons « alors…. ? qu’as-tu fait de ton acclamation ?
Où es la joie que tu criais en m’agitant ? »

Cette joie, elle est toute fragile, coupée de ses racines, elle se fane et meurt.
Elle est belle aujourd’hui, elle est fraîche et tendre,
mais demain déjà, sans même que l’on s’en aperçoive, elle se desséchera.

Le cri d’acclamation à ce roi qui vient comment pourrait-il tenir ?
Un cri ça ne dure que le temps d’un cri,
ça résonne et ça disparaît
Un rameau, ça ne dure que le temps d’un rameau
On l’agite et il se flétri.

Un arbre se dresse pourtant
Un arbre se dresse auquel tous nos rameaux s’attachent
Un arbre qui fera que jamais la sève ne s’arrêtera de couler
Un arbre qui fera que jamais nos cris ne s’éteindront
C’est l’arbre de la croix

La croix nous précède déjà au jour de l’entrée dans la semaine sainte
Nous sommes la foule qui acclame son roi
Nous sommes la foule qui réclame sa mort

Si nous sommes venus crier aujourd’hui pour nous taire à Pâques, nous sommes des menteurs. Il aurait mieux valu laisser les pierres crier pour nous.
Crier aujourd’hui « Hosanna » et « à mort », ça n’aura de sens que si nous revenons crier l’Alléluia de Pâques.
Les rameaux sans Pâques, c’est simplement agiter des feuilles comme un courant d’air dans les branches

Ne nous fanons pas comme nos rameaux vont le faire
Ne nous flétrissons pas dès demain.
Suivons la croix de laquelle nous recevons la vie.
Soyons présents jeudi pour le dernier repas
Soyons présents vendredi pour embrasser la croix
Soyons présents dans la nuit de samedi pour la défaite de la nuit
Soyons debouts dimanche pour crier mieux que les pierres la joie de notre résurrection

Amen
Sylvain, diacre

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